mercredi, 10 décembre 2008
IMPASSSIBLE
Danse ta vie sans fin
Virevolte, pantin fragile
Dans l'hiver profond
Pour cette nouvelle contrainte des Impromptus littéraires, un visage rencontré sur les bords de Seine dans le rôle du maître de danse...
07:45 Publié dans IMPROMPTUS LITTERAIRES, MOTS ITINÉRANTS | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : impromptus littéraires | Facebook |
jeudi, 27 novembre 2008
ECTOPLASME
in Le sac du mousse de maurice Pommier
Les injures du capitaine Haddock, on se les traîne pendant des années dans une bulle entourée de postillons sans chercher vraiment à les comprendre.
Ectoplasme tête de mort deux points d’exclamation un point d’interrogation bombe à retardement.
Mais un jour, elles reviennent à la surface et alors c’en est fait. Elles explosent et c’est tout un monde qui part en fumée avec son cortège venu des bas fonds.
Ainsi pour "Mille sabords?????!!!!" Ce fut longtemps une armada de pirates, le poignard entre les dents, le corsaire rayé rouge, style Contrebandiers de Moonfleet, prêts à tomber sur la Castafiore en criant « à l’abordage ».
Il aura fallu une fenêtre d’abécédaire pour que les sabords s’éteignent en hublot!
in The Schooner de David Mac Gregor
Merci à Ours Gris pour ses recherches...
09:06 Publié dans MOTS ITINÉRANTS, PICTURA | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : maurice pommier, le sac du mousse, ectoplasme, ours gris | Facebook |
samedi, 22 novembre 2008
BLUE NOTE
Je suis donc allée louer le pied de biche d'Ours Gris et m'emparer du Swing des marquises. Il trônait sur les ailes de l'oiseau lire, sans fanfare ni trompette. Je suis rentrée, one-step, two-steps. Je ne l'ai pas naïvement posé sur la table, une fois m'avait suffi. Celui-là, je serai la première à le lire! La semaine s'annonçait chargée, je l'ai planqué comme prévu sous une planche du parquet -il est vrai que la tâche fut nettement facilitée par l'outil de l'Ours!
Les jours qui suivirent furent noirs de la grève engagée -était-ce la trente troisième depuis huit ans?- des colères claironnées mais rien n'y fit. Nuits blanches et matins gris passés à lire le Swing, voici tout ce qui me restait pour égayer ces mornes moments. Dans ces pages, il y avait assez de bruits cuivrés pour oublier le pavé battu inutilement.
Il ne me reste plus qu'à entrer en Résistance...
10:19 Publié dans ROMAN | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : bloch, swing des marquises | Facebook |
dimanche, 09 novembre 2008
RÉSISTANCE
Ce mois de novembre est celui du "à suivre"...
À suivre Le souffle des marquises: certaines pages du web annonçaient le 5 novembre mais toujours rien sur les rayons de L'oiseau ni même dans ses cartons. Eléonore, donc, va devoir prendre son peut-être bientôt bonheur en patience avant de pouvoir swinguer à nouveau dans les bras de Jim.
À suivre La déclaration: La résistance est bien au rendez-vous au jour dit et sa couverture -le summum du mauvais goût- aux fumeroles evanescentes, un regard surchargé de fard -celui d'Hannah?- qui transperce, même les murs de briques. Peter, -mais est-ce bien lui?- baisse la tête, tu ne fais pas le poids... Ramené triomphalement à la maison. Posé crâneusement sur la table basse. Un moment d'inattention -quelques préparations de cours vivement expédiées- et disparu. L'une et l'autre s'en sont emparé, ont organisé leurs journées en fonction. À l'aube, l'une, à peine la paupière soulevée, se propulse hors du lit, court à l'autre bout de la maison, monte à l'étage et récupère le bouquin. Puis à nouveau, descendre l'escalier, traverser la maison, se jeter sous la couette et enfin lire. L'autre n'a pas bronché et ne bronchera pas avant midi: une nuit de lecture a entamé sa résistance. Les heures critiques se situent l'après-midi, l'une a encore de l'énergie pour quelques pages et l'autre bout d'impatience pour reprendre la page interrompue. J'ai bien proposé de les départager en me mettant sur ce créneau. Mais à leurs regards -reportez-vous à la couverture, c'était quelque chose comme ça- j'ai remballé. Pour la peine, Le souffle des marquises, lorsqu'il sortira, je le planquerai sous une latte du plancher, sous mon lit!
Momentanément vaincue, j'ai proposé au fils de l'aider à préparer son autodictée. Sur son agenda, il l'avait recopiée pour combler un mercredi laissé vide. L'encre avait fui, il en avait même rajouté un peu après la fuite pour voir l'étrange dessin que cela pourrait produire en refermant le livre des choses à faire: le sous-marin avait-il égaré sa balle dans l'Atlantique? Le monde en semblait tout tourneboulé, disparue la Méditerranée et accrochée l'Afrique à l'Europe. Sainte Thècle, l'invincible, n'avait rien pu empêcher.
À suivre...
17:51 Publié dans ROMAN | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : gemma malley, la résistance | Facebook |
jeudi, 06 novembre 2008
OUBLI
J’ai oublié d’où je viens
Et être là pourtant sur mon monticule,
J’ai oublié d’où je viens
Du Cagire, parfois, gardien décapité des Pyrénées
De Léry, le plus souvent possible, la nonchalante déridée par son écluse
De Kinshasa, la noire à la ligne de vie cisaillée
De Safed, l’orientale, brûlée par le soleil mourant sur les tombes bleues,
Je reviens de loin.
06:05 Publié dans MOTS ITINÉRANTS | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : oubli | Facebook |
mardi, 04 novembre 2008
ITINÉRAIRE
Si tu ne sais pas où tu vas, regarde d'où tu viens.
Proverbe africain
Ce mercredi 5 novembre d'ambre et de gingembre
Aujourd'hui un homme noir entre à la maison blanche...
Entre hier et demain, de nouveaux chemins où aller...
20:39 Publié dans BAL(L)ADE, MOTS ITINÉRANTS | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : impromptus littéraires | Facebook |
lundi, 03 novembre 2008
C'EST PAR Où?
Du vecteur de bois
Idéogrammes délavés,
Demain, c’est par où ?
Et tous azimuts,
Le sage veut la déraison
D’un jour sans limite.
Pour cette nouvelle contrainte des Impromptus littéraires, une photo de Cacoune dans le rôle du vecteur de bois.
09:20 Publié dans IMPROMPTUS LITTERAIRES | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : impromptus littéraires, vecteur | Facebook |
dimanche, 02 novembre 2008
RONDEUR DES JOURS
La lame de pluie tranche,
Découpe la rondeur des jours
Sans laisser une miette.
Pour cette nouvelle contrainte des Impromptus littéraires, un personnage voltzien dans le rôle de la pluie...
11:31 Publié dans IMPROMPTUS LITTERAIRES | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : voltz, impromptus littéraires | Facebook |
vendredi, 31 octobre 2008
LES MÈRES ANODINES
J'ai dévoré aujourd'hui des poèmes iconoclastes, défoulatoires dits domestiques de la même qui est venue déranger, titiller L'histoire de France. La langue s'y dénoue, jubile. Les incisives incisent et les crocs croquent.
En voici un, choisi peut-être au hasard.
Le regard de chèvre
des mères autour du bac à sable.
Ces mères automates,
près des toboggans,
qui balancent ou qui poussent
et qui recueillent leur coeur et leur ennui
au bas des glissades.
Tellement aimantes et dévouées...
Rêvent-elles à la grande dévastation des squares?
Au joueur de flûte qui emmènera les enfants?
Ensuite, pauvres folles, décérébrées,
elles sillonneront la ville à leur recherche.
Elles les appelleront, comme si personne
n'avait jamais crié auparavant
le nom d'un fils ou d'une fille.
In La ménagère cannibale, Béatrice Fontanel, Seuil
20:32 Publié dans BAL(L)ADE | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : la ménagère cannibale, fontanel | Facebook |
vendredi, 24 octobre 2008
POIL
Les singes ont l'air méchants, aigris, amers, perpétuellement vexés d'avoir raté l'humanité à un quart de poil. Ca les obsède à l'évidence, ils ne pensent qu'à ça.
in Courir, Jean Echenoz, Les éditions de minuit
08:29 Publié dans MOTS ITINÉRANTS, ROMAN | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : courir, échenoz | Facebook |
dimanche, 19 octobre 2008
RIRE EST LE PROPRE DE L'HOMME
Je reviens d'une drôle de rencontre où l'on parla de Babeth 1ère, de Riton IV et de Poléon. D'aucuns appellent cela une conférence. Jugez par vous-même. Mettez à une même table, certes imposante, dans une salle, certes dite de conférence, une Dame pétrie d'humanisme et une réincarnation Brueghelo-Dumassienne, dixit la Dame à ses côtés. La Dame se nomme Béatrice Fontanel et derrière la double réincarnation se cache Ours gris. Laissez-leur le temps de conférer -l'une l'oeil pétillant et le verbe humble, l'autre hilare et le poil hirsute- et vous obtiendrez un échange truculent autant dire rabelaisien.
Ces deux-là étaient venus nous parler de leur Histoire de France dessinée pas encore -à peine?- sortie chez Gallimard. L'Histoire avec sa grande hache, ils s'y étaient déjà frottés avec Riton IV et Babeth 1ère. Et moi à les entendre parler, j'ai regretté de ne pas avoir qu'une poignée d'années au compteur. Le Monde, j'aurais aimé le rencontrer par le biais de leurs plumes et miquets. De -750 à 1968, double page après double page, il leur a fallu sélectionner des tranches de saucisson (1), réincarner des événements pétrifiés par leur célébrité sans céder à la tentation de seulement les resucer pour les recracher ensuite, trouver dans cette matière odeurs et couleurs. Parce que raconter l'Histoire, cela passe aussi par l'anecdote, ils nous ont dit Saint Louis le cul par terre sous son chêne, Jules et ses rouflaquettes qui avait inscrit les noms des parents récalcitrant à l'éducation nationale sur la place publique, Charlemagne et son éléphant -était-il indien ou africain?-, la chaleur terrifiante de la Saint-Barthélémy, le froid des maisons au Moyen-Âge et la houppelande, tenue de mise pour traîner chez soi.
Lorsque vous regarderez les illustrations de l'Ours, n'oubliez pas que le moindre centimètre carré a été au préalable documenté, vérifié, digéré puis aquarellisé. A chaque fois, d'un semi-remorque plein, il a dû garder une brouette.Lorsque vous lirez les textes de la Dame, souvenez-vous que sa maxime est: il n'y a rien de plus émancipateur que d'apprendre quelque chose chaque jour. Entre la prose de l'une et les illustrations de l'autre, il est une matière que vous ne pourrez pas lire mais que peut-être vous sentirez en tournant les pages. L'Ours, à chaque expédition d'un nouveau miquet par les tuyaux d'internet direction Gallimard, s'est laissé aller à des textes défoulatoires. La Dame s'est laissée aller à dialoguer avec eux. Ils circulent actuellement sous cape ouverte à tous vents. En voici quelques passages.
Après avoir donné ses armes à César Jules , Vercingétorix est couvert de chaînes, puis il est invité a un voyage organisé vers Rome. Dans cette belle cité, il va participer au grand triomphe de Jules et pour que la fête soit complète, le même Jules le fera étrangler dans le bungalow où il était
1347 Les rats arrivent à Marseille et débarquent avec la peste dans les bagages. Le bacille va faire une tournée grandiose!
Tiguidiguidi voilà la grande peste!
Tiguidiguidi tout’l’monde râle et crêve!
Tiguidiguidi elle rentre partout!
Dans les palais dans les taudis!
Tiguidiguidi elle franchit mêm’les limites du pays!!
Allez pour vous remonter le moral faut pas oublier qu’il y a une guerre de cent ans sur le feu! Quand les pestiférés auront réchappé au bacille ils seront bons pour aller faire le soldat, ou subir les soldats.
Vercingétorix, la grande peste, les têtes coupées gaillardement au moment de la révolution parce qu'elles étaient bon marché, tout cela fait partie de notre histoire. Mais que dire alors de celle qui est encore chargée de souvenirs, de celle sur laquelle encore nous sommes assis. Dire aux enfants d'où ils viennent, cela revient à dire l'histoire de leurs arrière-pépés et arrière-mémés. A la question "par quelle illustration avez-vous commencé?", l'Ours ne cherche pas ses mots, rejette du revers de la main un begaiement: celle de la Shoah. L'illustration, je vous laisse aller la découvrir dans leur livre. De ce qu'il en dit l'Ours pour se défouler, je vous laisse le lire...
Ben moi ça me met le moral à zéro cette soirée diapo qui a commencé avec la “grande” guerre qui faisait partie des récits des grands pères et qui se termine avec l’arrivée des cousins pieds-noirs, des harkis avec leurs cabanes dans la forêt et des gros cons qui organisaient des “ratonnades”. Ce qui est coincé entre n’est pas reluisant, quel sandwich!
Une chance, les prochaines pages sont sur mai 68, les rêves ne dureront pas, d’accord, ça fera feu de paille mais le temps que le feu aura brûlé on aura vu clair…
Au moment de refermer ce billet, je m'en voudrais d'avoir parlé de tout cela sans jamais évoquer le gallicé. L'ours l'avait peintuluré mais Gallimard l'a ignoré. Qu'à cela ne tienne...
(1): la tenancière des Îles Indigo a toujours rêvé de noter mot pour mot la gouaille de l'Ours. Assise dans la salle de conférence, elle en a abusé et retranscrit ici quelques entrechoquements de mots doux à son imaginaire. (ndlr)
16:25 Publié dans ALBUM, DOCUMENTAIRE, PICTURA | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : rires, ours gris, fontanel, maurice pommier, histoire de france | Facebook |
mardi, 07 octobre 2008
TRAITEUR
Par chez moi, Lire pourra vraiment être en fête le prochain week-end. Ours gris est enfin sorti de sa tanière et s'expose ou plus exactement a été contraint et forcé à exposer. Comme son surnom l'indique, Ours gris est beaucoup ours. Donc, hier soir, lors du vernissage, au moment de l'exercice obligé du discours après le blabla du cravaté municipal, c'est sur un ton bourru d'ours en manque prolongé de miel qu'on s'est tous fait traiter. Il n'était pour rien dans tout ce brassage d'images, qu'on se le dise. On était les seuls responsables après tout s'il se retrouvait derrière son micro, se dandinant d'un pied sur l'autre. On se gardait bien de broncher et si un sourire avait le malheur de s'esquisser on se cachait derrière le dos de celui de devant -tant pis pour ceux du premier rang. C'est que l'Ours était capable de décrocher ses miquets pour les ramener dans leur placard à miquets et de nous planter là.
Ceci dit, on ne l'aurait pas laissé faire. Sur l'affiche, c'est Traiteur d'images qu'est marqué, pas maltraiteur! Et puis c'est la première fois qu'on les voyait sous-verre, ses aquarelles. Ca fait quelque chose, là au creux du palpitant quand on les épluche du regard. Et si l'oeil devient humide, c'est pas à cause des oignons sur les petits fours. Des oeuvres d'art puisque je vous le dis.
Ce qui s'est passé hier aurait dû logiquement ne pas se produire, ainsi l'avait décrété l'Ours.
16:42 Publié dans PICTURA | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : lire en fête, maurice pommier, ours gris | Facebook |
dimanche, 05 octobre 2008
CERNE (suite)
Notre petite vie cernée de rêves
Je l'ai ouvert et je l'ai lu. Force m'est de changer ma bobine intérieure. Prière de reprendre le billet précédent avec La fureur de vivre en projection simultanée. Donc le petit nom de la dame peu avenante sur la couverture c'est Orpha. Faut-il y voir un allusion très allusive au mythe d'Orphée? Toujours est-il qu'elle va tirer le jeune Albert des Enfers, comprenez la petite vie toute bleuie, flétrie, rabougrie de ses parents. A coups de souvenirs tirés de sa propre jeunesse, de citations de Shakespeare et Rilke, de vie rêvée en fin de compte, elle va le tirer jusqu'à l'entrée de ses propres désirs. Comme dans le mythe, une main lâchera mais ce ne sera pas pour avoir regardé derrière soi si près du but. Comme dans le mythe, la femme gagnera le séjour des morts.
16:30 Publié dans CONTES ET MYTHES, ROMAN | Lien permanent | Commentaires (1) | Facebook |
vendredi, 03 octobre 2008
CERNE
Notre petite vie cernée de rêves
Il se joue tant et tant entre un titre de roman et son peut-être lecteur. Il suffit, sur fond de crise persistante, de quelques mots discernés trop rapidement pour que la rencontre ne s’engage pas bien.
Notre petite vie cernée de rêves
Celui-là avait tout pour déplaire et ma mémoire, mon inconscient et humeur du jour ont sorti les banderoles pour me le dire. Allez savoir pourquoi j’ai pensé à Un tramway nommé désir, de la noirceur en plus (!) et à Mathilda, l’humour en moins. Et ce n’est pas le regard fixe de la femme sur la couverture qui a changé la bobine de mon écran intérieur.
Qu’y a-t-il derrière ce « notre » ? Un couple désillusionné pour qui le rêve n’est plus que la trace d’une fatigue extrême qui bleuit les contours d’une vie bien rangée ? Les rêves ont-ils encore le pouvoir d’assiéger une vie aussi petite soit-elle ?
Pas envie de lui décerner mon temps. Recherchais plus de l’anti-cernes par ces temps qui courent sans reprendre leur souffle. Mais la tenancière de L’Oiseau lire ne s’est pas sentie concernée par mes réticences. Le roman, elle me l’a posée d’une main ferme sur une pile semblable à la tour de Babel juste avant que l’Eternel n’envoie tout valdinguer. Alors, je l’ai pris. Et même que pour le comité de lecture de la semaine prochaine, je l’ai ouvert…
09:38 Publié dans CONTES ET MYTHES, MOTS ITINÉRANTS, ROMAN | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : oiseau lire | Facebook |
jeudi, 18 septembre 2008
TOUT UN MONDE
Des bourses crevées et des milliards réinjectés, une Edvige franco-hétéro, un ministre de l'éducation nationale et des maternelles, succursales de Pampers, c'est vrai qu'il faut de tout pour faire un monde mais gloire soit rendue à Queneau qui avait revu et corrigé cette phrase fossilisée ."C'est dégueulasse, mais il faut de tout pour faire un monde."
Ce matin, ils étaient une bonne trentaine à venir pointer à mes cours pour préparer le concours de professeurs des écoles. Alors j'ai présenté les nouveaux programmes, décharnés -leur chair chaude est ailleurs-, j'ai parlé de l'autodafé des documents d'accompagnement. Et puis j'ai sorti de mon sac l'imagier Tout un monde parce que souvent les mots, trop caressés dans le sens du poil, ne savent plus dire. Je leur ai proposé cette carte comme une invitation au voyage, une invitation à écrire.
Arnaud fut le premier à dérouler des pieds agiles pour dire son insouciance. Avec sa façon de mâchonner ses mots, j'aurais bien aimé qu'il le déclame tel un slam son texte.
L'idée d'un voyage m'a traversé
En voiture, à vélo ou à pied
Venant du nord, j'irai vers le sud
Ou bien vers l'est pour changer mes habitudes
Ca y est je pars à l'aventure
Pour la sécurité j'attache ma ceinture
Et peu importe l'endroit où j'irai
J'ai tant de choses à explorer
Je regarde à gauche puis à droite
Sur la route je m'embarque
Pour parcourir le monde de mille façons
Toujours plus loin vers l'horizon.
15:41 Publié dans ALBUM, BAL(L)ADE, ESPACES DES CRIS | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : couprie, louchard | Facebook |
mardi, 09 septembre 2008
IMPASSIQUIÉTUDE
Réveillée en sursauprise, Bou panitrouilla en visant les zours et se carapata par la fenestrine.
Elle traboula la forest à toute berzingue et retrouva illico presto sa casa où sa maïe et son païe l'attendrissaient avec impassiquiétude.
Bou et les 3 zours, elsa valentin et ilya green, L'atelier du poisson soluble
19:12 Publié dans ALBUM, MOTS ITINÉRANTS | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : bou et les 3 zours, elsa valentin, ilya green | Facebook |
jeudi, 04 septembre 2008
TORCHE-CUL
Torche-cul inaugure donc au-delà de toute bienséance cette nouvelle catégorie dite Mots itinérants. Mots saisis au fil de mes lectures, à découvrir dans le texte.
- Je suis vraiment content que tu te sois joint à nous, Thomas, me confie Pavot sur le chemin du retour. Mais revenons à ton nouveau rôle de parrain. L'adoption est une chose grave, tu sais! Subséquemment, il te faudra prendre ton rôle au sérieux!
- Pas de souci! Je ferai de mon mieux. Au fait, je ne me souviens plus de votre mot à vous!
- Torche-cul, ne vous déplaise jeune prince!
- Raté! Torche-cul est bien vivant! J'avais un prof de maths qui appelait toujours nos contrôles des torche-culs!
- Vraiment? Cet homme mérite qu'on lui délivre la médaille d'honneur des SPDM*! Tu vois, ça, c'est le sauvetage des mots! Faisons un calcul. Disons qu'en trente ans d'enseignement, ce prof aura vu défiler en gros quelques cinq mille élèves à qui il aura transmis ce mot, et qui eux le transmettront à leurs proches, leurs copains. Et le tour est joué.
*SPDM: Société Protectrice Des Mots
in Suivez-moi- jeune-homme, Yaël Hassan, Casterman
12:10 Publié dans MOTS ITINÉRANTS, ROMAN | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : hassan, suivez-moi-jeune homme, torche-cul | Facebook |
jeudi, 21 août 2008
JOURNÉE ORDINAIRE
Après mes dernières tribulations, j'ai décidé ce matin en posant le pied droit au sol de vivre une journée ordinaire. Ne surtout pas céder à la tentation de lire Rien dire de Bernard Friot. Encore moins se soucier de l'orteil -pas le mien celui sur la couverture du livre que je ne veux pas ouvrir- qui émerge de la chaussette trouée pour me faire de l'oeil.
Aujourd'hui sera une journée tout ce qu'il y a de plus ordinaire. Cela commence par un retour à la nature, courgettes folles et herbes hautes me voici!
Au bout de la rue, à côté de chez moi y a les voisins -jusque-là rien que du très normal- sauf qu'aujourd'hui les voisins ne le seront bientôt plus. Ils déménagent. Le camion est plein pour un dernier voyage, manque seulement la caisse de Miou. Enfin, la caisse est là mais pas le chat. Alors Thomas, le fils anciennement rasta et nouvellement philosophe-anarchiste, cherche Miou, le chat définitivement apolitique, pour le mettre dans la caisse. Je crois bien que le fils comme le chat ne sont pas pressés de quitter la bicoque au bout du chemin juste avant le champ pour un pavillon avec terrasse plein sud. Et à le voir le fils sans le chat, le cheveu ras et la barbe près de la joue, la caisse à la main, il me fait penser au Marco de Combat ordinaire.
Et d'un coup, ça me fiche le blues. J'aimais bien quand il passait: on s'asseyait dans la cuisine au dessus d'une bière ou d'une tisane -son clope roulé s'accomode de tout breuvage- parfois on refaisait le monde mais plus souvent on parlait d'écriture.
Mes velléités du jour, il ne leur en faut pas plus pour s'effondrer. Je me dis même que ce n'est pas ce matin que je rendrai les courgettes sages et les herbes rases. J'enfourche mon vélo, direction Poses. Là-bas, sur la Seine, il y a le barrage. Quand on s'aventure dessus, ça bouillonne jusqu'à l'étourdissement sous les pieds. Ca avale les tristesses et les colères avec fracas. Puis on finit toujours par arriver juste après, à l'écluse. Ce qu'on avait cru être la fin du monde s'apaise soudain. Les mouettes y paradent comme savent parader les mouettes, crânement. Les bruits s'économisent. Une péniche attend de passer sous les commentaires d'un grand-père averti. Pour ses petits-enfants, il manie le babord et le tribord avec facilité. Sur son avant-bras gauche, une sirène se prélasse. Celui-là me fait penser au planteur de clous de Combat ordinaire
Aussi quand on engage la conversation et qu'il raconte les années passées comme batelier, des semaines sans mettre le pied à terre si ce n'est pour décharger, je souris à l'extérieur et à l'intérieur. Et sur le chemin du retour, je me dis même que Ce qui est précieux, ce sont peut-être bien Les quantités négligeables...
09:33 Publié dans BD | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : larcenet, combat ordinaire, friot, rien dire, miou | Facebook |
jeudi, 14 août 2008
TRIBULATION D'UNE DOPÉE
Cet après-midi, j'avais prévu de passer la tondeuse et la première couche de blanc à l'étage, de préparer quelque cours -remarquez le singulier, tant que le 15 août n'est pas trépassé, la rentrée reste une vague projection de mon esprit- et pour finir d'aligner quelques longueurs à la piscine -histoire de calculer combien d'aller-retours Laure Manaudou avale alors que je lâche un bord pour aller toucher l'autre, soit 25 mètres, Val de Reuil n'étant pas équipé d'une piscine olympique.
Histoire de me doper, je me suis allongée juste quelques minutes pour commencer Les tribulations du prince Seyin au royaume d'Ashkabad. Le roman est épais avec son allure de conte d'une 1002ème nuit oubliée et la réunion de sélection des titres pour Dévoreurs de livres 2OO9 devient jour après jour un peu plus qu'une simple projection de mon esprit. Après une après-midi et une soirée de lecture, je me dis quelle chance de ne pas avoir encore acheté ce livre mais qu'il m'ait été prêté par la tenancière de L'oiseau lire: non seulement je vais le défendre bec et ongles et y mettre les griffes s'il le faut pour qu'il soit gardé dans la sélection, mais en plus je suis quasi certaine qu'il va tellement plaire qu'il en sera vendu rapidement 499 999 exemplaires et que je serai votre 500 000 ème lectrice, môôssieur Stéphane Terranova! Je ne l'achèterai pas avant, je tiens bien trop à venir partager avec ma tribu votre couscous tunisien. Je prends au mot ce que vous avez écrit en exergue:"Il fait un couscous (tunisien) d'anthologie (la recette de sa grand-mère Nina) et promet solennellement d'inviter le 5OO OOOème lecteur et toute sa famille à le déguster, en compagnie de son éditeur bien sûr..." Ma grand-mère Georgette, alias mamie courgette, est la reine du couscous (tunisien). J'espère que le vôtre réussira à enchanter mon palet palais autant que votre roman a enchanté mon esprit et ses projections aujourd'hui. Je ne vois aucune objection à la présence de votre éditeur ce jour-là pourvu qu'il vous prévienne de l'existence de ce billet.
Les tribulations du prince Seyin au royaume d'Ashkabad, Stéphane Terranova, Bayard jeunesse
22:47 Publié dans ROMAN | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : stephane terranova, les tribulations du prince seyin | Facebook |
dimanche, 10 août 2008
LAISSE DE CHAISE
08:10 Publié dans BAL(L)ADE, IMPROMPTUS LITTERAIRES | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : tempête, comble, haïkus, impromptus littéraires | Facebook |
jeudi, 07 août 2008
SOLITUDES
Photoshopée par la tenancière de ces lieux
-j'en appelle à votre indulgence, c'est ma première expérience-
Les travaux de salles d'eau ont fini par sécher, peintures et fuites. J'ai enfin pu passer à l'essentiel: mettre une étagère dans les toilettes, y placer un galet ramassé l'année dernière chez les bigoudens et laisser les uns et les autres y déposer les livres indispensables aux moments de solitude à venir... Cette année, j'entreprends donc d'y relire l'Atlas des géographes d'Orbae. La première fois, je l'avais lu de A à Z, lettre après lettre. Ma mémoire sélective avait alors marqué une préférence pour le I. Cette fois-ci, la lecture sera fragmentaire, donc autre. J'avais oublié qu'Au pays des Amazones s'ouvrait avec Euphonos, le musicien muet, lui aussi, dont le nom dépasse le silence: "à la belle voix"
Sur mon étagère, une main a laissé Sans frontière fixe de Jean-Pierre Siméon (Cheyne). Les miennes l'ont ouvert au hasard -ou peut-être bien à la suite de mon précédent billet- et ont parcouru L'étranger...
Je suis né à Paris
de parents français:
mon état civil est net
comme une chemise du dimanche
Mais je suis étranger
plus étranger que l'étranger
à mon pays quand il est
dur et froid comme la pierre
et fermé comme une porte
au ciel changeant des visages
je suis étranger à la beauté
qui ne s'offre qu'à son miroir
étranger à celui
qui sonne le tocsin
pour un courant d'air
étranger vraiment
plus étranger que l'étranger lui-même
au pays qui met
son blé et sa lumière
à la cave du coeur
09:49 Publié dans BAL(L)ADE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : siméon | Facebook |
mercredi, 30 juillet 2008
RESTES
Vous est-il déjà arrivé de parcourir de l'index la tranche des livres de votre bibliothèque, tout en vous demandant ce que chacun d'entre eux avait imprimé en vous? A l'issue de cet exercice, je me suis retrouvée au beau milieu de fragments -de situations, de personnages, de bouts de phrases ou sensations- et parfois au milieu de ces décombres, un récit est réapparu. Pour certains est juste resté indélébile le moment de sa lecture.
Vous est-il déjà arrivé au détour d'un coin de rue ou d'un visage de songer à un roman? Hier, j'ai emprunté un sentier bordé de roses trémières. Inévitablement, j'ai aussitôt pensé Au bonheur des ogres de Pennac: Môôssieur Mlaussène et sa maison de campagne envahie par les dites fleurs. Mes souvenirs de lecture sont incertains, la maison appartient-elle à Malaussène ou à sa copine? Par contre je suis sure qu'il s'agit bien de roses trémières. A l'époque, je ne savais pas à quoi cela ressemblait. Mon imagination leur avait confié un aspect farouche, quelque allure de fleurs tropicales carnivores. Il faut préciser que leur présence rendait impossible l'entrée dans le jardin après quelques mois d'absence. Des petits riens pour de longues heures de lecture: ma mémoire sélectionne et classe en suivant les règles d'un jeu qui m'est inconnu.
Inversement pour certains romans, à peine la lecture achevée, je l'aide à faire son ouvrage. De Alors partir? de Julia Billet, je veux juste graver en moi ce que l'ancien de la tribu de gitans rappellent aux siens lorsqu'ils apprennent qu'ils sont expulsés par la commune et qu'ils vont devoir reprendre la route après six années sédentaires. Peut-être parce que le terrain pour gens du voyage qui se construit, pas loin de chez moi, pour la bonne conscience d'une commune, a des grillages trop hauts. Peut-être parce que ce qui se passe en Italie à des relents de déjà vu. Peut-être parce que certains jours je me sens étrangère au monde que j'habite...
"Ils croient posséder et ils n'ont rien. Ils détruisent la Terre, oublient leurs enfants, oublient qu'un jour tout sera pourri par la fumée, les engrais, les gaz, les voitures, leurs centrales nucléaires, leurs déchets qu''ils cachent. Ils brisent, cassent, brûlent, sans savoir qu'ils scient la branche sur laquelle nous sommes tous assis.
Nous n'avons rien, rien d'autre que notre foi, notre savoir, nos corps et nos esprits. Nos vies ensemble sont liées à jamais, depuis toujours. La Terre a donné à chacun de nos pas des pans de la sagesse qui manquent aux gadjé. Ils ne bougent pas, restent attachés à des bouts de Terre, jusqu'à croire que la propriété est un acte. Ils sont fous de leurs biens.
Nous avons collecté ces morceaux de l'humanité et nous devons les transporter toujours plus loin pour continuer à faire tourner la Terre. Ils ne savent pas que la Terre tourne parce que la marche de notre peuple la fait tourner. Nous, Gitans, Roms, Tsiganes, nous et aussi les nomades des déserts, les nomades de toute race, de toute la Terre, nous donnons son mouvement circulaire au globe par la force de nos pas..
Nos pas font rouler la Terre sur elle-même, nos pas font marcher leur monde à eux aussi.
Et ça non plus, ils ne le savent pas. Ils nous pensent inutiles, voleur et fragiles; nous sommes forts et nécessaires à leur survie.
Peut-être nous sommes-nous arrêtés depuis trop longtemps maintenant? Peut-être est-ce pour cela que la Terre ne tourne plus rond?"
Alors partir, Julia Billet, Seuil
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samedi, 26 juillet 2008
DE L'USAGE DE "DE"
De est ce qu'on appelle une préposition. Mais si, voyons, vous aviez une petite phrase pour vous en souvenir à l'école. Vous dites? Non, ce n'est pas "mais ou et donc or ni car". Auriez-vous oublié le pauvre Adam qui fait sa valise pour Anvers? L'histoire ne racontait pas s'il y allait à pinces ou à vélo, ce qui est sûr c'est qu'il n'était pas assez fortuné pour y aller en train: à dans par pour en vers avec de sans sous.
Revenons donc à la huitième préposition de la liste. A quoi sert-elle lorsqu'elle ne permet pas à notre ancêtre d'aller boire un petite mousse chez nos voisins?
Elle peut marquer l'origine.
ex.1: Pablo vient de Colombie. Là-bas, la peau sentait le soleil et non pas le beignet inachevé. Là-bas, on pouvait marcher dans des rues qui embaument l'ananas et la mangue. Là-bas, il a fallu marcher une nuit, dans le silence pour ne pas réveiller les bottes jaunes et s'exiler, sans papiers, la famille au grand complet, d'abuelita à la petite Rose, jusqu'à un HLM de la Courneuve.
Elle peut marquer aussi la cause.
ex.2: Pablo est blanc de peur à l'idée de devoir récupérer une poupée chez la Goule, sorcière aux ongles bien sûr longs. Sauf qu'une fois cet exploit accompli, de la cause on passe à l'appartenance.
ex.3: La Goule devient la confidente de Pablo. Confident aussi, Georges, percuté à un carrefour, cycliste adjoint au maire et sans doute membre de RESF -mille respects, monsieur, que ne convertissez-vous tous vos collègues. Et Marisol qui échangerait bien un sol contre un e, Marie, confidente et hermania prête d'un coup de crayon pour les yeux à raturer ses origines. C'est compter sans son frère. Et puis, il y a...
ex.4: Pablo de la Courneuve
Pablo, dès qu'il dispose de quelques minutes, marche loin des tours. Il marche comme il marchait dans son pays. Il n'est pas originaire de la Courneuve ni ne lui appartient. Pourtant dans ce "de" là se déploie tout le chemin parcouru qui fera qu'un jour il lui sera possible de dire qu'il est Courcolombien. Ce "de" là vaut largement une particule. Pablo DE la Courneuve.
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samedi, 19 juillet 2008
FUITER
L'on connaissait le verbe fuir, pour l'avoir trop souvent conjugué à la troisième personne à l'école lorsqu'un robinet perdait tant de gouttes par heure, gouttes qu'il fallait ensuite transcrire en termes de litres par jour. Inévitablement s'en suivaient des oh la la d'étonnement: que de bains qui s'étaient égouttés incognito! Plus personnellement, depuis hier, je connais le verbe fuir à gros flots dans la salle de bain en travaux, devenue pour l'occasion une pataugeoire, pis-aller des bains perdus.
Or, dans la colonne de fuir vient d'apparaître dans l'édition du Larousse 09 (1) un doublon en la personne du verbe fuiter. A l'heure où j'écris ce billet, aucune fuite quant à la définition de ce verbe...
Ces derniers jours, lorsque mes activités de peintre-carreleuse se déroulent sans trop d'encombres -autant dire lorsque le mur à peindre ne se révèle pas pourri au point de le changer ou lorsque les carreaux se décident enfin à tenir sur un mur qui gondole- je lis. Fini en début de semaine un roman de Claudie Gallay que la franco-québécoise m'a apporté en attendant de récupérer Les déferlantes à la médiathèque.
Office des vivants: le parallèlle s'imposait avec l'office des morts. Influencée par la couverture, j'avais même imaginé que le récit tourbillonnerait dans un camp d'extermination. Personnages en survie, certes, mais dans Les Cimes, là haut, là où au pied de l'arbre on enterre le cordon, celui qui reliait à la mère. Marc et Simone ont le leur mais pas Manue, née de l'éblouissement du père pour Mado. Manue venue avec la pluie et l'éblouissement de Marc qui parle aux arbres, pour les loups, pour Manue.
Lu ensuite, juste derrière sans reprendre mon souffle, quand elle sera reine de Rachel Hausfater.
La fatigue aidant et les problèmes de fuite de robinet, je ne sais plus lequel des deux j'ai dans les mains. Les personnages fuitent. Mira et Manue, toutes deux de mère inconnue, filles flamboyantes en marge d'une société pensant à mal de préférence. Et Mira qui tourbillonnera, elle, dans un camp.
Croyant souffler, j'écoute la Fille, à la dernière page de Le souffle des marquises de Muriel Bloch et Marie-Pierre Farkas, exclamer (2) à qui veut bien l'entendre son mécontentement. De la saga, seul est disponible le tome 1. En suspens, Eléonore que tout destinait à frotter les cuivres dans la cuisine et qui, malgré l'interdiction paternelle, jouera du cornet à piston. Elle, son tourbillon, c'est la Commune, l'exposition universelle, les frères Sax et Jim Mississippi venu de Nouvelle-Orléans.
Croyant me reposer, le soir venu, je propose au Fils de me rejoindre sur le banc, dehors, pour poursuivre la lecture de Coeur de Louve à la lueur de l'éclairage public -ceci est possible jusqu'à 23h après l'éteigneur de réverbère passe. Les personnages fuitent à nouveau. Demain, je dirai à la Fille qu'en attendant septembre pour le tome 2, il y a Mauve et la Commune et la fuite pour Québec.
Fuiter, vb intr.: se dit de tout personnage de littérature jeunesse s'amusant à passer d'un roman à l'autre.
(1) ndrl: l'indigotière ne jure que par son vieux Bob, dit aussi Petit Robert et fait en général peu de cas du Larousse.
(2) Ce verbe-là existe-t-il autrement qu'à la forme pronominale? Je viens peut-être de trouver un néologisme pour le Larousse 10...
10:14 Publié dans MOTS ITINÉRANTS, ROMAN | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : larousse 09, office des vivants, quand elle sera reine, le souffle des marquises, coeur de louve, hausfater | Facebook |
lundi, 07 juillet 2008
IMAGIER
IMAGIER: faiseur d'images (Littré)
A l'Hôtel de Mora, centre de l'illustration à Moulins, se tient jusqu'au 12 octobre une exposition consacrée à Solotareff. Ce faiseur d'images a amené son imagier. Toutes ses images sont là, dépunaisées lors d'un dernier déménagement: celles de ses personnages mais aussi des photos, des tableaux. Dissonante galerie. Au lieu de les rendre au silence d'un carton, il a voulu les montrer, ailleurs, les exposer.
Il orchestre le tout en une réflexion essentielle sur son travail.
"Les montrer, les publier toutes, les unes à côté des autres, en vrac, faire une exposition, un livre, interminables, autrement dit sans doute ne pas mourir.
Non, ne pas les montrer toutes, impossible. Et pas en vrac. Il y a des images qui ne vont pas ensemble, qui se détruisent, qui n'existent pas à côté d'autres plus percutantes, parce que trop délicates. Les deux sont pourtant des qualités.
Car il y a deux sortes d'images. Celles que l'on fait à toute vitesse, en urgence, pour arrêter le temps et saisir l'idée qui naît à peine. Et puis celles au contraire qui mettent du temps à se faire qui se caressent, qui se grattouillent, qui sont davantage le fruit d'une réflexion mûrie et apaisée.
Le temps, l'humeur, l'énergie se lisent sur un dessin autant qu'en muisque. Il y a des dessins puissants, brutaux, bruyants, d'autres gracieux, sensibles hésitants, silencieux. Si l'écriture est danse, le dessin est musique."
05:40 Publié dans ALBUM, INCIPIT, MOTS ITINÉRANTS | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : solotareff, imagier | Facebook |
jeudi, 03 juillet 2008
TIRE L'IRE
Des sires et des sbires
Des spires et des saphirs
Des kirs et des fakirs
Et Le Roi Lear
En rires
Les hetaïres et les tire-lire
Tyr et l’Epire
Les menhirs et les zéphirs
Et Shakespeare
En rires écrire des ires
06:00 Publié dans BAL(L)ADE | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : printemps des poètes, rires | Facebook |
lundi, 30 juin 2008
EN RIRES
Les sbires du sire devraient se concerter. Côté éducation nationale, exit la littérature jeunesse des nouveaux programmes. Je ne saurai faire route sans notre bonne vieille littérature classique mais je ne laisserai pas manquer à l'appel, la rentrée prochaine, Place, Pommier, Mourlevat, Hassan et tous les autres. Côté culture, le prochain Lire en fête est justement consacré à la littérature jeunesse! Il y a dans tout cela une logique qui m'échappe.
Quant au Printemps des poètes, la prochaine version sera sur le thème de En rires... C'est peut-être bien ce qui nous reste à faire.
06:00 Publié dans BAL(L)ADE, ESPACES DES CRIS, PICTURA | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : lire en fête, printemps des poètes, littérature jeunesse, en rires | Facebook |
mardi, 24 juin 2008
COMBAT D'ÉTÉ
Dimanche, le centre de rétention des sans-papiers -il faudra que je cherche dans un dico la différence avec détention- de Vincennes a brûlé, de l'intérieur. Camp de la honte, l'enfer s'est enflammé. Les retenus ont sans aucun doute médité cette dernière issue. On pourra même les accabler de préméditation. Lu à l'instant le billet de François Bon sur tiers livre. Ses mots justes, juste ce qu'il faut.
Lu ces derniers jours La déclaration de Gemma Malley...
Angleterre, an de disgrâce 2140
Un elixir de jouvence a accordé à chacun l’immortalité. Mais ce programme de Longévité est bientôt suivi de la Déclaration. L’immortalité a un prix : il devient impossible d’avoir des enfants. Tout contrevenant verra sa progéniture enfermé dans un centre de rétention de Surplus -esclaves des Légaux, ils doivent savoir Où-Était-Votre-Place.
La surplus Anna est détenue à Grange Hall. D'avant, elle a tout oublié. Elle ne se pose pas la question d'enflammer son enfer quotidien. Jusqu'au jour où Peter arrive qui se dit envoyé par ses parents...
"Les Légaux ont tous deux noms. Parfois plus. Moi non. Je suis juste Anna. Les gens comme moi n'ont pas besoin d'avoir deux noms, d'après Mrs Pincent. Un seul suffit. Elle n'aime pas le nom d'Anna, d'ailleurs; elle m'a même expliqué qu'elle avait essayé de m'en faire changer quand je suis arrivée ici. Mais j'étais une enfant bornée, je ne répondais qu'à Anna, alors elle a fini pa laisser tomber. Tant mieux -il me plaît moi ce nom. même si ce sont mes parents qui l'ont choisi.
Lu ces avant-derniers jours un autre roman dit d'anticipation Combat d'hiver de Jean-Claude Mourlevat...
Dans un pays tout droit sorti de l'imagination de l'auteur, de jeunes gens vivent dans un centre de rétention, euh, dans un orphelinat. Lorsqu'ils apprennent qu'ils sont la descendance d'hommes et femmes éliminés par la faction totalitaire qui a pris le pouvoir quinze ans plus tôt, ils s'évadent et entrent à leur tour en résistance.
"Sur un signe de la surveillante, une fille du premier rang se leva et alla tourner le bouton de l'interrupteur métallique. Les trois ampoules nues éclairèrent la salle d'étude d'une lumière blanche. Depuis longtemps déjà, on pouvait à peine lire, tant il faisait sombre, mais le règlement était strict: en octobre, on allumait les lampes à dix-huit heures trente, pas avant. Helenpatienta encore une dizaine de minutes avant de prendre sa décision. Elle avait compté sur la lumière pour dissiper cette douleur qui logeait dans sa poitrine depuis le matin et remontait maintenant dans sa gorge, une boule oppressante dont elle connaissait bien le nom: tristesse. Pour avoir déjà éprouvé cet état, elle savait qu'elle ne pourrait pas lutter et qu'attendre ne ferait qu'aggraver le mal. Alors, oui, elle irait voir sa consoleuse, et tant pis si on était seulement en octobre et que c'était trop tôt dans l'année."
Comment dit-on déjà dans les films? Vous savez le rapport avec la réalité qui serait fortuit... Au train où nous allons, si nous continuons à nous laisser souffler dans les bronches -je rends à Toc-Toc sa suffocante expression- nous aurons bientôt une locomotive d'avance sur les romans d'anticipation.
20:34 Publié dans ROMAN | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : vincennes, la déclaration, combat d'hiver, gemma malley, mourlevat | Facebook |
jeudi, 12 juin 2008
CRAPAUD ET OGRESSE
Quelle saison était-ce donc hier soir? 23h, sortie de cinéma, le jour n'a pas envie de remballer si tôt et il persiste encore quelques instants. On en oublierait presque d'allumer les phares au moment de reprendre la route. Quelques minutes avant, c'était encore -déjà- l'hiver, quelque part entre le 23 décembre et le 1er janvier.
Conte de Noël...
Le corps, plusieurs jours, a rechigné à aller voir un tel titre et l'été qui est à portée d'ongles. Il se doutait bien -Rois et reines- que ce ne serait pas Il était une fois et Ils eurent beaucoup d'enfants et vécurent heureux. Qu'a donc lu Desplechin avant de tourner son dernier film? On veut bien croire qu'il y eut un roman La greffe mais alors juste pour la genèse car toujours ce qui se trame et se détrame dans cette épopée en huis clos, ce sont les mythes, premières expirations littéraires -tout s'y joue en condensé concentré de la violence de la condition humaine- et Desplechin n'en finit pas d'y revenir. La mémoire s'épuise à tirer tous les fils, on croit pouvoir se poser sur une strate et déjà une autre se découvre. En une version courte, faux semblant du conte, cela donnerait:
Il était une fois Abel et Junon qui eurent quatre enfants: Joseph, mort à six ans faute d'une greffe de moëlle, Elisabeth la seconde, promue donc au rang d'aînée très jeune, Henri conçu parce qu'on espèrait que sa moëlle serait compatible et Yvan, fragile et optimiste benjamin.
Mais les cartes sont brouillées et les dés pipés. Abel, drôle de patriarche hilare devant sa face de crapaud -cacherait-elle un prince?- n'a pas de Cain. Par contre entre l'aînée -telle une Antigone qui n'en finit pas d'enterrer son frère mort- et le cadet se joue une guerre fratricide où faute de tuer on bannit. Et puis, il y a la mère et le rejet de ce fils inutile, Henri. L'on pense à Junon et sa haine pour cet enfant de Jupiter qui n'est pas le sien, Hercule. D'ailleurs Henri se plaît à s'imaginer le fruit d'amours extraconjugales. Hercule meurt brûlé par la tunique enduite du sang du centaure Nessos. Dans Conte de Noël, Junon risque de mourir brûlée de l'intérieur si son corps rejette le don de moëlle d'Henri. Elle aussi est atteinte d'une leucémie et pour se sauver l'ogresse est prête, en une dévoration symbolique du fils haï, à reprendre ce qu'elle a mis au monde.
Conte de Noël au printemps, la neige a la chaleur de la plume échappée lorsque violemment l'oreiller se répand.
16:12 Publié dans CONTES ET MYTHES, FILM | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : desplechin, conte de noël | Facebook |
mardi, 03 juin 2008
TRANSPORTS
Illustration Maurice Pommier pour la Droguerie marine
Mon fils a dégoté au fond d'un carton une vieille édition de L'île au trésor; de celles à la couverture verte tendant sur le jaunâtre, à l'odeur tenace de renfermé que prenait toute chose qui avait séjourné un peu plus d'une semaine dans la cabane au fond du jardin landais de mes grands-parents. Il a d'abord fait sit down -je lui ai fait réviser ses verbes anglais ce matin- dans le hamac, puis aussitôt stand up et re-sit down sur un tabouret à côté de moi.
- Je sens que ce truc c’est super, mais je vais te le lire à haute voix. J’entendrai mieux l’histoire. Stevenson, il utilise une langue morte et c’est pas facile tout seul dans sa tête.
- Can you repeat please ?
La mère du petit gars a sitdowné à son tour.
- Langue morte… un peu comme le grec et le latin, tu veux dire ?
Il faudra que je lui redise que ce sont des langues-racines, de celles qui n’ont pas fini de nous porter, de nous transporter.
Le petit gars venait de faire l’expérience de la langue littéraire qui ne se laisse pas avoir du premier coup, qui résiste encore et encore. Il venait de faire l’expérience de ces œuvres qui vous transportent longtemps après les avoir lues.
15:49 Publié dans ROMAN | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : stevenson, maurice pommier, ours gris, droguerie marine, l'île au trésor | Facebook |