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dimanche, 24 juillet 2011

LA BALLADE DE SEAN HOPPER

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Ai achevé ce matin La ballade de Sean Hopper de Martine Pouchain. Situé à la frontière des territoires d’Irving et Faulkner. Et puis toujours ce personnage essentiel au roman: l’enfant sans parents. Ici Bud, rapport à sa mère sans instinct maternel, juste une grand-mère indienne qui ne dit plus mots, Rê son corbeau et les branches du châtaignier : y voir sans être vu, ou presque, Sean Hooper, la terreur de la région, sur sa terrasse. Bud, le narrateur omniscient mais pas passse-murailles, promis il nous expliquera comment il fait pour tout savoir mais pour l’instant merci de suivre l’histoire. Et Sean, le taciturne, qui en viendra lui aussi aux mots lorsque les mains seront devenues inutiles, dire la fêlure et les craquelures. Quelle émotion à lire le chemin de traverse de cet homme –acheveur de bovins- qui accepte de se réconcilier avec la vie et de la regarder droit dans les yeux, après s'être perdu tant de fois dans la pupille d’une vache affolée.

mercredi, 06 juillet 2011

FACE DE PILE

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C’est drôle un blog qui commence à empiler les années : des strates s’y dessinent –me suis amusée à revenir sur les billets des étés précédents- et le début des grandes vacances rime avec le comité de pré-sélection du prix Dévoreurs de livres.

Je suis revenue, donc, du dit comité, avec cette pile et la certitude de ce que je lirai cet été : ceux étiquetés sur la tranche, ceux-là pourront lester le fond de mon sac à dos lors de mes périples bretons et ceux ni couverts ni ouverts encore, ceux-ci, faudra les lire avec emprunt, ne pas les délaisser sur la pelouse le temps d’une sieste, ne pas écorner la couverture.

Par où commencerai-je ? Quelle logique choisir ? Du plus mince au pavé ou inversement ? Du haut de la pile à sa fondation ? De la tranche la plus vive à la plus terne ? De celui dont le résumé me tente le moins à celui dont je pressens qu’il sera sélectionné en septembre? A ce jeu-là, j’avais failli louper le prix de cette année Métal mélodie

dimanche, 26 juin 2011

CHEMINS DE TRAVERSE

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Parce que je déteste les fins d’année scolaire ou civile...

Une année s’achève, cela en fait seize au compteur comme autant de strates qui viennent se superposer. Je pourrais, là, les décliner toutes, en un éphéméride exact, entonner l’incantation qui les ramènerait au grand jour. Sur chacune d’entre elles, des visages de gamins qui l’espace d’une année auront traversé mon chemin et moi le leur. En chacune d’elle, ce désir, quand la dernière heure achève son tour de cadran, d’avoir placé en eux cette nécessité de la lecture et de l’écriture pour  être au monde autrement.
Qu'ils osent ne pas être des presque vivants et ne pas chercher à enterrer des ombres,
Qu'ils osent préférer les nœuds marins au mètre étalon
Et acheter une douzaine d’œufs moins deux si cela leur chante,
Qu'ils osent rester sur la route avec cette certitude que ce qui est en mouvement sera toujours meilleur malgré tous les dangers que  ce qui est immobile et promis à la décomposition.

A mes étonnants voyageurs, bonne route…

dimanche, 19 juin 2011

ETONNANTS VOYAGEURS (2)

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La dent enragée de ce matin m’apporte la capacité du silence. La peau aime, au-delà du nerf exacerbé, cette possibilité de se retrouver. Au bout de mes doigts vers le clavier, d’étonnants voyageurs demandent le passage, ils se disent de ceux qui dans un salon de poètes sous lambris se mettraient bien à péter. Dimanche, ils étaient au rendez-vous, salle Maupertuis, point de decorum en ce lieu-là. Il y eut la verve de Jean-Pierre Verheggen, tout nourri de sentences comme le Japonais l'est d'haïkaï. Il s'est bal(l)adé, hilare entre le subconscient et le sud qu'on sent. A tel point qu'il devient difficile de retranscrire ses propos, ça vire et ça volte-face à tout bout de chant -voilà que je m'y mets aussi! Et les mots qui rapent de Rouda, caché à l'ombre des brindilles et les rêves dans la tête d'Amkoullel l'Enfant Peul qui demain existeront ailleurs. Ce jour-là, mots et rêves se sont accordés à la guitare d'Elie Guillou "qui vaut ce qu'il veut et qui prend la place qu'il se donne."

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Ils étaient tous alignés, salle Maupertuis. Et à l'ultime extrémité de cette brochette poétique, Jean-Pierre Siméon. Son nom ne vous dit peut-être rien mais il a rendu vos printemps poétiques...

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J'ai mastiqué de toutes mes dents -alors je le pouvais encore!-, avec délectation sa "parole debout", dissonnante au milieu du grand bavardage universel, sa volonté d'affranchir la langue en un bras d'honneur à tous les asservissements...




mardi, 14 juin 2011

ETONNANTS VOYAGEURS (1)

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Blottie dans l'entre-deux d'un retour du festival Etonnants Voyageurs à St Malo et de la reprise des cours, je cherche à m'assurer que tout le vu, l'entendu, l'écouté, le tressailli, le tremblé, l'effleuré, l'indicible, l'impensable pendant ces trois jours ne s'est pas dispersé sur le chemin du retour. Déjà ma peau laisse filer de ses sillons les traces des trois tampons EV, reçus chaque matin à l'entrée du Grand Large. La douche de tout à l'heure finira l'ouvrage des embruns d'hier.
Ce matin,  mes plis et mes replis sont emplis de fragments comme autant de forces de tremblement.  Un capitaine, sur le fleuve Congo, qui attend que le moteur de son rafiot, surchargé d'hommes en partance, obtempère. Les murs d'Ernest Pignon-Ernest. Une montée vers la montagne Kaïlash en un chemin où la semelle salue la pierre. Des nuages apportant la nuit. Le bras d'honneur des poètes à l'aspiration au Même, à la rapine de la terre et au Tout unitaire et les cris de c'est assez de Jean-Pierre Verheggen...

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Rouda et Amkoullel l'enfant peul


mardi, 31 mai 2011

EN DROIT

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Fresque, Paestum

Hier soir, je n'ai pas voulu, pour rentrer, la route qui allait droit devant, de celles qui traversent le paysage sans questionnement. J'ai pris la mal-entretenue, à droite sous le pont, de celles qu'on monte obligatoirement en première. Là-haut, quand le coeur ne sait plus être régulier,  je retrouve l'ondulation des champs et l'insouciance des chevaux. Ai repensé alors au cahier gris de Nicolas Bouvier...

Dites donc! cet endroit m'a l'air fait avec des restes
avec les chutes d'autres paysages mieux foutus
mais ce qu'il a pour lui
ce qui me touche
ce qu'aucune indiscrétion ne pourrait lui prendre
c'est ce solide habit normand de l'herbe
et là-dessus ces chevaux noirs
qui me font "oui" éperdument avec la tête
tout pleins d'espoir et de projets
(...)
quand le coeur me manque
ces chevaux noirs, je les regarde
ancrés dans les prés comme de lourds navires
leur chevalinité m'est un bienfait.
Oshiamambe, 1905

 

jeudi, 26 mai 2011

ABANDON

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Ce soir, déferlante de rafales. Affalée dans la coque du hamac, je me laisse ballotter. L'olivier, le cerisier, tout ce qui ces dernières années a gagné en hauteur, plient. Ils auront l'audace du roseau. Seul reste inébranlable le poteau électrique et au dessus le ciel chargé: une fois encore il ne s'abandonnera pas en pluie.

Quelques mots venus lors d'un moment de répit, rare ces derniers temps, juste ce qu'il faut d'espace pour faire un aller-retour sur mes îles.

mercredi, 20 avril 2011

LE COEUR REGULIER

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Le coeur régulier. Ma lecture atttendait la rencontre de ces deux mots, espérait percer le titre comme une intrigue. Coeur régulier: un coeur sans encombres, un coeur qui n'en finit pas de reproduire le même rythme, faute de troubles?
Pourtant c'est au-dessus d'une faille que ce roman s'ouvre, de celles qui font que justement le récit est possible, de celles nées d'un séisme: au bord, le coeur ne peut rester endormi, faire comme si les renoncements et les trahisons étaient partie prenante de la vie.
Pour Sarah, la faille, c'est la mort du frère.
D'un côté, une vie de femme et mère, à peine étonnée par un devenir inéluctable. Une vie de cadre qui ne réussit plus à être dynamique, que laisse insensible un stage de motivation bruyant et vain sur la côte bretonne. La nuit venue, elle remonte le couloir de l'hôtel, l'oreille plaquée sur des portes fermées.
De l'autre côté, diptyque parfaitement réglé,la falaise japonaise: étonnant finistère où viennent se jeter des hommes et femmes au bout du rouleau. Ultime rivage où Sarah remonte les traces d'un frère qui avait trouvé là, avait-il dit, la paix.
Là, se tient aussi Natsume Dombori, extraordinaire personnage qui, nuit après nuit, défait ce que l'Ankou tentait d'amorcer. S'il est un coeur régulier, c'est bien le sien: "un lac immense et calme se déploie à l'intérieur de lui, des étendues fluides lumineuses et souples". Personnage de passage qui permettra à Sarah de rejoindre l'autre bord de la faille, attentive aux battements de son coeur.


samedi, 16 avril 2011

CE QU'AIMER VEUT DIRE

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Tombe du plongeur, Paestum


Vendredi 15 avril
Qu’as-tu fait de tes frères ?
, Claude Arnaud, Grasset

Pour avoir trouvé du Caïn et Abel dans le précédent titre sélectionné pour le prix Inter, il me semblait justifié de continuer par celui-là. Je ne saurai jamais si l’auteur finit par répondre à cette interrogation et peu m’en chaut. Une écriture gonflée de ses propres béances, un univers familial étriqué, trois frères mais pas de plat de lentilles…

 

Samedi 16 avril
Ce qu’aimer veut dire
, Mathieu Lindon, P.O.L

« Les êtres qui méritaient qu’on leur rendent hommage, je les avais connus mieux que ceux qui leur rendaient hommage et ça faisait des années que, de toute mon affection et de leur vivant, je leur rendais hommage à ma façon, sans attendre une occasion sinistre. »

Tout ce récit pourrait se condenser, se resserrer autour du mot « hommage », au sens premier du terme. Rendre hommage, c’est accepter de devenir l’homme de quelqu’un, de devenir homme par quelqu’un, serais-je tentée de dire. Deux figures tutélaires : le père Jérôme –Lindon- et l’ami Michel –Foucault-. Un lieu : l’appartement rue de Vaugirard et son fauteuil tout au fond avec sa cohorte de LSD sur un air de Malher.  

Je ne suis pas sûre à l’issue de ce récit d’être capable de dire ce qu’aimer veut dire pour Mathieu lindon. Lui-même le dit-il qui clôt la dernière page par la sinistre blague carambar du maître qui face aux ossements de son chien, regrette que ce dernier ne puisse s’en régaler?

Le récit est à la fois puéril, fier d’être habité par ceux-là qui font la une de Libération à leur mort, je rajouterai à la liste Sam -uel Beckett- et Hervé -Guibert-, mais nous laisse à la porte : on n’y était pas convié et on regrette d’avoir voulu le croire.

Dimanche 17 avril
Revenir sur ce que j'ai écrit hier. Tenter d'affiner un verdict trop rapide. Que resterait-il de Ce qu'aimer veut dire si le récit n'était traversé que d'une cohorte d'anonymes? Est-ce cela qui dérange tant: que son auteur prône lui-même cet anonymat de pacotille en n'offrant à la lecture que des prénoms grossièrement amputés de leur nom? Ce n'est pas à la porte que le lecteur reste. mais l'oeil dans le trou de la serrure.

samedi, 09 avril 2011

TRACES

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J'écris pour me parcourir
Henri Michaux

Et cela fait sillon, pli, repli, hiatus, vague, impression, rigole, gondole sur ma peau...

 

mardi, 05 avril 2011

Enlèvement avec rançon

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Le prix inter, c’est reparti ! Cette fois-ci je m’y tiendrai. Laisser sur mes îles des traces de lecture des dix romans sélectionnés !

Comme chaque année, je suis allée rafler à la médiathèque les titres disponibles et réserver tous ceux qui étaient déjà empruntés. Revenue avec le roman de Ravey et celui de Mathieu Lindon.

 

Enlèvement avec rançon, Yves Ravey, Les éditions de Minuit


La phrase est brève, hachée, faussement simple, sans cesse recommencée. Le scénario semble contenu dans le titre Enlèvement avec rançon. Et reviennent à la mémoire quelques romans noirs.

Pourtant tout se joue ailleurs, on en est sûr : Max et Jerry. Deux frères. L’un, Max, fidèle et encombré de sa fidélité : les fleurs déposées sur la tombe du père, la mère coupée de sa mémoire dont il prend soin en pointillés obligés, les vingt-deux ans passés comme comptable dans une entreprise d’emboutissage. L’autre, Jerry, que rien ne semble rattacher à rien : revenu de l’autre côté de la frontière après des années passées en Afghanistan, dans sa poche, une arme israélienne et son assurance arrogante.
Max et Jerry, donc, comme il y eut Caïn et Abel. Et l’on attend le fratricide inévitable avec pour toile de fond l’enlèvement de Samantha, la fille de Salomon Pourcelot, le patron de Max. On se félicite même d’être un lecteur aguerri quand cela arrive enfin.
Force est alors de reconnaître qu’aveuglé de notre arrogance assurée, il faut reprendre la lecture à la première page et retrouver tout ce que nous n’avions su voir…

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mercredi, 16 mars 2011

LA TERRIENNE

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Terrienne, Jean-Claude Mourlevat, Gallimard

 

Quand on lit le dernier roman de Mourlevat, on se surprend à l’aimer, la terre, malgré tout, malgré ses tsunamis, malgré ses centrales nucléaires qui risquent de flancher à tout moment, malgré l’air qui menace de devenir irrespirable.

Quand on a lu Terrienne, on ne transpire plus, on ne respire plus de la même façon: cela ne se peut plus. Cela fait un bruit particulier à chaque passage, inspiration-expiration-inspiration. L’on veut réessayer tout de suite, sans attendre, pour s’assurer que cela continue. On a envie de tester les larmes au plus vite, pour s’assurer qu’elles sont bien là, en réserve, et les rires…

Etonnant roman qui voudrait nous faire croire que nous sommes loin du Combat d’hiver. Cela commence sur la départementale 8 entre Saint-Etienne et Montbrison : la route d’Etienne Virgil, 71 ans, auteur au bout du rouleau littéraire, croise celle d’Anne Collodi, 17 ans. L’un prend l’autre en stop. L’un a dans son portefeuille la photo de la femme aimée qui ne reviendra plus, l’autre tient dans sa main un scarabée vert, symbole de l’éternel retour. Tout les oppose trop pour ne pas continuer la route ensemble, de l’autre côté, là où faute de rire on cliquète : elle pour y trouver sa sœur, lui  pour l'aider mais aussi « pour voir l’autre côté du réel dont (il) parle dans (ses) livres. » Tout nous attache à ce couple hétéroclite.

Aussi, Monsieur Mourlevat, si vous passiez par là, je tiens à protester au nom de la sacro-sainte communauté de vos lecteurs. Comment avez-vous  donc pu penser l’impensable dans le chapitre Mangiate ? Comment vous êtes donc vous laissé séduire par cette idée qui passait par là ? On vous sent mal à l’aise, vous déclinez presque toute responsabilité : « je suppose qu’il se passerait quelque chose d’inattendu, quelque chose que personne n’aurait pu prévoir : ni les deux héros, ni le lecteur ni même l’auteur ». Et pourtant l'irréparable est là; on se prend à espérer que c'est pour de faux. Vous ne revenez pas sur votre geste, si ce n'est avec le titre du dernier roman d'Etienne Virgil, Le saut de l'ange.

P.S.: une telle révolte est sans aucun doute à la hauteur du plaisir que l'on a à lire votre roman...

 

samedi, 26 février 2011

BASTE!

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Elle s'était fait tout un univers du Musée du Quai Branly. Elle espérait trouver des invitations au voyage dans chaque recoin. Je m'étais engagée à l'y emmener, en ce musée des colonisateurs. Elle marchait lentement, s'arrêtait pour allumer une cigarette dont elle ne connaîtrait jamais le mégot, et son pas faussement contenu cachait mal son impatience.
La façade de verdure faisait mine triste, hésitant entre feuilles desséchées et pourriture. Deux jardiniers tentaient de redonner au lieu un semblant d'apparat, le bambou rivalisait avec le bambou en cette morne saison sans fin.
Le seuil fut vite passé, peu de monde aux guichets. La rampe d'accès aux salles d'expositions dégoulinait de mots de peuples, de contrées, de rites et rituels, sur une idée sans doute hautement réfléchie et artistique de Sandison. Le saccage commençait là: nous piétinions cela même que nous allions admirer, clouté, cloué, suspendu en des vitrines sans âme. Des scolaires sages et ébahis écoutaient une guide leur dévoiler les mystères d'un masque à doubles porteurs, normalement brûlé après la cérémonie.  Un doigt se lève: que faisait-il là le masque alors?
Au fil des galeries, cette certitude: les Européens se sont damnés pour des siècles pour avoir ainsi enfermé et exposé ce qui ne se montrait que dans le secret de rituels au creux du monde.

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Queequeg, Rockwell Kent

J'en étais là de mes sombres pensées quand a surgi le rejeton du Queequeg de Moby Dick: le corps tatoué de la tête aux pieds et vêtu d'un kilt, berçant une poussette tout en s'adressant à un gardien en un anglais qui trahissait que ce n'était pas là sa langue maternelle. Qu'avait-il donc écrit dans les plis et les replis de sa peau que nulle guide ne serait à même de commenter sur un ton pédago-sentencieux? Magnifique apparition qui à elle seule apaisait tout le reste...

quai branly,queequeg,moby dick,sandison
Queequeg,Maurice Pommier

 



samedi, 29 janvier 2011

NOCTAMBULE

 

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Ce proverbe turc, alors que je devisais avec mon frangin et avec plus de colère que de sagesse sur tout ce qui me rend grommeleuse en ce moment: "Les nuits sont enceintes et nul ne sait ce qui en naîtra"...

 

mercredi, 12 janvier 2011

INTERROGATION (2)

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Les habitants de la rue des masures qui avaient plus de la cinquantaine ont-ils été délogés?

lundi, 03 janvier 2011

INTERROGATION

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Débarrassé du magma d'empreintes qui l'entachait, l'écran de mon ordinateur peut accueillir les voeux de l'Ours...

 

samedi, 01 janvier 2011

RESOLUTIONS

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Fragment de la Dive Bacbuc, Gérard Garouste

Résolution: lat.resolutio, dissolution, désagrégation.


La désagrégation de quelles scories convoitons-nous en entamant la longue litanie des résolutions de la nouvelle année ?
Reflet perdu dans un chaos d'empreintes digitales, nettoyer l'écran de mon ordinateur.

Que résolvons-nous ?
Changer le calendrier dans les toilettes "une année au musée", les 365 tableaux ont tous tourné quinze fois.
Ouvrir une page sur fesse de bouc pour fêter le solstice d’hiver et que Noël passe à la trappe.
La solution de quel problème voudrions-nous trouver?
Vivre pleinement 12x30 jours +5jours, combien de temps cela fait-il ?

La ficelle de quel embrouillamini espérons-nous dénouer?
Battre le pavé régulièrement
Renouveler la précédente en 2012 au moins pour quatre mois
.

 

dimanche, 26 décembre 2010

J+5

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Je pensais que tout était emballé et joué. Le 21 décembre avait vu mon billet Solstice posté. D'une pierre deux coups, j'y avais même inscrit mes voeux. Je pouvais donc bacchantiser loin de mes îles avec ce sentiment du devoir accompli.
Avant hier, tous les morveux de la biquetterie avaient rejoint leur père -il m'arrive de trouver que la garde alternée a du bon. J'étais donc dispensée cette année de l'incontournable sapin qui se répand en boules et en aiguilles. Pas la peine de négocier dès le lendemain pour enlever le dit arbre.
Hier, je m'étonnais encore une fois que l'humanité fêtât le solstice  avec quatre jours de retard. Qu'à cela ne tienne, randonnnée à la côte de deux amants,  puis duo sur plateau-grignotte devant Les vies privées de Pippa Lee.
Aujourd'hui, les bonnes résolutions sont venues s'échouer sur le dernier coin à gauche de midi: les Papous dans la tête sur France Culture. De retour donc sur mes îles pour vous engager à aller écouter au moins les cinq premières minutes déroulées par un Jean-Bernard Pouy -faussement?- désabusé.
Sur ce, je m'en retourne vers d'autres rives où ne parvient pas tout le tohu-bohu de ce branle bas de combat dérisoire.

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mardi, 21 décembre 2010

SOLSTICE


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A l'Ours qui doutait que cela fût encore possible...

Nous y voici donc et la neige est en fleurs.

La dame météo va rentrer son attirail de mauvais augures et trouver d'autres joies que celles de réduire les jours. Malgré toutes les apparences, la courbe n'était pas inexorable. Sol sistere, le soleil, condensé par le froid, s'est figé, aux arrêts, déjà aux aguets.
21/12: à quel axe de symétrie cette date répond-elle? A la fois seuil de l'hiver et préliminaire de jours qui vont s'étendre sur le fil à linge et sur le sujet.
Dans cet interstice, je me glisse pour vous chuchoter deux voeux: que cette année vous apporte ce que vous voudrez bien y mettre et laissez-vous surprendre par tout le reste.

 

lundi, 20 décembre 2010

J-1

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Montée, ce matin, vers le panorama des côteaux de Seine, comme d'autres montent au septième ciel.
Entrelacs de branches entrecoupés d'entrevous glacés. La jambe s'enfonce jusqu'à hauteur de la cuisse, étonnée de ne plus rencontrer le chemin foulé tant et tant de fois. En haut, les repères ne sont plus, l'espace s'est calfeutré. Le  panorama n'a d'autre existence que sa désignation.

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Il ne reste plus qu'à rejoindre les lacis en contrebas avec leurs bonhommes de neige, stéréotypés, poireautés et carottés. On se prend à espérer d'autres formes échappées d'une imagination moins commune.
Et puis, dans la dernière ondulation du sentier, ceci, une certaine origine du monde...

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J-1: Plus que quelques heures, vingt-quatre peut-être...


mardi, 07 décembre 2010

OuLiPo!!!!!!!!

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Fragment de La dive bacbuc, Garouste

 

Disparition ? Ah non alors!
L’OuLiPo a son anniv’, quinqua donc !
Contraints, soufflons d’un pffuit un flambô par an puis ouvrons la radio .

lundi, 29 novembre 2010

LA NUIT, JE MENS

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Fil des étoiles

Entremêlé aux herbes

La nuit je mens -

 

Pourquoi me gênerai-je

Puisqu’automne se veut hiver ?

 

Sur une proposition des Impromptus...

 

 

 

mardi, 23 novembre 2010

OU PEUT-ÊTRE UNE NUIT?

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Pour que ce texte émerge, un jour ou peut-être une nuit, Les Impromptus littéraires en ont imaginé la contrainte...

Un matin - mais était-ce un matin -, il fallut bien se rendre à l'évidence : le temps avait bel et bien disparu.  Cela le laissa perplexe non pas qu’il se souciât le moins du monde du devenir de ses congénères, pétrifiés dans l’éternité.

Le soir – puisqu’ il fallait bien nommer le moment d’après, pourtant séparé en rien du précédent, collé à lui en un chaos originel- il dut se rendre à l’évidence : persévérer dans ce qui avait été sa devise, sa raison de vivre était désormais dénué de sens. Carpe diem… quel intérêt y avait-il à cueillir un jour qui ne risquait plus de se détacher de sa branche?

Soudain –mais allez savoir, cela ne se passa peut-être pas aussi rapidement que le mot voudrait vous le faire croire- il eut la nostalgie des lendemains, y compris de ceux qui déchantent.

 

samedi, 13 novembre 2010

PARLE-LEUR DE BATAILLES, DE ROIS ET D'ELEPHANTS

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Pour que le XVIème siècle soit placé sous l'égide de la Renaissance, qu'a-t-il fallu mettre à mort au préalable? Qu'est-ce qui a fait sursaut dans cet entre-deux, dans ce passage d'une rive à l'autre? Anodine question qui s'extirpe de ma poche au fil de mes déambulations.
Devant la Dive Bacbuc de Garouste,oeuvre circulaire déployée aux rires de Rabelais.
A la lecture du dernier roman de Mathias Enard, Parle-leur de batailles, de rois et d'éléphants.
Pas de batailles, de rois ou d'éléphants, juste quelques lignes dans le carnet de Michel-Ange,faille suffisamment entr'ouverte pour faire récit. Le voyage donc à Constantinople de l'Homme de la Renaissance. Attiré par une commande du Sultan, invité à dessiner un pont entre deux mondes, au-dessus de la Corne d'Or. Pour surpasser Léonard de Vinci ou pour renaître ailleurs?
"Tu n'es pas venu jusqu'ici pour me connaître, tu es venu pour construire un pont, pour l'argent, pour Dieu sait quelle autre raison et tu repartiras   identique, inchangé, vers ton destin. (...) Chaque jour te pousse  vers le suivant sans que tu ne saches l'habiter vraiment"
Plus à l'aise pour tendre un pont que les bras, Michel-Ange s'en reviendra traversé de désirs inaccomplis.
"D'Istanbul, il lui reste une vague lumière, une douceur subtile mêlée d'amertume, une musique lointaine, des formes douces, des plaisirs rouillés par le temps, la douleur de la violence, de la perte: l'abandon des mains que la vie n'a pas laissé prendre, des visages qu'on ne caressera plus, des ponts qu'on n'a pas encore tendus".

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mercredi, 03 novembre 2010

SUKKWAN ISLAND (2)

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C'est donc lui qui vient de décrocher le prix Médicis étranger 2010... J'en avais parlé par là. Une certitude ce soir, c'est que, dans plusieurs demains, des scènes de ce roman seront encore poinçonnées dans ma mémoire; malgré moi.

 

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mardi, 26 octobre 2010

ROUGE BALA

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Cécile Roumiguière et Justine Brax
Edition Milan

A Hannah...

Je l'ai trouvé dans ma boîte, ce soir en rentrant. Il avait dû s'écorner un peu pour y trouver place. Rouge Bala, je l'ai ouvert tout de suite remettant à plus tard les parties d'échec avec le frangin -de toute façon c'est plus souvent échec que mat pour moi. Je l'ai ouvert, touchée par la dédicace de Cécile Roumiguière. Depuis que j'ai parlé sur mes îles de Pablo de la Courneuve, elle continue de tisser le lien.
Bala à la frontière de l'enfance, Bala qui ne veut pas être marquée trop vite du bindi rouge de la femme mariée, Bala qui demande à choisir sa voie, rouge Bala.
Cécile Roumiguière fait partie de ces auteurs placés à la frontière, de celle que les ados franchissent le coeur à vif et le regard fier, voudraient être vite de l'autre côté et pourtant un bout de semelle renâcle au creux de leurs certitudes. A côté d'elle, je place Maryvonne Rippert. Pas étonnant que ces deux-là se soient retrouvées dans l'écriture à huit mains de Blue cerises. C'est ce que je me disais ce matin, coupée de tous, sous  la couette, en lisant la saison 1 in extenso ou presque puisqu'Amos est introuvable ...
Heureuse que l'auteur de Métal mélodie ait rencontré une poignée de mes collégiens le week-end dernier au salon du livre de littérature jeunesse d'Evreux. C'est une chose d'être passeuse de frontières mais quand en plus les mots sonnent juste où il faut, ils franchissent la ligne moins écornés.

 

 

 

vendredi, 22 octobre 2010

JE DÉCHIRERAI LES RIRES BANANIA SUR TOUS LES MURS DE FRANCE

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Tant que des emparfumeurs débagouleront sur des plateaux de télévision dans le silence général ou presque, je mettrai au seuil de mes îles, ce poème...

Poème liminaire

Vous Tirailleurs Sénégalais, mes frères noirs à la main chaude sous la glace et la mort
Qui pourra vous chanter si ce n'est votre frère d'armes, votre frère de sang?

Je ne laisserai pas la parole aux ministres, et pas aux généraux
Je ne laisserai pas -non!- les louanges de mépris vous enterrer furtivement.
Vous n'êtes pas des pauvres aux poches vides sans honneur
Mais je déchirerai les rires banania sur  tous les murs de France.

Car les poètes chantaient les fleurs artificielles des nuits de Montparnasse
Ils chantaient la nonchalance des chalands sur les canaux de moire et de simarre
Ils chantaient le désespoir distingué des poètes tuberculeux
Car les poètes chantaient les rêves des clochards sous l'élégance des ponts blancs
Car les poètes chantaient les héros, et votre rire n'était pas sérieux, votre peau noire pas classique.

(...)

Léopold Sédar Senghor, Hosties noires

mercredi, 20 octobre 2010

LINGUA

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Pins peints (1)

Langue de bois ou des signes

Langue d’usage ou d’Oc

Langue de bœuf ou de chat

Langue de Dante ou de Rabelais

Langue de feu ou de terre

Vous arrive-t-il 

Sous couvert de lapsus

De vipérer ?

 

En réponse à la langue de vipère des impromptus littéraires...

 

 

mardi, 19 octobre 2010

REJETE

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Laurent Martin

"Si les meubles pouvaient parler, ils nous raconteraient sans doute des histoires d'Humain"
Nous dirait-il le lit que sur un sommier de fer et de briques, se prélasse toujours et encore le matelas?
Nous dirait-il que sous le pavé battu, la plage bruisse encore et toujours pour les parlementaires? Faut-il vous convaincre? Allez donc voir l'amendement n°249 rejeté par l'assemblée nationale.
Comme le dit Philippe Meyer dans sa chronique aujourd'hui muette sur France Culture: "que le ciel vous tienne en joie".

 

lundi, 18 octobre 2010

LAPSUS

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Kézive la ville mensonge (fragment)
Gérard Garouste, 2002

LAPSUS: du latin lapsus linguae, faux pas de la langue.
Est-ce à cause de l'étymologie du mot qu'ils lapsussent tous dans le même domaine en ce moment? Après la fellation de Rachida Dati, voici les empreintes génitales de Brice Hortefeux. Pour les images, c'est par ici.
A qui le tour?