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mercredi, 15 août 2007

BLUES à MERS

Dans quelques semaines -les doigts d'une main sont de trop désormais pour les compter- elle sera de retour, la rentrée littéraire avec ses tambours, trompettes et critiques turfistes. Il ne s'agira pas de miser sur le mauvais canasson. Car après, il y aura ceux qui  avaient bien dit que ce serait celui-là le roman de la rentrée et il y aura les autres. Peur de ne pas voir assez taillé vos sens esthético-littéraires pour le repérer? Peu de risques vous prenez de vous tromper puisqu'il suffit qu'une moitié de miseurs aime pour que l'autre, bafouée, crie au scandale. Question d'équilibre, demandez-vous alors de quel côté la balance penchera! Ceci dit en passant, je me suis délectée à la lecture de L'élégance du hérisson de Muriel Barbery...

Donc en attendant ce tohu-bohu bien organisé, je suis partie à Mers-les-Bains -prononcer merse- station balnéaire dans la Somme, entre deux falaises, coupée du monde. Là-bas, la médiathèque partage ses locaux avec un lieu d'exposition et un bureau de l'ANPE. Belle rencontre. Là-bas, se tient au creux du mois d'août un salon du livre, de ceux qui ne font la une que des journaux locaux, de ceux qui annoncent dans leur programme que les animations et rencontres auront lieu si les conditions le permettent: il faut dire que tout se passe sur le bord de mer, sous la menace des mouettes et des nuages.

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Le ciel fut clément et tout eut lieu: les rencontres d'auteurs et d'illustrateurs -May Angeli, Sara, Motsch, Kokor, Philippe Lacoche, M.-F. Ehret- les ateliers d'écriture -reste que celui mené par Thomas Scotto était réservé aux 8-12 ans! ggrrr!- et les dédicaces. Belles rencontres.

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Et il y eut Môôssieur Jean Claverie!

L'illustrateur est talentueux dans ses dessins ouvertement inspirés de Vermeer pour le conte La Barbe-bleue. Il est à noter que grâce à lui, nous savons enfin à quoi ressemble l'intérieur du cabinet, fermé à quadruple tour dans lequel il ne faut surtout pas rentrer mais je te donne quand même la clé, tu la vois bien, la plus petite du trousseau, tu n'oublieras pas que tu ne devras surtout pas l'utiliser. Âmes sensibles, tentez tout de même de ne pas vous abstenir.

 

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L'homme est aussi l'auteur de Little Lou: l'histoire du p'tit Lou qui deviendra pianiste se décline dans des tons ocre orange et brun, quelque part dans ces contrées qui ont vu naître le blues, entre album et bande-dessinée. De ce livre-là, les illustrations que je préfère sont celles qui sont inachevées, comme un appel à chercher la fin ailleurs. A Mers-les-bains, la fin, je l'ai trouvée dans la Salle des fêtes.

 

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L'homme y était avec piano, guitare, batterie et trois compères pour un concert de blues à vous ôter tous les bleus du coeur.

Qu'on se le dise, Jean Claverie est un grand môôssieur sur le papier et sur scène!

 

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Et au souvenir de ce salon, sur un rythme de Tacot Blues, que se bercent mes mains...

samedi, 04 août 2007

COMMENT J'AI PÊCHÉ ULYSSE

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Il y a de cela quelques minutes, par désoeuvrement ou plus exactement par désir de faire oeuvre -toute modeste soit-elle, quelque chose comme un  billet ou un post- je relisais l'à-propos de mon blog dans lequel j'affirme en toute fausse innocence ce qui suit :

Tentative d'exploration de l'archipel Littérature jeunesse,
Et dans mon sac, l'Atlas des Géographes d'Orbae.

Soudain, il me semble plus simple de pointer sur la carte IGN (0519 OT) du Finistère Sud toutes les failles de la côte, d'y rajouter toutes les îles - souvenirs épars de ces cassures qui narguent le continent - que de dénombrer mon archipel. Bien rusé celui qui dira ce qu'est la Littérature jeunesse ou ce qu'elle n'est pas : la présence de l'étiquette "à partir de tel âge" saura-t-elle suffire ? Il est vrai que dans La Littérature, aucun livre n'a jamais été estampillé d'un "à partir de quarante ans" ! Que faire alors de ces éditeurs dits jeunesse qui se sont toujours refusés à toute discrimination de type poussins-benjamins-cadets, quant aux seniors s'abstenir ? Alors quoi ? La présence d'illustrations ? La notion d'album ? La simplicité d'un récit ? Autant d'écueils à éviter.

J'ai dit bravo à l'Education Nationale le jour où elle a eu l'audace de faire entrer dans les programmes de 6ème L'Iliade et L'Odyssée. Deux pierres angulaires désormais dites "jeunesse"!

Il est un genre qui se fiche de tous ces questionnements peut-être bien stériles: la poésie. Regardez les albums Mango : hétéroclites, du Moyen Âge jusqu'au slam. Il n'est jamais trop tôt pour faire l'expérience du poème, se rendre compte qu'en ce domaine le sens unique n'existe pas, ni le sens interdit, d'ailleurs.

Lire un poème, c'est accepter à la suite du poète de cheminer dans l'inconnu. Nul besoin d'être un marin chevronné pour prendre ce risque. Accepter de ramasser sur la plage, Algues, sable, coquillage et crevettes, alors que nous espérions un poisson.

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Lire, c'est accepter que les mots soient "en jeu", alors les frontières gardées par des doigts niais ne sont plus de mise. Si cette nuit, une femme lit quelque part Les treize tares de Théodore de Susie Morgenstern tandis qu'une collégienne finit Au bonheur des dames, il ne m'en faut pas plus pour sourire.

J'en étais là de mes pensées itinérantes et je ne savais plus trop où les faire aboutir. En attendant un sursaut de ma muse, j'ai tapé la date d'ouverture de mon blog, le 16 juin, dans Wikipédia. Ce n'est autre que le Bloomsday qui est apparu, les fameuses vingt-quatre heures de Léopold Bloom, le 16 juin 1904, racontées par Joyce dans Ulysse. Or ce roman est pour moi un continent à lui tout seul. Combien de fois en ai-je commencé la lecture ? Combien de fois ai-je tenté de le déjouer en prenant un chapitre au hasard ? Si sur celui-là seulement, on pouvait mettre "à partir de trente-huit ans", je courrais le chercher dans ma bibliothèque...

lundi, 30 juillet 2007

DES VOILES

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J’ai rentré les voiles et, mon Glazic comme rêche refuge et seul souvenir palpable, je saisis cet instant pour m’asseoir à nouveau derrière l’écran, pour dévoiler.

Les balades furent assurément pour moi, dans les monts d’Arrée sous l’égide de Merlin –bien lui en prit car les déluges de Noé qui y tombèrent nous virent, un jour néfaste,  finir terreux et crottés sur les banquettes en cuir d’un VRP stupéfait de nous voir randonner par ces temps si oubliés des dieux ; dans la presqu’île de Crozon, j’ai tout à fait fui le touriste en gagnant le cap de la chèvre abandonné de tous, mortels et immortels - celle de Seguin aurait pu y brouter longtemps encore bruyères et genêts.
A Lesconil, j’ai simplement chatouillé de mes semelles de longues pierres plates au sourire cocasse, j’ai imaginé un soir me blottir dans le tronc démultiplié du chêne de Sainte-Marine pour lire Sweet home d’Arnaud Cathrine, déniché à La Nuit Bleu Marine de Morlaix.

Par contre, point de ballades dans les deux douces maisons où je me suis déposée. Point mais pas à la ligne. J’ai voulu comprendre. J’ai jeté des regards qui ne demandaient qu’à être harponnés, voire hameçonnés. J’ai ouvert des portes, jusqu’à celle des toilettes –si les miennes n’étaient pas si humides, j’y aurais placé mes quelques La Pleiade, en attendant les travaux toujours remis à demain, j’y savoure certaines Microfictions. Mais rien, pas l’ombre ni le corps d’un livre ! Mes hôtes, je le savais, étaient d’impénitents lecteurs. Or, le premier les a insatiablement donnés, offerts, transmis, passeur sans vergogne et sans peur des reproches de sa soeur –histoire peut-être d’en pérenniser la lecture une fois la dernière page tournée ; la seconde les a enfouis en des latitudes et longitudes familières, derrière les bambous au fond du jardin ! Enfouis ? Pas exactement, plutôt mis en caisses. Etait-ce pour cause de déménagement ? Je ne sais plus. Ce geste sacrilège a fini par me séduire. Elle avait encaissé chacun de ses livres, le souffle coupé…

Cette nuit, le ciel est démesurément lunaire, je songe au Géol de François Place, à son vrai frère dans Moby Dick, à leurs peaux tatouées, je pense à ces livres qui, bien qu’empilés ou rangés sur des planches, n’en finissent pas de se dessiner en moi, malgré moi.
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Les derniers Géants, François Place
Casterman

jeudi, 05 juillet 2007

PAS PIED, PAS NIAIS

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Les Doigts Niais

Olivier Douzou Natali Fortier

Editions du Rouergue


Dans ma subversothèque, j’ai rencontré un ver aux idées fixes.
Il veut passer la frontière, le ver lancé dans sa course, il veut oublier sur la page de gauche un pays désespérément marron-ocre, caillasseux.
Le ver sait ce qu'il veut, il est prêt à tout: aller à découvert, ramper, avancer sur la pointe des pieds pour passer sur la page de droite, pays où le miel ne coule peut-être pas en abondance, mais où du moins on  trouve oranger, oiseau rouge et graines de tournesol ici et là.
Il est obstiné le ver, il le tourne et le contourne dans tous les sens le sol, même pas peur des Doigts Niais qui gardent la frontière.
Ceux-là, s’ils sont Niais –essaye donc de faire la ronde d’un carré de terre et des demi-tours complets- sont surtout acharnés : ils le renvoient, le ver.
Tu crois qu'il va se décourager?  Il ne peut passer en dessous, il passera au-dessus, propulsé par une cuillère. Quel ver veinard! La quatrième de couverture s’en retrouve transpercée.
Le ver était peut-être sans papiers mais certainement pas pied.

vendredi, 29 juin 2007

PAS DE PAPIERS, AU PANIER!

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Au panier!

Henri Meunier et Nathalie Choux

Editions du Rouergue

 

 

 

 

Un parc, avec des enfants qui jouent et des bancs où casser la croûte ou tricoter. Surgit un panier à salade et du panier trois représentants de l'ordre -autant dire de la bonne couleur- et de la bouche de l'un des représentants, un cri expectoré, un hurlement vociféré "pas de papiers, au panier" à l'encontre de tout individu coloré: une femme noire, un chat vert, un oiseau rose et même le soleil jaune, émigré d'Orient. Au final? Un parc plongé dans le noir avec peut-être des enfants et des bancs mais on ne les voit plus.

Si en en-tête d'un tel album, on lisait "Les personnages et les situations de ce récit étant purement fictifs, toute ressemblance avec des personnes ou des situations existantes ne saurait être que fortuite", on sait bien qu'on rirait jaune. Alors on y trouve un extrait de la Déclaration universelle des droits de l'homme sur la libre ciculation entre les Etats.

Par contre, sur le blog de RESF on découvre de quoi broyer du noir:

"Le jeudi 7 juin matin, je suis allée rendre visite à Sephora et ses parents.
De Toulouse, ils avaient été transférés au centre de rétention de Lyon Saint-Exupéry, un centre spécialisé pour les familles et les enfants en bas âge.
La maman ne va pas fort. J'ai apporté des jouets, des habits pour les parents, des gâteaux et du chocolat pour le moral.

Avant d'entrer dans la cellule de visite, j'ai laissé sur le comptoir un livre d'enfant qui s'appelle Au panier  de Henri Meunier et Nathalie Choux aux éditions du Rouergue en disant avec un grand sourire «ça vous fera de la lecture». (C'est une histoire d'hommes en uniforme qui mettent au panier tout ce qui est différent.)

En sortant de la visite, ils n'ont pas voulu me laisser partir, ils m'ont gardée. J'ai eu la visite du lieutenant Sèvre qui m'a dit qu'il me confisquait l'ouvrage pour subversion (comme au bon vieux temps !).
Toujours avec un grand sourire, je lui ai répondu que je lui donnais bien volontiers…
Ils m'ont gardé un petite heure, pour noter mon identité en long et en travers, ainsi que les références du bouquin (que je vous recommande, il ne va pas rester longtemps sur le marché).

Je suis interdite de visite au centre !

Martine Vuaillat "

 

Ceci dit, je retourne dans ma subversothèque pour y dénicher un nouvel album.

A suivre...

 

mercredi, 27 juin 2007

SPLATSCHH OU SPLAOUTSCH?

Un jour, pas plus tard qu'hier, je cassais la croûte, dans un parc, sur un banc avec un ami.
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Georges Lebanc

Claude Ponti

Ecole des loisirs

 

 

 

Entre deux bouchées de galettes de froment au garum, nous déclamions, tirés d'une anthologie d'inscriptions pariétales -du latin paries, le mur- des graffiti romains (un ex. par là).

D'autres exemples par ici:

Quiconque m'invite à dîner, qu'il se porte bien!

Les marchands d'ail demandent d'élire édile Cnaeus Heluius Sabinus.

Salut à vous! Nous sommes de vraies outres!

 

Très rapidement poussés par le regard lapidaire des passants, nous avons remballés les miettes de la croûte cassée, le mulsum et le recueil. C'est alors que gravée sur le bois de notre siège est apparue cette inscription bancale -du français banc (!):

 

Lorsque je vois ce que les pigeons ont fait sur ce banc,

Je remercie l'Eternel de ne pas avoir donné des ailes aux vaches.

 

Vous me direz, ça ne vole pas haut ce matin. Je vous répondrai, connaissez-vous l'histoire de la petite taupe?

 

72222a66b8ea9cc507789dc384af521d.jpgDe la petite taupe qui voulait savoir qui lui avait fait sur la tête

Werner Holzwarth et Volf Erlbrukh

milan jeunesse

 

 

 

Un album randonnée dans lequel une taupe qui n'est pas spécialiste es crottes avance d'un pas décidé pour retrouver le propriétaire de celle qui a atterri sur sa tête. De splatschh en pouf pouf pouf, de ratatata en clang-di-clang, de ssplaoutsch en vlouf, elle rencontre un pigeon, un cheval, une chèvre, une vache et un cochon qui tous mettent beaucoup de bonne volonté à prouver leur innocence. Les dessins réalistes se chargent de convaincre les plus incrédules. Deux mouches à merdre lui donneront enfin le nom du coupable.

(Sa vengeance sera terrible!)

Ca, c'est la quasi-ultime-réplique  d'un narrateur qui, en contre-point du récit, commente le tout, incognito derrière une police de  caractère plus petite, encadrée de parenthèses. La vengeance de l'experte es galeries souterraines sera donc terrible et onomatopéisée par un mémorable pling!

Mais là n'est pas le plus important... Cet album est surtout l'occasion pour le lecteur de se rendre compte qu'entre un splatschh ou un ssplaoutsch sur un banc, le premier est de loin le plus souhaitable!

 

Que les douces effluves de ce billet atteignent la tanière d'un certain Ours Gris...

lundi, 25 juin 2007

ALBUM, ALBUM, ALBUM, ALBI, ALBO, ALBO...

 

... à chanter sur l'air de rosa, rosa, rosam, rosae, rosae, rosa sans oublier la prononciation!

 

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Alboum

Christian Bruel et Nicole Claveloux

Être

 

 



Ce qui donne donc alboum, alboum, alboum, albi, albo, albo. Vous excuserez le côté répétitif des trois premiers couplets, mais il s'agit là d'un neutre.

Neutre, l'album? Il ne l'a certes jamais été. Au départ, il était plutôt blanc éclatant -c'est d'ailleurs ce que signifie le mot en latin- et désignait même des tablettes et pans de mur enduits de plâtre où s'inscrivaient les avis officiels, les appels à voter ou juste une petite phrase paradoxale, telle celle-ci:

Je m'étonne mur,

Que tu ne te sois pas effondré,

Alors que tu portes les niaiseries

De tous ceux qui ont écrit sur toi!

 

Passé dans nos contrées, il a désigné un registre que les voyageurs emportaient avec eux pour y consigner des faits marquants ou des autographes. Puis, lorsque les voyageurs ont posé leurs valises et qu'ils se sont mis à regarder des cartes, des photos et des timbres, l'album faute de recevoir le récit d'aventures du bout du monde s'est consolé avec ces bouts de papiers. Mais quand même, avoir fait le tour de la terre pour en arriver là!  Alors il a ouvert grand ses pages pour supporter les illustrations et avec elles souvent les mots. Espace non anodin...

A lire cette pensée d'Elzbieta sur l'alboum trouvée sur le site de l'hôtel de Mora, le Centre de l'illustration :

« L'album illustré est le conservatoire de l'imagerie narrative, de ses procédés et de ses styles. Là est un gisement fabuleux, accessible à tous où sont sauvegardés, sans exclusion ni rejets, bien vivants et à l'abri de l'oubli, nos manières d'organiser nos pensées, nos systèmes visuels, nos techniques picturales, autrement dit de vastes pans de notre culture. L'imagerie des livres d'enfants est un art populaire au plein sens du terme, c'est-à-dire une de ses pratiques qui fonctionnent pour tous sans qu'il soit besoin d'expliquer... » (Elzbieta, 2005)

A cogiter aussi l'étymologie du mot illustration qui vient du latin lustrare qui signifie éclairer...

 

 

10:10 Publié dans ALBUM | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : alboum, bruel, claveloux |  Facebook |

mercredi, 20 juin 2007

UN GRAIN DE FOLIE

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Pierre Bottero
Illustrations Jean-Louis Thouard

Milan jeunesse - 12,80 €

 

 

 

Isayama, la titanesque, Isayama, le rêve de géants en quête d’étoiles, l’un la contemple, d’autres tentent de la gravir.
Depuis qu’il est né, Kwaï a vu, dans son coin de Mongolie, les caravanes se succéder tous les quatre ans, à l’assaut de la montagne imprenable.
Nul n’a jamais atteint son sommet.
Certains avaient la force mais pas le respect et ceux-là passent sans un regard vers le spectateur, dans le faste de leur caravane immobilisée, plan rapproché et contre-plongée disent tout de leur superbe.
D’autres possédaient la force, le respect mais pas le doute ; si ceux-là ne nous regardent pas c’est parce que, ténébreux, ils avancent tête baissée et leurs corps envahissent le cadre.
Le dernier enfin portait en lui la force, le respect, le doute. Celui-là, si sa tête à son retour se baisse, c’est pour dissimuler une larme, il lui manquait un grain de folie pour réussir.
Dans la steppe démesurée et sous le regard serein de son arrière-grand-mère luna, Kwaï dit « Moucheron » reste, les observe, apprend et, entre deux, mange des galettes de riz.
Immobile au bas de la montagne, au fil des ans – et passe le regard de luna, et cessent les galettes – il apprend à devenir un homme capable de gravir Isayama. Là-haut, tout là-haut – l’horizontale steppe cède la place à la verticale montagne – après les rocs acérés, l’attend le dernier clin d’œil de luna…
Isayama, un récit initiatique, un conte de sagesse ? Une virevolte de dessins à l’encre qui se joue des plans et cadrages ? Tout cela à la fois et surtout un album qui dit le désir de dépasser ses limites parce qu’à la semelle un grain de folie est accroché.

 

Il ne vous reste plus qu'à poursuivre sur le blogue de l'illustrateur Jean-Louis Thouard. De janvier à avril 2007, il y dit son cheminement.

 

Que ce billet bruisse aux oreilles d'un certain moucheron, à compter que ces insectes aient seulement des conduits auditifs...

 

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