dimanche, 21 août 2016
Rendez-vous avec un arbre
Août 2016
"Incantation de l'espace, décantation du texte" Nicolas Bouvier, Réflexion sur l'espace et l'écriture
Sur la route de Volterra, cet espace étonnamment vide. Après les rues gonflées de linges, les fenêtres dédoublées de reflets, les toits amarrés les uns aux autres, les champs striés d'oliviers, la plage sous les serviettes. Et avant les murs de Sienne couverts de fresques. Suffisamment déroutant pour sortir de la route et s'asseoir dans un champ à même le chaume.
Espace vide. Jusque dans les sillons arides. La saison des moissons est passée. Seul se dresse un arbre. J'ai l'impression de le connaître. De l'avoir déjà côtoyé ailleurs. Je recherche dans les zones encombrées de ma mémoire. Au dedans. Je ressors l'affiche de Le goût de la cerise d'Abbas Kiarostami et la photo d'un arbre prise par Nicolas Bouvier à Dunhuang. Au dehors. La lumière décline. Le jour exténué. La peau séchée de vent et de sel. Les rires de deux enfants japonais. Et mon regard qui ne peut se détacher.
Août 2016
13:39 Publié dans BAL(L)ADE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : toscane, volterra, arbre, nicolas bouvier | Facebook |
samedi, 03 novembre 2012
Aujourd'hui en bois.
217/366
"Pour les vagabonds de l'écriture, voyager, c'est retrouver par déracinement, disponibilité, risques, dénuement, l'accès à ces lieux privilégiés où les choses les plus humbles retrouvent leur existence plénière et souveraine."
Nicolas Bouvier
05:31 Publié dans 366 réels à prise rapide | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : 366 réels à prise rapide, nicolas bouvier | Facebook |
vendredi, 02 novembre 2012
Aujourd'hui pourquoi c'est compliqué.
216/366
"Si l'on comprenait tout, il est évident que l'on n'écrirait rien. On n'écrit pas sur : deux + deux = quatre. On écrit sur le malaise, sur les sentiments complexes qui naissent de : deux + deux = trois ou cinq. Ainsi le voyageur écrit pour mesurer une distance qu'il ne connait pas et n'a pas encore franchie."
Choniques japonaises, Nicolas Bouvier
05:27 Publié dans 366 réels à prise rapide | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : 366 réels à prise rapide, nicolas bouvier | Facebook |
jeudi, 01 novembre 2012
Aujourd'hui la terre.
215/366
"Sans cet apprentissage de l'état nomade, je n'aurais peut-être rien écrit. Si je l'ai fait, c'était pour sauver de l'oubli ce nuage laineux que j'avais vu haler son ombre sur un flanc de montagne, le chant ébouriffé d'un coq, un rai de soleil sur un samovar, une strophe égrenée par un derviche à l'ombre d'un camion en panne ou ce panache de fumée au dessus d'un volcan javanais."
L'usage du monde, Nicolas Bouvier
05:13 Publié dans 366 réels à prise rapide | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : 366 réels à prise rapide, nicolas bouvier, l'usage du monde | Facebook |
mercredi, 31 octobre 2012
Aujourd'hui métallique.
214/366
Aujourd'hui, je pars pour quelques jours m'enivrer de couleurs automnales en Suisse Normande. Sac au dos, chaussures de rando aux pieds. Le corps se donnera à nouveau aux chemins. J'abandonnerai ici la pile de romans en cours. Les lisières d'Olivier Adam. Les désarçonnés de Pascal Quignard. Les désorientés d'Amin Maalouf. Aucune fiction ne saurait s'accorder à ces espaces. Elles ne produiraient qu'un bruit métallique sur la roche. La seule écriture qui rende mon pas semblable à une caresse sur la terre est celle de Nicolas Bouvier. Je prends avec moi L'usage du monde et Route et déroute. J'attrape aussi sa correspondance avec Thierry Vernet.
Je laisse ici des fragments. Echos incertains aux contraintes à venir.
05:44 Publié dans 366 réels à prise rapide | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : 366 réels à prise rapide, nicolas bouvier | Facebook |
mardi, 08 novembre 2011
DEROUTE (2)
"Comme une eau, le monde vous traverse et pour un temps vous prête ses couleurs. Puis se retire, et vous replace devant ce vide qu'on porte en soi, devant cette espèce d'insuffisance centrale de l'âme qu'il faut bien apprendre à cotoyer, à combattre, et qui, paradoxalement, est peut-être notre moteur le plus sûr."
L'usage du monde, Nicolas Bouvier
Il a donc fallu quitter le GR pour de bon et se laisser dérouter, retour à la Biquetterie. Je n'aime pas ces jours qui suivent une longue randonnée: le corps est étonné de son immobilité, le regard tente de s'accrocher au paysage familier sans trouver d'aspérité et la main est orpheline de carte IGN. Sont-ce là les symptômes de "l'insuffisance centrale de l'âme"?
Je retrouve au pied de mon lit une pile de romans lus ces dernières semaines. Tous parlent de femmes en marche.
Le prix Médicis étranger: Une femme fuyant l'annonce de l'Israélien David Grossman et Ora qui, à coup de routes parcourues qui toujours l'éloignent plus de sa porte, pense pouvoir échapper au fatum, au destin qui lui annoncerait la mort de son fils parti pour une opération militaire au Liban. Ne surtout pas être là lorsque des messagers viendront frapper. Une fuite qui pourrait avoir la force d'une conjuration.
Des solidarités mystérieuses de Pascal Quignard et Claire, Marie-Claire ou Chara -c'est selon- qui foule la lande de terre bretonne jusqu'à l'usure, écorchement de corps sur granit pour un amour puis son souvenir.
Le prix Goncourt des lycéens: Du domaine des murmures de Carole Martinez et Esclarmonde qui choisit de vivre en déroute, comprenez emmurée, emmurmurée, pour regarder le monde et ses désirs derrière des barreaux.
Traversée littéraire comme une autre façon de faire usage du monde...
22:51 Publié dans BAL(L)ADE | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : l'usage du monde, nicolas bouvier, du domaine des murmures, carole martinez, une femme fuyant l'annonce, david grossman, des solidarités mystérieuses, pascal quignard, prix goncourt des lycéens, prix médicis étrangers | Facebook |
mardi, 01 novembre 2011
ROUTE... (1)
Cela s'appelle sans doute l'arrière-saison et la plante de pied ne désire qu'une chose: rejoindre la semelle et aller de l'avant. Des Rochers du Parc au Pain de Sucre en passant par la Roche d'Oëtre...Trois jours de randonnée en Suisse normande. Accepter de déchausser à la tombée de l'heure d'hiver, toujours trop tôt, on voudrait pousser plus loin, au-delà de l'obscurité. Tromper l'impatience du lendemain, se calfeutrer dans la prose d'un marcheur insatiable et lire Routes et déroutes de Nicolas Bouvier. S'endormir avec cette certitude que ses mots remonteront à la surface du sentier et diront l'indicible et l'ineffable offerts au regard lorsqu'à nouveau le pied retrouvera la semelle...
07:31 Publié dans BAL(L)ADE | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : nicolas bouvier, routes et déroutes, pain de sucre, suisse normande, roche d'oëtre | Facebook |
mardi, 31 mai 2011
EN DROIT
Fresque, Paestum
Hier soir, je n'ai pas voulu, pour rentrer, la route qui allait droit devant, de celles qui traversent le paysage sans questionnement. J'ai pris la mal-entretenue, à droite sous le pont, de celles qu'on monte obligatoirement en première. Là-haut, quand le coeur ne sait plus être régulier, je retrouve l'ondulation des champs et l'insouciance des chevaux. Ai repensé alors au cahier gris de Nicolas Bouvier...
Dites donc! cet endroit m'a l'air fait avec des restes
avec les chutes d'autres paysages mieux foutus
mais ce qu'il a pour lui
ce qui me touche
ce qu'aucune indiscrétion ne pourrait lui prendre
c'est ce solide habit normand de l'herbe
et là-dessus ces chevaux noirs
qui me font "oui" éperdument avec la tête
tout pleins d'espoir et de projets
(...)
quand le coeur me manque
ces chevaux noirs, je les regarde
ancrés dans les prés comme de lourds navires
leur chevalinité m'est un bienfait.
Oshiamambe, 1905
08:19 Publié dans ESPACES DES CRIS, MOTS ITINÉRANTS | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : nicolas bouvier, cahier gris | Facebook |