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dimanche, 11 novembre 2018

Les uns contre les autres

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Berlin, mai 2018

Dimanche 11 novembre 2018, 11h, au son des cloches

Depuis tôt ce matin, je me suis posée dans l'interstice d'une matinée pluvieuse, au-dessus d'une soixantaine de copies : compte-rendu de lecture de La traversée.
Dans la cuisine, j'ai laissé France Inter en sourdine et ses programmes chamboulés : tout le gratin mondial s'est donné rendez-vous à Paris pour commémorer le centenaire de la fin d'une grande boucherie dont la seule utilité a été de préparer les suivantes.
How long is now...
Et demain ? Chaque dirigeant, derrière ses frontières de fer et de barbelés, reprendra les commandes de ses certitudes nationales. Qui y aura-t-il alors pour leur sonner les cloches ?

 

dimanche, 04 novembre 2018

Biffure 53

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Ria d'Etel, octobre 2018
© Pili Vazquez

Essayons la route nocturne
dans nos corps
fluidité
et confiance

au creux des bras
l'aube et l'épine*
des aboiements du clocher
ne nous arrêteront pas

Biffures de la page 387 de Valentine ou la belle saison d'Anne-Laure Bondoux
* me suis autorisée à transformer "l'aubépine" en "l'aube et l'épine", parce que Huit Nuits...


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samedi, 03 novembre 2018

Mordicus.a

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Quiberon, octobre 2018

Nous sommes rentrées la veille du Morbihan. Ce matin-là, il ne me reste plus qu'à rejoindre la biquetterie. Après une semaine estivale, un froid de gueux fige la campagne mordorée. Pare-brise embué, soufflerie à son maximum, je file sur la route en compagnie du 6/9 de France Inter, histoire de reprendre contact avec le monde après ces jours suspendus, de côte sauvage d'Arz en côte sauvage d'Houat.
Le monde continue de se perdre un peu plus : Bolsonaro s'apprête à remporter les élections au Brésil, Trump en appelle à la peine de mort et Blanquer envisage de placer des flics dans les écoles et de rouvrir - appelons un clébard, un clébard- les maisons de correction. Quelle morgue chez tous ces dirigeants et l'Histoire qui n'en finit pas de se mordre la queue.
Alors, ce matin-là, l'invité de Patricia Martin - l'avocat Thierry Illouz et son Même les monstres - est un coup de vent vivifiant, une pensée sauvage pour nous sauver de la déroute : "la seule division, le seul scandale, c'est la pauvreté. D'elle découlent toutes les autres dérives. Défendre ces gens-là, se coller à leur souffrance, c’est aussi et surtout défendre l’humanité en chacun. Et guérir ses propres failles."

lundi, 29 octobre 2018

Biffure 52

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Quiberon, octobre 2018

pour la troisième fois
elle sut supporter
un cycle en orbite
autour d'un centre
de gravité intermittent

Biffures de la page 129 de A son image de Jérôme Ferrari

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mercredi, 24 octobre 2018

Huit reflets

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 Arradon, octobre 2018

Le reflet laiteux
de la lune s'allonge
sur le parc à huitres

 

samedi, 06 octobre 2018

Racines barbares

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Aujourd'hui je me suis affairée sous le soleil. C'était, dans l'air chaud, un étonnant mélange de bruits de printemps - les enfants attroupés dans la rue comme en ces jours de juin où la lumière s'allonge et avec elle le temps - et de couleurs d'automne - les feuilles du figuier chargé de fruits, qui jaunissent.

Aujourd'hui je me suis affairée sous le soleil, ai récolté des figues pour le chutney, des olives pour l'apéro dans dix semaines, de la rhubarbe et des poires pour une compote ce soir.

En fin d'après-midi, quand tout a été mis en pot ou en bol, oubliant les cours à préparer pour lundi - je pouvais bien moi aussi me sentir comme en juin malgré la lumière qui rétrécissait déjà avec assurance- je me suis installée sur ma terrasse avec deux livres arrivés récemment à la biquetterie : La pharmacie des moines - C. me l'a apporté lors de son dernier passage en précisant hilare "c'est un truc pour toi, ça !" - et L'encyclopédie du jardin conseillée par A. cet été et récupérée il y a quelques jours seulement parce qu'en réimpression.

Je les ai feuilletés, avec nonchalance, au hasard des plantes et épices rencontrées dans la journée : coriandre, poivre, rhubarbe, gingembre ... Mais en quelques pages, j'ai eu l'impression d'être une olive qu'on aurait plongée dans de l'eau pour quinze jours avant de l'enfermer dans un bocal de saumure pour huit semaines : hermétiquement lisse avec quelques bulles d'air accrochées à la surface. Soudain étrangère à ma propre langue - limbe folique, siccatif au 3ème degré, emménagogue, orthopnée, fomentation, scrotule, ascaride - en apnée étymologique, ne retrouvant la terre ferme et civilisée qu'avec le mot rhubarbe, de rheu "racine" et barbarum " qui vient du pays des Barbares".

Aujourd'hui j'ai eu à faire à une langue étonnante comme un attroupement d'enfants dans la rue en plein automne.

mercredi, 26 septembre 2018

Biffure 51

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Blanhac, juillet 2018

Le glacier si fin
la peau presqu'à nu
il faudrait le reconstruire.
sans hésitation.
aujourd'hui.

Biffures de la page 33 de La vraie vie d'Adeline Dieudonné

dimanche, 23 septembre 2018

Biffure 50

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Roquebrun, juillet 2018

trouver les gestes pour saisir
le jour indigo lisière
entre
la pluie délavée et le soleil blanchi
entre
les parcours troués du cosmos
et la carcasse malingre des passerelles

Biffures de la page 197 d'Un monde à portée de main de Maylis de Kérangal

samedi, 01 septembre 2018

Biffure 49

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Gr 21, Juin 2018


La voix de mes pensées
souffle sur ses yeux-sourire
passe au-dessus de ses cheveux si bien tournés
et se met à rire en un clin de seconde

Biffures de la page 1(2) et 234 de 4321 de Paul Auster

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jeudi, 23 août 2018

Images sous-titrées

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Lectoure, juillet 2018

- Comment tu penses ?
- Avec des mots qui font parfois des phrases quand je cours, avec des images quand je nage...
- Tu devrais essayer l'aquarunning ou le longe-côte !

lundi, 20 août 2018

Biffure 48

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Lectoure, juillet 2018
© Pili Vazquez

Dans ma tête
la nuit
je dessine
des pensées de brindilles

Biffures de la page 67 de Dans la forêt de Hokkaido d'Eric Pessan

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vendredi, 17 août 2018

Proposition minéro-végétale

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La Bergerie, juillet 2018

Depuis notre retour de la Bergerie, j'ai dans la tête un projet circulaire pour mon potager. Il n'y tourne pas encore en rond mais s'invite souvent dans mes pensées. Faute de pouvoir le mettre tout de suite en oeuvre, ah la longue impatience, mon potager est à l'heure actuelle un joyeux fouillis organisé, j'imagine ce que je ferai une fois les dernières courges récoltées, juste avant les premières gelées : j'installerai un chemin de tuiles ondulées d'un autre pays que le mien;  je le remplirai de compost et de terre et finirai par une couche de feuilles mortes qui d'ici là joncheront le sol ; au printemps revenu, j'y déposerai semis, graines et plantes ; au centre, j'installerai une petite table et deux chaises et nous laisserons l'énergie de cette installation nous rejoindre. 
Reste à définir le tracé...
Cette nuit, il a beaucoup plu. Après mon premier café, je suis sortie en hâte et en quête de limaces mais mon potager me réservait une autre surprise : deux cucurbitacées s'étaient rejointes, formant un cercle ayant pour centre le cairn de jours clairs dans le Haut Languedoc. Nous partions tôt le matin, les sacs à dos remplis d'eau et de fruits secs. Au retour tu avais fait le vide, moi le plein de pierres du Saut de Vézole, des Gorges d'Héric, de l'Espinousette, de St Eutrope et du Mont Caroux.
Au milieu de ce tracé défini pendant que je dormais, j'ai pris mon second café et je m'y suis sentie bien.

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La Biquetterie, août 2018

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mercredi, 15 août 2018

Biffure 47

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Lectoure, juillet 2018

Dire que j'ai retrouvé
les pierres sèches
pliées en quatre
sur la table

Biffures de la page 188 d'Une longue impatience de Gaëlle Josse

20:28 Publié dans BIFFURES | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook |

lundi, 13 août 2018

Totems

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Totem et totem
Le Havre, août 2018
© Marie Nimier

En souvenir d'une journée que M. avait appelée "Les filles à la plage". Cela aurait pu être aussi "Jour de fête". Nous retrouvions deux amies syriennes, R. et D. installées depuis peu au Havre.

C'était déjà la limite du jour, quand nous sommes arrivées au bout du monde, fourbues. Nous venions de loin.

Du MuMa et ses créatures nées de l'écume et des rêves. De la côte que nous avions longée sous un ciel gris laiteux. De la digue que nous avions empruntée alors qu'une tempête mettait fin à ces jours de canicule : plus rieuses que les mouettes en troupeau sur les galets qui attendaient que le grain passe, si légères que les bourrasques qui faisaient gémir les mâts comme un choeur tragique auraient pu nous emporter mais nous avions tenu bon pour atteindre l'équilibre improbable d'un éléphant sur un homme. Du silence de l'église St Joseph où pour échapper quelques minutes au boucan du vent, alignées sur les strapontins nous avions improvisé un concert de vocalises entrecoupées de fous-rires. Du bistrot où nous nous étions réfugiées pendant qu'une pluie lourde recouvrait le bitume et que les éclairs découpaient les nuages.

Oui de tout cela nous venions, quand nous sommes arrivées au bout du monde, à la limite du jour.

La ville était loin derrière nous, le vent, la pluie et l'orage aussi. Il ne restait plus que la falaise abrupte, le roulement des galets sous l'écume et un colosse blanc.

Était-ce la tendresse contenue dans ses mains enveloppant celles de sa fille ou la force de son regard guettant ceux que la mer pourrait déposer sur le rivage mais nous nous sommes tues. Notre folle journée soudain suspendue. Il y avait dans cette crique quelque chose de sacré ou de profondément humain. Nous nous sommes assises et longtemps nous avons regardé au loin en silence, sous la protection du colosse blanc.
Avant de repartir, R. qui avait traversé montagnes et mers, bravé les dangers qui font le quotidien des migrants, a déposé une pierre sur un des cairns. A mon tour, j'ai déposé une pierre pour qu'un jour de grand vent, la sienne ne rejoigne pas les flots et ne s'éloigne de nos rives.

mardi, 07 août 2018

Biffure 46

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Blanhac, juillet 2018
© Antoine Farizon

Nous nous souvenons de jours clairs
épinglés au milieu des roses obliques
petits cailloux amassés
réserves
pour les années suivantes
pour passer la vie en marche
derrière un océan

Biffures de la page 44 de Les jours clairs de Zsuzsa Bank. Merci à la libraire des Petits papiers d'Auch pour ce conseil de lecture, récit porté par une écriture lumineuse.

dimanche, 05 août 2018

Faire le plein

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Lectoure, juillet 2018
© Pili Vazquez

Rentrée depuis quelques jours mais accaparée par la biquetterie. A l'extérieur, le potager à déliseronner, les pieds de tomates à redresser pour qu'ils retrouvent la tête haute,  la terrasse à balayer. A l'intérieur, mes sacs à vider, la poussière à aspirer, les toiles à enlever, la toile à passer.
Aujourd'hui, j'ouvre enfin une journée vide. 
A l'heure où l'ombre du marronnier retrouvera un peu d'épaisseur, j'irai m'asseoir sur le banc. Je replierai mes jambes, les entourerai de mes bras, déposerai mon menton sur mes genoux et laisserai partir mon regard. Vers l'extérieur : la ligne d'horizon. Vers l'intérieur : ces jours clairs à tes côtés. Je ne sais quels fragments, quels éclats viendront s'asseoir à ma droite, à ma gauche. Il n'y aura sans doute pas assez de chaises. J'en rajouterai, ouvrirai un nouveau demi-cercle.
A ton retour,
tu viendras t'asseoir à mes côtés et nous regarderons la nuit allumer l'étoile du berger Vénus.

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mercredi, 11 juillet 2018

Un vent-terre

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Pierre feuille
mais pas de ciseau pour raboter
les rainures du bois grisées par le plomb du soleil
Pierre feuille
où noter ce qu'il ne faudra pas oublier demain
la purée d'amande et la gelée de groseilles
les shorts et une polaire
dans la bergerie les nuits seront peut-être fraîches
les graines de chia le roiboos et le café
pour les premières heures de la journée et les suivantes aussi
des fruits secs mi-figue mi-datte
le laguiole et le notron
le sac à dos pour les gorges
les lampes frontales
si la lune n'éclaire pas suffisamment le sentier jusqu'à la yourte
Les métamorphoses, Lysistrata et les Boloss
à lire entre ombres et lumières

penser à faire aussi la liste de ce qu'on oubliera

mardi, 10 juillet 2018

Mise en abyme abyssale

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Par une journée très chaude, trop chaude pour aller courir, se réfugier sous l'ombre du cerisier, dans le transat, pour se poser un peu, en attendant que le soleil soit à nouveau fréquentable, en profiter pour lire Petit éloge du running de Cécile Coulon. Mais par littérature interposée, se retrouver à enfiler ses baskets, grimper le long du sentier qui mène au panorama, transpirer suer cracher se moucher avec les doigts, réveiller d'anciennes douleurs et être à nouveau au pied du mur !
A la dernière page, je croyais être arrivée au bout de mes joies. C'était sans compter sur le portail qui soudain s'ouvre sur l'auteur en tenue de running -ou était-ce de jogging ou encore de footing?- en os et en chair rouge mais à peine essoufflée par la côte et qui lance : c'est ici le ravitaillement thé à la menthe ?
Aujourd'hui, le soleil est moins chaud mais j'ai bien envie d'essayer quand même : se réfugier dans le transat sous l'ombre du cerisier, en profiter pour relire Autoportrait de l'auteur en coureur de fond d'Haruki Murakami et attendre le grincement du portail de fer forgé.

 

vendredi, 29 juin 2018

Nous voici

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Senneville-sur-Fécamp, juin 2018

Nous voici devant la cabane
nous avons laissé derrière nous
les jours à toute allure
les docs ouverts sur l'écran
une pile de copies dans un tiroir
sur les lattes de bois rouge
le soleil se prélasse
comme un chat en fin de journée
le vent est plus frais ici
qu'à l'intérieur des terres
nous voici dans la cabane
sans électricité ni eau courante
au milieu une table creusée par les coudes
de ceux qui se sont arrêtés là
avant nous

immobiles devant la grande baie vitrée
perchés au-dessus de la mer
sur le fil de l'horizon
je n'ai pas le vertige mais
je retiens mon souffle et ta main
nous voici maintenant au pied de la falaise
des blocs en se détachant ont trouvé
l'équilibre improbable des menhirs
la mer est basse
nous avançons sur des dalles de craie
dédale de mes pensées
nos ombres se retrouvent
plus loin sur le sable
la rouille d'une épave dentelée par le sel
a-t-elle déjà eu la trouille

face à une marée un peu plus haute qu'une autre
nous voici à nouveau dans l'escalier
qui grimpe à la cabane
nous repassons devant l'orchidée
et les choux sauvages

bientôt la nuit tombera doucement
dans les draps des vagues

samedi, 23 juin 2018

Biffure 45

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Berlin, mai 2018

sans peser
je t'accompagnerai
jusqu'à la frontière
là où savent marcher
les sourires

Biffures de la page 79 de La nature exposée d'Erri de Luca

 

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jeudi, 07 juin 2018

Biffure 44

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Berlin, mai 2018

Les vagabonds pouvaient entendre
le frétillement rare
du nuage
appartenance au monde
qui ne parle pas

Biffures de la page 57 d'Une tête de nuage d'Erri De Lucca

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vendredi, 18 mai 2018

Les Amnésiques, Géraldine Schwarz

mur,berlin

Mauer Park
Berlin, mai 2018

"La bande frontalière fut détruite autour de Berlin-Ouest, une enclave en territoire ennemi cernée par un mur de 184 km de longueuret 3,6m de hauteur, derrière lequel s'étendait une zone militaire large de 30 à 500 mètres, délimitée par un autre mur haut de 2 à 3 mètres, côté Est. Sa démolition laissa place à de grands espaces vides bordés d'immeubles abandonnés. Après avoir symbolisé l'oppression, la frontière devint un terrain de jeu inépuisable pour les Berlinois qui prirent possession de cet espace gratuit où tout était possible. (...)
Peu à peu, ces espaces se remplirent et l'on oublia presque qu'un mur avait été érigé là. (...) Je trouve dommage qu'on n'ait pas conservé davantage de pans, même étroits, dispersé dans la ville ; il n'y a rien de plus efficace qu'un mur pour se souvenir que la liberté de mouvement n'est pas un droit immuable. "
Les amnésiques, Géraldine Schwarz

 

mardi, 15 mai 2018

Biffure 43

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Mur de Berlin, East Side Galery
Mai 2018

où mène
chaque pas ?
près de la vie
dans un souffle qui fait trembler
les fantômes
je crois.

Biffures de la page 20 d'Une verrière sous le ciel de Lenka Hornakova-Civade, lu dans le train qui me ramenait de Berlin et dont l'avant dernière phrase est "Le mur est tombé, quelque chose a changé."

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dimanche, 13 mai 2018

Biffure 42

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Mur de Berlin, East Side Galery
Mai 2018

Nous ne sommes jamais
retournées au bord
d'un lointain souvenir
bras dessus bras dessous
le soleil clapote
frivole
sur un après-midi lent

Biffures de la page 271 de Giboulées de soleil de Lenka Hornakova-Civade, lu dans le train qui me menait à Berlin et dont la dernière phrase est "L'Europe enceinte d'une envie de liberté, a fini par en accoucher dans un craquement de mur le 9 novembre 1989."

 

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samedi, 12 mai 2018

Fraternité

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Sur les rives de la Spree
Berlin, mai 2018

De retour d'une semaine à Berlin. Coupée des informations pendant autant de temps. Ce matin, au lever du jour, j'ai retrouvé mon potager et l'oiseau sur la plus haute branche. Accroché à mon poirier, mon transistor déversait la dérive du monde : Trump qui prétend postuler au Prix Nobel de la Paix, le plateau du Golan sillonné de roquettes et toujours et encore nos frontières fermées. J'ai posé la grelinette contre le tronc et suis allée chercher Destinée arbitraire sur une étagère...

Chant pour la belle saison, Robert Desnos (mort à Theresienstadt)

Rien ne ressemble plus à l'inspiration
Que l'ivresse d'une matinée de printemps,
Que le désir d'une femme.
Ne plus être soi, être chacun.
Poser ses pieds sur terre avec agilité.
Savourer l'air qu'on respire.

Je chante ce soir non ce que nous devons combattre
Mais ce que nous devons défendre.
Les plaisirs de la vie.
Le vin qu'on boit avec des camarades.
L'amour.
Le feu en hiver.
La rivière fraîche en été.
La viande et le pain de chaque repas.
Le refrain que l'on chante en marchant sur la route.
Le lit où l'on dort.
Le sommeil, sans réveils en sursaut, sans angoisse du lendemain.

Le loisir.
La liberté de changer de ciel.
Le sentiment de la dignité et beaucoup d'autres choses
Dont on ose refuser la possession aux hommes.

(...)

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mardi, 01 mai 2018

Biffure 41

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Dans l'entre deux
© Pili Vazquez

On se tait
ta présence a les couleurs
vives des robes légères
- veux-tu que ..
la clarté de ton rire
une main dans mon dos
des gestes qui ont
la mine des choses intimes

En attendant que le tome 3 arrive à la médiathèque, mots rescapés des biffures des pages 45 et 6(6) des tomes 1 et 2 d'A la place du coeur d'Arnaud Cathrine...

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dimanche, 22 avril 2018

Biffure 40

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Lune diurne, Giverny, avril 2018

Mots rescapés des biffures à douze mains de la page 57 de Un membre permanent de la famille de Russel Banks

Histoire et abandon
la lune couverte de neige
en gilet de décembre
l'enfant reconnut

un livre de classe
C.

Il savait que
la salle de séjour
ne pouvait pas avoir avancé
devant une pièce adjacente.

Quand il fut devant,
il comprit que
c'était un fauteuil à bascule

D.

S'effondrer avec
une humiliation de jaloux
il regrettait ses amis
N.

S'effondrer
sur la pente polaire
et récupérer
l'heure neuve
A.

Noël se casserait
à bonne distance
de la lune

mais il savait que
dans sa parka de fête

il regretterait
la baby-sitter à bascule
B.

Abandon de la lune
contre sa bouche
P.

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mercredi, 18 avril 2018

Biffure 39

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Sienne, août 2016

Ses pas l'ont cherchée longtemps
dans son carnet se froissent
secrets et rêves
caresse accrochée
au mur de ses émotions

Mots rescapés des biffures de la page 171 de Rêves oubliés de Léonor Recondo

lundi, 16 avril 2018

Et la cage ?

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Cab : un jour je monterai dans un cab, pour y manger un riz au lait
CAC 40 : comprendre ce qu'est le CAC 40 ne changerait rien à ma vie
Cade : Huile de cade ou d'amande, pour la douceur
CAF : sujet de préoccupation de mon fils ces derniers jours
Cage : (vide)
Cake : nom que ma grand-mère donne aux petits gâteaux qu'elle cuisine pour accompagner le café. Elle prononce (kak)

Cale : un ami utilise les livres qu'il n'a pu éditer comme cale pour son établi
Came : abréviation de camelote. A camelote, je préfère le mot pacotille

Et la cage ?

Canne : la semaine dernière, un des acteurs de Dale recuerdos avait besoin de sa canne pour rejoindre le bord de la scène
Cap' : de quoi sommes-nous capables ?

Caque : longtemps j'ai orthographié ainsi les gâteaux que ma grand-mère prépare pour accompagner le café
Car-Casse : "A chaque jour qui recommence, on recommence notre vie"
Cave : si j'en avais une, j'y ferais vieillir des vins toscans et quelques Love and flowers

Et la cage ?
Même si j'ai lu Le pays imaginé, je ne connais de la cage que son inutilité. L'oiseau, je l'aime perché sur une branche de ton poirier s'apprêtant à briser le silence d'une nuit pour chanter un jour nouveau.

mardi, 20 mars 2018

A la belle impérieuse

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15h, aujourd'hui comme tous les jours, c'est l'heure de la pause : dix petites minutes pour attraper en salle des profs mes deux  comparses, un café, une clope puis filer derrière le collège pour fumer la clope, boire le café et discuter avec mes deux comparses sous un froid rayon de soleil. Dix petites minutes pour recharger les batteries. Ce temps est d'autant plus sacré le mardi que j'ai déjà quatre heures de cours au compteur et qu'il m'en reste encore deux à faire. 

C'est ce moment-là précisément que choisit E. pour croiser mon chemin pressé.
- Madame, puis-je passer dans votre prochain cours pour faire un B.I.P. ?
Je suspends deux secondes mon vol pour lui dire oui avec plaisir, m'étonne à peine de la proposition, ne pense pas à lui demander avec quel prof il a préparé son B.I.P. - j'avais E. en français l'année dernière, je sais qu'il pratique cet exercice avec art : entrer dans une salle de cours, déclamer un poème puis ressortir - et allonge mon pas pour rattraper mes deux comparses.

15h10, je récupère mes latinistes 3ème. Au centre de mon cours, ce jour-là, le mot VIRTUS. On cherche ses traces dans la langue française : virtuel, vertu, virtuose... Traduisons-le rapidement par courage.
C'est ce moment-là précisément que choisit E. pour apparaître. Il ne me laisse pas le temps de remarquer qu'il a troqué son sweat contre une chemise blanche et un gilet de costume. Il dégage une tension que je ne lui connais pas. Je me recule pour lui laisser la place.

A la belle impérieuse de Victor Hugo

Je souris, le poème s'accorde bien avec le thème du Printemps des Poètes, Ardeur,

L'amour, panique
De la raison,
Se communique
Par le frisson.

Sa voix tremble, glissando ; en face la classe a suspendu son souffle,

Laissez-moi dire,
N'accordez rien.
Si je soupire,
Chantez, c'est bien.

Son visage reste obstinément tourné vers la droite,

Si je demeure,
Triste, à vos pieds,
Et si je pleure,
C'est bien, riez.

Je vois son coeur battre à tout rompre, côtes, chemise blanche et gilet...

Un homme semble
Souvent trompeur.
Mais si je tremble,
Belle, ayez peur.

Le dernier vers flotte encore dans l'air, qu'E. a déjà disparu. Tous applaudissent avec un sourire immense. Seule V., à ma droite, baisse la tête, avec cette grâce particulière propre aux personnages de Botticelli. L'un dit : incroyable, il a eu le courage de le faire ! C'est alors seulement que je comprends. Je dis : je me trompe ou on vient d'assister à une magnifique déclaration d'amour ? J'en reste époustouflée, E. venait d'imposer sa chance, serrer son bonheur et aller vers son risque.
Ce mardi devait filer comme un autre, il est devenu un jour de joie.

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