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samedi, 31 octobre 2009

SAMAIN *

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11h54 TGV rdc iDzen pour Lyon
A ma gauche, un jeune homme hésite à ouvrir un volume de Barthes, le range finalement entre un parapluie et des filtres, déplie une feuille et annote un poème en anglais. C'est un taiseux, je ne saurai pas quelle est sa langue maternelle. Sa présence est agréable et s'accorde en plus au concept tégévien: iDzen, on ne cause pas, iDzap, on salue son voisin (sic).
Par la fenêtre, variant du jaune terne au jaune flamboyant, le paysage ne cesse de défiler, le ciel lui fait honneur par intermittence. Le regard cherche un point où se fixer.
De l'autre côté de l'allée, le tailleur prune overdosé de bijoux somnole comme on peut le faire dans un train, sans élégance. La mâchoire inférieure cède à l'attraction terrestre. Derrière la bouche, git une béance que jusque-là les couches de fond de teint prétendaient dissimuler si hasardeusement. Mis à nu, à mort pour quelques minutes d'inattention. Seul le choc d'un Tégévézenzap en sens inverse remet un peu d'ordre dans ce laissez-aller.
*Le 1er octobre novembre correspondait chez les Celtes à la fête de Samain, temps en suspension, passage de la lumière  à l'obscurité.

08:10 Publié dans MOTS ITINÉRANTS | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : samain, tgv |  Facebook |

jeudi, 29 octobre 2009

BON OU PAS BON

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11h24, terrasse d'un café, gare de Lyon.
La moitié d'une heure avant de monter dans un TGV.  Dans mon sac, Hôtel Hilton. Ce matin, je l'ai pris sans conviction. Comment l'accorder avec le fracas du paysage propulsé contre la vitre tout à l'heure? A l'intérieur du café, un homme est là, depuis longtemps à en juger par le nombre de feuillets répandus sur sa table. Son regard semble chercher par intermittence l'inspiration autour de lui. Nos regards se croisent, je connais ce visage, cheveu ras, carrure carré (sic) d'un homme entre deux âges. Connection google-images sur mon portable, recherche photos François Bon. Au cheveu frisé et aux lunettes rondes près, on y est presque. Pourquoi n'est-il pas encore possible de prendre quelqu'un en photo, de la balancer sur le net en une recherche google-nom? Je règle ma consommation, résignée à ne pas percer le mystère. L'amie qui  m'accompagne ne se décide pas si facilement à abandonner la partie. Elle veut nettoyer son coeur, elle part le lui demander.
Résultat: s'il griffonne autant de pages, c'est qu'il a des démêlés avec la justice. Rendez-vous est donné à cette même terrasse dès qu'il aura écrit son premier roman.
Joli scénario pour un François Bon qui aurait voulu passer incognito...

mercredi, 28 octobre 2009

DE VITA

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L'elixir de longue vie se dissimulerait-il dans la contemplation quotidienne de natures mortes?
Fleurs sur une cheminée aux Clayes, Vuillard, 1932

 

samedi, 24 octobre 2009

MORTES FEUILLES

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Les feuilles mortes, quand elles sont déjà de l’humus, as-tu essayé de les ramasser à la pelle ?

ou comment être iconocalaste avec la contrainte des Impromptus littéraires sur le poème de Prévert...

 

mercredi, 21 octobre 2009

BOUVARD ET PECUCHET

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Après une journée passée sur les ponts -de pierre ou d'Europe et je passe sous silence les averses soudaines et à répétition- l'envie me prend de vous parler de la lecture à haute voix entendue hier soir. J'aime bien dire "haute voix" et non "voix haute". Au-delà de toute idée reçue, on pressent le livre tourneboulé, mastiqué et fait sien.
Bouvard et Pécuchet, donc, lu par Patrick Pineau et Hervé Briaux. Ces deux-là étaient comme larrons en foire sur scène. Flaubert, ils s'en étaient déjà approchés l'année dernière avec la correspondance mais là il y avait de la jubilation dans leurs mains qui se frottaient avant de repartir le long des pages.
Je n'avais pas ouvert ce livre depuis les années fac, j'en avais oublié combien il était drôle. L'avais-je seulement perçu? Bouvard et Pécuchet ou comment épuiser deux vies en des chantiers toujours recommencés. Et puis le roman qui s'achève, inachevé et nos rires frustrés de devoir en rester là. Le mot de la fin, Pineau l'a placé dans la dernière phrase d'un roman lu le matin même, écrit à la hâte sur une feuille devenue moite depuis, peut-être comme un viaduc à ce qui précédait:
"On peut tout te prendre; tes biens, tes plus belles années, l'ensemble de tes joies, et l'ensemble de tes mérites, jusqu'à ta dernière chemise -il te restera toujours tes rêves pour réinventer le monde que l'on t'a confisqué."
L'attentat, Yasmina Khadra

dimanche, 18 octobre 2009

BA-BOUCHE

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Comment est-ce possible, vous ne le savez pas encore? La boîte à images -haut lieu de môôôsieur KA- ouvre sa saison 2!!!!!!!!!! Et pour son premier épisode, on s'y adonne à un sensuel bouche à bouche qui nous ferait presqu'oublier qu'il existe d'autres contraintes dans une journée que celle de regarder des tableaux pour trouver les dix énigmatiques morceaux de puzzle.
Déposez juste vos babouches à l'entrée...

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Je le connais ce visage simiesque, ça m'énerve...

 

 

 

 

 

lundi, 12 octobre 2009

RÉFECTOIRE

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Réfectoire: bas lat. refectorius "qui refait"

Pourtant mon pas était programmé sur la fonction cerveau reptilien. Le réfectoire à traverser, puis la cour. Choisir le rayon de soleil le moins froid. Le tout machinalement, inconsciemment. Enfin pouvoir fumer ma clope que j'aurais dissimulée jusque-là dans ma paume, un café dans l'autre, bien visible celui-là. Il est encore permis de carburer au breuvage noir au grand jour.
C'était sans compter sur le réfectoire à traverser, vide pourtant à cette heure, ou presque. Aux quatre coins de la salle, une danse silencieuse de femmes fantomatiques sous leurs bonnets et blouses blanches.  Elles lavent le sol d'un geste maintes fois reproduit, en une chorégraphie sans faille.
Mon pas ne se veut plus mécanique, il ne veut plus rien d'ailleurs, il s'arrête.
"Quel ballet!" que j'ai dit. On ne se refait pas...

 

samedi, 03 octobre 2009

GNOMON

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Lever matinal avant que toute la maison ne s'éveille. Le silence rompu par intermittence, une machine tourne déjà: Oculus, l'oeil du lieu, a manifesté sa joie de voir enfin les enfants revenus, sur le sac du fils. Profiter de ce temps avant que la journée ne s'engage plus assurément. Garder comme étranger à soi le programme serré du week-end. Le café pris sur le rebord de la cheminée et les écorces de châtaignes grillées d'hier abandonnées sur une page de quotidien. "Au coeur d'Edimbourg, l'horloge de l'hôtel Balmoral avance volontairement de trois minutes" Est-ce à dire qu'elle a trois minutes d'avance ou qu'elle progresse de trois minutes en trois minutes? Faudra que j'en touche un mot à Frasby qui laisse irrémédiablement l'heure lui échapper. Du coup, ele a un décalage horaire de plusieurs jours! Le cadran solaire croisé chaque jour, à ce petit jeu, sait se distinguer. Par matinée brumeuse avec apparition solaire le midi, il avance volontairement de quatre heures.
Et si aujourd'hui je lui coupais le gnomon comme d'autres coupent la chique, sa volonté s'en trouverait-elle immobilisée?

 

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