vendredi, 31 juillet 2009
ÉCLIPSE
09:23 Publié dans BAL(L)ADE, ESPACES DES CRIS | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : burqa | Facebook |
mardi, 28 juillet 2009
CORRESPONDANCES
Je regagne à l'instant mes pénates. Pas eu le temps de vous l'écrire pour vous prévenir. L'absence fut trop courte. Urs Haarinen a accepté de faire un détour ce matin avec son bateau qui assure la liaison entre Petite et Grande Terre pour me déposer sur mes rives. Je reviens le coeur lourd et triste d'avoir fini si vite Le chagrin du roi mort. Quel roman! Il me faudra le ranger à côté de Combat d'hiver, mais pas tout de suite. Le garder à portée de main encore un instant. Pouvoir dire dans les jours à venir, comment tu ne l'as pas encore lu, quelle chance tu as. Le glisser dans la valise de mes morveux avant qu'ils ne partent tout un mois.
Pour l'instant, il faut que je vous raconte quelque chose. Je vous entends déjà. Vous souriez, vous en appelez à une manipulation ou tout du moins une chronologie des faits remaniée par mes soins et pourtant...
Petit analepse: il y a quelques jours je vous ramenais l'inscription qui s'étalait sur les falaises d'Etretat. Je m'amusais alors du presque-même-nom Léa et Alex.
Hier, dès les premières lignes du chagrin du roi mort a surgi Aleks. Mon esprit, les deux pieds sur terre, s'en est d'abord amusé. Alex et Aleks. File la lune, cela n'est rien. Quand à ce même Aleks est prédit un très grand, très long et très bel amour, on se surprend à imaginer que la belle pourrait s'appeler Léa, mais déjà on oublie. Des chapitres plus loin, la belle entre en scène, on attend que soit dit son prénom, on espère un peu qu'une simple coïncidence prennent les atours d'une mystérieuse correspondance...
"Il ne pouvait se résoudre à l'idée de s'en aller comme ça. Mais que faire? Sans doute ne parlait-elle pas la même langue que lui. Dans un instant elle baisserait les yeux et ce serait fini. Alors il fit ce qui lui semblait le plus simple et le plus juste: il se désigna du doigt et dit son prénom:
- Aleks.
Elle hésita une seconde, étonnée, puis elle se désigna de la même façon et dit son prénom:
- Lia.
Ce fut le premier mot qu'il entendait de sa bouche. Derrière on poussait.
- Tu avances, oui ou non?"
Ne poussez pas, j'avance, même si mon pas est soudain moins assuré...
Le chagrin du roi mort, Mourlevat
Gallimard jeunesse
16:20 Publié dans MOTS ITINÉRANTS | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : mourlevat, le chagrin du roi mort | Facebook |
lundi, 27 juillet 2009
VENT DU SUD
Il me faut quitter mes îles indigo quelques temps et rejoindre au plus vite Petite Terre. Là-bas, le roi est mort et tout dans l'air vespéral dit son chagrin. Brit, chargée d'années, m'attendra sans doute sur le rivage -peut-être l'avez-vous déjà croisée, vous aurez été marqués alors par les uh-uh qui ponctuent invariablement ses phrases. Elle ne sait pas encore qu'elle ne peut plus prétendre à plus d'éternité que le xéranthème. Elle est sans aucun doute entièrement responsable de tout ce qui se produit sur Petite Terre aujourd'hui -que pensait-elle qui pourrait se réaliser d'autre en agissant comme elle l'a fait?- sans parler du feu qui brûlera, de ceux qui demain auront aussi définitivement tourné la page. Qu'elle en soit remerciée, sans elle, ce voyage n'aurait pas lieu. Il sera là aussi, le Grand Conteur, l'air goguenard de ceux qui se réjouissent de tenir entre leurs mains des possibles à l'infini. Tantôt, il prétendra ne pas en savoir plus que ceux de Petite Terre, tantôt, il me happera hors de tout ce brouhaha pour me dévoiler le fond du décor.
J'aspire à un voyage long et tumultueux. En attendant, je laisse les loupiotes allumées et la porte entrouverte...
Le chagrin du roi mort, Mourlevat
Gallimard jeunesse
16:53 Publié dans ROMAN | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : mourlevat, le chagrin du roi mort | Facebook |
samedi, 25 juillet 2009
XÉRANTHÈME
XÉRANTHÈME n.m. du grec xêros "sec" et anthemon "fleur", plante herbacée communément appelée immortelle annuelle
Combien de temps cette inscription au bas des falaises d'Étretat l'emportera-t-elle sur les marées à fort coefficient et les algues gluantes? Finira-t-il par se diluer, ce presque anagramme LEA et ALEx? Pourquoi ses auteurs ont-ils oublié de le conclure par "=AE" et d'entourer le tout d'un coeur indélébile?
Combler ce vide en composant une nouvelle égalité...
LEA et ALEX
=
AEXL
Imaginer ce que chacune des quatre lettres pourrait dissimuler.
Proposer une composante parmi d'autres: Ah éternel xéranthème limbique!
10:36 Publié dans MOTS ITINÉRANTS | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : étretat | Facebook |
jeudi, 23 juillet 2009
PILLOTER
photo de moucheron
"Les abeilles pillotent deçà delà les fleurs, mais elles en font après le miel, qui est tout leur ; ce n'est plus thym ni marjolaine." Montaigne, Essais, I, 26
A sauts et à gambades, je quitte donc les traboules réputées pour leurs holothuries grattonées et me risque à vous parler de l'oulichi. Toujours chez Bob, ce mot se retrouve coincé entre l'ouléma -ar. oulamâ, un savant- et l'oullière -lat. ouliare, creuser, espace laissé entre les ceps.
L'oulichi est donc l'espace savant qui sépare le thym et la marjolaine du miel. L'emploi de ce terme n'est pas réservé à la seule apiculture, il est même fortement conseillé de l'employer en littérature. Bob donne deux exemples chiffrés, les 807 et la page 48.
Ouvroir, sésame-toi!
Au commencement des 807, était un aphorisme de Chevillard en ouverture de son auto-fictif:
"J'ai compté 807 brins d'herbe, puis je me suis arrêté. La pelouse était vaste encore."
Convaincu que tout projet de comptage est vain, Franck Garot, deux fois par jour à 8h07, décline cette proposition. Le 807ème aphorisme sera-t-il l'ultime?
Au commencement de la page 48 était un "I remember" de Joe Brainard:
“Je me souviens d'avoir projeté de déchirer la page 48 de tous les livres que j'emprunterais à la bibliothèque publique de Boston mais de m'en être vite lassé.”
Qu'à cela ne tienne, Pierre Ménard s'est emparé de l'idée, de page 48 en page 48 une nouvelle oeuvre se crée à haute voix.
Et au commencement de l'oulichi, était bien sûr l'OuLiPo.
A signaler, à passer au fluo, à stabilobosser cette anthologie -tiens tiens encore une histoire de fleurs- qui vient de paraître, sous la direction de Marcel Bénabou et Paul Fournel.
09:33 Publié dans MOTS ITINÉRANTS | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : les 807, page 48, montaigne, je me souviens, oulipo | Facebook |
samedi, 18 juillet 2009
HOLOTHURIE
Ce matin, avant d'aller courir sur les bords de Seine, je me suis échauffée avec une balade sur les blogs.
Première étape: chez Frasby, on y parle ce jour de bichons qui sont restés coincés dans le gosier à cause du regard insistant d'une statue désobligeante. La Lyonnaise estime peut-être que la Normande mange des bichons tous les matins au petit déjeuner. Vite, vite, un tour chez mon vieux Bob qui m'affirme que le bichon, abréviation de barbichon, est un chien d'appartement au nez court et au poil long. Effectivement très indigeste...
Deuxième étape: chez Chevillard, je suis allée goûter les aphorismes du jour. Je vous en ai même ramené un.
"Il possède tout l’équipement technologique de l’homme moderne, rien ne lui manque, mais pour le reste : une holothurie."
Cette fois-ci, j'étais bien décidée à ne pas importuner encore une fois Bob. J'ai sorti mes réflexes étymologiques pour venir à bout de ce mot gréco-grec et en arrivait donc à cette conclusion qu'il devait s'agir d'une capacité d'être tout -holo- recouvert d'encens -thurie. "Thurie", ce mot-là, je ne l'ai jamais oublié depuis que mon grand-père m'avait confié que gamin, il était thuriféraire. Le mot avait sonné étrangement alors, appelant à lui Lucifer.
Troisième étape ludique: chercher ce que devenait l'holothurie chez les Portugais -allez savoir pourquoi je ne suis pas plutôt allée faire un tour dans les Balkans. Là-bas, cela correspond au bicho do mar.
L'heure de partir a sonné alors que j'en déduisais que ce que mangeait Frasby était de l'holothurie...
14:22 Publié dans MOTS ITINÉRANTS | Lien permanent | Commentaires (20) | Tags : chevillard | Facebook |
mardi, 14 juillet 2009
MERSSSSS
Cinq mots comme contrainte pour écrire, écrire la mer, déferlante ou clapotante, chargée d'embruns ou étale,
Cinq mots dont aurait pu abuser Racine -pas sûr que le résultat final aurait connu la même notoriété que ces serpents qui sifflent sur vos têtes-
Pour qui sont ces souffles de sirènes sifflant en silence sur un soupçon de sable
Cinq mots donc comme cinq amers et un texte autour,
Resserrer latitude contre longitude
En une formule mathématique,
Que le mot change à chaque fois de place
Quelle probabilité alors d'obtenir cent mille milliards de poèmes?
Soupçon de sirènes,
Dans le silence du sable,
Trahi par un souffle.
Le souffle du sable
Entre silence et soupçon
Dévoile une sirène.
Silence du sable,
Le souffle de la sirène
Siffle ses soupçons.
10:55 Publié dans IMPROMPTUS LITTERAIRES | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : impromptus littéraires | Facebook |
mardi, 07 juillet 2009
QUI DE L'OEUF OU DE LA POULE... (2)
Si les poules pondaient des haches, elles se fendraient le cul…
(proverbe québécois)
Qui rira les torts du proverbe ?
Langage statue de sel
Déglingué de ne plus être malmené
Déroulé sans anicroche !
Plus un fil ne dépasse !
Fuis du plus loin
La pensée émondée
D’un monde mis à pied !
Refile-lui une mornifle !
Car nous voulons un langage tangage
Sans queue ni maître
Sans dieu ni tête
Mettons les points sur des virgules
Et que les poules pondent des haches !
Les proverbes, je les aime malmenés ou québécois. Ceci dit, "rien ne sert de sourire, il faut être martyr à point" ne vaut guère mieux que son frère siamois! Et pour savoir qui se déridera le dernier, c'est sur le site des Impromptus littéraires.
Post-scriptum: ce mardi, dans Tout arrive, Araud Laporte recevait deux démonteurs de mots de l'OULIPO, Paul Fournel et Marcel Bénabou.
10:04 Publié dans IMPROMPTUS LITTERAIRES | Lien permanent | Commentaires (15) | Tags : impromptus littéraires, proverbe | Facebook |
dimanche, 05 juillet 2009
QUI DE L'OEUF OU DE LA POULE...
Enée, si Créüse n'avait rendu son dernier souffle en même temps que Troie, jamais n'aurait pu être amant dans les bras de Didon et époux entre ceux de Lavinia. De celle-ci dépendait la naissance de Rome, de celle-là la légitimation des guerres puniques.
Comment cela a-t-il commencé? Est-ce le mythe qui engendre l'empire au destin tracé au cordeau dans la voie lactée ou l'empire qui forge un mythe, échafaudage à destin?
L'Enéide de Virgile ne dissimule pas l'ossature de bois en cours d'élévation. Il s'agit là d'homologuer à tout crin du cheval de Troie, Octave et sa politique impérialiste. Il en va ainsi pour tous les grands textes qui balayent l'humanité. Passe le temps et passe l'assemblage, le mythe devient souverain.
Post-scriptum: ce dimanche, dans le bateau libre, Frédéric Ferney recevait un démonteur d'échafaudages, Michel Onfray.
13:24 Publié dans CONTES ET MYTHES | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : virgile, énéide | Facebook |
mercredi, 01 juillet 2009
DÉGOISER
Shrine Quartet
lithographie de Grant Wood, 1939
Dans le silence du désert
Les grains de sable dégoisent à l'envi.
J'ai proposé cette phrase à môôssieur KA , à charge pour lui d'y associer l'image de son choix. Le résultat pourrait s'appeler une imotage...
08:39 Publié dans MOTS ITINÉRANTS | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : korkos | Facebook |