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jeudi, 30 janvier 2014

La mer écrite

littoral littéraire, duras, la mer écrite
Hall des Roches Noires

"Chaque jour, on regardait ça: la mer écrite"
Marguerite Duras

J'ai souri en découvrant le commentaire de christw sur mon billet Littoral littéraire (1), son envie de lire La mer écrite. Je ne suis pas sûre qu'on le puisse, lire La mer écrite. Il vaudrait mieux convier un néologisme pour dire cette désertion du regard entre paroles de Duras et photos de Bamberger, pour dire cet espace où l'estuaire de la Seine rejoint le delta du Mékong.
Ce petit bouquin, je l'avais déniché dans une solderie parisienne pour moins de deux euros, en juin 2006. Juste après avoir consacré une année au Vice consul et au Ravissement de Lol V Stein.
La semaine dernière, je l'ai recherché sur Internet. Il n'existe plus. Du moins plus sous cette forme, couverture souple et sobre, édité par Marval. Repris par les Éditions de Minuit, le voilà enrubanné et engoncé dans sa jaquette. Même son titre a changé, Marguerite Duras de Trouville...

Le site d'Hélène Bamberger

dimanche, 26 janvier 2014

Littoral littéraire (1)

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Je trouve enfin le temps d'une escale sur mes îles. Leur espace limité et l'intimité de leur géographie me permettent de souffler un peu. Faut dire que depuis plusieurs jours, semaines, je longe avec une collègue  la côte normande du Tréport au Mont-Saint-Michel en des aller-retours incessants. Nous nous sommes lancées dans un projet baptisé Littoral littéraire pour le plaisir de rapprocher deux mots qui pourraient offrir l'illusion d'une étymologie commune. Il est démesuré. Inévitablement, nous finirons par demander à nos inspecteurs de nous accorder une année pour nous y consacrer pleinement.
Nous voulons répertorier les textes du XIXème jusqu'à nos jours qui évoquent la dite côte pour en établir une carte virtuelle: nous placerons là des dunes blanches et grises, ici des chanes et des siffle-vent. Nous inventerons des courants de dérives et juste après la marée haute, la mer déposera ses laisses.
En attendant nous avons déposé nos bagages dans une première ville: Alexandre Dumas, dans sa correspondance, cède à la facilité d'y voir un trou paumé. Trouville, donc. Nous y avons trouvé Pierre et Jean, Un coeur simple, les roches noires et La mer écrite. Rangés côte à côte en un inattendu barrage contre la Manche: Maupassant, Flaubert, Proust et Duras.
Je lance un S.O.S aux passants sur ces îles: qui avons-nous oublié qui viendrait compléter ce quadriptyque?

dimanche, 12 janvier 2014

Envie de rimer en -nelle

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En ce premier mois de l'année, l'arbre se laisse désengourdir par le flux précoce d'une sève remontante. S'imposent à lui des effluves de citronnelle et primprenelle. A la fin du jour, dans la solitude des champs, se demande-t-il, l'arbre, quel aurait été son destin au bout d'une venelle?

vendredi, 03 janvier 2014

Le chantier des chantiers

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De l'autre côté de ce week-end se profile le retour au collège et les retrouvailles avec les morveux qui cheminent avec moi cette année. Quand je franchirai la grille, la cour de récréation, puis le hall, certains me lanceront sans doute la phrase magique mais vide de sens. Je les regarderai amusée et ne répondrai rien. J'attendrai de les retrouver dans ma salle, d'attraper leurs regards pour le leur dire. Leur dire qu'à l'entrée de cette année qui pour l'instant ne rime avec rien, je leur souhaite d'oser inventer, de porter loin leurs regards et leurs ombres. Je crois bien que je leur lirai un passage des voeux d'épopée d'Ariane Mnouchkine:

« Mes chères concitoyennes, mes chers concitoyens,

À l’aube de cette année 2014, je vous souhaite beaucoup de bonheur.

Une fois dit ça… qu’ai-je dit? Que souhaité-je vraiment ?

Je m’explique :

Je nous souhaite d’abord une fuite périlleuse et ensuite un immense chantier.

D’abord fuir la peste de cette tristesse gluante, que par tombereaux entiers, tous les jours, on déverse sur nous, cette vase venimeuse, faite de haine de soi, de haine de l’autre, de méfiance de tout le monde, de ressentiments passifs et contagieux, d’amertumes stériles, de hargnes persécutoires.

Fuir l’incrédulité ricanante, enflée de sa propre importance, fuir les triomphants prophètes de l’échec inévitable, fuir les pleureurs et vestales d’un passé avorté à jamais et barrant tout futur.

Une fois réussie cette difficile évasion, je nous souhaite un chantier, un chantier colossal, pharaonique, himalayesque, inouï, surhumain parce que justement totalement humain. Le chantier des chantiers.

Ce chantier sur la palissade duquel, dès les élections passées, nos élus s’empressent d’apposer l’écriteau : “Chantier Interdit Au Public“

Je crois que j’ose parler de la démocratie.

Etre consultés de temps à autre ne suffit plus. Plus du tout. Déclarons-nous, tous, responsables de tout.

Entrons sur ce chantier. Pas besoin de violence. De cris, de rage. Pas besoin d’hostilité. Juste besoin de confiance. De regards. D’écoute. De constance.

L’Etat, en l’occurrence, c’est nous.

Ouvrons des laboratoires, ou rejoignons ceux, innombrables déjà, où, à tant de questions et de problèmes, des femmes et des hommes trouvent des réponses, imaginent et proposent des solutions qui ne demandent qu’à être expérimentées et mises en pratique, avec audace et prudence, avec confiance et exigence.

Ajoutons partout, à celles qui existent déjà, des petites zones libres.

Oui, de ces petits exemples courageux qui incitent au courage créatif.

Expérimentons, nous-mêmes, expérimentons, humblement, joyeusement et sans arrogance. Que l’échec soit notre professeur, pas notre censeur. Cent fois sur le métier remettons notre ouvrage. Scrutons nos éprouvettes minuscules ou nos alambics énormes afin de progresser concrètement dans notre recherche d’une meilleure société humaine. Car c’est du minuscule au cosmique que ce travail nous entrainera et entraine déjà ceux qui s’y confrontent. Comme les poètes qui savent qu’il faut, tantôt écrire une ode à la tomate ou à la soupe de congre, tantôt écrire Les Châtiments.  Sauver une herbe médicinale en Amazonie, garantir aux femmes la liberté, l’égalité, la vie souvent.

Et surtout, surtout, disons à nos enfants qu’ils arrivent sur terre quasiment au début d’une histoire et non pas à sa fin désenchantée. Ils en sont encore aux tout premiers chapitres d’une longue et fabuleuse épopée dont  ils seront, non pas les rouages muets, mais au contraire, les inévitables auteurs.

Il faut qu’ils sachent que, ô merveille, ils ont une œuvre, faite de mille œuvres, à accomplir, ensemble, avec leurs enfants et les enfants de leurs enfants.

Disons-le, haut et fort, car, beaucoup d’entre eux ont entendu le contraire, et je crois, moi, que cela les désespère.

Quel plus riche héritage pouvons-nous léguer à nos enfants que la joie de savoir que la genèse n’est pas encore terminée et qu’elle leur appartient.

Qu’attendons-nous ? L’année 2014 ? La voici."

Oui, ce sera bien d'ouvrir cette année avec ces mots-là...

mercredi, 01 janvier 2014

Quatorze

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J'ai soulevé l'écorce espérant y déloger quelque idée-force mais l'exercice, cette année, est retorse et va devoir accepter quelque entorse.
Après les années partouze et baise, quatorze est orphelin de rime: une vraie terre vierge...
Je nous souhaite des embrassements et des embrasements, des croisées de chemins et d'ogives,
Que nous ne finissions pas cette année en disant ça ne rime à rien.