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mercredi, 05 décembre 2007

QUESTION EXISTENTIELLE

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Tant de choses à vous dire,

Trois jours durant

Montre oeil à Montreuil

Ai vu de mes yeux vu

Un cortège de plumes et de pinceaux

Desplechin et sa Pome

Sera-t-elle Verte celle-là

Place et sa Fille des batailles

Au milieux de géants et gens de la haute

Bottero, Thouard et Isayama

Même que c'est Moucheron qui me les a montrés

Sara métamorphosée par ses lectures d'Ovide

Cuvellier et Jean-Débile MOnchon et moi

Enfin, quand je dis moi ce n'est pas moi,

C'est juste que c'est dans le titre

Parce que moi

Après trois jours à ne plus voir le jour

Et Après la lune

Seule persistait cette question

Pourquoi les chauves-souris préfèrent sortir la nuit?

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dimanche, 25 novembre 2007

LANGAGE

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Je dis : nuit, et le fleuve des étoiles coule sans bruit, se tord comme le bras du laboureur autour d’une belle taille vivante.

Je dis : neige, et les tisons noircissent le bois des skis.

Je dis : mer, et l’ouragan fume au-dessus des vagues, troue les falaises où le soleil accroche des colliers de varechs.

Je dis : ciel, quand l’ombre de l’aigle suspendue dans le vide ouvre les ailes pour mourir.

Je dis : vent, et la poussière s’amoncelle sur les ailes, ensevelit les bouquets de perles, ferme les paupières encore mouillées d’images de feu.

Je dis : sang, et mon cœur s’emplit de violence et de glaçons flous.

Je dis : encre, et les larmes se mettent à bruire toutes ensemble.

Je dis : feu sur les orties, et il pousse des roses sur l’encolure des chalets.

Je dis : pluie, pour noyer les bûchers qui s’allument chaque jour.

Je dis : terre, comme le naufragé dit terre quand son radeau oscille au sommet de la plus haute vague et les oiseaux effrayés par mes cris abandonnent les îles qui regardent de leurs prunelles mortes les merveilles des nuages.

Albert Ayguesparse
A Hannah qui m'a fait découvrir ce poème au détour d'un dimanche soir. La vie, tu sais, faut que ça danse...
P.S: Et si je dis Galimatias, que  dites-vous?


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vendredi, 16 novembre 2007

REX ET MOI

 

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Depuis la nuit des temps, les grands mangent les petits et les petits piquent les grands. Je suis une terreur chez les insectes, les myriapode et les arachnides. Pas de la bricole! Mes plats préférés? Les libellules d'un mètre de long, les mille-pattes énormes et les araignées gigantesques. Moi, je ne pique pas. Je n'ai ni dard ni aiguillon, aucun venin, et je m'appelle Pick. Iggy Pick.

Rex et moi, Fred Bernard et François Roca, Albin Michel jeunesse

 

 

 

 

 

21:20 Publié dans ALBUM, INCIPIT | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : bernad et roca |  Facebook |

dimanche, 11 novembre 2007

ELLE ET MOI

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Après avoir contemplé la lune

mon ombre

me raccompagne

Yamaguchi Sodô pour le haïku et Anita pour la photo.

21:20 Publié dans BAL(L)ADE | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : haïkus, sodô |  Facebook |

lundi, 05 novembre 2007

DE L'INVENTION DE LA DIFFÉRENCE

 

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La tour de Babel, Francine Vidal, illustrations Elodie Nouhen
Didier jeunesse


Il est des textes qui ont sillonné toutes les routes, arpenté tous les chemins. Ils vous ont croisés un jour ou l’autre, inévitablement.
Celui qui a rencontré Francine Vidal et Elodie Nouhen s’était même figé en une expression : Tour de Babel !

Qu’allaient-elles bien pouvoir en faire ?

Briser la statue de sel, donner vie à ces hommes lancés dans une folle entreprise par le roi Nemrod, pièce montée entre une coiffe démesurée et un trône babélien à l’équilibre précaire .
Se jouer aussi du récit et du texte qui se décline en plusieurs langues alors même qu’il raconte qu’au tout début du monde, nous parlions tous la même langue.

Au fil des pages -la palette vert-bleu s’obscurcit irrémédiablement- les hommes sont réduits à quelques traits et placés dans les cases de la tour. Pourtant, on sent bien que tout cela n’est pas forcément tragique, que la chicane n'est qu'étape, on sourit lorsque ceux de là-haut n’ont plus une assez grande bouche pour se faire comprendre et qu’à la place du plâtre demandé, on leur envoie des pâtes.

Echec mais pas mat ! Tel est le verdict de l’Eternel, assis sur son nuage, le visage dissimulé dans le hors champ.

La verticale fourmilière humaine et polyglotte ne peut plus ainsi perdurer et l’on souffle presque lorsque le patatras de la tour enfin effondrée s’inscrit, libérateur, sur la page sombre. Il préfigure l’autre côté : dans l’horizon blanc et vide enfin dessiné, des trappes s’ouvrent qui n’ont pas attrapé les hommes fous aux alphabets désormais multiples, les hommes qui se mettent à inventer des comptines pour ne pas oublier mais aussi pour dire Amédée aux pieds ailés qui là-haut, dans le ciel, danse.

Et l’on se surprend même à penser, au moment de refermer l’album, qu’il aurait été dommage que l’humanité n’en passe pas par là…

samedi, 03 novembre 2007

RUE PAVÉE

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La rue pavée

Ne l'est plus.

Jacques Roubaud, in La forme d'une ville change plus vite, hélas, que le coeur des humains

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mercredi, 31 octobre 2007

CANAL SAINT-MARTIN

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D'un côté du canal c'est le quai de Valmy
Et de l'autre côté c'est le quai de Jemmapes
Tu t’assieds sur un banc afin de faire étape
En face de l’écluse entr’ouverte à demi

L’eau tombe du plan d’eau en cascade et  son bruit
Rend l’alarme sans fin des moteurs illusoires
Les mains sur les genoux et les yeux sur l’eau noire
Tu restes sans bouger pendant que du temps fuit

Puis tu traverseras la passerelle dont
L’image dans les eaux se referme en ovale
Pâles platanes flous de feuilles tombées pâles

S’enfonçant dans le ciel pâle et blanc jusqu’au fond.
La péniche Robert émerge du tunnel
Sous le pont. L’eau bouillonne et grimpe jusqu’aux portes.

Jacques Roubaud, in La forme d'une ville change plus vite, hélas, que le coeur des humains

 


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lundi, 29 octobre 2007

LE LOMBRIC

Conseils à un jeune poète de douze ans

Dans la nuit parfumée aux herbes de Provence,
le lombric se réveille et bâille sous le sol,
étirant ses anneaux au sein des mottes molles
il les mâche, digère et fore avec conscience.

Il travaille, il laboure en vrai lombric de France
comme, avant lui, ses père et grand-père ; son rôle,
il le connaît. Il meurt. La terre prend l’obole
de son corps. Aéŕee, elle reprend confiance.

Le poète, vois-tu, est comme un vers de terre
il laboure les mots, qui sont comme un grand champ
où̀ les hommes récoltent les denrées langagières ;

mais la terre s’épuise à l'effort incessant !
sans le poète lombric et l’air qu’il lui apporte
le monde étoufferait sous les paroles mortes.

Jacques Roubaud, Animaux de tout le monde

samedi, 27 octobre 2007

PATAQUÈS

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Je ne sais pas-t-à qu'est-ce mais je me lève ce matin avec l'envie de me bal(l)ader. Cela aurait-il un lien avec la rencontre de Jacques Roubaud ce mercredi? Le lombric -d'albatros qu'il fut un jour le poète maintenant hante la terre- sur l'estrade, faute de pieds, avance avec ses mots:

- Composer de la poésie en moi-même et en marchant, ce sont les deux seules langues que je connaisse.

Et cette autre phrase donnée pour rire, bien que...

- Il faut toujours  arriver à temps dans une gare pour rater le train précédent.

La dernière nuit s'est dissipée dans son recueil parisien La forme d'une ville change plus vite, hélas, que le coeur des humains. La bal(l)ade sera donc parisienne.

09:45 Publié dans BAL(L)ADE | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : roubaud, lombric |  Facebook |

vendredi, 19 octobre 2007

LIRE EN FÊTE

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A L'Oiseau Lire, les albums -les alba?- se sont passés le mot: ce sont des jours de fêtes qui se préparent. Du coup, certains se mettent à faire de l'oeil au voisin. Ils se trouvent soudain des airs d'appartenances-nul besoin de test ADN pour s'en assurer.

Le hasard les a mis sur le même présentoir: le dernier livre de Van Allsburg, Probouditi l'hypnotisante onomatopée...

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...et le dernier d'Alex Godard Le jour où la mer a disparu.

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Celui-ci a perdu la tête parce que son illustrateur sera présent ce ouiquende sur les ailes de l'oiseau. Celui-là la lui a rendue!

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mercredi, 17 octobre 2007

CECI EST UN COQUELICOT

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L’après-midi
C’est l’après-midi.
Je n’ai pas
rien à faire.
Je n’ai pas rien à dire.
Je suis couché là
dans les bras moelleux de l’air
et par un coquelicot,
je retiens la Terre.

Alain Serres, in Encore un coquelicot

mardi, 16 octobre 2007

RIEN N'EST PLUS LOIN (8)

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RIEN N'EST PLUS LOIN

Que le temps de l'INNOCENCE
Que le bout de ses PIEDS (pour une femme enceinte)
Que le BOUT du monde
Que les jours sillonnés par le REGRET égrainé

En fait,
Rien n'est plus loin que l'innocence des pieds au bout du regret
 
Dans l'ordre d'apparition à l'écran: Moucheron, Sophiegda, Wombat, L'Indigotière 
Photo d'Anita
 

                                        

lundi, 15 octobre 2007

RIEN N'EST PLUS PROCHE (7)

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RIEN N’EST PLUS PROCHE

Que mon REFLET dans le miroir
Que le plaisir de la VIE
Que la dernière ligne de mon ROMAN
Que la main que tend un SANS-PAPIER de celle d'un politicien occidental dans son hôtel luxueux

En fait,
Rien n’est plus proche que le reflet de la vie dans le roman d’un sans-papier

Par ordre d’apparition à l’écran Pomme, Kipudonktan, Le Crabe,Chris
Photo d'Anita

dimanche, 14 octobre 2007

MARE À THON

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Dimanche d'octobre ocre, 6h d'un matin théurgique...

Ce billet mérite bien sa catégorie pensées itinérantes. Car rien ne sera plus loin que l'Indigotière de son clavier aujourd'hui. Je vais de ce pas balader mes pensées sur le bord de la route. J'ai décidé d'aller voir si le contour de mes Îles approchait par hasard les 42,2 KM  de circonférence d'une mare à thon... Pour l'occasion j'ai même revêtu un tee-shirt Indigo.

13h30 précisément d'un après-midi  dithyrambique: le tour de mes îles est donc de 42,2 km et je suis mare à thonienne!!!!!!!!!!!!

Illustration: François Place, Îles Indigo in Atlas des géographes d'Orbae

vendredi, 12 octobre 2007

RIEN N'EST PLUS LOIN (6)

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RIEN N'EST PLUS LOIN
Que le noir d’une  nuit sans LUNE
Que la CLOCHE sonnant la fin de l’école
Que ma ROULOTTE au bout du chemin
Que mon gros ORTEIL du sommet de ma tête

EN FAIT

Rien n’est plus loin que la lune sous la cloche
De la roulotte sans orteil.

Quinte de mots et Douanalala

jeudi, 11 octobre 2007

RIEN N'EST PLUS PROCHE (5)

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RIEN N’EST PLUS PROCHE
Que le MYSTÈRE du sourire d'un inconnu
Que le SILENCE de l'ami offert à ton épaule
Que la CARESSE légère qui frôle l'arrondi des joues
Que la chaleur du poêle où ronronne le CHAT

En fait
Rien n'est plus proche que le mystère du silence que caresse le chat
Photo d'Anita 

mercredi, 10 octobre 2007

RIEN N'EST PLUS LOIN(4)

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RIEN N’EST PLUS LOIN

Que le DÉBUT de ma vie
Que mes doigts de PIEDS quand ils me grattent
Que le vent sur mon visage lorsque j'avale des kilomètres au GUIDON de mon destrier de fer
Que les toilettes en pleine NUIT d’hiver

EN FAIT

Rien n'est plus loin que le début de mes pieds sur le guidon de la nuit

Par ordre d’apparition Pomme, Kipudonktan, Chris, Le Crabe
Photo d'Anita


mardi, 09 octobre 2007

RIEN N'EST PLUS PROCHE (3)

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RIEN N'EST PLUS PROCHE

Que le sourire édenté d’un enfant
Que les beaux yeux de ma maman
Que les éclairs dans le ciel orageux
Que les étoiles dans un cœur tout bleu.

En fait
Rien n’est plus proche que le sourire de ma maman
Dans le ciel orageux de son cœur tout bleu.

Quinte de mots et Douanalala
Photo d'Anita 

lundi, 08 octobre 2007

RIEN N'EST PLUS LOIN (2)

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RIEN N’EST PLUS LOIN

Que le REGARD d'un ami qui pense à on ne sait quoi d'autre
Que l'HORIZON qui fuit quand on le cherche
Que le TRÉSOR caché au creux de l'arc-en-ciel
Que la mémoire enfouie dans des replis d'ENFANCE

En fait,
Rien n'est plus loin que ton regard à l'horizon de ton trésor d'enfance
Photo d'Anita

samedi, 06 octobre 2007

RIEN N'EST PLUS PROCHE (1)

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RIEN N'EST PLUS PROCHE

Que la RIVIÈRE salée
Que la LUNE (pour celui qui rêve)
Que l'EMPRUNTE creusée par tes mains sur ma peau
Que mon IMAGINATION sur sa chaise

En fait,
Rien n’est plus proche que la rivière de la lune pour l’emprunte de l’imagination
 
 
Dans l'ordre d'apparition à l'écran: Moucheron, Sophiegda, L'Indigotière, Wombat
Photo d'Anita 


lundi, 01 octobre 2007

RIEN N'EST PLUS BEAU...

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 ... qu'un jour qui ne se passe pas exactement comme on l'avait projeté sur la toile quotidienne. C'est à midi que l'imprévu s'est improvisé. Elle est arrivée alors que tous avaient déjà vidé la salle de cours. Depuis la première heure, alors que certains encore tentaient de s'extraire des volutes du week-end -jeteurs de gourme du samedi soir, votre regard, ce matin, était éteint- elle avait eu au coin de la pupille cet éclat de malice. Je l'avais remarqué sans m'y attarder. Discrète présence pétillante.

Sauf qu'à midi, j'ai compris que les bulles de malice prenaient leur source dans un album d'Armelle Barnier, déniché dans la librairie caennaise Le cheval-crayon. Je l'ai lu et j'ai tout de suite su que je devais lui ouvrir grand mes cours de l'après-midi.

Pour vous tous qui n'étiez pas en salle 105 aujourd'hui, voici la première page malheureusement sans l'illustration de Vanessa Hié...

RIEN N’EST PLUS BEAU
Que les GOUTTES d’eau qui tombent du parapluie
Qu’un COQUELICOT rouge au milieu d’un pré,
Que le DESSIN que ma maman m’a fait,
Qu’un arc-en-ciel après la PLUIE.

EN FAIT
Rien n’est plus beau que les gouttes
De coquelicot sur le dessin de la pluie.

 

La poésie peut aussi être là dans la rencontre imprévue de mots. La page suivante commence par RIEN N'EST PLUS LOIN et sa collègue de droite par RIEN N'EST PLUS PROCHE...

Vous l'aurez compris, ces deux pages vont se réinventer au hasard des deux vers que vous m'enverrez. L'un commencera par "RIEN N'EST PLUS LOIN que" et l'autre par "RIEN N'EST PLUS PROCHE que".

Les deux sont à envoyer à beaadded@gmail.com avant samedi 6 octobre, 6h06, le cachet de la toile faisant foi.

Belle écriture..

À Annhélène 

vendredi, 28 septembre 2007

ÉPUISÉ

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Depuis dix jours, date à laquelle j'ai repris mes cours de littérature jeunesse, une pensée en rien éphémère mais bien plutôt méthémérine me taraude. Tout est parti d'un mot, un mot oui, un seul mais un à tendance polysémique. Le mot de ces dix derniers jours est épuisé. Pour lui, mon vieux Bob m'indique deux sens:

1. A bout de force: ainsi le mystérieux somnambule qui déposa des commentaires dans le précédent billet devait-il être épuisé par ses marches nocturnes involontaires.

2. Qui n'est plus édité: c'est ce qu'osa m'affirmer une libraire près des Buttes Chaumont alors que je lui demandai le premier tome de l'Atlas des Géographes d'Orbae. Des géographes d'orbae? Son étonnement feint dissimula difficilement qu'elle ignorait l'existence de François Place en ce bas-monde. J'empêchai l'ami qui m'accompagnait ce jour-là de la pousser plus loin dans ses retranchements en lui demandant Les Derniers Géants, Le Roi des Trois Orients ou encore Le Prince Bégayant. Il eut bien été capable de monter et assurer la garde d'une circonvallation -ne reculons devant aucune métaphore lourde, pesante et militaire pour relever le défi des trois contraintes!- jusqu'à ce qu'elle avouât son insuffisance littéraire.

Chaque jour, depuis dix jours donc, je vis avec cette troublante conscience qu'un livre peut effectivement être épuisé. Surtout depuis qu'a été éditée par l'éducation nationale une liste d'oeuvres de référence pour une initiation à la culture littéraire et artistique. Liste louable et louée -même si nous pouvons nous demander pourquoi ce titre et pas celui-là- puisqu'elle offrait à une même génération une première culture commune. Là où se joue le premier acte de la tragédie c'est lorsque des étudiants préparant le Concours de Recrutement des Professeurs des Écoles montent sur scène: ils doivent choisir un titre de littérature jeunesse. Deuxième acte: la tentation dans le rôle de l'inégalable deus ex machina se jette à son tour sur les planches. Elle leur murmure de choisir un titre déjà expérimenté par les promos précédentes, sur internet tout est déjà mâché, digéré voire plus.

Certains livres n'en peuvent plus d'avoir été triturés, démantibulés et rarement regardés, rencontrés: ils sont épuisés. Alors, avant que ne se joue avec la même fatalité le troisième acte, je ne recule pas devant le rôle de la dea ex machina. Laissez-les se reposer, l'Otto autobiographie d'un ours en peluche, La reine des fourmis a disparu, L'oeil du loup .

Il existe d'autres Ungerer, d'autres Bernard & Rocca et d'autres Pennac. Il existe tant d'autres auteurs, tant d'autres textes au creux desquels se blottir en des circonvolutions voluptueuses.

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mercredi, 26 septembre 2007

MATIN

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Matin

T'es-tu déjà réveillé,
juste entre la nuit et le matin ?
Entre la fin de la nuit
et le début du jour ?
A l'orée de l'aurore,
sur le bord fin de l'aube.
Tu vois ?
Aprés les derniers rayons de lune,
et avant,
juste avant
les premiers rayons de soleil.
Ce n'est pas le jour.
Ce n'est pas la nuit.
C'est autre chose :

Les loups se couchent
comme des peaux de chèvres
et monsieur Seguin embrasse de sa bouche
Madame Seguin sur les lèvres.

Alain Serres
in N'écoute pas celui qui répète

samedi, 22 septembre 2007

LA RIVIÈRE AU BORD DE L'EAU (SUITE ET ENFIN FIN)

 

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Reprenons donc le cours de ma pensée.

Non loin de Saint-Eloi-de-Fourques mais pas assez près pour que les buvards ne la boivent coule la Riel. Décidément, c'est un vrai plaisir de l'orthographier ainsi et que s'insurgent les passants de mots et de lettres si bon leur semble.

D'aucuns ont affirmé qu'il n'y avait pas de rivière à Saint-Eloi-de-Fourques. C'est qu'ils n'ont pas poussé leurs pas jusque dans la bibliothèque. Ce jour-là, nous avions invité Michèle Moreau des Éditions Didier Jeunesse. Au programme, historique de la maison d'édition et politique éditoriale. Vraiment? Elle est arrivée avec son chariot de livres, le regard amusé. Le programme fut respecté le temps d'une très rapide introduction.

 

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A ce moment-là immortalisé par mon APN, n'allez pas croire
qu'elle comptait le nombre d'années passées dans la boîte,
qu'elle comptait le nombre de livres édités sur l'année,
qu'elle comptait le nombre de collections sélectionnées.
Non, passants, vous errez loin de la rive:
Elle contait des comptines.

 

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Et d'une main à l'autre, nous nous sommes mis à compter et conter avec elle. D'une main à l'autre sont alors remontés à la surface des refrains enfouis dans des strates au-delà de celles de mes souvenirs, de ces airs que je savais encore par coeur malgré le silence des années.
Ce qui à main droite, gamine, ne m'avait jamais interrogée, une fois passé à main gauche en ce jour m'apparut avec une nouvelle sensation. Vivais-je là une allochirie? Toujours est-il que j'entendais ce que jamais je n'avais écouté: la langue poétique des comptines qui se joue du sens et des sons. Curieux cabinet de curiosités et infini plaisir de se rappeler que nous avons d'abord chanté notre langue maternelle avec tout ceci: une pomme d'api sur un tapis, le bec plumé d'une alouette, un escargot tout chaud anciennement souris verte, des cerisiers dans les bois pour rimer avec trois, des mains qui tapent, un moulin qui tourne, un oiseau qui vole mais un matelot qui nage -là un drame a eu lieu que le texte ne dit pas- un bateau sur l'eau et surtout -nous y voilà enfin à la fin- cette question: qu'est-ce qu'une rivière au bord de l'eau?
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mercredi, 19 septembre 2007

LA RIVIÈRE AU BORD DE L'EAU (2)

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 Chers passants des Îles Indigo,

J'étais effectivement partie voir si quelque rivière ne coulait pas aux abords de Saint-Eloi-de-Fourques. Or j'en ai découvert une qui m'a laissée sans voix tous ces derniers jours. J'aurais aimé nommé de son nom un des ruisseaux de mon archipel:le riel...

Quel somptueux anagramme!

Cependant, avant que cet intermède sans chorégraphie ni musique ne se referme, je tiens à préciser qu'il ne s'agit toujours pas là de ma rivière au bord de l'eau.  

dimanche, 16 septembre 2007

LA RIVIÈRE AU BORD DE L'EAU (1)

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Le mois de septembre va bon train et les rentrées ne s'épuisent pas. Pour celle du comité de lecture de la Bibliothèque Départementale de Prêt, nous étions de sortie au fin fond de la Normandie, dans un village qui aura bien des raisons d'ouvrir ses portes pour les journées du patrimoine, Saint-Eloi-de-Fourques*. Mais la porte que nous y avons poussée, ce jour-là, venait d'être calée dans les gonds d'une toute nouvelle bibliothèque.

A l'intérieur, au milieu de l'odeur du neuf et des livres jamais encore sortis de leurs rayons, paradait une exposition d'antiques buvards. J'ai un très vague souvenir d'avoir glissé sous ma main ces papiers encombrant l'espace de ma feuille. Pourtant je n'ai jamais connu la plume sergent major et ai appris mes lettres et mes mots avec un bic qui parfois ne glissait pas comme je le voulais entre les grains du papier. Qu'allait boire alors le papier buveur? La poussière de la récréation, les traces de la chocolatine sur le bout de mes doigts ou mon impatience d'apprendre à lire et à écrire?

Par contre, je ne me souviens pas que cet espace assoiffé ait aussi été un espace publicitaire.

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Ah, si j'avais su, j'aurais lâché Bic pour Baignol & Farjon!
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Et la rivière dans tout ça? Bue par les buvards?

* Afin que votre cinéma mental ne vous entraîne pas dans un hors-champ et hors-sujet, je précise tout de suite qu'aucune rivière ne traverse ce coin de verdure où ne pousse d'ailleurs aucun frais cresson bleu non plus.

 

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mardi, 11 septembre 2007

MOTUS ET ...

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Matinée à parcourir avec mes étudiants des albums dits randonnée. Pas léger et souffle bien posé pour tous. Sur notre chemin, il y eut Petit Cochon Têtu, Ours qui lit, un Petit bonhomme à la faim aussi grosse que lui était petit, bras dessus bras dessous avec son compère des bois, une Grenouille à grande bouche, encore un Ours, mais celui-là nous sommes partis le chasser. Nous n'avions peur de rien.

Et puis, il y eut Bouche cousue. Pourquoi donc l'enfant avait-il cesser de parler entraînant derrière lui le chat qui a cessé de miauler, la maison d'ouvrir ses volets, le chemin de mener, le soleil de briller? On sentait bien que l'album n'était plus aussi léger que les précédents, et pourtant le mot guerre n'est murmuré qu'à la fin, alors que la dernière étoile qui brille dans la nuit raconte une histoire à l'enfant qui accepte à nouveau de rêver et d'en découdre avec la parole. Et pourtant tout était indice, tout dans les illustrations disait l'Algérie et dans chaque double page -éléments incongrus- étaient accrochés les rêves que bientôt l'enfant ferait à nouveau.

J'ai cherché les mots pour dire cet album et j'ai eu le sentiment qu'ils m'échappaient.

A la fin du cours, Marianne est venue me voir pour me dire que j'avais laissé tomber quelque chose en route qu'elle avait ramassé, une phrase, que c'était dommage de ne pas la poser quelque part: "Les histoires ne doivent pas couper du monde mais permettre de le supporter, de le porter."

Bouche cousue, Gigi Bigot - Pepito Matéo, Stéphane Girel, Didier jeunesse

vendredi, 07 septembre 2007

TOUT AIMER

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Tout aimer

Aimer tout aimer
Même le froid et ses morsures
même l'heure qui sépare
et les déserts du chagrin

Aimer l'arbre fendu
la fontaine sans eau
et le visage blessé
où ne vont plus les songes

Aimer les mains qu'on n'a plus
et la caresse abandonnée
et la saison obscure
que n'éveille plus l'oiseau

Croyez-moi
je sais de quoi je parle
j'ai le coeur léger comme vous
il faut aimer à en brûler
même l'instant sans joie
qui serre le coeur
qui serre le coeur

Jean-Pierre Siméon, in La nuit respire

mardi, 04 septembre 2007

FABRIQUE À COPEAUX ET MIQUETS

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Cela faisait hier la une des journaux, d'aucuns y allaient de leurs commentaires socio-politico-vido-inutilo, il y eut même des dérapages "de rigueur" dans ce qui fut dit, à peine dérapé déjà rattrapé, mais voilà, malgré tout, c'était la rentrée, sans faux-pas possibles.

"La rentrée": c'est donc que nous étions sortis mais de quel lieu? Et si nous appelions hier "la sortie" et que nous parlions d'entrée en vacances? Cela ferait débandade, là où nous sommes attendus en petits tailleurs d'heures sup'.

Toute à ces réflexions, peut-être bien vido-inutilo, j'ai pensé à deux compères, écrivains et illustrateurs qui eux ne rentraient pas car pas sortis. Chaque jour, ils remettent sur l'établi vaillamment leurs mots et images.

Alors en sortant de cette rentrée, je suis allée dans la tanière de l’un d’entre eux. Je l’ai trouvé dans sa fabrique à copeaux, nous avons parlé de Moby Dick, il m’a montré son dessin d'Ishmaël et Queequeg au chaud, sous la même couette, en train de fumer le même calumet, il m'a relu hilare le sacro-saint chapitre La chasuble.

En sortant de là, deux éditions différentes de Moby Dick sous le bras, j'ai eu envie de vous faire entrer dans le dernier album de l'ours de la tanière...

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Zig et zag...

Avant de déambuler Dans l’atelier de Pépère, il est une planche-départ en guise de petit préambule : un canif y est transmis de main de grand-père à  main de petit-fils. A force de passages, lame et manche ont été renouvelés. Et cette question : Est-ce toujours le même canif ?

 

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SSkric et sskrac…

Et lorsque une histoire passe de génération en génération, est-ce toujours la même histoire ? Seuls les lutins présents de toute éternité pourraient répondre.

 
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Crouic-crouic…

Toujours est-il que Pépère, au fond de son atelier, sous l’égide de Jean-le-vert, est un passeur d’histoires sans la grande hache, de celles inscrites dans l’aubier de ses outils de menuisier, venues de l’aube des temps, des siècles derniers ou d’outre-tombe.

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Pim-Pam…

Face à Pépère, le faiseur de sciure, les fesses dans les copeaux de bois fraîchement raboté, Sylvain, le petit-fils, est tout ouïe : John Twilbil, le chercheur d’or, Salomon le tueur de Dragomir, Robin la gueule cassée, Charles le fratricide et Etienne aux ailes trop tôt brisées.

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Alors, lorsque des histoires passent de génération en génération, sont-ce toujours les mêmes histoires ?
Peu m’importe ce qu’elles étaient avant et ce qu’elles deviendront, pourvu qu’elles passent. Mais je n’échangerai ma place contre aucune autre car quelle chance de les lire, l'ours, sous ta plume au verbe tantôt déchaîné tantôt pudique et tes pinceaux, mythiques faiseurs de somptueux dessins minutieux ou d’ombres chinoises!

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Ours gris a fait sa rentrée sur France Culture dimanche dernier. Vous pouvez télécharger l'émission Jusqu'à la lune et retour par là.

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dimanche, 02 septembre 2007

DEUX MOIS DEUX SEMAINES ET DEUX JOURS...

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...que Les Îles Indigo existent, avec trente-trois arpents de terre explorés et pas la moindre trace de François Place! Pas si simple d'écrire sur un Géant. Ce n'est pas faute d'avoir effectué quelques excursions: relire Les Derniers Géants, en regarder l'affiche accrochée dans la chambre de mon fils chaque fois que je passe devant, mettre au pied de mon lit les trois tomes de L'Atlas des géographes d'Orbae, en parcourir les contrées et toujours le garder ouvert à la page Les Îles Indigo, laisser en évidence sur une étagère un livre oublié par un ami François Place, Illustrateur, texte de François Bon. Il y est question de Moby Dick. Relire dans la traduction de Giono  l'embarquement pour Nantucket d'Ishmaël et de Queequeg. Remonter aux premières phrases du roman:
"Je m'appelle Ishmaël. Mettons. Il y a quelques années, sans préciser davantage, n'ayant plus d'argent ou presque et rien de particulier à faire à terre, l'envie me prit de naviguer encore un peu et de revoir le monde de l'eau. C'est ma façon à moi de chasser mes cafards et de me purger le sang. Quand je me sens des plis amers autour de la bouche..."
Et découvrir que le titre du premier chapitre est Mirages...
Mirages aussi ces illustrations d'Ours Gris pour une édition de Moby Dick chez Gallimard qui ne vit pas le
jour?
 

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