dimanche, 18 mars 2018
Un vers c'est...(3)
Gent, février 2018
les uns pressent ions
cisaillent cou
lacèrent
vagues à bond
vagabond
là serre
six haïkus
les impressions
11:02 Publié dans UN VERS C'EST... | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : gent | Facebook |
mercredi, 07 mars 2018
Biffure 38
Patrick Van Caeckenbergh, De Schelp (fragment)
© Pili Vazquez
Je reboutonne
à double tour
le trottoir
un nuage
dans mes mains
se dandine
Mots rescapés des biffures de la page 28 de Et rester vivant de Jean-Philippe Blondel
08:40 Publié dans BIFFURES | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook |
mardi, 06 mars 2018
Art murs
Gent, février 2018
Sous la griffe de graffitis
gaufrés ou agrafés
les murs ne sont plus plan-plan
Lisbonne, février 2017
© Pili Vazquez
09:37 Publié dans BAL(L)ADE | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : mur | Facebook |
lundi, 05 mars 2018
Un vers c'est...(2)
Vers Contraste
Gent, février 2018
L'un dit
je l'ai
la chemise
les ai
les ronds résiniers
de
l(e)' héron* résigné
lésé
lâche mise
gelé
lundi
*Pour que la glace de l'holorime ne rompe point, je me suis autorisé une licence : d'aspiré, le "h" est devenu muet.
09:42 Publié dans UN VERS C'EST... | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : gent | Facebook |
dimanche, 04 mars 2018
Contraste
Gent, février 2018
le matin
au passage du pont
elle est notre cadran solaire
sur la chute de ses reins le long de sa cuisse
la ligne de partage de l'ombre et la lumière
tout le jour
battre le pavé gourd
doigts de gel
un café un chocolat
monter au beffroi
les langues du vent
un musée
longer les canaux figés
lipstick sur les lèvres
une troubadour une mort subite
le soir
nue au ponton
elle est là
la main en conque sur son oreille
elle écoute la ligne
de rencontre de la Lys et l'Escaut
l'écho de nos pas fourbus
mais tant de force au coeur
12:22 Publié dans BAL(L)ADE | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : gent | Facebook |
dimanche, 18 février 2018
Prix du Meilleur Roman Points Poche (2)
2ème chronique pour le Prix Points Poche
Souvent quand je commence la lecture d'un nouveau roman, je file un cocon-silence, au coin de la cheminée, dans un recoin de mon jardin, au pied de ton poirier, dans les replis de mon hamac ou dans les plis de ton canapé. C'est selon, en fonction des saisons. Absente au monde, à ma propre vie pour mieux y revenir. Parfois au contraire, je choisis la vitre d'un TGV, exposée à l'espace qui défile, je trace ma route de ligne en ligne.
Mais dès les premières pages d'Une bouche sans personne, j'ai su que ces espèces d'espaces n'allaient pas convenir. J'ai quitté mon village perché sur les coteaux - ce jour-là, les poubelles s'entassaient sur le trottoir, les rippers, le matin, n'avaient pas bravé la tempête de neige- ai passé le pont et suis entrée au bistrot. Me suis installée à une table, contre une vitre, sous un rayon de soleil, ai commandé un premier café. Je pouvais enfin passer l'après-midi à lire Une bouche sans personne, en une mise en abyme parfaite.
J'ai écouté son narrateur se raconter soir après soir dans le bistrot de Lisa, après ses journées de comptable, faire le conte de ses souvenirs, les siens et celui de son grand-père. Tout d'abord pour ses amis puis pour une assemblée trop imposante pour le bistrot trop étroit. Garçon, un 2ème café s'il vous plaît. Il n'y a pas grand monde cet après-midi là, un jeune qui boit une bière, le regard perdu dans son verre et deux femmes qui se chuchotent au-dessus de leur chocolat. Je l'ai écouté descendre le long de sa blessure, celle qu'il dissimule derrière une écharpe. Avec pudeur, repoussant toujours plus loin le moment où il faudra dire jusqu'à l'indicible. Garçon, un verre de rouge, s'il vous plaît. Quand j'ai tourné la dernière page, il faisait nuit depuis longtemps.
J'ai pris la route du retour, ai franchi le pont, ai remonté les coteaux, ai longé l'alignement des poubelles. Penser à commander à mon libraire Une rose et un balai de Michel Simonet. Chemin faisant, je ne savais pas encore que le lendemain, je commencerais, au coin du feu, la lecture de Six degrés de liberté de Nicolas Dickner, que je le trouverais drôle puis perdant de son humour, que je me laisserais la liberté de l'abandonner pour commencer Eroïca de Pierre Ducrozet, que je me dirais, tiens j'ai changé de roman mais le personnage principal s'appelle toujours Jay.
19:19 Publié dans ROMAN | Lien permanent | Commentaires (6) | Facebook |
mercredi, 07 février 2018
Un vers c'est...
Le corrélat :
Maupassant
sait parler d'eux
lettres et lait froid.
mais l'écurie ?
mais les culs rient
l'être et l'effroi
séparent les deux
mots passants
le corps est là
19:11 Publié dans MOTS ITINÉRANTS, UN VERS C'EST... | Lien permanent | Commentaires (5) | Facebook |
dimanche, 04 février 2018
Border-eau
Paris, janvier 2018
© Pili Vazquez
- que d'eau que d'eau !
disent les badauds sur les ponts
de Paris à Andé
ils sont aux premières loges
pour admirer la mise en Seine
côté jardin
plus de terre que du terreau
côté cours d'eau
l'asphyxie des lampadaires
on ne peut plus battre la campagne
alors on bat l'eau
faudra-t-il aussi fendre les flots
Queneau, Queneau ?
St Pierre du Vauvray, février 2018
18:41 Publié dans MOTS ITINÉRANTS | Lien permanent | Commentaires (2) | Facebook |
jeudi, 25 janvier 2018
Interrogation
Mettre en scène un texte
est-ce inévitablement un casse-texte ?
11:00 Publié dans MOTS ITINÉRANTS | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook |
samedi, 20 janvier 2018
Branche éplore
Acte 1 : En 1957, Italo Calvino écrit Il barone rampante, où le jeune Côme décide de monter dans l'yeuse de son jardin et de ne plus en descendre. Le monde vu d'en haut.
Acte 2 : Trois ans plus tard, ce texte est traduit en français : Le baron perché.
Acte 3 : Soixante ans plus tard, Claire Diterzi n'ayant pu obtenir les droits sur ce texte intitule son spectacle L'arbre en poche.
Acte 4 : Mardi soir, nous allons voir ce spectacle à l'Arsenal et découvrons que l'un est l'anagramme de l'autre, y compris l'accent devenu apostrophe.
Tu dis, oui, et alors ? Comment ça, oui et alors ? C'est génialissimement oulipien, cette histoire !!! Tu imagines, peut-être qu'Italo lui même ne savait pas que Le baron perché contenait L'arbre en poche.
13:38 Publié dans ROMAN | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : oulipo | Facebook |
dimanche, 14 janvier 2018
L'invention des corps, Pierre Ducrozet
Dimanche dernier, je me projetais tranquillement sur ma rentrée et envisageais de souhaiter à mes élèves de connaître la morsure d'un livre...
Je ne savais pas encore que le soir-même, c'est moi qui allais me retrouver mordue, soufflée comme une fenêtre par la tempête, estomaquée comme après un uppercut. Mes résolutions de refermer la journée tôt ont disparu dès le premier chapitre. J'ai lu loin dans la nuit. Le lendemain à la pause-clope, je n'avais que L'invention des corps à la bouche. Le mardi soir, pour la réunion Terres Parallèles, j'ai tout mis en oeuvre pour que mon enthousiasme soit contagieux. Toute la semaine, j'ai voulu l'accélération des jours pour reprendre de retour chez moi, oublieuse du tas de copies à corriger, la lecture de cet incroyable récit en rhizome qui se joue de la chronologie dans un monde en réseau, d'Iguala à la Silicone Valley, qui invente des univers sous la peau ou dans les câbles, qui place Bonnie and Clyde face à Frankenstein, qui fait renaître le désir dans le corps massacré puis augmenté d'Alvaro.
Jeudi matin, j'ai tourné la dernière page avec le premier café. Le ciel était gris et les contours de mon jardin estompés par une brume tenace. J'ai décidé de refaire les joints de ma salle de bain. En arrachant le silicone jauni, c'est encore à L'invention des corps que je pensais. Sur ma baignoire, j'ai posé mon ordi et ai écouté Pierre Ducrozet se demander : où en est-on dans nos corps en 2017 ?
18:30 Publié dans ROMAN | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : l'invention des corps | Facebook |
vendredi, 12 janvier 2018
Prix du Meilleur Roman Points Poche (1)
En octobre, deux excellentes nouvelles tombaient : j'étais sélectionnée pour faire partie du jury du Prix du Meilleur Roman Points Poche dont la Présidente cette année est Lydie Salvayre ! Voici mes premières chroniques...
Histoire du lion Personne, Stéphane Audeguy
J'ai commencé ce roman par la dernière phrase: "Alors nul ne se souvint plus de Personne". J'ai souri. Ce lion de papier allait-il rentrer dans ma galerie de personnages inoubliables ou bien donnerai-je raison au narrateur?
Je vous le dis sans détour, le lion Personne flanqué de son fidèle compagnon Hercule passant de mains en mains, de pays en pays, de St Louis jusqu'à Paris, des ports négriers jusqu'à la révolution française ne passera pas aux oubliettes. Je lui ai donné une place de choix dans ma galerie, aux côté d'Ulysse, même si ce Personne-là ne retrouvera jamais sa terre natale.
Cette histoire n'est pas une fable -silence des bêtes ; peut-être bien un conte philosophique comme une invitation à reconsidérer notre propre humanité.
Eclipses japonaises, Eric Faye
Ces derniers matins, quand la Corée du Nord a fait la une des journaux radiophoniques, Eclipses japonaises est réapparu dans mes pensées. Partant d'un fait réel -la volatilisation de Japonais à la fin des années 70, enlevés par des Coréens désireux d'infiltrer le pays du soleil levant- Eric Faye entrelace les destins de l’Américain Selkirk, des Japonais Naoko Tanabe, Setsuko Okada, Shigeru Hayashi en un roman choral. Se tisse alors une toile entre désespoir et résilience.
Même si j'ai trouvé que le roman s'essoufflait sur la fin, je garderai dans ma galerie Naoko qui contrainte et forcée de donner des cours à des Japonais, a la "sensation de se vider de sa langue maternelle comme de son enfance". Parfois l'envie de se rebeller l'effleure : "larder ses cours d'erreur, inculquer une incongruité, comme une bombe à retardement qui, un jour, ferait voler en éclats la vie de ces types. Elle se l'interdisait pourtant, en vertu de l'espoir inextinguible d'être renvoyée chez elle. Rendue à l'enfance."
Lucie ou la vocation, Maëlle Guillaud
Ce roman m'a semblé tellement mièvre -style et récit- que pour me consoler je suis allée relire quelques belles pages de Georges Bernanos.
Quant à Derniers feux sur Sunset de Stewart O'Nan, je l'ai laissé tomber après avoir lu les premiers chapitres et ai oublié de le ramasser.
20:15 Publié dans ROMAN | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : lydie salvayre | Facebook |
mercredi, 10 janvier 2018
Biffure 37
© Pili Vazquez
Marcher chaque nuit
dans le lit des géants
valait mieux
que de vieillir en disant
"ça fera l'affaire"
Mots rescapés des biffures de la page 15 de Certaines n'avaient jamais vu la mer de Julie Otsuka
05:44 Publié dans BIFFURES, ROMAN | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook |
dimanche, 07 janvier 2018
Amorcer
Les vacances touchent à leur fin. Une part de moi se laisse glisser avec délices dans cette dernière journée vide, l'autre part est déjà ailleurs, dans demain. Je me prépare à retrouver les gamins avec lesquels je chemine cette année. Dès 8h30, je les rejoindrai dans la cour de récréation - bonne année, m'dame - il me restera deux étages pour amorcer cette nouvelle année pour qu'elle soit bonne. Au moment d'ouvrir la porte de ma salle 207, je relirai l'affiche patafixée dessus - pour travailler ici, il n'est pas obligatoire d'aimer lire et écrire mais ça peut aider - les inviterai à entrer, les uns avec la gueule à la retourne, les autres pas encore réveillés mais tous, la poche arrière bombée d'un téléphone portable. Nous ne nous lancerons pas tout de suite dans notre séquence "Chute assurée", je leur parlerai d'abord de cette interview d'Alberto Manguel, je leur lirai sans doute ce passage :
" Vouloir que nous lisions tous, est-ce une utopie ?
La lecture s`acquiert par contagion et nous ne finissons pas tous malades. Pour tout lecteur il y a un livre, même si ce lecteur et ce livre ne se rencontrent pas toujours. Si l`on continue à voir la lecture comme quelque chose de sacré ou élitiste, comme quelque chose d`étranger à notre quotidienneté ou comme une nécessité, cela restera une utopie.
Voilà pourquoi il faut voir la lecture comme un acte de rébellion, si l`on transmettait cela aux jeunes, les choses seraient différentes. Il y a dans la jeunesse une impulsion de rébellion et de curiosité que les sociétés essaient en général de réprimer et si les jeunes veulent se rebeller ou s`opposer comme individus, la meilleure manière de le faire est de s`opposer aux valeurs du troupeau, de s`opposer à ce qui est facile, rapide, de savoir que la difficulté est un trésor précieux, que la pensée l`est aussi et qu`à travers tout cela ils trouveront une force par leur propre liberté et intelligence."
Oui, je leur lirai ce passage et leur souhaiterai à tous la morsure d'un livre telle qu'elle leur donnera une impulsion de rébellion, leur offrira le désir de se dresser dans cette nouvelle année...
15:31 Publié dans ESPACES D'ECRITS | Lien permanent | Commentaires (4) | Facebook |
samedi, 06 janvier 2018
Biffure 36
Iles Chausey
© Pili Vazquez
Avec les puzzles
de la vie
t'as l'impression que
la ligne brumeuse de la photo de la boîte
oublie
le souvenir posé sur la table
Mots rescapés des biffures de la page 87 de Bariloche d'Andrès Neuman
18:32 Publié dans BIFFURES, ROMAN | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cairn | Facebook |
lundi, 01 janvier 2018
Etre poule ou luciole
© Maurice Pommier
Chouette, les voeux de l'Ours viennent de tomber dans ma boîte. Quel nouvel épisode a-t-il inventé pour ses fabuleuses* poules et renard ? Après la course-poursuite entre des gallinacées aux dents pointues et un renard apeuré, après un goupil qui se couche avec les demoiselles ailées et des promesses d'intenses amours entre tout ce petit monde à plume et à poil, où l'ont conduit ses coups de ciseaux pour l'année 2018 ? La logique voudrait qu'il nous annoncât qu'ils eurent beaucoup d'enfants... Mais voilà, l'utopie a suffisamment duré, l'heure de la morale de la fable a sonné : "ventre affamé n'a point d'oreille" ni même de coeur.
Certes, l'Ours, au festin du libéralisme et de la finance, nous avons perdu beaucoup de plumes en 2017, mais continuons de réussir à plier sans rompre, d'être du poil à gratter malgré tout. Hier nous avons chanté des lendemains nouveaux, aujourd'hui inventons des pas de danse, n'en déplaise à la fourmi.
Ce soir, avant de me lancer dans cette nouvelle année, je vais commencer la lecture de Frères migrants mais avant je dépose ici une phrase de Georges Didi-Huberman que Patrick Chamoiseau a placée en exergue de son texte : "Nous devons donc nous-mêmes -en retrait du règne et de la gloire, dans la brèche ouverte entre le passé et le futur -devenir des lucioles et reformer par là une communauté du désir, une communauté de lueurs émises, de danses malgré tout, de pensées à transmettre". Est-ce ainsi que l'année sera bonne ?
* : comment écrire fabuleux en écriture inclusive ? fabuleu.se.s.x? Dans le doute j'ai accordé avec les poules qui dépassent en nombre le renard...
19:36 Publié dans PICTURA | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : poules et renard, maurice pommier, patrick chamoiseau | Facebook |
mercredi, 27 décembre 2017
Biffure 35
Brise lame de fond
St Malo
Ton journal
a paru se craqueler
sous sa carapace martelée
zakhor souviens-toi
un murmure que le temps tisse
d'une voie hésitante
Mots rescapés des biffures de la page 162 de Sobibor de Jean Molla
15:24 Publié dans BIFFURES, ROMAN | Lien permanent | Commentaires (1) | Facebook |
mardi, 26 décembre 2017
Boule-versement
Était-ce ainsi l'année dernière
je ne m'en souviens plus
équilibre joyeux défiant les lois de la gravité
les fruits aux branches de ton poirier
comme des boules de noël accrochées hâtivement
par des gamins impatients de vider la boîte
qui le reste de l'année prend la poussière
sur une étagère du garage
Était-ce ainsi l'année dernière
je ne m'en souviens plus
aux alentours du solstice
alors que les sapins clignotaient derrière les fenêtres
que l'obscurité était enguirlandée
par les haies de thuyas les façades des pavillons
il s'est dénudé une nuit de rafale
lâchant ses poires et ses feuilles
comme on se déshabille après une longue journée
en laissant en boule ses vêtements à même le sol
16:43 Publié dans MOTS ITINÉRANTS | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : solstice d'hiver | Facebook |
jeudi, 21 décembre 2017
Biffure 34
© Pili Vazquez
Tenir la route, Aurillac août 2017
Entreprendre les kilomètres
sur le qui-vive ou sur une île
quand parlent les histoires
myriade du récit
prenons la nuit en marche
Mots rescapés des biffures de la page 11 d'Eclipses japonaises d'Eric Faye
10:05 Publié dans BIFFURES, ROMAN | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook |
mardi, 19 décembre 2017
Biffure 33
A mi-chemin
étape de confort
parler à des êtres
bienveillants
et dormir
juste avant l'aube
qui attend
au coin de la route
pour croître
Mots rescapés des biffures de la page 113 d'Histoire du lion Personne de Stéphane Audeguy
12:58 Publié dans BIFFURES, ROMAN | Lien permanent | Commentaires (5) | Facebook |
mardi, 21 novembre 2017
Extravagance
Iles Chausey, septembre 2017
"Quelque chose me dit que le vagabondage, la disponibilité ne vont pas de soi, qu'ils exigent pour se maintenir une vigilance et impliquent une discipline."
Souvenirs de la marée basse, Chantal Thomas
14:02 Publié dans ROMAN | Lien permanent | Commentaires (1) | Facebook |
lundi, 13 novembre 2017
La disparition de Josef Mengele, Olivier Guez
Jean-Michel Fauquet
Musée de la photographie
Nice, octobre 2017
Il est des livres pour lesquels on sait bien que ce ne sera pas possible. Choisir une page, la biffer, en garder quelques mots et être satisfaite -plus ou moins- du palimpseste obtenu. Il est des livres pour lesquels ce geste de rature semble indécent.
La disparition de Josef Mengele fait partie de ces livres-là. Le médecin tortionnaire d'Auschwitz est dans toutes les phrases, tous les silences entre les lignes. Il y a quelque chose d'effroyable de se retrouver ainsi dans son intimité, dans ses pensées au fil de sa fuite en Amérique du Sud. Et autour de lui, le cercle de ses complicités.
On préfèrerait presque rayer les nuits qui suivent cette lecture, entrecoupées de réveils en sursaut, de ces nuits où le sommeil vous surprend les lunettes encore sur le nez, la lumière allumée et vous ballottent encore et toujours dans le roman.
Au petit matin, on décide alors de laisser en guise de trace les deux dernières phrases.
"Toutes les deux ou trois générations, lorsque la mémoire s'étiole et que les derniers témoins des massacres précédents disparaissent, la raison s'éclipse et des hommes reviennent propager le mal.
Puissent-ils rester loin de nous, les songes et les chimères de la nuit ."
11:21 Publié dans ROMAN | Lien permanent | Commentaires (1) | Facebook |
dimanche, 05 novembre 2017
Biffure 32
Nice, octobre 2017
Attendre l'inattendu
de ma chaise
je contemplais
le présent volubile
et obstiné à
dénouer les mots
et tisser
l'Odyssée
de nos pas
Mots rescapés des biffures de la page 68 d'Une Odyssée de Daniel Mendelsohn.
19:30 Publié dans BIFFURES, ROMAN | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : odyssée, nice | Facebook |
mercredi, 01 novembre 2017
Trotteuse
Nice, octobre 2017
quand je suis arrivée à Nice vendredi
les aiguilles de l'horloge du cours Saleya
indiquaient midi
pourtant il était dix-sept heures
quand je suis partie de Nice lundi
les aiguilles de l'horloge sur le quai de la gare
indiquaient midi
pourtant il était onze heures
entre ces deux pendules suspendues
au milieu du jour
qui se fichaient éperdument
du passage à l'heure d'hiver
quatre-vingt-dix-huit ans
l'anniversaire de ma grand-mère
née à l'autre bout du vingtième siècle
à Bône anciennement Hippone aujourd'hui Annaba
elle porte sur ses épaules
sa peau comme un châle de soie fine
a le verbe fleuri sans fioriture
mélange de français et judéo-arabe
peut soudain s'absenter de table
pour aller sur l'autre rive
de la Méditerranée
de sa mémoire
attraper une image indélébile
de sa mère morte à trente-quatre ans
et à son retour dire
entre deux rides
entre deux rires
vivons chaque seconde intensément
les heures se chargeront du reste
18:03 Publié dans BAL(L)ADE, MOTS ITINÉRANTS | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : nice | Facebook |
jeudi, 19 octobre 2017
Biffure 31
Granville, Octobre 2017
corriger la trajectoire
d'angoisse
venir à bout
de je ne sais
quel fond noir
longtemps contenu
toutes les lampes
en vous
sur la gueule
acharnée
des mouches
qui volaient au-dessus
me disais-je
de la mécanique
des anciennes rancoeurs.
Mots rescapés des biffures des pages 230 et 231 de Tout homme est une nuit de Lydie Salvayre.
En écho à ce roman, cette pièce de théâtre vue la semaine dernière, où il est aussi question d'exil, de frontières, de l'Autre : Frères de La compagnie les Maladroits
10:06 Publié dans BIFFURES, ROMAN | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : lydie salvayre | Facebook |
jeudi, 12 octobre 2017
Biffure 30
Chaumont-sur-Loire, juin 2017
première impression.
après-midi d'herbes hautes
coin oublié du vent
profusion inattendue
elle éclaire
l'obscurité sous ses pas
pose son dos dans
la prairie
les bras en étoiles
le visage vers
la caresse du sol
Mots rescapés des biffures de la page 191 de Point cardinal de Léonor de Recondo.
10:43 Publié dans BIFFURES, ROMAN | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : léonor de recondo | Facebook |
mardi, 03 octobre 2017
Biffure 29
La Spire
Elbeuf, septembre 2017
car elle disait
le bonheur de
venir tous les jours
à ses côtés
un baiser
des grouillades
à cor et à cri
comme un fil
de rêve
Mots rescapés des biffures de la page 257 d'Avant que les ombres s'effacent de Louis-Philippe Dalembert
13:45 Publié dans BIFFURES, ROMAN | Lien permanent | Commentaires (1) | Facebook |
mercredi, 27 septembre 2017
Illusion
Nantes, octobre 2016
Une goutte de rosée
posée sous le réverbère
luciole d'automne
14:38 Publié dans BAL(L)ADE | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : ponti | Facebook |
jeudi, 21 septembre 2017
Biffure 28
Aurillac, août 2017
C'était insolite
devant le crache-thune
désinvolte
la tête calée sur
le lendemain
le regard rivé
sur le temps passé
un page
lisait son chemin
Mots rescapés des biffures de la page 345 de Vernon Subutex (Tome 1) de Despentes
17:04 Publié dans BIFFURES, ROMAN | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : despentes | Facebook |
samedi, 09 septembre 2017
Biffure 27
Les Tondues, Cie Les Arts Oseurs
Aurillac, août 2017
au milieu de
cette allégresse
un noir enthousiasme
jubilation du monde
en apnée. Dessous
errant à la surface
des images d'archives
crachote
une montée d'horreur
Mots rescapés des biffures de la page 138 de L'ordre du jour d'Eric Vuillard qui font remonter à la surface les mots bouleversés et bouleversants de Les Tondues de la Cie Les Arts Oseurs.
12:38 Publié dans BIFFURES, ROMAN | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : aurillac, eric vuilllard, cie les arts oseurs | Facebook |