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dimanche, 03 septembre 2017

Dans l'entre deux

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Qui tu sais
Puy Mary, août 2017

Fenêtre ouverte sur le jardin les premières taches de rousseur
écran affichant mon cahier de texte
des cases qui se rempliront

plus tard au long des quarante quatre semaines à venir
pour l'heure je rembobine mes pensées
et les lacets des sentiers foulés cet été
GR 40 36 223 400
mis bout à bout on dirait un numéro de téléphone
à appeler en cas d'urgence les jours d'hiver sans lumière
un été à marcher
le regard qui porte loin devant
dans mon dos des fils s'entrelacent sur mon sac
comme autant de souvenirs du chemin parcouru
ensemble
un été à rencontrer des gens
qui n'ont pas laissé la vie les lasser
qui portent en eux des rêves si immenses
qu'ils ne risquent pas de les perdre de vue
un été à faire grandir les cairns
une pierre pour toi une pierre pour moi
un été que je garderai aimanté sur la porte de ma mémoire
quand demain je retrouverai
les murs fissurés de ma salle sous plafond amianté
pour essayer de faire naître dans le regard des gamins
qui chemineront avec moi cette année
des rêves si immenses
qu'ils ne risqueront pas de les perdre de vue


mercredi, 16 août 2017

Biffure 24

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Danse ortique
Moulin de Ségrie, août 2017

dans la vallée
maintenant
les terres
faisaient tourner
des sculpture de prés
ça devenaient des gens

Mots rescapés des biffures de la page 15 de Joseph de Marie-Hélène Lafon

mardi, 08 août 2017

La saveur du monde

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Sentier des granits, août 2017

Demain je reprends la route. Une nuit trois trains et un bus m'en séparent encore. A l'autre bout, ce sera le GR 223 de Les Pieux jusqu'à Cherbourg.  Ce soir, mon sac n'est pas fait. Tout au long de la journée, j'ai étalé dans mon bureau ce que j'ai prévu d'emporter : mon bol en bois, ta gourde, mon pantalon de rando, ton blouson de pluie, mon laguiole, ta lampe frontale, du pain noir, la tome entamée hier, des noix de cajou et des figues, ton duvet, un carnet et Marcher, éloge des chemins et de la lenteur.
J'aime l'impatience qui précède une longue marche. Je sais qu'elle me réveillera tôt demain matin. Qu'il fera peut-être même encore nuit. J'aurai bien le temps alors de remplir mon sac. C'est drôle que notre langue ne connaisse pas l'expression "remplir son sac" alors qu'elle a inventé "vider son sac".
Demain, quand mon sac sera plein, je trouverai encore un peu d'espace pour glisser  quelques instants partagés avec toi sur le GR 36, la semaine dernière. Il y aura celui-ci : nous venions d'arriver au gîte, tu te serais bien posée un peu mais déjà je t'entraînais sur le sentier des granits. L'une derrière l'autre, nous avons progressé dans les gorges de l'Orne. Le soleil était en train de retirer les derniers rayons du jour. Il m'arrivait d'avancer tout autant sur le chemin que dans mes pensées. Tu as vu que j'étais passée trop vite, que je n'avais pas remarqué. Tu as dis, tu as vu ? Quand tu marches, ton regard est aux aguets. Toujours. Sur la rive, des cairns. Veilleurs sur leur pierre plate, gardiens de la rivière. Equilibre improbable. Si tu n'avais pas été là, je ne me serais pas arrêtée, je n'aurais pas regroupé quelques galets sur une pierre laissée libre, je n'aurais pas élevé à mon tour un cairn. Un peu rectiligne, diras-tu. Plutôt élancé, rectifierai-je.

Demain, sur le GR 223, j'ouvrirai grand les yeux et les oreilles et laisserai la saveur du sentier se déposer sur mes lèvres.

 

dimanche, 04 novembre 2012

Aujourd'hui ça ne se passera pas comme ça.

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Je ne sais pas ce qui doit se passer aujourd'hui contre lequel je devrais lutter. Au point de lancer outrée la contrainte à la face du jour. Quand la première lueur percera l'obscurité, je partirai courir avec mon morveux. Il donnera la cadence et je le suivrai jusqu'à la zone de maraîchage des Hauts Prés. En suivant le chemin détrempé, nous accumulerons la boue sous la semelle. Je repenserai alors aux jours de marche en Suisse Normande. A la clémence du ciel qui inondait la terre toute la nuit et qui le matin venu saluait nos premiers pas par des bourrasques de vent et des nuages insensés. Du noir à l'orange. Sur ces chemins-là, j'ai vidé ma tête. Quelques pensées ont choisi les sillons de mes semelles. Soumises au rythme du pas, elles sont devenues fluides.
Je repenserai sans doute à cela tout à l'heure. Et aussi à ceci: l'abandon dans un champ au bord de l'Orne. Le corps rincé par la marche. S'endormir sous un soleil d'automne. Laisser la rivière emporter ses flots limoneux. Se réveiller parce qu'un bourdonnement est monté de la terre comme une caresse.
Oui, ce matin, ça se passera comme ça.

mardi, 01 novembre 2011

ROUTE... (1)

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Cela s'appelle sans doute l'arrière-saison et la plante de pied ne désire qu'une chose: rejoindre la semelle et aller de l'avant. Des Rochers du Parc au Pain de Sucre en passant par la Roche d'Oëtre...Trois jours de randonnée en Suisse normande. Accepter de déchausser à la tombée de l'heure d'hiver, toujours trop tôt, on voudrait pousser plus loin, au-delà de l'obscurité. Tromper l'impatience du lendemain, se calfeutrer dans la prose d'un marcheur insatiable et lire Routes et déroutes de Nicolas Bouvier. S'endormir avec cette certitude que ses mots remonteront à la surface du sentier et diront l'indicible et l'ineffable offerts au regard lorsqu'à nouveau le pied retrouvera la semelle...