dimanche, 30 octobre 2022
Etymo (4)
Avant-avant-hier nous avons apporté à la presse une tonne de pommes, toutes rangées dans un vieux camion jaune et poussif. Nous en sommes repartis avec 588 litres, d'une couleur automnale. Aléatoire mélange des vert, jaune, orange et rouge initiaux.
Le camion pesait-il plus lourd à l'aller qu'au retour, sachant que nous avions 110 bouteilles vides calées contre les rasières* et que nous avons laissé le marc de pommes ?
Avant-hier, je suis allée deux fois en forêt, avec ma fille puis avec toi. Et toujours cette phrase "salut, les filles, on est là !", pour déjouer le destin et l'humus. Deux fois les chanterelles ont comblé un plein panier.
Hier, j'ai appris que les couleurs originelles du jeu d'échecs étaient rouge et noir. J'aime bien avoir les blancs et pas seulement parce qu'ils engagent la partie.
Ce matin, j'ai terminé la lecture d'Assez parlé d'amour d'Hervé Le Tellier. Yves, un des personnages, écrit Les dominos abkhazes, un roman à contraintes dignes de La vie, mode d'emploi. Anna lui fait remarquer qu'il devrait changer le titre pour faire apparaître le mot "amour".
Tout à l'heure on transformera ton champ en verger, passage de l'horizontalité à la verticalité. Dans l'alignement des trous, espacés de six mètres à coup de tarière, on placera, avec moins d'exactitude que les jus dans les casiers, pommiers, poirier, figuier, mirabellier et un reine-claude au goût de l'enfance à revenir.
* dérivé de ras, avec le suffixe -ière, ainsi dite parce qu’on y mesurait les grains à ras. Nous remarquerons qu'il est plus difficile de mettre des pommes pommes à ras.
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dimanche, 23 octobre 2022
Biffure 150
Père nu
perdu
je voudrais
mais c'est impossible
effilocher
ta déroute
Biffure de la page 110 de La nuit des pères de Gaëlle Josse
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lundi, 17 octobre 2022
Biffure 149
On écrit sur de futurs gravas
Porter la plainte
dans la rue
sans abandonner le rire
même triste
une fois le soleil couché
se glisser
dans les plis de la vie
Biffure de la page 109 de Les histoires des autres de Muriel Zürcher
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jeudi, 13 octobre 2022
Biffures 148
Abbaye de Jumièges
Octobre 2022
C'est exact,
poser des questions
au délit de solidarité
te permet de ne pas
perdre la raison
Biffure de la page 103 de Délit de solidarité de Myren Duval
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samedi, 24 septembre 2022
Etymo (3)
On écrit sur de futurs gravas
le poids* des nuages
qui rechigne à s'accouder
au bastingage du ciel bleu
premier fragment automnal
* du latin pensum : poids de laine que l'esclave devait filer chaque jour
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jeudi, 15 septembre 2022
Biffure 147
Nuit et jour
il y a
des réserves de douleur
qui viennent du pays des ancêtres
Biffure de la page 76 de Sables noirs d'Hervé Giraud
démarche tordue et tête basse
mais qui filent des bourrades
capables d'emmener
dans le mur
Biffure de la page 264 de Marche ta peine de Maryvonne Rippert
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vendredi, 09 septembre 2022
Biffures 145 et 146
Chemin des sorcières
Août 2022
Un monde où
on voit le flou
qui dissimule
l'inquiétude de l'exil
Biffure de la page 56 de Quand tu écouteras cette chanson de Lola Lafon
Peut-être que
la route est dite
sans un mot prononcé
Biffure de la page 56 de Pense aux pierres sous tes pas d'Antoine Weuters
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samedi, 03 septembre 2022
Biffures 142, 143 et 144
Craindre
le dossier rond
des jours ordinaires
Biffure de la page 123 d'Histoire du fils de Marie-Hélène Lafon
Dire l'odeur
de la ficelle bleue
dans une cagette
Biffure de la page 124 de L'annonce de Marie-Hélène Lafon
qui a roulé sa bosse
d'aurore nouvelle
en soir incrédule
Biffure de la page 125 de Nos vies de Marie-Hélène Lafon
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lundi, 22 août 2022
Biffures 140 et 141
Muma, Le Havre
août 2022
Garder toutes les langues
recouvrir les grands discours
d'un linceul
Biffure de la page 76 de Nos richesses de Kaouther Adimi
Gravité
de chaque mot
dilaté pour l'éternité
Biffure de la page 152 de Mauvaises herbes de Dima Abdallah
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mardi, 16 août 2022
Etymo (2)
St Jean de Buèges
août 2022
© Pili Vazquez
Instant de pudeur*
derrière les serviettes
la façade passe son pantalon
* du latin pudor, oris "sentiment de retenue, de délicatesse, de honte"
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vendredi, 12 août 2022
Etymo (1)
Les Coquets
juillet 2022
Sérénité*
les nuages qui passent
sont une erreur
* du latin serenus "sans nuages"
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mercredi, 20 juillet 2022
Biffure 138 et 139
On apprend à sourire
devant les chevilles croisées
d'un désir évincé
Biffure de la page 16 de Chavirer de Lola Lafon
on rature les certitudes des mots
on convoque l'ossature du silence
Biffure de la page 17 de La petite communiste qui ne souriait jamais de Lola Lafon
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dimanche, 03 juillet 2022
Biffures 136 et 137
Faire la peau à la peur
qui affalée à la barre
ne bronche pas
Biffure de la page 47 de Fariboles de Dimitri Rouchon-Borie, lu pendant une longue journée de surveillance du DNB
émeute d'émotions
insurrection de la langue
exigence muette d'un élan
Biffure de la page 24 de Petit éloge de la poésie de Jean-Pierre Siméon, lu un soir dans mon transat posé au milieu du fouillis de mon potager
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samedi, 11 juin 2022
Biffures 134 et 135
au commencement
murmure aux portes de nos vies
et force virevoltante
Biffure de la page 45 de Mahmoud ou la montée des eaux d'Antoine Weuters
puis la porte soudain ouverte sur
une rivière
où abandonner le silence pas bien bavard
et le tumulte du dedans
Biffure de la page 19 de Seyvoz de Maylis de Kérangal et Joy Sorman
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mardi, 17 mai 2022
Balade
dans le soir qui tombe
un orage brise d'un coup sec le silence
immobile sur ma terrasse
j'entreprends de traverser mes îles
sur le sentier balisé "bal(l)ade"
voyage intérieur
fil tendu jusqu'aux bas-fonds lisboètes
et l'arbre solitaire sur une colline toscane
je me rends à l'évidence
les vies dansent moins souvent
mon clavier s'est enrayé
la balade ne sait plus être poème
où est mon aile
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dimanche, 15 mai 2022
Y a pas à dire mais disons le quand même
© Pili Vazquez
La pluie castagne la tôle
roulement de tambour dans le ciel
noir-acier déchiré par les éclairs
à la verticale à l'horizontale
je me suis mise à l'abri
entre les semis de courges et l'odeur de terre mouillée
au fond du cabanon dans le potager
Je l'ai échappé belle
Dire qu'il y a une heure
je semais le pourpier de Nicole le basilic de Marie
et mettais en terre les pieds de melon
Dire que ce matin
j'ai eu si chaud sous la combinaison apicole
apprendre
à enfumer les abeilles
à prélever les hausses dans un bourdonnement farouche
à désoperculer les cadres
à centrifuger
à mettre le miel à filtrer
(plus rapide à écrire qu'à faire)
Dire qu'hier
nous étions à un bal paysan au grand air
à écouter le récit de vélocipèdes partis sur des routes ensablées
à sentir la vie se redresser au rythme d'HK et les saltimbanks
Il n'y a pas à dire, ce fut un bon week-end
de ceux qui donnent envie de reprendre la route demain
avec un regard qui porte loin
et un coeur qui bat un peu plus vite
22:16 Publié dans BAL(L)ADE | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook |
lundi, 18 avril 2022
maux croisés
Cela pourrait ressembler à une définition de mots-croisés...
Verticale en 1 : désemparés par les résultats du 1er tour des présidentielles. Ce même adjectif, une fois substantivé et dans un tout autre sens, pourrait désigner les deux candidats restants.
Si vous ne voyez toujours pas, cherchez l'anagramme de brise-lames.
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mercredi, 13 avril 2022
Biffure 133
Dieu sait-il
redresser le vent
quand s'éteint
l'ombre d'un souffle ?
Biffure de la page 102 d'Alma, l'enchanteuse de Timothée de Fombelle
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lundi, 04 avril 2022
Et il faut tenter de vivre
Il fait un temps de bourrasque
la neige de printemps
sur les fleurs du cerisier
sur le sable du Sahara
sur l'olivier qui s'est écroulé
j'imagine en douceur
entre la gueule-du-loup et la mauve
défense de défoncer plus encore
Il fait un temps de repli chez soi
pour penser au défunt
pour rempoter les pieds de tomates
l'un d'eux élève ses feuilles
en une supplication muette
assoiffée d'espace
aimanter à nouveau la vie
au rythme de l'univers
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mardi, 08 mars 2022
Biffures 130, 131 et 132
Parc de la pépinière, Nancy, février 2022
Chut !
Le murmure
d'un affreux destin a repris les sentiers
de la tristesse
Biffure de la page 45 d'Une sortie honorable d'Eric Vuillard
- Combien de pas avant de
renoncer à la sauvagerie
et retrouver la trace de la beauté discrète ? -
Biffure de la page 20 de La patience des traces de Jeanne Benameur
L'opacité des déracinés, on s'en débrouille
alors que l'infatigable ambition
déboule sur le tableau d'affichage
Biffure de la page 16 de Paris-Briançon de Philippe Toussaint
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mercredi, 16 février 2022
Renversement
Il y a des jours
avec des craintes criantes, des peurs repues
et le pansement sur les pincements au coeur
peine à dissimuler le raffut et la pesanteur
ces jours-là
ça doit être un sacré bordel là haut
les planètes non alignées
l'univers aux abonnés absents
et soudain balagan
il y a des jours
aussi légers et silencieux
qu'une randonnée hivernale
sur les crêtes vosgiennes
18:27 Publié dans BAL(L)ADE | Lien permanent | Commentaires (1) | Facebook |
lundi, 07 février 2022
biffure 129
En vain
le fil à retordre
de mille questions
qui ne tenaient pas debout
Biffure de la page 234 de Les messagères de Christophe Lambert
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lundi, 17 janvier 2022
biffures 127 et 128
Son reflet était trop habillé
les efforts d'apparence
étaient pris en flagrant délit
mais elle aimait tellement les après-midis
Biffure de la page 120 de D'or et d'oreillers de Flore Vasco et de la page 121 de Mes 18 exils de Susie Morgenstern
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samedi, 25 décembre 2021
biffure 126
© Pili Vazquez
- Quand avez-vous su que les gens ressemblent à leurs chemins ?
- C'est aussi simple qu'un panorama, aussi limpide.
Biffure des pages 146 et 157 de S'adapter de Clara Dupont-Monot
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lundi, 25 octobre 2021
biffure 125
Cliquer sur la photo pour un lire libre
Je ne bifferai pas cette dernière page de Rêver debout.
Je veux garder chacun des mots, les graver au fronton de ma mémoire : ils rallumeront les rêves les jours où la roche semblera trop compacte, le mur trop épais pour ouvrir une brèche.
Madame Salvayre, merci.
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jeudi, 14 octobre 2021
Pot-pourri
Aujourd'hui, j'ai disparu
j'ai secoué les manches qui contiennent les bras qui aiment
disperser en silence le brouillard et le froid
la route effacée m'a conduite à la Factorie
Ce bâtiment c'est un poème
où les poètes n'hibernent pas
une fois de plus la lecture à voix haute
faut se déchausser avant d'entrer dans le théâtre
et c'est l'événement majeur de ma journée
le corps travaille en nous
et fait des trous aux chaussettes
aujourd'hui tu es désaxée
tu l'as senti dès l'ouverture des yeux
mais tu lis quand même devant un public
les orteils à l'air qui
se cognent à l'espace de la page
tu te demandes si les chairs muettes ont leur cri en dessous
19:11 Publié dans LE SEL DE LA VIE | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook |
lundi, 04 octobre 2021
biffure 124
Réveil inattendu en pleine aube
le vent se tenait sur ses gardes
prêt à trouver refuge
Biffure de la page 97 de Sangliers de Pascal Ruter
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lundi, 27 septembre 2021
biffure 123
la nuit s'est traînée jusque là
le vent est exténué
les visages s'amenuisent
interstice dans l'attente
dehors le cours de choses
dort peut-être
Biffure de la page 101 de Kô de Joëlle Ecormier
15:21 Publié dans BIFFURES | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook |
dimanche, 26 septembre 2021
biffure 122
Il est grand temps
de poser la joue contre le déluge
de laver l'inquiétude nocturne
de se glisser dans les plis du drap
tout contre elle
Biffure de la page 132 de La-Gueule-du-loup d'Eric Pessan
14:48 Publié dans BIFFURES | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook |
mercredi, 22 septembre 2021
biffure 121
J'ai calé ma manière d'être
mais ça m'étonne toujours
de voir des pierreux
qui tendent leur triste chewing-gum.
Biffure de la page 187 de Parler comme tu respires d'Isabelle Pandazopoulos
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