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vendredi, 31 août 2007

ESPACE DES CRIS

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Je pensais vous parler d'histoires racontées au fond d'un canapé au milieu d'un jeune quintet -nous étions tout sloumpy-sloumpy- ou du clin d'oeil de Moby Dick ce matin qui m'a laissée là aussi toute sloumpy-sloumpy, tout cela attendra un autre jour, un jour où l'on pourra aussi reparler des arbres à feuilles ou à plumes...

Mais aujourd'hui si vous avez une chose lire c'est ce papier sur le blog de A l'école des sans papiers

Et si vous avez un renseignement ou une question à soulever, c'est par

Ne vous gênez surtout pas en soulevant votre prose à bout de bras pour crier.

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mercredi, 29 août 2007

ESPÈCES D'ÉCRITS MERSIENS(7)

Un dernier texte et surtout un grand merci à tous ceux qui sont rentrés dans cet espace d'écrits avec leurs textes ou commentaires.
  
Mirages
 
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Un nez bombé qui n'en finit pas de dégouliner de mon front, les yeux dans l'alignement de mes narines, une bouche barbouillée à la va-vite que je te peigne et un cou haut de quelques centimètres. Mon créateur -que n'a-t-il pris le septième jour pour m'observer de plus près- est particulièrement fier du résultat final. A ce niveau-là, j'envie la régularité des briques empilées derrière moi.

Encore tout ceci n'est-il qu'anecdotique au regard du dernier acte. Quand il a dû choisir la couleur destinée à recouvrir mon hétéroclisme, je vous le donne dans le mille, le bord de mer et le criaillement entêtant des mouettes aidant, il a opté pour le bleu. Pas n'importe quel bleu, oh non, un bleu indigo et indigeste parce qu'à chaque coin de rue ici.

Regardez la villa Nuit marine de l'autre côté de la rue, grattez vos yeux sur la balustrade.

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Nuit marine, nuit marine, un soir de pleine lune alors. Le bois est bleu indigo. Quant à la villa qui se trouve dix mètres plus haut, c'est sa façade qui en tient une couche supplémentaire de bleu indigo.

La mer n'y reconnaitrait pas ses petits. D'accord, la mer, je ne l'ai jamais vue. Dans mon dos, elle s'agite encore et encore. Tant qu'à être difforme, j'aurais aimé être affublé d'une deuxième paire de mirettes, plantée derrière la tête. Mais je le sens, je la sens, elle n'est pas bleu indigo. On ne peut pas être une fracasseuse de galets ainsi toute la journée et remettre ça la nuit, sous cette couleur. Non, elle est gris-vert comme les marches de l'autre peinturlurée, en face.

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D'ailleurs, si vous preniez le temps de la traverser la rue, vous verriez que sur ces marches se sont figés des poissons et des algues, mes acolytes immobiles.

La tenancière des Îles Indigo 

mardi, 28 août 2007

ÉCRITS MERSIENS (6)

Sur ma route poitevine, j'ai ramassé ces plumes de chouettes...

Les trois génies

Il était une fois dans la vallée d'Aure ou plus précisément dans trois villages, Barancoueu, Gouaux et Grézian, trois génies: Boubou, Bobo et Néanmoins. Il y avait aussi un petit garçon, Toufik.  Et ce Toufik voulait être grand comme un escalier et gros comme une grotte. Il alla donc dans Grézian trouver le génie de l'escalier et lui demanda:


 
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-Boubou!
-Oui...
- Je veux être aussi grand que toi! 
- Oui...
Et Pouf! Il était devenu aussi grand que Boubou. Et d'un pas, il est à Gouaux.  
 
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- Bobo?
- Oui...
- Je veux être aussi gros que toi!
- Oui... 
Et Pouf! Il était devenu aussi gros qu'une grotte. Et Toufik fut heureux. Mais à la rentrée des classes, il ne put pas entrer dans l'école. En trois pas, il arrive à Barancoueu.
 
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- Néanmoins?
- Oui, je sais.
Et Pouf! Toufik fut comme avant, tout content. 
Rachel  
 
L'indien de la toile
 
 Connaissez-vous le célèbre indien du film La violette rouge de Poitiers de Woody A.? Non? Il faudra alors que je vous présente Juliette Choukroun: elle va tous les soirs au cinéma en plein air voir le même film: La violette. C'est son frère Antonio qui lui organise des projections au fond de la forêt. Mais depuis une semaine, elle va le voir tous les jours au ciné zénith, dans une salle obscure. Aujourd'hui il s'est passé quelque chose de bizarre: l'indien est sorti de son film, un arc à la main et seulement vêtu d'une tunique en cuir. Il s'est avancé vers notre Juliette et l'a prise dans ses bras. Elle était tellement émue qu'elle l'a suivi sans un mot.
Une fois dehors, il a cherché du regard un arbre: il en a vu un centenaire sur lequel il a décoché toutes ses flèches. 
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Juliette Choukroun lui a dit:
- Prenez garde! 
- Y a des cow-boys? 
En se retournant, il a aperçu un totem bleu représentant le dieu des Grandes Peurs! 
 
 
 
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 Il a filé à toute allure vers la toile, déjà le générique de fin défilait.
Depuis ce jour-là, Juliette Choukroun  va caresser tous les soirs l'écorce entaillée par les flèches avant d'aller au cinoche.
Ephraïm 
 
 

 
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Derrière la porte
Sabrina montait les escaliers bleus. Elle se sentait toute patraque. Encore quelques marches et elle aurait à pousser la porte sur laquelle étaient sculptés deux serpents mangeant une souris.

Elle se mit à penser à l’anaconda qu’elle avait dû supporter pendant des mois : Mme Gropet la patronne de l’usine à foulards ! Cette peste l’avait fait travailler nuit et jour pour presque rien. La vie toute seule avec son jeune frère était très dure : ils ne pouvaient même pas s’offrir de livres... Le jour de son renvoi de l’usine, elle fit les petites annonces : laveuse de WC dans un Mac Do, stripteaseuse de maisons de retraite, coiffeuse de baudets du Poitou, et enfin un métier un peu moins loufoque aide libraire !

Arrivée en haut, elle poussa la porte tout en scrutant les alentours et rentra. À l’intérieur, il n’y avait que des livres pour enfants : c’était une nouvelle vie qui commençait pour elle!
(…)

Sabrina n’eut aucun enfant mais ce n’est pas cela qui l’empêcha de vivre une vie heureuse et longue ! 
Hannah
 
 
 
Petite encyclopédie des Vikings
   
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1. Bois très rare que les Vikings sculptaient pour leurs drakars. 
 
 
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2. Raphaël, le guetteur qui prévenait les Vikings de l'arrivée des ennemis. 
 Yankel

lundi, 27 août 2007

ESPÈCES D'ÉCRITS MERSIENS(5)

Ours qui se frotte à des écrits mersiens vide sa glande à andouilleries

Proverbe normand d'Ours gris

Il est de mon devoir, moi VÉRITAX, l’enquêteur intergalactique, aidé par mon ami-chien-fidèle YOUKI ,de révéler au Monde la vérité VRAIE au sujet de ces trois clichés. L’œil de l’esthète qui les contemple  n’y voit que beauté, harmonie, et ce dernier, s’il n’est pas vigilant, et PRÉVENU tombera sous le charme  de la  fée Cota Normandica qui hante les lieux où ont été capturées ces images.
Je dois mettre en garde les vacanciers qui fréquentent ces plages normandes. Voici quelques manifestations comportementales dues aux charmes de cette fée, :
Les victimes vont se mettre en quête  et s’installer dans un lieu confortable, avec vue imprenable qu’ils ne regarderont plus  vu qu’ils vont plonger dans un livre, et s’y noyer !!!(Encore de l’ouvrage pour la SNSDPEL ! le contribuable jugera !) Ou alors elles s’étendront sur le sol dans un coin abrité et propice, et après quelques essais, trouveront la position adéquate, relaxante et confortable, et, comme nos chats, elles se laisseront emporter dans un demi-sommeil où les attendront sournoisement des rêveries qui peuvent même être érotiques !  Chez d’autres sujets, l’emprise des charmes pourra  se manifester par un débordement d’énergie et de vitalité : dans ce cas les malheureuses victimes sauteront dans des chaussures de sport et se mettront à courir comme si tous les inspecteurs des impôts étaient à leurs trousses. Je le sais, cette étude mériterait d’être plus exhaustive, mais ce n’est ni le lieu ni l’heure.
ICI l’affaire se complique, deux Forces se combinent et s’unissent en nuisances ! N’oublions pas le détail qui est la clé de voûte de mon enquête ! Notre reportrice SORTAIT du salon du LIVRE JEUNESSE !!!!

C’est le doigt du  Hasard (avec un grand H et des ongles bien coupés) qui a appuyé sur le bouton de déclenchement de cet APN que tenait notre brillante reportrice envoyée par le gouvernement des Îles Indigo à Mers les bains, pour le grand salon du livre jeunesse. C’est une enquête sérieuse et approfondie, qui me permet de vous narrer le déroulement des évènements :
  Éblouie par tant de grands auteurs, conquise par de brillants illustrateurs, enivrée par la musique du grand Claverie, elle sortit en titubant de ce salon. Et c’est ALORS mes dames, mes demoiselles et  mes sieurs qu’elle faillit percuter une belle rampe d’escalier bleue -CLIC- 

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la chute paraissait inévitable, le sol allait heurter son beau visage –CLIC-

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mais elle réussit grâce à son excellente forme physique  à retrouver son équilibre, fit trois embardées sur la droite –CLIC- et photographia la pomme en bout de la rampe de l’escalier bleu.

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 Mesdames, demoiselles, et sieurs voici la pure vérité nue sortant du robinet, OUI je l’affirme, ces clichés (somptueux au demeurant !) ne sont que l’œuvre du Hasard,  aidée par les puissants maléfices de cette fée Normande et surtout ceux qui se dégageaient de ce salon. Voyez les dangers qui guettent nos jeunes têtes qui osent se pencher sur cette littérature diabolique ! Il était de mon devoir de communiquer ces faits, aux lecteurs des billets de ce blog.
Et maintenant avec mon fidèle chien Youki, je m’en vais de par le vaste monde, traquer la vérité, déjouer des complots, démasquer les impostures et enquêter sur d’autres mystères…
En route vers de nouvelles aventures !

Signé VÉRITAX de l’agence du même nom
YOUKI : « Et moi je pue d’la gueule ? »

dimanche, 26 août 2007

ESPÈCES D'ÉCRITS MERSIENS(4)

Grâce au vol vigilant d'un moucheron averti, la bannière a été retrouvée près de Terre-Neuve. Le coup de vent a encore laissé le long des côtes deux grandes traînées bleuâtres qui ne sauraient tarder à se dissiper.

 
Quand de jeunes plumes de mouettes se posent sur des photos mersiennes...

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Un jour, il y a eu une tempête. La mer s’est jetée sur les galets, elle les a poussés. Les galets ont cassé les escaliers, les toits, les maisons, les immeubles, les restaurants.
La tempête s’est arrêtée, une pluie fine s’est mise à tomber. Un bel arc en ciel s’est dessiné dans le ciel. C’était un arc en ciel magique. Il a remis tout en ordre afin que la ville retrouve ses couleurs, ses maisons, ses immeubles, ses restaurants et son escalier bleu.

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  Fanny  

 
 
  
Minuit vingt, l'heure du crime


Dans cette maison vivait  une petite fille et un petit garçon qui s'appelaient Clarisse et Tom. Joé était leur père et Marie-Lou leur mère. Joé rentrait du travail, très tard le soir, il quittait enfin son pire ennemi. Dans la rue sombre Joé semblait pourtant avoir peur. Il commença à grimper les marches l'amenant chez lui.

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A ce moment là, Marie-Lou entendit un coup de feu. Elle courut vite dehors pour appeler Joé, mais il ne répondait pas. Elle alluma une lumière et vit un homme portant une cagoule noire. Elle aperçut son mari, au pied de l'escalier, avachi au sol, le sang dégoulinait sur le trottoir, Marie-Lou hurla.
L'homme en s'échappant laissa tomber son pistolet, percuta un poteau bleu en fer et tomba au sol.

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Il s'était assommé. Marie Lou prit une corde, l'attacha, et lui mit un bout de Scotch sur ses lèvres.
Elle l'enferma dans un placard et appela la police.

f8f3327d91fcee2e3396248e1f348f86.jpgSplatch fit la crotte en tombant et crac fit le clap.

 

 

 

 

 

 

 

 - Troisième prise ratée !
- On en refait une !
- C'est pas possible, maudit oiseau qui vient de faire sur mon acteur. Ok, on est  à la mer mais quand même!, dit le producteur

Manon 

 

Comment résister au plaisir de vous renvoyer à un précédent billet après ce texte!

samedi, 25 août 2007

ESPÈCES D'ÉCRITS MERSIENS(3)

Un vent de force 7, soufflant nord / nord-est, s'est abattu sur LES ÎLES INDIGO emportant avec lui la bannière. Les photos, heureusement, ont su mettre en place un processus de rétractilité.

 

Quand les écrits mersiens deviennent des écrits marsiens...

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J’étais là, cachée derrière la balustrade bleue de ma maison. La petite Provence, c’est ainsi que je l’avais nommée, non qu’elle soit bercée par la chaleur du climat, ici il pleut trop, beaucoup trop pour se croire en Provence, mais la baptiser par ce nom c’était une manière de l’emplir de soleil, de permettre à chacun de mes visiteurs de s’y sentir bien.
J’étais donc là, cachée derrière la balustrade bleue de ma maison

Tout avait commencé la veille au soir, j’avais lu un article sur la planète Bluestong, nouvelle planète qu’un astronaute avait découverte un soir de printemps.

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Les photos nous montraient une de ses particularités, l’eau y était grise, il y avait  de nombreux lacs et ravines, mais elle m’étonnait, chacun pouvait en effet y voir des choses bien différentes, pour les uns il pouvait s’agir d’un mur, pour les autres cela  ressemblait à une souche d’arbre. L’article m’apprenait que la planète bluestong  était habitée par de surprenants personnages qui possédaient des véhicules bien particuliers.

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Ils étaient en fer, percé de deux  trous et d’un bleu à en faire pâlir les bretons. Lorsque le désir de s’évader les prenaient, ils entraient à l’intérieur d’un strong, c’est ainsi qu’ils appelaient leur véhicule, et ils partaient là où leur coeur les entraînaient. Ils  posaient leur véhicule sur le bord de nos routes, et nous, pauvres terriens,  qui avions toujours cru qu’il s’agissait d’un simple piquet ! Nenni, c’était un repère de bluestongiens ,cet engin bleu qui courait le long des trottoirs.

J’étais là, cachée derrière la balustrade bleue de ma maison, je rêvais de voir apparaître un bluestongien. Alors armée de mon APN, je patientais. C’est à la tombée de la nuit qu’enfin j’en vis apparaître un. Quel bonheur ! Je saisis mon APN et je me mis en devoir de le prendre sur toutes les coutures, quel formidable article j’allais pouvoir écrire, pour sûr, il ferait la une des journaux, j’imaginais déjà le titre: "Nouveaux envahisseurs : Les bluestongiens arrivent" De retour dans mon âtre, je transférais promptement mes photos sur l’ordinateur. Rien, c’est bien cela, il n’y avait rien sur mes photos. Juste une pâle lumière qui provenait de je ne sais où.

Moucheron 

vendredi, 24 août 2007

ESPÈCES D'ÉCRITS MERSIENS(2)

Ecrits mersiens au pied de la lettre de Micheline...

Chère Eléonore,

Tu ne devineras jamais d’où je t’écris !
Eh oui, je suis à M…-les-Bains, mais pour la journée seulement .
Tu te souviens des L*** qui occupaient la villa tout au bout de l’Esplanade ? Je suis toujours resté en contact avec Henri et sa femme Martine. Ils séjournent en ce moment au Tréport et m’ont invité à passer quelques jours avec eux. Tu sais bien que dès qu’on me propose d’aller respirer l’air marin, je ne peux résister…
Il fait un temps superbe aujourd’hui, ils m’ont emmené à M…C’est incroyable comme cette petit ville a changé ! Elle a embelli, s’est parée de couleurs vives qui font ressortir cette architecture un peu désuète que j’aime tant.
Les bow-windows (je sais, c’est un mot anglais, mais je ne trouve pas l’équivalent en français), les balcons de bois ouvragés ont retrouvé leur fraîcheur. La maison où tu venais passer le mois d’août avec tes parents a été repeinte en vert d’eau. (Je t’entends ricaner, vert d’eau, c’est normal à la mer).
J’ai retrouvé la maison aux escaliers sous lesquels je me réfugiais quand il faisait trop chaud sur la plage ou trop de vent. Elle est peinte en bleu, bleu ciel ? bleu azur ?. Comme je ne sais pas te décrire ce bleu, j’ai demandé à Thomas (c’est le petit-fils d’Henri, il passe ses vacances avec ses grands-parents, il traîne toute la journée avec des écouteurs dans les oreilles, mais il possède un petit appareil photo), je lui ai demandé donc de photographier l’escalier. Il m’a regardé d’un air bizarre, surtout quand je lui ai demandé d’en faire une seconde un peu plus loin!

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Tu te rappelles, j’allais me cacher là avec un livre, et puis un après-midi, tu es venue t’asseoir près de moi. Ah ! ce goût de sel sur tes lèvres…
La deuxième photo, elle, ne te dira rien. C’est le creux de mur où je me suis caché pour pleurer quand, à la fin de cet été-là, tu m’as annoncé que tes parents loueraient une villa à la Costa Brava l’année suivante.
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Je te laisse, je reprendrai ma lettre ce soir. On m’appelle pour faire une promenade , c’est marée basse….
Chaque fois que je me promène sur une plage je pense toujours à ce refrain :
Et la mer efface sur le sable les pas des amants désunis…

Pierre

jeudi, 23 août 2007

ESPÈCES D'ÉCRITS MERSIENS (1)

 

Il y avait mes photos, elles attendaient vos textes. Les rencontres eurent lieu, jamais les mêmes, effleurement prolongé ou fracas tonitruant. Vous ne saviez si c'était du minéral ou du végétal, la caresse de votre imagination aura choisi. Je vous ai laissé faire, je vous ai regardés.

Recette

Prenez un toit de vieilles tuiles
Un peu avant midi.

Placez tout à côté
Un tilleul déjà grand
Remué par le vent.

Mettez au-dessus d'eux
Un ciel bleu, lavé
Par des nuages blancs.

Laissez-les faire.
Regardez-les.

Guillevic, Avec

Je veux prolonger la rencontre aussi longtemps que met le loukoum à la rose pour fondre dans la bouche. Aussi chaque jour, je posterai un toit de vieilles tuiles frôlé par un tilleul.

Voici donc le premier:

Rouille
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Dans sa tête, y avait comme des échafaudages. Une sorte de labyrinthe ascendant. On aurait dit des escaliers. Sa nuit, c'était une course de fond. Un véritable contre-la-montre pour y trouver l'issue. Et de l'air, surtout.
Pas étonnant qu'au matin, ses forces semblaient l'avoir abandonné. Déjà. Avant même qu'il n'ait ouvert les yeux.
...
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Dans sa tête, la rouille avait pris le relais, à présent. A chaque respir', elle accroissait son avance sur le vieil homme. Depuis un moment, il la sentait. Là, tout près. Au début, il avait senti son souffle, froid, dans son dos. Juste cela. Ensuite il avait perçu le tap-tap-tap de ses pas qui foulaient le sol en un sprint effrené, chaudement dépensé. Ainsi, avant même qu'il n'ait pu jeter un oeil derrière son épaule, il la vit qui franchissait son champ de vision, le doublait. Sans qu'il n'y puisse plus rien. Plus que quelques foulées seulement, et ça y était. La victoire était inéluctable. SA victoire. A ELLE.
...
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Dans sa tête, y avait comme des échafaudages. Une sorte de charpente effondrée. On aurait dit des ruines. Sa nuit c'était une détente. Un véritable délassement que plus rien ne pourrait troubler. Un soulagement, surtout.
Pas étonnant qu'au matin, ses douleurs semblaient l'avoir abandonné. Enfin. Avant même qu'il n'ait pu refermer les yeux.

sophiegda

samedi, 18 août 2007

MERS-LES-BAINS, SAMEDI 11 AOÛT

A Mers-les-bains, il existe une solution plus douce que de battre ses mains l'une contre l'autre sur un blues de Claverie pour les bercer. Il est possible de glisser dans sa poche un APN et un stylo, de quitter la canicule du jour pour l'atelier écrits d'images animé par Philippe Lacoche, côté écrits et Fred Boucher, côté images.

L'idée de départ: aller prendre des photos dans la ville, en sélectionner la substantifique moelle au retour et se lancer dans l'écriture d'un texte qui entretiendra avec les photos le rapport qui lui chantera.

Retour donc dans la canicule. La tentation est grande de tourner à gauche vers la plage et j'y cède. Mais sur les galets qui vous rentrent dans les côtes et rendent la marche pieds-nus impossible, beaucoup trop de monde cet après-midi là. Le désert de la veille -cause: temps fort peu propice de là à dire mauvais...- m'avait fait dégainer mon APN à un rythme nettement supérieur à celui du blues.

Je décide alors de rejoindre les entrailles mersiennes: là une tour d'usine s'élance vers le ciel et crache une fumée épaisse et lourde en continu: cela fait à la ville une mèche inquiétante. En rentrant, je vide consciencieusement ma tête de tout récit potentiel. Je n'accepte d'y penser qu'une fois les photos choisies.

 

Voici les trois photos gardées au final. Je vous propose d'inaugurer ce nouvel espace de mon blog "espace d'écrits" en écrivant un texte d'une trentaine de lignes maximum, de forme libre à partir des dites photos. Elles sont dans l'ordre dans lequel je les ai prises, vous pouvez en imaginer un autre.

Les textes sont à envoyer à beaadded@gmail.com avant le mercredi 22 août, 22h22, le cachet de la toile faisant foi.
(Merci à la vigilance d'Ours gris qui ne se laisse pas duper par le temps qui passe!)

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mercredi, 15 août 2007

BLUES à MERS

Dans quelques semaines -les doigts d'une main sont de trop désormais pour les compter- elle sera de retour, la rentrée littéraire avec ses tambours, trompettes et critiques turfistes. Il ne s'agira pas de miser sur le mauvais canasson. Car après, il y aura ceux qui  avaient bien dit que ce serait celui-là le roman de la rentrée et il y aura les autres. Peur de ne pas voir assez taillé vos sens esthético-littéraires pour le repérer? Peu de risques vous prenez de vous tromper puisqu'il suffit qu'une moitié de miseurs aime pour que l'autre, bafouée, crie au scandale. Question d'équilibre, demandez-vous alors de quel côté la balance penchera! Ceci dit en passant, je me suis délectée à la lecture de L'élégance du hérisson de Muriel Barbery...

Donc en attendant ce tohu-bohu bien organisé, je suis partie à Mers-les-Bains -prononcer merse- station balnéaire dans la Somme, entre deux falaises, coupée du monde. Là-bas, la médiathèque partage ses locaux avec un lieu d'exposition et un bureau de l'ANPE. Belle rencontre. Là-bas, se tient au creux du mois d'août un salon du livre, de ceux qui ne font la une que des journaux locaux, de ceux qui annoncent dans leur programme que les animations et rencontres auront lieu si les conditions le permettent: il faut dire que tout se passe sur le bord de mer, sous la menace des mouettes et des nuages.

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Le ciel fut clément et tout eut lieu: les rencontres d'auteurs et d'illustrateurs -May Angeli, Sara, Motsch, Kokor, Philippe Lacoche, M.-F. Ehret- les ateliers d'écriture -reste que celui mené par Thomas Scotto était réservé aux 8-12 ans! ggrrr!- et les dédicaces. Belles rencontres.

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Et il y eut Môôssieur Jean Claverie!

L'illustrateur est talentueux dans ses dessins ouvertement inspirés de Vermeer pour le conte La Barbe-bleue. Il est à noter que grâce à lui, nous savons enfin à quoi ressemble l'intérieur du cabinet, fermé à quadruple tour dans lequel il ne faut surtout pas rentrer mais je te donne quand même la clé, tu la vois bien, la plus petite du trousseau, tu n'oublieras pas que tu ne devras surtout pas l'utiliser. Âmes sensibles, tentez tout de même de ne pas vous abstenir.

 

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L'homme est aussi l'auteur de Little Lou: l'histoire du p'tit Lou qui deviendra pianiste se décline dans des tons ocre orange et brun, quelque part dans ces contrées qui ont vu naître le blues, entre album et bande-dessinée. De ce livre-là, les illustrations que je préfère sont celles qui sont inachevées, comme un appel à chercher la fin ailleurs. A Mers-les-bains, la fin, je l'ai trouvée dans la Salle des fêtes.

 

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L'homme y était avec piano, guitare, batterie et trois compères pour un concert de blues à vous ôter tous les bleus du coeur.

Qu'on se le dise, Jean Claverie est un grand môôssieur sur le papier et sur scène!

 

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Et au souvenir de ce salon, sur un rythme de Tacot Blues, que se bercent mes mains...

mardi, 14 août 2007

JE NE PARLERAI PLUS DES ARBRES

Je ne parlerai pas des arbres
Je ne parlerai pas des arbres
ni de la nuit bruissant
dans la paume du ciel
ni des rivages ourlés de lumière
tant qu'un homme
avouera sa douleur
de n'avoir faim
que de pain et d'eau
tant qu'une femme
triera des ruines
pour chercher son enfant
tant qu'un jour se lèvera
sur le front noir
d'un fusillé
je ne parlerai pas
des arbres
Jean-Pierre Simeon in Sans frontières fixes, Cheyne, poèmes pour grandir
Je ne parlerai plus des arbres tant que dans mon pays des enfants sauteront par la fenêtre...

dimanche, 12 août 2007

ARBOR PLUMEA (2)

Deux arboriculteurs de renom -Ours Gris et Untel, pour ne pas les nommer- fréquentent ces derniers jours les Îles Indigo en quête d'espèces rares. Je leur ai donc montré mon arbor plumea, non pas specimen rare mais, tenez-vous bien, unique en son genre. Je m'attendais bien sûr à ce qu'ils lancent des "oh" d'émerveillement sidéré dans l'espace intersidéral. Des oh, j'en ai eus, certes, mais d'indignation (ces oh sont retranscrits !). Ces deux malotrus sans culture m'ont aimablement démontré qu'il ne s'agissait là que d'un vulgaire prunier et qu'en matière d'arbor plumea, ils étaient de fins connaisseurs pour en avoir recensé à de multiples reprises.

Mais les avaient-ils seulement observés la nuit?  Car je suis sûre que leurs pauvres plumeaux ne se comportaient pas ainsi lorsque l'obscurité recouvrait leurs contrées:

 

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Merci au seul arboriculteur digne de ce nom et auteur de cette illustration sans qui je n'aurais pu prouver la véracité de mes propos.

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vendredi, 10 août 2007

LES LARMES DE L'ASSASSIN

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Ici, personne n'arrivait jamais par hasard. Car, ici, c'était le bout du monde, ce sud extrême du Chili qui fait de la dentelle dans les eaux froides du Pacifique.

Sur cette terre, tout était si dur, si désolé, si malmené par le vent que même les pierres semblaient souffrir. Pourtant, juste avant le désert et la mer, une étroite bâtisse aux murs gris avait surgi du sol: la ferme des Poloverdo.

Anne-Laure Bondoux, Les larmes de l'assassin, Chapitre 1, Bayard jeunesse

mardi, 07 août 2007

ARBOR PLUMEA

 

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Brise-bora, Fils de la Terre,

Hier, encore, frêle Arbor plumea,

Mais, à force d'étreindre le sol,

Solennellement tendu vers les nuages têtus,

Tu mérites le nom, dare-dare,

D'Arbre à livres aujourd'hui,

Huerta de la sauvage menthe

Antique espace à palabres.

 

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lundi, 06 août 2007

Ô BUCK!

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(...) O je ne veux surtout pas non commencer un livre par sa quatrième de couverture effroyable résumé propre à assécher toute écriture je veux dire oui à la première phrase aux sons de son verbe encore trébuchant surgi du tohu-bohu-en-vrac à elle la délicate tâche de mettre en route ou non mon cinéma mental

"Majestueux et dodu, Buck Mulligan parut en haut des marches, porteur d'un bol mousseux sur lequel reposaient en croix rasoir et glace à main"

Ainsi commence l'Ulysse de Joyce. Et apparaît à l'arrière plan le vers de l'Odyssée:

"Ô Muse, conte-moi l'aventure de l'Inventif"

Et d'imaginer le Mulligan en robe de  chambre dans le rôle de la Muse à moins que ne lui colle mieux à la peau celui d'un Ulysse, inventeur de la mousse à rasée, bien décidé à en découdre avec l'Agitateur des marées hautes. Odysseus bing bang!

Il arrive que mon cinéma mental se joue de moi et me sorte une bobine mi-peplum mi-keaton hors de propos, bien que.... D'ailleurs, faites-moi penser à vous parler d'Oedipe schlac schlac de Sophie Dieuaide, écriture iconoclaste d'un mythe qui rend nos divans intarissables.

J'ai dit oui à la première phrase d'Ulysse je veux bien Oui dire oui aux suivantes et même à la toute dernière.

 

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samedi, 04 août 2007

COMMENT J'AI PÊCHÉ ULYSSE

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Il y a de cela quelques minutes, par désoeuvrement ou plus exactement par désir de faire oeuvre -toute modeste soit-elle, quelque chose comme un  billet ou un post- je relisais l'à-propos de mon blog dans lequel j'affirme en toute fausse innocence ce qui suit :

Tentative d'exploration de l'archipel Littérature jeunesse,
Et dans mon sac, l'Atlas des Géographes d'Orbae.

Soudain, il me semble plus simple de pointer sur la carte IGN (0519 OT) du Finistère Sud toutes les failles de la côte, d'y rajouter toutes les îles - souvenirs épars de ces cassures qui narguent le continent - que de dénombrer mon archipel. Bien rusé celui qui dira ce qu'est la Littérature jeunesse ou ce qu'elle n'est pas : la présence de l'étiquette "à partir de tel âge" saura-t-elle suffire ? Il est vrai que dans La Littérature, aucun livre n'a jamais été estampillé d'un "à partir de quarante ans" ! Que faire alors de ces éditeurs dits jeunesse qui se sont toujours refusés à toute discrimination de type poussins-benjamins-cadets, quant aux seniors s'abstenir ? Alors quoi ? La présence d'illustrations ? La notion d'album ? La simplicité d'un récit ? Autant d'écueils à éviter.

J'ai dit bravo à l'Education Nationale le jour où elle a eu l'audace de faire entrer dans les programmes de 6ème L'Iliade et L'Odyssée. Deux pierres angulaires désormais dites "jeunesse"!

Il est un genre qui se fiche de tous ces questionnements peut-être bien stériles: la poésie. Regardez les albums Mango : hétéroclites, du Moyen Âge jusqu'au slam. Il n'est jamais trop tôt pour faire l'expérience du poème, se rendre compte qu'en ce domaine le sens unique n'existe pas, ni le sens interdit, d'ailleurs.

Lire un poème, c'est accepter à la suite du poète de cheminer dans l'inconnu. Nul besoin d'être un marin chevronné pour prendre ce risque. Accepter de ramasser sur la plage, Algues, sable, coquillage et crevettes, alors que nous espérions un poisson.

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Lire, c'est accepter que les mots soient "en jeu", alors les frontières gardées par des doigts niais ne sont plus de mise. Si cette nuit, une femme lit quelque part Les treize tares de Théodore de Susie Morgenstern tandis qu'une collégienne finit Au bonheur des dames, il ne m'en faut pas plus pour sourire.

J'en étais là de mes pensées itinérantes et je ne savais plus trop où les faire aboutir. En attendant un sursaut de ma muse, j'ai tapé la date d'ouverture de mon blog, le 16 juin, dans Wikipédia. Ce n'est autre que le Bloomsday qui est apparu, les fameuses vingt-quatre heures de Léopold Bloom, le 16 juin 1904, racontées par Joyce dans Ulysse. Or ce roman est pour moi un continent à lui tout seul. Combien de fois en ai-je commencé la lecture ? Combien de fois ai-je tenté de le déjouer en prenant un chapitre au hasard ? Si sur celui-là seulement, on pouvait mettre "à partir de trente-huit ans", je courrais le chercher dans ma bibliothèque...

lundi, 30 juillet 2007

DES VOILES

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J’ai rentré les voiles et, mon Glazic comme rêche refuge et seul souvenir palpable, je saisis cet instant pour m’asseoir à nouveau derrière l’écran, pour dévoiler.

Les balades furent assurément pour moi, dans les monts d’Arrée sous l’égide de Merlin –bien lui en prit car les déluges de Noé qui y tombèrent nous virent, un jour néfaste,  finir terreux et crottés sur les banquettes en cuir d’un VRP stupéfait de nous voir randonner par ces temps si oubliés des dieux ; dans la presqu’île de Crozon, j’ai tout à fait fui le touriste en gagnant le cap de la chèvre abandonné de tous, mortels et immortels - celle de Seguin aurait pu y brouter longtemps encore bruyères et genêts.
A Lesconil, j’ai simplement chatouillé de mes semelles de longues pierres plates au sourire cocasse, j’ai imaginé un soir me blottir dans le tronc démultiplié du chêne de Sainte-Marine pour lire Sweet home d’Arnaud Cathrine, déniché à La Nuit Bleu Marine de Morlaix.

Par contre, point de ballades dans les deux douces maisons où je me suis déposée. Point mais pas à la ligne. J’ai voulu comprendre. J’ai jeté des regards qui ne demandaient qu’à être harponnés, voire hameçonnés. J’ai ouvert des portes, jusqu’à celle des toilettes –si les miennes n’étaient pas si humides, j’y aurais placé mes quelques La Pleiade, en attendant les travaux toujours remis à demain, j’y savoure certaines Microfictions. Mais rien, pas l’ombre ni le corps d’un livre ! Mes hôtes, je le savais, étaient d’impénitents lecteurs. Or, le premier les a insatiablement donnés, offerts, transmis, passeur sans vergogne et sans peur des reproches de sa soeur –histoire peut-être d’en pérenniser la lecture une fois la dernière page tournée ; la seconde les a enfouis en des latitudes et longitudes familières, derrière les bambous au fond du jardin ! Enfouis ? Pas exactement, plutôt mis en caisses. Etait-ce pour cause de déménagement ? Je ne sais plus. Ce geste sacrilège a fini par me séduire. Elle avait encaissé chacun de ses livres, le souffle coupé…

Cette nuit, le ciel est démesurément lunaire, je songe au Géol de François Place, à son vrai frère dans Moby Dick, à leurs peaux tatouées, je pense à ces livres qui, bien qu’empilés ou rangés sur des planches, n’en finissent pas de se dessiner en moi, malgré moi.
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Les derniers Géants, François Place
Casterman

lundi, 23 juillet 2007

BAL(L)ADES (4)

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Le français est un poème qui voyage

Anthologie réunie par Jean-Marie Henry

images de Cécile Gambini

Rue du monde

 

 

CE SILENCE DU SOIR

Ce silence du soir,

Ce n'est pas le silence. Écoute ! Tout est noir,

La nuit obscure fait toute chose pareille,

Le ciel verse un repos immense; pour l'oreille

Tout bruit a cessé. L'âme entend en ce moment

Une foule de voix sortir confusément

De cette ombre en disant des choses inconnues.

Il semble que les eaux, les plaines et les nues

Sont pleines de secrets qu'elles vont révéler,

Et dés que tout se tait, tout commence à parler.

 

Victor Hugo, Tas de pierres

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vendredi, 20 juillet 2007

BAL(L)ADES (3)

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La poésie chinoise

Images de Sren-Lean Tang

Calligraphies de Shain Jye Mong

album Mango

 

 

 

AURORE PRINTANIER

Mon sommeil du printemps a oublié l'aurore.

Voici que les oiseaux chantent de toute part.

Cette nuit bruissaient le vent et la pluie.

Qui sait combien de fleurs maintenant sont tombées?

Meng Haoran

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mardi, 17 juillet 2007

BAL(L)ADES (2)

0bcc8de5dbf54fc79246ced3b02d7bae.jpgLa poésie arabe

images de Rachid Koraïchi

Mango Jeunesse

 

 

 

 

 

IL Y A DES JARDINS

Il y a des jardins qui n'ont plus de pays

Qui sont seuls avec l'eau

Des colombes les traversent bleues et sans nids.

 

Mais la lune est un cristal de bonheur

Et l'enfant se souvient d'un grand désordre clair.

Georges Schéhadé

 

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dimanche, 15 juillet 2007

BAL(L)ADES (1)

Je me barre, toutes voiles dehors -ceci fièrement dit, je n'ai jamais fait de bateau de ma vie-

M'éloigner de ma coque

Je pars me balader jusqu'à la fin de la terre et peut-être retour,

J'ai pris l'habitude ces derniers temps, sur la toile,

D'aller pêcher la baleine et de me remplir les mirettes de couleurs bretonnes!

Auprès de vous, je laisse quelques ballades poétiques,  fil des jours d'absence.

Peut-être nous rendrons-nous compte au final que la ballade fut pour moi et pour vous les balades...

 

 

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mercredi, 11 juillet 2007

ÉTRANGES ÉTRANGERS

Étranges étrangers

 

Kabyles de la chapelle et des quais de Javel

hommes des pays lointains

cobayes des colonies

Doux petits musiciens

soleils adolescents de la porte d'Italie

Boumians de la porte de Saint-Ouen

Apatrides d'Aubervilliers

brûleurs des grandes ordures de la ville de Paris

ébouillanteurs des bêtes trouvés morts sur pied

au beau milieu des rues

Tunisiens de Grenelle

embauchés débauchés

manoeuvres désoeuvrés

Polacks du Marais du Temple des Rosiers

 

Cordonniers de Cordoue soutiers de Barcelone

pêcheur des baléares ou bien du Finisterre

rescapés de Franco

et déportés de France et de Navarre

pour avoir défendu en souvenir de la vôtre

celle des autres

 

Esclaves noirs de Fréjus

tiraillés et parqués

au bord d'une petite mer

où  peu vous vous baignez

 

Esclaves noirs de Fréjus

qui évoquez chaque soir

dans les locaux disciplinaires

avec une vieille boîte à cigares

et quelques bouts de fil de fer

tous les échos de vos villages

tous les oiseaux de vos forêts

et ne venez dans la capitale

que pour fêter au pas cadencé

la prise de la Bastille le quatorze juillet

 

Enfants du Sénégal

dépatriés expatriés et naturalisés

 

Enfants indochinois

jongleurs aux innocents couteaux

qui vendiez autrefois aux terrasses des cafés

de jolis dragons d'or faits de papier plié

 

Enfants trop tôt grandis et si vite en allés

qui dormez aujourd'hui de retour au pays

le visage dans la terre

et des bombes incendiaires la bourant vos rizières

 

On vous a renvoyé

la monnaie de vos papiers dorés

on vous a retourné

vos petits couteaux dans le dos

 

Étranges Étrangers

 

Vous êtes de la ville

Vous êtes de sa  vie

même si mal en  vivez

même si vous mourez.

 

Jacques Prévert, Grand bal du printemps

 

 

dimanche, 08 juillet 2007

D'AILLEURS

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Enfants d’ici, parents d’ailleurs
Histoire et mémoire de l’exode rural et de l’immigration
Carole Saturno, Gallimard Jeunesse



Je veux me souvenir de cet inventaire pas tout à fait à la Prévert
De tous ceux qui un jour ont dû
Partir
Bretons Auvergnats Alsaciens Antillais Guyanais
Quitter
Ashkénazes
Faire bagages
Russes blancs
Dégager
Arméniens apatrides
S’engager pour la der des der
Africains Spahis Tirailleurs sénégalais indochinois du Tonkin ou d’Annam Goumiers Malgaches
Emigrer
Gueules noires Ritals
Se décoloniser
Séfarades
Emigrer pour travailler travailleurs immigrés
Maghrébins Catalans Portugais Bidonville de Champigny
Décamper
Serbes Bosniaques Kosovars Turcs Kurdes
Lever l'ancre et le camp
Boat-people, Sans-papiers, camps de Sangatte
Je veux me souvenir
De tous ceux qui un jour ont dû
Extirper leurs racines là-bas
Pour s’enraciner
Ailleurs, Ici

A Mamie Courgette dont le regard se perd parfois au-delà de l’horizon méditerranéen…

 

jeudi, 05 juillet 2007

PAS PIED, PAS NIAIS

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Les Doigts Niais

Olivier Douzou Natali Fortier

Editions du Rouergue


Dans ma subversothèque, j’ai rencontré un ver aux idées fixes.
Il veut passer la frontière, le ver lancé dans sa course, il veut oublier sur la page de gauche un pays désespérément marron-ocre, caillasseux.
Le ver sait ce qu'il veut, il est prêt à tout: aller à découvert, ramper, avancer sur la pointe des pieds pour passer sur la page de droite, pays où le miel ne coule peut-être pas en abondance, mais où du moins on  trouve oranger, oiseau rouge et graines de tournesol ici et là.
Il est obstiné le ver, il le tourne et le contourne dans tous les sens le sol, même pas peur des Doigts Niais qui gardent la frontière.
Ceux-là, s’ils sont Niais –essaye donc de faire la ronde d’un carré de terre et des demi-tours complets- sont surtout acharnés : ils le renvoient, le ver.
Tu crois qu'il va se décourager?  Il ne peut passer en dessous, il passera au-dessus, propulsé par une cuillère. Quel ver veinard! La quatrième de couverture s’en retrouve transpercée.
Le ver était peut-être sans papiers mais certainement pas pied.

mardi, 03 juillet 2007

PAS DE PAPIERS, AU PANIER! (2)

Passant,

Prends juste le temps de regarder cette illustration.

 

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Observe-la, médite-la, cogite-la, regarde-la à nouveau, à l'envers s'il le faut et utilise l'espace des commentaires pour laisser tes pensées.

Puis tu reprendras ta route et peut-être iras-tu sur le site de l'auteur de cette image, par là

La tenancière des Iles Indigo, toujours en vadrouille dans sa subversothèque, vous souhaite malgré tout la journée bonne.

vendredi, 29 juin 2007

PAS DE PAPIERS, AU PANIER!

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Au panier!

Henri Meunier et Nathalie Choux

Editions du Rouergue

 

 

 

 

Un parc, avec des enfants qui jouent et des bancs où casser la croûte ou tricoter. Surgit un panier à salade et du panier trois représentants de l'ordre -autant dire de la bonne couleur- et de la bouche de l'un des représentants, un cri expectoré, un hurlement vociféré "pas de papiers, au panier" à l'encontre de tout individu coloré: une femme noire, un chat vert, un oiseau rose et même le soleil jaune, émigré d'Orient. Au final? Un parc plongé dans le noir avec peut-être des enfants et des bancs mais on ne les voit plus.

Si en en-tête d'un tel album, on lisait "Les personnages et les situations de ce récit étant purement fictifs, toute ressemblance avec des personnes ou des situations existantes ne saurait être que fortuite", on sait bien qu'on rirait jaune. Alors on y trouve un extrait de la Déclaration universelle des droits de l'homme sur la libre ciculation entre les Etats.

Par contre, sur le blog de RESF on découvre de quoi broyer du noir:

"Le jeudi 7 juin matin, je suis allée rendre visite à Sephora et ses parents.
De Toulouse, ils avaient été transférés au centre de rétention de Lyon Saint-Exupéry, un centre spécialisé pour les familles et les enfants en bas âge.
La maman ne va pas fort. J'ai apporté des jouets, des habits pour les parents, des gâteaux et du chocolat pour le moral.

Avant d'entrer dans la cellule de visite, j'ai laissé sur le comptoir un livre d'enfant qui s'appelle Au panier  de Henri Meunier et Nathalie Choux aux éditions du Rouergue en disant avec un grand sourire «ça vous fera de la lecture». (C'est une histoire d'hommes en uniforme qui mettent au panier tout ce qui est différent.)

En sortant de la visite, ils n'ont pas voulu me laisser partir, ils m'ont gardée. J'ai eu la visite du lieutenant Sèvre qui m'a dit qu'il me confisquait l'ouvrage pour subversion (comme au bon vieux temps !).
Toujours avec un grand sourire, je lui ai répondu que je lui donnais bien volontiers…
Ils m'ont gardé un petite heure, pour noter mon identité en long et en travers, ainsi que les références du bouquin (que je vous recommande, il ne va pas rester longtemps sur le marché).

Je suis interdite de visite au centre !

Martine Vuaillat "

 

Ceci dit, je retourne dans ma subversothèque pour y dénicher un nouvel album.

A suivre...

 

mercredi, 27 juin 2007

SPLATSCHH OU SPLAOUTSCH?

Un jour, pas plus tard qu'hier, je cassais la croûte, dans un parc, sur un banc avec un ami.
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Georges Lebanc

Claude Ponti

Ecole des loisirs

 

 

 

Entre deux bouchées de galettes de froment au garum, nous déclamions, tirés d'une anthologie d'inscriptions pariétales -du latin paries, le mur- des graffiti romains (un ex. par là).

D'autres exemples par ici:

Quiconque m'invite à dîner, qu'il se porte bien!

Les marchands d'ail demandent d'élire édile Cnaeus Heluius Sabinus.

Salut à vous! Nous sommes de vraies outres!

 

Très rapidement poussés par le regard lapidaire des passants, nous avons remballés les miettes de la croûte cassée, le mulsum et le recueil. C'est alors que gravée sur le bois de notre siège est apparue cette inscription bancale -du français banc (!):

 

Lorsque je vois ce que les pigeons ont fait sur ce banc,

Je remercie l'Eternel de ne pas avoir donné des ailes aux vaches.

 

Vous me direz, ça ne vole pas haut ce matin. Je vous répondrai, connaissez-vous l'histoire de la petite taupe?

 

72222a66b8ea9cc507789dc384af521d.jpgDe la petite taupe qui voulait savoir qui lui avait fait sur la tête

Werner Holzwarth et Volf Erlbrukh

milan jeunesse

 

 

 

Un album randonnée dans lequel une taupe qui n'est pas spécialiste es crottes avance d'un pas décidé pour retrouver le propriétaire de celle qui a atterri sur sa tête. De splatschh en pouf pouf pouf, de ratatata en clang-di-clang, de ssplaoutsch en vlouf, elle rencontre un pigeon, un cheval, une chèvre, une vache et un cochon qui tous mettent beaucoup de bonne volonté à prouver leur innocence. Les dessins réalistes se chargent de convaincre les plus incrédules. Deux mouches à merdre lui donneront enfin le nom du coupable.

(Sa vengeance sera terrible!)

Ca, c'est la quasi-ultime-réplique  d'un narrateur qui, en contre-point du récit, commente le tout, incognito derrière une police de  caractère plus petite, encadrée de parenthèses. La vengeance de l'experte es galeries souterraines sera donc terrible et onomatopéisée par un mémorable pling!

Mais là n'est pas le plus important... Cet album est surtout l'occasion pour le lecteur de se rendre compte qu'entre un splatschh ou un ssplaoutsch sur un banc, le premier est de loin le plus souhaitable!

 

Que les douces effluves de ce billet atteignent la tanière d'un certain Ours Gris...

lundi, 25 juin 2007

ALBUM, ALBUM, ALBUM, ALBI, ALBO, ALBO...

 

... à chanter sur l'air de rosa, rosa, rosam, rosae, rosae, rosa sans oublier la prononciation!

 

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Alboum

Christian Bruel et Nicole Claveloux

Être

 

 



Ce qui donne donc alboum, alboum, alboum, albi, albo, albo. Vous excuserez le côté répétitif des trois premiers couplets, mais il s'agit là d'un neutre.

Neutre, l'album? Il ne l'a certes jamais été. Au départ, il était plutôt blanc éclatant -c'est d'ailleurs ce que signifie le mot en latin- et désignait même des tablettes et pans de mur enduits de plâtre où s'inscrivaient les avis officiels, les appels à voter ou juste une petite phrase paradoxale, telle celle-ci:

Je m'étonne mur,

Que tu ne te sois pas effondré,

Alors que tu portes les niaiseries

De tous ceux qui ont écrit sur toi!

 

Passé dans nos contrées, il a désigné un registre que les voyageurs emportaient avec eux pour y consigner des faits marquants ou des autographes. Puis, lorsque les voyageurs ont posé leurs valises et qu'ils se sont mis à regarder des cartes, des photos et des timbres, l'album faute de recevoir le récit d'aventures du bout du monde s'est consolé avec ces bouts de papiers. Mais quand même, avoir fait le tour de la terre pour en arriver là!  Alors il a ouvert grand ses pages pour supporter les illustrations et avec elles souvent les mots. Espace non anodin...

A lire cette pensée d'Elzbieta sur l'alboum trouvée sur le site de l'hôtel de Mora, le Centre de l'illustration :

« L'album illustré est le conservatoire de l'imagerie narrative, de ses procédés et de ses styles. Là est un gisement fabuleux, accessible à tous où sont sauvegardés, sans exclusion ni rejets, bien vivants et à l'abri de l'oubli, nos manières d'organiser nos pensées, nos systèmes visuels, nos techniques picturales, autrement dit de vastes pans de notre culture. L'imagerie des livres d'enfants est un art populaire au plein sens du terme, c'est-à-dire une de ses pratiques qui fonctionnent pour tous sans qu'il soit besoin d'expliquer... » (Elzbieta, 2005)

A cogiter aussi l'étymologie du mot illustration qui vient du latin lustrare qui signifie éclairer...

 

 

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samedi, 23 juin 2007

QUAND EN RÉALITÉ

En attendant que votre librairie reçoive L'ami indien, ces vers d'un poète amérindien...

 

J'ai écrit dans mon journal

que ce matin j'avais seulement mangé

une orange et du fromage

puis bu un bol de café lyophilisé

Alors, qu'à vrai dire, à l'aube, j'ai mangé

des lézards, coyotes, argent et cactus

plus un travailleur isolé dans le désert.

Je buvais le ciel, le soleil et les nuages ;

mes yeux consommaient plaines, montagnes,

pays, continents ;

les mots grondaient dans mon ventre.

Cette nuit j’émince et courbe la lune à l’ouest

et bois la liquoreuse plainte du loup.

In Carving hawk, Maurice Kenny, trad. de Béatrice Machet



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vendredi, 22 juin 2007

ECOUTER LES COULEURS

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L’ami indien

Jean Touvet

Mouche, l’école des loisirs

 

 

Il est des petits bonheurs de lecture inattendus que l’on a envie de partager illico presto, histoire que l’on ait tous envie de se poser l’arrière-train sur une vieille voiture américaine toute rouge, pas trop amochée par le temps.

Comme ça, pour trois fois rien, juste pour écouter ce qui se passe, les couleurs et les odeurs, tout ce qui parle à la peau, tout ce qui bouge.

L’ami indien est de ceux-là : Jonathan a une conception des Indiens digne de l’âge d’or des westerns. Chevaux au galop, évidemment, tipis sous la lune, bien sûr, sans oublier le soleil masqué par la poussière soulevée par les bisons, comme de bien entendu ! Pourtant ce Québécois vit à la limite de la réserve de Chicoutimi. Le décor est en place pour que vienne le temps de la désillusion ! Le lieu, un car de ramassage scolaire, placez-y un jeune indien peu conforme et même en jean, au regard assez insistant pour qu’éclate ce cri outragé : « T’es pas un Indien, toi. Pas un vrai. »
Il peut toujours protester, le gamin aux stéréotypes emplumés, il vient de faire le premier pas sur cette route qui, de plume en galet, le mènera de l’autre côté, dans cet espace réservé où un grand-père regarde la terre autrement et l’Autre pour ce qu’il est vraiment.

A la chum qui a mis ces mots entre mes mains, mine et plume de rien...

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