samedi, 06 octobre 2007
RIEN N'EST PLUS PROCHE (1)
Que la RIVIÈRE salée
Que la LUNE (pour celui qui rêve)
Que l'EMPRUNTE creusée par tes mains sur ma peau
Que mon IMAGINATION sur sa chaise
En fait,
Rien n’est plus proche que la rivière de la lune pour l’emprunte de l’imagination
23:00 Publié dans BAL(L)ADE | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook |
mercredi, 26 septembre 2007
MATIN
Matin
T'es-tu déjà réveillé,
juste entre la nuit et le matin ?
Entre la fin de la nuit
et le début du jour ?
A l'orée de l'aurore,
sur le bord fin de l'aube.
Tu vois ?
Aprés les derniers rayons de lune,
et avant,
juste avant
les premiers rayons de soleil.
Ce n'est pas le jour.
Ce n'est pas la nuit.
C'est autre chose :
Les loups se couchent
comme des peaux de chèvres
et monsieur Seguin embrasse de sa bouche
Madame Seguin sur les lèvres.
Alain Serres
in N'écoute pas celui qui répète
20:45 Publié dans BAL(L)ADE | Lien permanent | Commentaires (16) | Tags : alain serres, matin | Facebook |
mercredi, 19 septembre 2007
LA RIVIÈRE AU BORD DE L'EAU (2)
Chers passants des Îles Indigo,
J'étais effectivement partie voir si quelque rivière ne coulait pas aux abords de Saint-Eloi-de-Fourques. Or j'en ai découvert une qui m'a laissée sans voix tous ces derniers jours. J'aurais aimé nommé de son nom un des ruisseaux de mon archipel:le riel...
Quel somptueux anagramme!
Cependant, avant que cet intermède sans chorégraphie ni musique ne se referme, je tiens à préciser qu'il ne s'agit toujours pas là de ma rivière au bord de l'eau.
22:30 Publié dans BAL(L)ADE | Lien permanent | Commentaires (8) | Facebook |
vendredi, 07 septembre 2007
TOUT AIMER
Tout aimer
Aimer tout aimer
Même le froid et ses morsures
même l'heure qui sépare
et les déserts du chagrin
Aimer l'arbre fendu
la fontaine sans eau
et le visage blessé
où ne vont plus les songes
Aimer les mains qu'on n'a plus
et la caresse abandonnée
et la saison obscure
que n'éveille plus l'oiseau
Croyez-moi
je sais de quoi je parle
j'ai le coeur léger comme vous
il faut aimer à en brûler
même l'instant sans joie
qui serre le coeur
qui serre le coeur
Jean-Pierre Siméon, in La nuit respire
19:55 Publié dans BAL(L)ADE | Lien permanent | Commentaires (4) | Facebook |
mardi, 14 août 2007
JE NE PARLERAI PLUS DES ARBRES
12:05 Publié dans BAL(L)ADE, ESPACES DES CRIS | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : siméon, sans frontières fixes | Facebook |
mardi, 07 août 2007
ARBOR PLUMEA
Brise-bora, Fils de la Terre,
Hier, encore, frêle Arbor plumea,
Mais, à force d'étreindre le sol,
Solennellement tendu vers les nuages têtus,
Tu mérites le nom, dare-dare,
D'Arbre à livres aujourd'hui,
Huerta de la sauvage menthe
Antique espace à palabres.
15:55 Publié dans BAL(L)ADE | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : arbor plumea | Facebook |
samedi, 04 août 2007
COMMENT J'AI PÊCHÉ ULYSSE
Il y a de cela quelques minutes, par désoeuvrement ou plus exactement par désir de faire oeuvre -toute modeste soit-elle, quelque chose comme un billet ou un post- je relisais l'à-propos de mon blog dans lequel j'affirme en toute fausse innocence ce qui suit :
Soudain, il me semble plus simple de pointer sur la carte IGN (0519 OT) du Finistère Sud toutes les failles de la côte, d'y rajouter toutes les îles - souvenirs épars de ces cassures qui narguent le continent - que de dénombrer mon archipel. Bien rusé celui qui dira ce qu'est la Littérature jeunesse ou ce qu'elle n'est pas : la présence de l'étiquette "à partir de tel âge" saura-t-elle suffire ? Il est vrai que dans La Littérature, aucun livre n'a jamais été estampillé d'un "à partir de quarante ans" ! Que faire alors de ces éditeurs dits jeunesse qui se sont toujours refusés à toute discrimination de type poussins-benjamins-cadets, quant aux seniors s'abstenir ? Alors quoi ? La présence d'illustrations ? La notion d'album ? La simplicité d'un récit ? Autant d'écueils à éviter.
J'ai dit bravo à l'Education Nationale le jour où elle a eu l'audace de faire entrer dans les programmes de 6ème L'Iliade et L'Odyssée. Deux pierres angulaires désormais dites "jeunesse"!
Il est un genre qui se fiche de tous ces questionnements peut-être bien stériles: la poésie. Regardez les albums Mango : hétéroclites, du Moyen Âge jusqu'au slam. Il n'est jamais trop tôt pour faire l'expérience du poème, se rendre compte qu'en ce domaine le sens unique n'existe pas, ni le sens interdit, d'ailleurs.
Lire un poème, c'est accepter à la suite du poète de cheminer dans l'inconnu. Nul besoin d'être un marin chevronné pour prendre ce risque. Accepter de ramasser sur la plage, Algues, sable, coquillage et crevettes, alors que nous espérions un poisson.
Lire, c'est accepter que les mots soient "en jeu", alors les frontières gardées par des doigts niais ne sont plus de mise. Si cette nuit, une femme lit quelque part Les treize tares de Théodore de Susie Morgenstern tandis qu'une collégienne finit Au bonheur des dames, il ne m'en faut pas plus pour sourire.
J'en étais là de mes pensées itinérantes et je ne savais plus trop où les faire aboutir. En attendant un sursaut de ma muse, j'ai tapé la date d'ouverture de mon blog, le 16 juin, dans Wikipédia. Ce n'est autre que le Bloomsday qui est apparu, les fameuses vingt-quatre heures de Léopold Bloom, le 16 juin 1904, racontées par Joyce dans Ulysse. Or ce roman est pour moi un continent à lui tout seul. Combien de fois en ai-je commencé la lecture ? Combien de fois ai-je tenté de le déjouer en prenant un chapitre au hasard ? Si sur celui-là seulement, on pouvait mettre "à partir de trente-huit ans", je courrais le chercher dans ma bibliothèque...
01:15 Publié dans ALBUM, BAL(L)ADE | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : littérature jeunesse, jean-pierre siméon, algues, sable, coquillages et crevettes, mango, iliade, odyssée, ulysse, joyce, léopold bloom | Facebook |
lundi, 30 juillet 2007
DES VOILES
Les balades furent assurément pour moi, dans les monts d’Arrée sous l’égide de Merlin –bien lui en prit car les déluges de Noé qui y tombèrent nous virent, un jour néfaste, finir terreux et crottés sur les banquettes en cuir d’un VRP stupéfait de nous voir randonner par ces temps si oubliés des dieux ; dans la presqu’île de Crozon, j’ai tout à fait fui le touriste en gagnant le cap de la chèvre abandonné de tous, mortels et immortels - celle de Seguin aurait pu y brouter longtemps encore bruyères et genêts.
A Lesconil, j’ai simplement chatouillé de mes semelles de longues pierres plates au sourire cocasse, j’ai imaginé un soir me blottir dans le tronc démultiplié du chêne de Sainte-Marine pour lire Sweet home d’Arnaud Cathrine, déniché à La Nuit Bleu Marine de Morlaix.
Par contre, point de ballades dans les deux douces maisons où je me suis déposée. Point mais pas à la ligne. J’ai voulu comprendre. J’ai jeté des regards qui ne demandaient qu’à être harponnés, voire hameçonnés. J’ai ouvert des portes, jusqu’à celle des toilettes –si les miennes n’étaient pas si humides, j’y aurais placé mes quelques La Pleiade, en attendant les travaux toujours remis à demain, j’y savoure certaines Microfictions. Mais rien, pas l’ombre ni le corps d’un livre ! Mes hôtes, je le savais, étaient d’impénitents lecteurs. Or, le premier les a insatiablement donnés, offerts, transmis, passeur sans vergogne et sans peur des reproches de sa soeur –histoire peut-être d’en pérenniser la lecture une fois la dernière page tournée ; la seconde les a enfouis en des latitudes et longitudes familières, derrière les bambous au fond du jardin ! Enfouis ? Pas exactement, plutôt mis en caisses. Etait-ce pour cause de déménagement ? Je ne sais plus. Ce geste sacrilège a fini par me séduire. Elle avait encaissé chacun de ses livres, le souffle coupé…
Cette nuit, le ciel est démesurément lunaire, je songe au Géol de François Place, à son vrai frère dans Moby Dick, à leurs peaux tatouées, je pense à ces livres qui, bien qu’empilés ou rangés sur des planches, n’en finissent pas de se dessiner en moi, malgré moi.
00:45 Publié dans ALBUM, BAL(L)ADE | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : moby dick, françois place, les derniers géants, bretagne | Facebook |
lundi, 23 juillet 2007
BAL(L)ADES (4)
Le français est un poème qui voyage
Anthologie réunie par Jean-Marie Henry
images de Cécile Gambini
Rue du monde
CE SILENCE DU SOIR
Ce silence du soir,
Ce n'est pas le silence. Écoute ! Tout est noir,
La nuit obscure fait toute chose pareille,
Le ciel verse un repos immense; pour l'oreille
Tout bruit a cessé. L'âme entend en ce moment
Une foule de voix sortir confusément
De cette ombre en disant des choses inconnues.
Il semble que les eaux, les plaines et les nues
Sont pleines de secrets qu'elles vont révéler,
Et dés que tout se tait, tout commence à parler.
Victor Hugo, Tas de pierres
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vendredi, 20 juillet 2007
BAL(L)ADES (3)
La poésie chinoise
Images de Sren-Lean Tang
Calligraphies de Shain Jye Mong
album Mango
AURORE PRINTANIER
Mon sommeil du printemps a oublié l'aurore.
Voici que les oiseaux chantent de toute part.
Cette nuit bruissaient le vent et la pluie.
Qui sait combien de fleurs maintenant sont tombées?
Meng Haoran
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mardi, 17 juillet 2007
BAL(L)ADES (2)
La poésie arabe
images de Rachid Koraïchi
Mango Jeunesse
IL Y A DES JARDINS
Il y a des jardins qui n'ont plus de pays
Qui sont seuls avec l'eau
Des colombes les traversent bleues et sans nids.
Mais la lune est un cristal de bonheur
Et l'enfant se souvient d'un grand désordre clair.
Georges Schéhadé
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dimanche, 15 juillet 2007
BAL(L)ADES (1)
Je me barre, toutes voiles dehors -ceci fièrement dit, je n'ai jamais fait de bateau de ma vie-
M'éloigner de ma coque
Je pars me balader jusqu'à la fin de la terre et peut-être retour,
J'ai pris l'habitude ces derniers temps, sur la toile,
D'aller pêcher la baleine et de me remplir les mirettes de couleurs bretonnes!
Auprès de vous, je laisse quelques ballades poétiques, fil des jours d'absence.
Peut-être nous rendrons-nous compte au final que la ballade fut pour moi et pour vous les balades...
07:20 Publié dans BAL(L)ADE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : balade, ballade | Facebook |
mercredi, 11 juillet 2007
ÉTRANGES ÉTRANGERS
Étranges étrangers
Kabyles de la chapelle et des quais de Javel
hommes des pays lointains
cobayes des colonies
Doux petits musiciens
soleils adolescents de la porte d'Italie
Boumians de la porte de Saint-Ouen
Apatrides d'Aubervilliers
brûleurs des grandes ordures de la ville de Paris
ébouillanteurs des bêtes trouvés morts sur pied
au beau milieu des rues
Tunisiens de Grenelle
embauchés débauchés
manoeuvres désoeuvrés
Polacks du Marais du Temple des Rosiers
Cordonniers de Cordoue soutiers de Barcelone
pêcheur des baléares ou bien du Finisterre
rescapés de Franco
et déportés de France et de Navarre
pour avoir défendu en souvenir de la vôtre
celle des autres
Esclaves noirs de Fréjus
tiraillés et parqués
au bord d'une petite mer
où peu vous vous baignez
Esclaves noirs de Fréjus
qui évoquez chaque soir
dans les locaux disciplinaires
avec une vieille boîte à cigares
et quelques bouts de fil de fer
tous les échos de vos villages
tous les oiseaux de vos forêts
et ne venez dans la capitale
que pour fêter au pas cadencé
la prise de la Bastille le quatorze juillet
Enfants du Sénégal
dépatriés expatriés et naturalisés
Enfants indochinois
jongleurs aux innocents couteaux
qui vendiez autrefois aux terrasses des cafés
de jolis dragons d'or faits de papier plié
Enfants trop tôt grandis et si vite en allés
qui dormez aujourd'hui de retour au pays
le visage dans la terre
et des bombes incendiaires la bourant vos rizières
On vous a renvoyé
la monnaie de vos papiers dorés
on vous a retourné
vos petits couteaux dans le dos
Étranges Étrangers
Vous êtes de la ville
Vous êtes de sa vie
même si mal en vivez
même si vous mourez.
Jacques Prévert, Grand bal du printemps
05:05 Publié dans BAL(L)ADE | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : étranges étrangers, prévert | Facebook |
samedi, 23 juin 2007
QUAND EN RÉALITÉ
En attendant que votre librairie reçoive L'ami indien, ces vers d'un poète amérindien...
J'ai écrit dans mon journal
que ce matin j'avais seulement mangé
une orange et du fromage
puis bu un bol de café lyophilisé
Alors, qu'à vrai dire, à l'aube, j'ai mangé
des lézards, coyotes, argent et cactus
plus un travailleur isolé dans le désert.
Je buvais le ciel, le soleil et les nuages ;
mes yeux consommaient plaines, montagnes,
pays, continents ;
les mots grondaient dans mon ventre.
Cette nuit j’émince et courbe la lune à l’ouest
et bois la liquoreuse plainte du loup.
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samedi, 16 juin 2007
À CRIER DANS LA RUE
Jean-Marie Henry
Illustrations Laurent Corvaisier
Rue du monde - 15,40 €
Que croyez-vous que soit un artiste ? Un imbécile qui n’a que des yeux s’il est peintre, des oreilles s’il est musicien ou une lyre à tous les étages du cœur s’il est poète ? Bien au contraire, il est en même temps un être politique, constamment en éveil devant les déchirants, ardents ou doux événements du monde, se façonnant de toute pièce à leur image.
Picasso, in Les Lettres françaises, 1951
Alors, ça commencera par un cri. C'est un recueil de poèmes qui m'y invite.
D’ordinaire, une anthologie recueille des poèmes pour leur taille, Il pleut des poèmes, selon un genre, Le fabuleux fablier, ou bien un thème, Cour couleur, ou encore pour jouer avec l’alphabet ou quelques contraintes d’écriture, L’alphabet des poètes et Le tireur de langue…
En ces temps qui sortent sans doute de l’ordinaire, pour sa nouvelle anthologie, Rue du monde a regroupé des poèmes pour un même mode d’emploi Poèmes à crier dans la rue.
Se retrouvent à battre les pavés de leurs mots Jean-Pierre Siméon, Rimbaud, Alexandre Romanès, Aragon, Valérie Rouzeau, Abdelamir Chawki, Pablo Néruda, David Diop, Madeleine Riffaud, René Char… long est le cortège ici rassemblé.
Mais je suis étranger
plus étranger que l’étranger
à mon pays quand il est
dur et froid comme la pierre
et fermé comme une porte
au ciel changeant des visages.
J-P Siméon
Vers, d’ici ou d’ailleurs, d’aujourd’hui ou d’hier, tous disent un autre monde, un monde qui pourrait être autre et l’urgence de le créer.
Et tu te hâteras d’admirer.
Crains la nuit. Elle vient vite.
N’aime pas. Adore
Au moins, tu vivras au sommet du bond.
Cherche l’amplitude.
Exige. Délire.
Ne rêve plus. Invente-toi.
Prends parti.
Crie.
Jean Malrieu
Qu’attendons-nous pour nous en emparer et les crier haut et fort ?
11:35 Publié dans BAL(L)ADE, ESPACES DES CRIS | Lien permanent | Commentaires (14) | Tags : à crier dans la rue, jean-marie henry, corvaisier | Facebook |