samedi, 21 mars 2020
Aux confins de soi (4)
Le confinement ralentit et aiguise mon regard. Il apprend à se poser sur le cerisier et à demeurer à l'extrémité d'une de ses branches.
Hier, j'ai écouté Le journal de confinement de Wadji Mouawad. Mon regard s'en trouve transformé, un peu plus encore. L'arbre, dans mon jardin, est confiné. Depuis seize ans, l'arbre est confiné dans mon jardin ; moi, depuis seize ans, je suis allée et venue. Aujourd'hui, nous sommes face à face. Lui immobile, moi, immobilisée. Mon regard sur lui.
Sur fond de ciel laiteux, ce matin, sa première fleur s'est ouverte. Plus imprudente, plus curieuse que toutes les autres. Autour d'elle, l'inhabituel silence des choses humaines et la présence décuplée des mésanges. Sait-elle qu'il y a quatre ans, cet événement s'était produit un 13 avril ?
Sur les confins d'une autre terre, la première fleur de ton pêcher. Au début du mois, nous l'avions déconfiné de quelques mètres.
© Pili Vazquez
18:31 | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : cerisier | Facebook |
Commentaires
"Les arbres sont à qui les regarde." (Machin)
Écrit par : Topa | dimanche, 22 mars 2020
Après avoir lu ton billet tôt ce matin, j'ai passé un bon moment avec mes arbres en fleur. Chose curieuse, après ce bon moment il m'a semblé que c'était les fleurs qui me regardaient.
Mille mercis donc.
Écrit par : Colo | dimanche, 22 mars 2020
Je suis allée tenter l'expérience dans mon jardin : me laisser regarder par mes fleurs.
Mille mercis , Colo
Écrit par : la bacchante | lundi, 23 mars 2020
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