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mercredi, 20 juin 2007

UN GRAIN DE FOLIE

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Pierre Bottero
Illustrations Jean-Louis Thouard

Milan jeunesse - 12,80 €

 

 

 

Isayama, la titanesque, Isayama, le rêve de géants en quête d’étoiles, l’un la contemple, d’autres tentent de la gravir.
Depuis qu’il est né, Kwaï a vu, dans son coin de Mongolie, les caravanes se succéder tous les quatre ans, à l’assaut de la montagne imprenable.
Nul n’a jamais atteint son sommet.
Certains avaient la force mais pas le respect et ceux-là passent sans un regard vers le spectateur, dans le faste de leur caravane immobilisée, plan rapproché et contre-plongée disent tout de leur superbe.
D’autres possédaient la force, le respect mais pas le doute ; si ceux-là ne nous regardent pas c’est parce que, ténébreux, ils avancent tête baissée et leurs corps envahissent le cadre.
Le dernier enfin portait en lui la force, le respect, le doute. Celui-là, si sa tête à son retour se baisse, c’est pour dissimuler une larme, il lui manquait un grain de folie pour réussir.
Dans la steppe démesurée et sous le regard serein de son arrière-grand-mère luna, Kwaï dit « Moucheron » reste, les observe, apprend et, entre deux, mange des galettes de riz.
Immobile au bas de la montagne, au fil des ans – et passe le regard de luna, et cessent les galettes – il apprend à devenir un homme capable de gravir Isayama. Là-haut, tout là-haut – l’horizontale steppe cède la place à la verticale montagne – après les rocs acérés, l’attend le dernier clin d’œil de luna…
Isayama, un récit initiatique, un conte de sagesse ? Une virevolte de dessins à l’encre qui se joue des plans et cadrages ? Tout cela à la fois et surtout un album qui dit le désir de dépasser ses limites parce qu’à la semelle un grain de folie est accroché.

 

Il ne vous reste plus qu'à poursuivre sur le blogue de l'illustrateur Jean-Louis Thouard. De janvier à avril 2007, il y dit son cheminement.

 

Que ce billet bruisse aux oreilles d'un certain moucheron, à compter que ces insectes aient seulement des conduits auditifs...

 

06:00 Publié dans ALBUM | Lien permanent | Commentaires (18) | Tags : isayama, bottero, thouard |  Facebook |

samedi, 16 juin 2007

À CRIER DANS LA RUE

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Jean-Marie Henry

Illustrations Laurent Corvaisier

Rue du monde - 15,40 €




Que croyez-vous que soit un artiste ? Un imbécile qui n’a que des yeux s’il est peintre, des oreilles s’il est musicien ou une lyre à tous les étages du cœur s’il est poète ? Bien au contraire, il est en même temps un être politique, constamment en éveil devant les déchirants, ardents ou doux événements du monde, se façonnant de toute pièce à leur image.

Picasso, in Les Lettres françaises, 1951

Alors, ça commencera par un cri. C'est un recueil de poèmes qui m'y invite.

D’ordinaire, une anthologie recueille des poèmes pour leur taille, Il pleut des poèmes, selon un genre, Le fabuleux fablier, ou bien un thème, Cour couleur, ou encore pour jouer avec l’alphabet ou quelques contraintes d’écriture, L’alphabet des poètes et Le tireur de langue…

En ces temps qui sortent sans doute de l’ordinaire, pour sa nouvelle anthologie, Rue du monde a regroupé des poèmes pour un même mode d’emploi Poèmes à crier dans la rue.

Se retrouvent à battre les pavés de leurs mots Jean-Pierre Siméon, Rimbaud, Alexandre Romanès, Aragon, Valérie Rouzeau, Abdelamir Chawki, Pablo Néruda, David Diop, Madeleine Riffaud, René Char… long est le cortège ici rassemblé.

 

Mais je suis étranger
plus étranger que l’étranger
à mon pays quand il est
dur et froid comme la pierre
et fermé comme une porte
au ciel changeant des visages.

J-P Siméon

 

Vers, d’ici ou d’ailleurs, d’aujourd’hui ou d’hier, tous disent un autre monde, un monde qui pourrait être autre et l’urgence de le créer.

 

Et tu te hâteras d’admirer.
Crains la nuit. Elle vient vite.
N’aime pas. Adore
Au moins, tu vivras au sommet du bond.
Cherche l’amplitude.
Exige. Délire.
Ne rêve plus. Invente-toi.
Prends parti.
Crie.

Jean Malrieu

 

Qu’attendons-nous pour nous en emparer et les crier haut et fort ?