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samedi, 03 septembre 2016

Il barbiere è di ritorno

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Lucca, août 2016

Il faisait particulièrement chaud ce jour-là à Lucca. Nous avions laissé la voiture - nous ne savions pas encore qu'une durite avait lâché - sur le parking à l'extérieur des murailles et nous dirigions à pied vers la via Fillungo. Tu en avais plein les bras -carton de victuailles, pot de basilic- j'en avais plein le dos et le ventre -un sac derrière, un sac devant- mais mes mains étaient encore libres d'attraper l'appareil-photos quand nous sommes passées devant ce lieu improbable, via Vittorio Emanuele.

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Lucca, août 2016

Chez BISB -the barber is back- ce n'était plus exactement la Toscane. C'était l'Italie passée par Il était une fois en Amérique ou Le Parrain.

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Lucca, août 2016

Nous en avons oublié notre chargement. Nos regards ne savaient plus où donner de l’œil. Tout se reflétait dans tout par un jeu de miroirs : barbiers, clients, tissus rayés, murs plus chargés que ceux d'un musée. Et surtout le sérieux imperturbable de l'enfant.

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Lucca, août 2016

11:12 Publié dans BAL(L)ADE | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : toscane, lucca, barbier |  Facebook |

jeudi, 01 septembre 2016

Il faudra

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Lucca, août 2016

Malgré tous les discours
vigilance-attentats
protection contre
interdiction de
patrouille de
vigilance si

il faudra oser
ôter les barreaux
et regarder le ciel libre
ouvrir grand les fenêtres
et laisser les bruissements  entrer
desceller les murs de briques 
et aller et venir dans le monde ;
et le soir venu se laisser surprendre
par un reflet dans les carreaux

11:18 Publié dans BAL(L)ADE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : toscane, lucca |  Facebook |

mardi, 30 août 2016

Bures qui nippent

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Lucca, août, 2016

Je me souviens que pour prendre cette photo, mon 1,60 m était de trop. Que je me suis assise à même le sol. Que d'en-bas la basilica San Frediano était encore plus belle. Ossature bois, galerie d'arcs et rayon de soleil sur les bancs. Je me souviens que je me suis imprégnée du lieu avant de déclencher l'obturateur. Que je cherchais le bon angle quand un ecclésiastique a surgi du hors-champ comme un ange de sa boîte. Ses gestes n'étaient pas équivoques et sa soutane dans tous ses états. J'ai pris mon temps. Pour prendre la photo. Pour jouer mon rôle de diablesse effrontément face à la bure qui nie le droit de s'asseoir à même le sol. Si j'avais parlé italien couramment, je lui aurais demandé de m'indiquer l'arrêté divin suivant lequel il agissait.
Je me souviens qu'à l'entrée du Duomo de Sienne, les hommes en marcel n'étaient pas inquiétés. Mais que des tuniques post-opératoires étaient distribuées aux femmes en short et débardeur. Cachez-moi ces épaules que l'Eternel ne saurait voir. Ça t'avait fait rire - sur la tunique, tu avais torqué ta bretelle de sac à dos  - ça m'avait fait râler. Notre monde est étonnant : ici on couvre les femmes avec de hauts cris et là on les découvre avec de hauts cris.

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Siena, août 2016

 

mercredi, 17 août 2016

A fresco

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Lucca, août 2016

Dernier quart du jour
le klaxon des piaggio
les femmes sur les bancs
le linge oublié sur les fils
 des reflets encore à la fenêtre
 les arbres sur l'ocre des murs

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San Gimignano, Juillet 2016

 

lundi, 15 août 2016

C'est sa fête !

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Cripta del Duomo, Sienne

Cela fait un peu plus de neuf ans que j'ai posé le pied sur ces îles et pas une seule fois je n'ai consacré un billet à l'assomption. Faut dire que je n'ai jamais compris comment ce mot pouvait désigner une quelconque élévation dans le ciel. Essayez de le dire à haute voix. Vous en aurez tellement plein la bouche de toutes ces consonnes aussi indigestes qu'une brochette de Chamallow passée au barbecue après les andouillettes que vous vous sentirez soudain d'humeur très terre à terre.
Mais cette année, c'est décidé, après avoir vilipendé tant et tant de fois Noël, je vais lui faire sa fête, à la vierge ! Et j'ai de quoi faire. Après dix jours passés en Toscane, à raison d'un ou deux musées par jour, ma photothèque est pleine de tableaux, fresques et mosaïques virginales, d'autant plus que P. n'y est pas allée de main morte. Avant de lancer le diaporama, je présente mes plus plates excuses aux passants sur ces îles. Nous n'avons pas eu la rigueur de photographier à chaque fois le cartel. Je ne suis donc pas en mesure de vous donner le nom des peintres, le titre des œuvres et toutes autres informations pertinentes qui figurent sur ces notices, habituellement. Seul reste le nom du lieu où ces œuvres sont exposées. Retour donc sur une vie en cinq épisodes avec sous-titres iconoclastes...

Episode 1 : L'annonciation

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Galleria degli Uffizi, Firenze
© Pili Vazquez

Commençons par une représentation somme toute très classique. Quand Gaby vient annoncer à Marie que l’Éternel l'a choisie pour son rejeton, qu'elle doit renoncer aux siestes amoureuses et qu'il faut qu'elle explique tout ça à son gars Jo, évidemment que la demoiselle a été épatée : ça me plaît bien, ce plan-là! répond-elle en levant sa main droite, délicatement. Comment pourrait-il en être autrement ?

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Galleria degli Uffizi, Firenze
© Pili Vazquez

Ah moins qu'elle n'ait reçu l'ange par ces mots : Oh, Gaby,  sérieusement, quoi, tu t'es vu dans ta tenue du dimanche? Fallait pas te mettre en frais comme ça pour moi ! Va donc rendre à ton patron son salut et dis-lui de faire sans moi ! S'il est si doué qu'on le rapporte, il doit même pouvoir se débrouiller tout seul. Sur ce, elle a repris son bouquin et s'est replongée dans la lecture. Ce jour-là, elle lisait le mythe de la naissance de Bacchus qui comme tout le monde le sait est né de la cuisse de Jupiter.

Episode 2 : L'heure de l'allaitement

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El Duomo, Siena
© Pili Vazquez

Sauf que le Patron a fait avec elle et que le rejeton était glouton.

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Chiesa San Michele, Lucca
©
Pili Vazquez

Episode 3 : Photomatons de la mère et du fils

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Torre del Mangia, Siena
© Pili Vazquez

Ça n'a pas dû être la joie tous les jours. Nuits blanches et cernes sous les yeux. Et cette manie que son fils a de toujours vouloir s'asseoir sur son genou gauche !

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Palazzo del Podesta, San Gimignano
© Pili Vazquez

Episode 4 : Scène de famille

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Crypta del Duomo, Siena
© Pili Vazquez

Sans parler des jours où ils se demandaient avec le gars Jo "A qui la faute ?". Ils se renvoyaient tous les trois la balle.

Episode 5 : Mater dolorosa

Au final, quand le petit trentenaire a enfin quitté le giron familial, ils ont cru qu'ils allaient enfin pouvoir couler des jours tranquilles. Ça n'a duré que trois ans. Y a sérieusement de quoi faire la gueule devant une vie pareille.

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Galleria degli Uffizi, Firenze
© Pili Vazquez

Tous mes remerciements vont à P. Sans ses photos, cette année encore, je n'aurais pu fêter l'assomption. Durant les jours toscans, j'ai réussi l'exploit de ne prendre aucune photo de la vierge. En effet, pendant que P.  prenait une fresque dans son ensemble ...

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Cripta del Duomo, Siena
© Pili Vazquez

... moi, je cédais à ma manie du fragment, ce qui me permettait de me poser des questions existentielles. Ah oui, au fait, qui donc s'est chargé d'enlever les clous ? Sans ce geste passer sous silence depuis deux mille ans, la descente de croix n'aurait pu avoir lieu. Mais je m'éloigne de mon sujet à moins que  je ne retombe sur mes pieds.

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Cripta del Duomo, Siena

lundi, 08 août 2016

Femmes au soleil

toscane,san gimignano

© Pili Vazquez, Chemins parallèles,
San Gimignano, Juillet 2016

Au moment où tu prends cette photo, tu sais que tu as attrapé un instant. Les contrastes sont parfaits. Entre lumière et obscurité, entre verticalités au fil de plomb et horizontalité des marches. Tout au fond, des toiles blanches. C'était jour de marché sur la Piazza della Cisterna. Il y avait foule d'étals et de touristes. Fourmilière aux heures de pointe. Mais de cela, ta photo ne dit rien. L'espace est vide. Ou presque.
En prenant cette photo, tu figes une femme qui elle-même prend en photo un bâtiment. Et qui sait, peut-être qu'elle aussi vient de figer une femme qui prend en photo un bâtiment devant lequel se tient une femme qui... A vous toutes, de l'une à l'autre, vous tracez dans San Gimignano un itinéraire. J'aime à penser que, vu d'un deltaplane, cet itinéraire dessine, de quart de cercle en demi-cercle, un labyrinthe où se retrouver. Il suffirait pour cela de suivre le cable noir qui traverse tes verticalités au fil de plomb en une courbe désinvolte.

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© Pili Vazquez, labirinto
Lucca, août 2016