dimanche, 07 mai 2017
Chaîne de véloulipo (3)
Lisbonne, février 2017
Je me souviens que la semaine dernière, en écoutant Antoine C. lire son 3ème haïku, je m'étais dit : ce sont ces mots-là que j'aimerais mettre sur mes îles dimanche prochain...
Que chantent les nuages
aux oreilles des plus grands arbres ?
des poèmes de lutte
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samedi, 06 mai 2017
Chaîne de véloulipo (2)
Les nuages en troupeau m'empêcheront-ils de monter sur mon vélo aujourd'hui ? Qu'à cela ne tienne, voici une chaîne de véloulipo réalisée la semaine dernière. Le mode d'emploi se lit sur mon billet Véloulipo.
Rire d'un enfant
Ail des ours dissimulé
Espace de verdure
Espace de verdure
Espèce d'espace espéré
par les hommes-salades
Par les hommes-salades
Ils ne sont plus écoutés
Les vers de bitume
Les vers de bitume
Sentent la chaleur du goudron
et crient au secours
Et crient au secours
Sous le volcan des bombes
Un chant sans paroles.
Les auteurs des haïkus par ordre d'apparition sont : Dom C., Antoine C. , la tenancière de ces lieux, Dom C. et Val L.
08:06 Publié dans BAL(L)ADE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : oulipo, véloulipo, terres de paroles | Facebook |
vendredi, 05 mai 2017
Chaîne de véloulipo (1)
La météo, l'emploi du temps à tout autre chose, tous les astres se sont alignés pour m'empêcher de sortir mon vélo cette semaine. Qu'à cela ne tienne, voici une chaîne de véloulipo réalisée la semaine dernière. Le mode d'emploi se lit sur mon billet Véloulipo.
Caresse des roues
Sur les courbes de la voie verte
Les saules nous saluent
Les saules nous saluent
Trois vieilles dames qui rient et rient
Je veux leur adresse.
Je veux leur adresse
Pour ne pas aller chez eux
Pour rester au calme
Pour rester calme
goûte le pourquoi des pinsons
et rêve en même temps
Et rêve en même temps
Qu'il tente de nous convaincre
Que de vaines paroles.
Les auteurs des haïkus par ordre d'apparition sont : la tenancière de ces lieux, Pili V., Eduardo B., Antoine C. et Grégory R.
20:33 Publié dans BAL(L)ADE | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : oulipo, véloulipo, terres de paroles | Facebook |
mardi, 02 mai 2017
Tu es
Marais Vernier, avril 2017
Entre deux prairies
l'odeur des jours funambulesques
les heures de la clepsydre écourtées
la clarté des désirs étendue
sur le fil
des chemins essorés
des terres sèches
des instants buissonniers
le crissement dans l'allée
le crépitement des pensées
le murmure des paumes
le raffut sous la peau
les choses tues
tu es
et l'après rit
19:59 Publié dans BAL(L)ADE | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook |
lundi, 01 mai 2017
Véloulipo
Festival Terres de Paroles, c'est fini pour cette année. Mais quelle fin !
Cinq oulipiens, Jacques Jouet, Frédéric Forte, Eduardo Berti, Olivier Salon et Paul Fournel (par ordre d'apparition de gauche à droite sur la photo ci-dessous) ont débarqué en Normandie pour une virée véloulipienne sur l'avenue verte.
Monter sur son vélo
Rejoindre la voie verte
Pédaler quelques tours de roues
S'arrêter au premier banc
Laisser Eduardo Berti donner sa contrainte d'écriture
"Ecrire des haïkus"
Remonter sur son vélo
Pédaler, pédaler, pédaler lentement
Regarder, écouter, sentir
Laisser les trois vers apparaître
Pianoter sur son guidon 5,7,5
Descendre de son vélo
Ecrire, raturer et lire à haute voix
Recevoir la contrainte suivante
prendre le dernier vers de son voisin
en faire le premier vers du haïku suivant
- Je reçois donc en partage "Moi qui suis si fleur bleue". C'est joliment dit, d'habitude mes amis m'appellent l'utopiste. Puis "Bonjour souplesse". Beau détournement littéraire. Mais quand je me retrouve avec "Par les hommes-salade"...-
Demander à l'auteur de répéter
remonter sur son vélo
se demander quoi faire de ces hommes-salade
pédaler, pédaler encore plus lentement
essayer de gagner du temps
Descendre de son vélo
sans avoir trouvé les deux vers manquants
Regarder une oulipienne à genoux sur le macadam
Implorer l'inspiration
Remplir la page presque blanche
vous donner à lire l'ensemble...
-1-
Blancheur des pommiers
Le long de mon vélo, l’eau
Voyage de printemps
Entendu en pédalant la réponse d’un gamin à qui son père demandait de serrer à droite pour éviter une bande d’oulipiens pédalant à contre-sens...
- C’est difficile de rester toujours à droite !
- Faut voter Mélenchon !
-2-
Caresse des roues
Sur les courbes de la voie verte
Les saules nous saluent
-3-
A quoi pensent les saules
Penchés au-dessus du lac ?
A rire un peu plus
-4-
Moi qui suis si fleur bleue
Je n’ai pas vu une seule fois
Un champ de lin
-5-
Bonjour souplesse
Je compte les syllabes
Le nez au vent
-6-
Par les hommes-salade
Ils ne sont plus écoutés
Les vers de bitume
-7-
Ici je m’enivre
De l’oulipisme caché
En toutes paroles
12:56 Publié dans BAL(L)ADE | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : oulipo, terres de paroles, éduardo berti, paul fournel, véloulipo | Facebook |
jeudi, 13 avril 2017
Faire le poirier
Mesurer la croissance de mon cerisier sur une année est si simple. Attraper comme repère le câble électrique au-dessus de lui. L'espace de l'un à l'autre de moins en moins vide.
Mais prendre la démesure de ton poirier ! Suivre du regard la courbe de son tronc, se perdre dans ses ramifications, poursuivre dans un labyrinthe de murmures, de souffles, sens dessus dessous, découvrir ici la douceur nouvelle d'un pli et d'un repli, là une complicité qui n'y était pas l'année dernière, pas encore, m'en emplir comme les feuilles tout là-haut réchauffent leur lignes de chance, lignes de vie à la lumière.
10:38 Publié dans BAL(L)ADE | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : poirier, cerisier | Facebook |
dimanche, 26 février 2017
Desassossego
Calada da noite
Lisbonne, février 2017
© Pili Vazquez
chienne de vie
y a des soirs au coin du lit
où tu aboies à pleins crocs
sur les rives du Tage
en haut des miradouros
les rêves s'emmêlent
noeuds et nous
ô mon amour(heur)euse
ta peau sur ma peau
dénoue mon coeur
par un baiser de saudade
chienne de vie
y a des soirs au coin de la table
où tu chantes en pleine gueule
lamentos au bord de l'obscurité
à déchirer la nuit
à briser la bouteille
à faire pleurer les pessoas
ô mon amour(heur)euse
ta main dans ma main
pose sur mes lèvres
l'intranquillité bienheureuse
18:57 Publié dans BAL(L)ADE | Lien permanent | Commentaires (2) | Facebook |
samedi, 18 février 2017
Le pied manquant
quand le printemps faisait à nouveau signe
le framboisé des feuilles
quand l'été était au zénith
les sarments entrelacés aux branches du figuier
quand l'automne roussissait
l'ivresse folle des grappes
tout cela maintenant
(serrement de cœur dans l'interligne)
le pied de vigne
l'exécutera
sur une autre terre
avec la même alacrité
11:02 Publié dans BAL(L)ADE | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook |
mercredi, 15 février 2017
Le coeur en fête
le soleil
qui s'invite
par la fenêtre et les portes
le rideau gonflé de bise
les baisers dans l'air
le murmure de la sève
le frémissement des branches
ça a une de ces gueules
de printemps
aujourd'hui
11:38 Publié dans BAL(L)ADE | Lien permanent | Commentaires (3) | Facebook |
mardi, 14 février 2017
Aspiration
Coulisse du Musée des Beaux Arts
Lille, Mai 2016
Aspirons
tant qu'il fait jour
la poussière de nos oublis
les toiles sur l'Histoire
grande hache, repli sur soi
et pire-to-pire
Aspirons
sans nous assoupir
à embraser
du fond de la nuit
la poussière d'étoiles
de nos os
unis vers demain
09:51 Publié dans BAL(L)ADE | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook |
dimanche, 12 février 2017
Laissons
St Malo, mai 2016
La terre est encore dure
craquelée et sombre
comme le bitume
pourtant
les sons
d'une saison nouvelle
déjà s'élèvent
polis par l'âme du vent
ou n'est-ce que le frisson
de la fleur de l'hellébore
qui a pris le risque d'éclore
au bord de ton trottoir
14:59 Publié dans BAL(L)ADE | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : hellébore | Facebook |
dimanche, 18 décembre 2016
Vous êtes ici
Factorie, © hgwo
. vous êtes ici
à l'entrée du poème
libre à vous
de recommencer votre vie
ou de vous connaître vous-même
par le pouvoir d'un mot
18:07 Publié dans BAL(L)ADE | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : factorie, éluard | Facebook |
mercredi, 14 décembre 2016
Fractale d'une semaine avec un galet
Mercredi 7 décembre
Atelier d'écriture à la Factorie avec Mélanie Leblanc. Des falaises à la verticale. A l'horizontale aussi, comme de belles endormies. Je repars avec un galet dans la poche de mon blouson. Ça lui donne une drôle d'allure à mon blouson ; disloqué à droite ; et les clés, le tabac, le briquet, le papier à rouler, le ticket de caisse dans l'autre poche ne font pas le poids pour rééquilibrer le tout. La dislocation va durer une semaine. Sept jours pendant lesquels ma main découvrira, en aveugle, le galet. Le polira un peu plus. Les mots qui vont venir, il faudrait que je les note en braille.
Jeudi 8 décembre
avec ce galet qui fait bombance
décombres de la mer
ma poche mérite
le nom de galetas
Vendredi 9 décembre
je le tiens à pleine main
en une faille de son pourtour
mes doigts se calent un à un
c'est une île écorniflée
Samedi 10 décembre
je dis mon galet n'est pas gris
il porte traces
fracas de la mer, flegme de l'algue
tumulte d'une nuit d'orage
Dimanche 11 décembre
en son centre le vide
pierre feuille puits ciseaux
le trop plein perdu au creux de la vague
géométrie du hasard
Lundi 12 décembre
quelle probabilité
pour qu'il retrouve cette part manquante
qu'elle emplisse à nouveau
le vide, l'absence, le trou
Mardi 13 décembre
le jour où il s'est échoué sur la plage
la pluie tombait lentement
elle n'a pas effacé les traces
elle n'a pas comblé l'absence
06:46 Publié dans BAL(L)ADE | Lien permanent | Commentaires (2) | Facebook |
samedi, 10 décembre 2016
En corps
© Pili Vazquez, novembre 2016
maintenant c'est le jour
hier s'en est allé mourir
en mon corps vivante encore
14:18 Publié dans BAL(L)ADE | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook |
vendredi, 09 décembre 2016
Comment c'est
© Pili Vazquez, juin 2016, Pointe de la Roque
comment c'est
le cri de la craie
comment c'est
le bloc de la brise
recommencer
comment c'est
la ligne de l'engouleciel
comment c'est
l'effritement du vent
00:00 Publié dans BAL(L)ADE | Lien permanent | Commentaires (1) | Facebook |
jeudi, 08 décembre 2016
Déjà
© Pili Vazquez, Volterra, août 2016
l'un certitude
l'autre glissade
l'un à l'arrêt
l'autre loin
déjà
11:07 Publié dans BAL(L)ADE | Lien permanent | Commentaires (3) | Facebook |
lundi, 24 octobre 2016
Demeurer
Arradon, Octobre 2016
C'est le matin maintenant
je m'assieds sur le banc
entre les gouttes de la nuit
tout se reflète dans tout
le jour naissant dans l'eau
le clapotis contre les coques
dans les nuages
moment de calme intense
les bernaches sur le sable
C'est le soir maintenant
nous posons sur la pointe
nos semelles fourbues
face au silence
des nuages aspirés
par la lumière qui décline
Demeurer dans la beauté du monde
d'une frontière à l'autre de ce jour
Arradon, Octobre 2016
08:25 Publié dans BAL(L)ADE, LE SEL DE LA VIE | Lien permanent | Commentaires (4) | Facebook |
mardi, 06 septembre 2016
Aux jours qui viennent
Pavement du Duomo
Siena, août, 2016
"Nul ne sait le passé qui nous attend", Orlando Luis Pardo, in Cuba, année zéro
Dans le Duomo de Sienne, je n'ai pas résisté au plaisir de mettre mes pieds face à ceux de la Sibylle de Cumes, prêtresse d'Apollon, experte en prophéties. Entre nous deux, plusieurs siècles et cette légende : "Sibylla Cumana cuius meminit Virgilius Eclog. IV." Comprenez : la Sibylle de Cumes dont Virgile se souvient dans l'églogue IV (des Bucoliques). De retour à la biquetterie, je suis allée regarder de plus près le passage en question. Le poète fait annoncer à la prêtresse le retour de l'âge d'or...
Première semaine de reprise des cours. Sauf que cette année, je n'ai pas l'impression de reprendre mes cours mais de débuter après vingt-deux ans de bons et loyaux services. La Réforme, malgré nos protestations, a tout chamboulé, promettant monts et merveilles. Mais en Langues et Culture de l'Antiquité, le bilan est amer. Le Latin n'est plus une matière et est relégué à l'obscure catégorie " enseignement complémentaire ". Mes latinistes perdent la moitié ou le tiers de leurs heures. Comment fait-on pour inviter à un voyage antique une classe de 5ème en une heure hebdomadaire ? Nous n'allons quand même pas rester sur le rivage et regarder les bateaux tendre leur voilure vers le grand large ? Mes latinistes gagnent néanmoins le grand honneur de fermer le collège chaque soir puisque la pause méridienne est désormais d'une heure trente, incompressible et intouchable. A nous la case de 16h à 17h, dans le silence d'or enfin revenu.
Je m'en vais de ce pas , pour préparer un cours, ouvrir le fameux chant VI de l'Enéide où l'on croise à nouveau la Sibylle de Cumes qui guide Enée dans sa descente aux Enfers. Quand le printemps reviendra, je descendrai avec mes latinistes en Toscane, dans le Latium et en Campanie. Et j'aime déjà les pages de notre passé que nous y écrirons...
Pavement du Duomo
Siena, août, 2016
09:34 Publié dans BAL(L)ADE | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : toscane, siena, sibylle, virgile, énéide, bucoliques | Facebook |
samedi, 03 septembre 2016
Il barbiere è di ritorno
Lucca, août 2016
Il faisait particulièrement chaud ce jour-là à Lucca. Nous avions laissé la voiture - nous ne savions pas encore qu'une durite avait lâché - sur le parking à l'extérieur des murailles et nous dirigions à pied vers la via Fillungo. Tu en avais plein les bras -carton de victuailles, pot de basilic- j'en avais plein le dos et le ventre -un sac derrière, un sac devant- mais mes mains étaient encore libres d'attraper l'appareil-photos quand nous sommes passées devant ce lieu improbable, via Vittorio Emanuele.
Lucca, août 2016
Chez BISB -the barber is back- ce n'était plus exactement la Toscane. C'était l'Italie passée par Il était une fois en Amérique ou Le Parrain.
Lucca, août 2016
Nous en avons oublié notre chargement. Nos regards ne savaient plus où donner de l’œil. Tout se reflétait dans tout par un jeu de miroirs : barbiers, clients, tissus rayés, murs plus chargés que ceux d'un musée. Et surtout le sérieux imperturbable de l'enfant.
Lucca, août 2016
11:12 Publié dans BAL(L)ADE | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : toscane, lucca, barbier | Facebook |
vendredi, 02 septembre 2016
Etonnement
Lucca, août 2016
Oui, même quand la journée a été bien pleine, alors même qu'on pensait ne plus pouvoir rien voir ni écouter, se laisser surprendre par la caresse du reflet sur les carreaux et s'attarder devant les courbes dessinées.
18:47 Publié dans BAL(L)ADE | Lien permanent | Commentaires (2) | Facebook |
jeudi, 01 septembre 2016
Il faudra
Lucca, août 2016
Malgré tous les discours
vigilance-attentats
protection contre
interdiction de
patrouille de
vigilance si
il faudra oser
ôter les barreaux
et regarder le ciel libre
ouvrir grand les fenêtres
et laisser les bruissements entrer
desceller les murs de briques
et aller et venir dans le monde ;
et le soir venu se laisser surprendre
par un reflet dans les carreaux
11:18 Publié dans BAL(L)ADE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : toscane, lucca | Facebook |
mardi, 30 août 2016
Bures qui nippent
Lucca, août, 2016
Je me souviens que pour prendre cette photo, mon 1,60 m était de trop. Que je me suis assise à même le sol. Que d'en-bas la basilica San Frediano était encore plus belle. Ossature bois, galerie d'arcs et rayon de soleil sur les bancs. Je me souviens que je me suis imprégnée du lieu avant de déclencher l'obturateur. Que je cherchais le bon angle quand un ecclésiastique a surgi du hors-champ comme un ange de sa boîte. Ses gestes n'étaient pas équivoques et sa soutane dans tous ses états. J'ai pris mon temps. Pour prendre la photo. Pour jouer mon rôle de diablesse effrontément face à la bure qui nie le droit de s'asseoir à même le sol. Si j'avais parlé italien couramment, je lui aurais demandé de m'indiquer l'arrêté divin suivant lequel il agissait.
Je me souviens qu'à l'entrée du Duomo de Sienne, les hommes en marcel n'étaient pas inquiétés. Mais que des tuniques post-opératoires étaient distribuées aux femmes en short et débardeur. Cachez-moi ces épaules que l'Eternel ne saurait voir. Ça t'avait fait rire - sur la tunique, tu avais torqué ta bretelle de sac à dos - ça m'avait fait râler. Notre monde est étonnant : ici on couvre les femmes avec de hauts cris et là on les découvre avec de hauts cris.
Siena, août 2016
08:27 Publié dans BAL(L)ADE | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : siena, bure, burkini, toscane, lucca | Facebook |
lundi, 29 août 2016
Vertiges
© Pili Vazquez,
Siena, août 2016
Je m'absente de mes îles pour une journée bien remplie. Trop remplie. Je crains même qu'elle soit un peu étroite aux entournures. Filer à Arras avant même le début du jour avec ma bonne étoile sur le siège arrière, penser à la mettre dans ma poche à l'arrivée, chercher un appartement pour mon fils, l'inscrire à la fac, détourner la conversation quand la secrétaire demandera la collante du Baccalauréat qu'il a égarée, prendre le temps de découvrir la ville puis rentrer. Se dire que ce soir, on pourra. Rire de la journée qui vient de s'écouler. A pleines dents. Ça doit être possible.
© Pili Vazquez
Siena, août 2016
Nous voici de retour. Nous pouvons rire à pleines dents. Mon fils a accroché son blouson à la patère de son studio. D'ici quelques jours, il pourra glisser sa carte d'étudiant dans la poche de son blouson.
05:25 Publié dans BAL(L)ADE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : toscane, siena, arras | Facebook |
dimanche, 28 août 2016
Ailes et elles
Siena, août 2016
Les jours se sont soudain accélérés. Ma fille est revenue de l'Océan. Mon fils de Tel Aviv. Ce sont autant de signes qui annoncent la presque fin de l'été. Déjà la rentrée chargée de lourdes réformes se profile et je renâcle à lui ouvrir la porte. Je le ferai quand je lui aurai trouvé une juste place. Aujourd'hui, je me dis que je ne vais peut-être pas avoir le temps de continuer à passer sur mes îles chaque jour et pourtant je n'imagine pas que mes jours puissent s'enchaîner sans ce détour quotidien.
Siena, août 2016
Intranquillité que j'apaise à tire d'ailes avec l'impassibilité de cet ange qui surplombe le fourmillement humain,
et ces visages d'elles.
© Pili Vazquez, Figures d'albâtre
Volterra, août 2016
© Pili Vazquez, Envol de la pensée
Siena, août 2016
15:49 Publié dans BAL(L)ADE | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : toscane, siena, aile, elle | Facebook |
samedi, 27 août 2016
Ursinesque
Siena, août 2016
La part manquante
a profilé le contour
bien léché d'un ours
15:35 Publié dans BAL(L)ADE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : ours gris, siena, toscane | Facebook |
vendredi, 26 août 2016
Epatement du petit matin
San Gimignano, août 2016
Ce matin quand je me suis réveillée, le soleil n'était pas encore levé ou plus exactement il n'était pas encore passé au-dessus de la brume qui enveloppait la plaine. Vite un café, vite mes chaussures de course. Malgré la chaleur qui, elle, avait oublié de s'endormir -comment réussit-elle à tenir après autant de nuits blanches ?- je suis montée jusqu'au panorama de St Pierre du Vauvray. D'habitude, arrivée là-haut, je me réhydrate puis file sur la deuxième moitié de ma boucle. Ce matin, j'ai eu envie de m'attarder un peu. Mon corps ne risquait pas de se refroidir. J'ai emprunté la courbe du chemin qui descend à flanc de coteau et me suis assise dans la prairie. Silencieuse, le souffle à nouveau calme, j'ai laissé mon esprit prendre pour corps l'univers. C'est ce moment que le soleil a choisi pour illuminer la brume, c'est ce moment que ma mémoire a choisi pour faire remonter un autre matin.
A San Gimignano, quand je me réveillais assez tôt, je filais sur la terrasse du haut pour admirer l'épatement* du petit matin, au-dessus des rues vides. Seule une statue, dans un jardin derrière moi, se tenait à la verticale, immobile et burinée par les premiers rayons, jour après jour. Jamais elle ne manquait un rendez-vous. D'habitude, le soleil rayait la ligne d'horizon comme un diamant sur une plaque de verre. Ce matin-là, il a mis pied à terre tout embrumé et s'est attardé dans les plis des collines. Exactement comme moi aujourd'hui sur les coteaux de la Seine.
*"épatement" : je rends à ma fille, qui est très forte pour inventer des mots ou donner des sens nouveaux à des mots qui existent déjà, ce qui appartient à ma fille.
© Pili Vazquez
San Gimignano, août 2016
12:53 Publié dans BAL(L)ADE | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : toscane, san gimignano | Facebook |
jeudi, 25 août 2016
Ritornare
Siena, août 2016
Ça se savoure comme une madeleine cette canicule normande. Je garde certes les portes de la biquetterie fermées pour travailler au frais. Mais quand cet aprèm', j'ai lancé un espresso italiano dans ma cafetière Bialetti, j'ai jeté un coup d'oeil à G. qui voulait dire, on va le boire dehors ? Ni une, ni deux, nous nous sommes installés en pleine fournaise, avec contentement. C'était l'Italie retrouvée, pour lui l'Ombrie, pour moi la Toscane.
© Pili Vazquez, Il cuore della città
Siena, août 2016
L'image qui est aussitôt remontée est celle de la Piazza del Campo, incurvée comme une vasque que n'inonderait plus que la lumière. Au fil des heures, la place prend même des allures de cadran solaire avec la Torre del Mangia dans le rôle du gnomon. Les touristes s'assoient dans son ombre et se décalent imperceptiblement, minute après minute, pour prolonger une fraîcheur toute relative.
© Pili Vazquez, Sol y sombra
Siena, août 2016
Via Banchi di Sopra, une femme tourne le dos à cet exode nonchalant. Son pas se hâte lentement. Il la ramène chaque fin d'après-midi au même endroit. Ce jour-là, elle est en retard. Via dei Rossi, celles qu'elle rejoint sont toutes installées depuis une bonne heure. Elles sont déjà dans le vif d'un sujet. Elle n'a pas pris sa chaise pliante et le rebord de la fenêtre qui est déjà pris. Rosmunda, une fois sa cigarette finie, ira lui chercher un siège. A Sienne, il n'y a que les touristes pour s'asseoir à même le sol.
© Pili Vazquez, Almodovaresque
Siena, août 2016
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mercredi, 24 août 2016
Fenêtres et drapés siennois
Siena, août 2016
Les deux gardiennes de la Sala del Mappamondo du Palazzo Pubblico ont beaucoup de chance. Alors que d'autres de leurs consoeurs somnolent dans des salles obscures, elles règnent au milieu d'une salle lumineuse dédiée à deux fresques majeures de Simone Martini : d'un côté Guidoriccio da Fogliano all'assedio di Montemassi, de l'autre La Maesta. D'un côté un cavalier, de l'autre, une vierge à l'enfant. Entre les deux, un espace immense où nous nous sommes assises à même la dalle pour pouvoir observer longuement l'un puis l'autre chef d'oeuvre. Il suffisait pour cela, sans même nous lever, de pivoter de 160° en décollant légèrement les pieds du sol.
Siena, août 2016
Donc confortablement installées, nous avons photographié les deux fresques dans leur ensemble. Mais très vite, j'ai cédé à la tentation de la fragmentation. Ici les fenêtres des cités, là un drapé. Je vous laisse imaginer ici le cavalier, là la vierge, en bas à droite.
Siena, août 2016
De ce qui s'est passé quand nous nous sommes enfin levées, je pense que les gardiennes en parlent encore à leurs consoeurs des salles obscures avec perplexité. Mais la salle était si belle, elle-aussi...
© Pili Vazquez, Souffle intérieur
Siena, août 2016
Tu as photographié ici un drapé qui sonnait bien à tes yeux. J'ai photographié là une fenêtre, paumes tendues.
© Pili Vazquez, Mains en ogive
Siena, août 2016
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mardi, 23 août 2016
Façades siennoises
Siena, août 2016
Aux façades de Sienne qui dans les rues ne cessent de s'entrelacer
Siena, août 2016
Siena, août 2016
Siena, août 2016
Façades de face
front contre front
dans l'étroitesse des ruelles
façades de trois-quarts
dont la douceur écarte les incartades
Façades de profil
fil à fil dans les dédales
vous toutes
imbriquées les unes contre les autres
pierres et marbres côte à côte
vous dissimulez
au-dessus de nos têtes insouciantes
le jour qui passe
en un camaïeu terracotta
et quand l'oeil voit un nuage
il se dit qu'il se trompe
Siena, août 2016
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lundi, 22 août 2016
Epoustsoufflant
Petite pause dans mon carnet de voyage toscan pour saluer le départ de J. avec ses deux filles...
Ce matin, tu as pris la route, bien décidée à ne pas la rendre, du moins jusqu'aux causses. Ton éclat dans tes yeux et ta fierté quand tes mains se sont enfin posées sur le volant, je les imagine. Tu as sans doute jeté un coup d'oeil par la lucarne. Derrière toi, tout un début de vie et ton esprit nomade qui a si longtemps trépigné, qui n'en pouvait plus d'être assis. Tu l'as installé entre tes deux filles. Il t'a dit ça y est tu ne rêves plus, tu t'inventes. Oui je suis sûre que ce sont les mots qu'il a employés. Derrière toi aussi, ton camion circassien. Chaque recoin a été pensé, mesuré, bricolé pendant de longs mois : les lits, la cuisine, la douche, les étagères et même les toilettes sèches. C'est désormais un studio ambulant.
Jusqu'à ce vieux jean que tu as dû traîner les soirs de désespérance et les matins de lumière. Il est devenu vide-poche. Tu pourras y mettre tout ce qui n'est pas essentiel et garder le reste précieusement pour toi.
Peu de gens savent ce que c'est de tout quitter. Les amis qu'il faut saluer avant le départ, avec un rhum qui a la force de l'appel de la vie. Les souvenirs à ranger dans les albums. Lesquels prendre, lesquels laisser ?
Malgré tout, c'est un combat ordinaire qui t'attend. Celui que tu as choisi comme une évidence. Si certains en chemin trouvent que tout cela est mauvais genre, pense à leur offrir ton sourire et la certitude qui t'a mise sur la route ce matin.
Demain, tu ne seras pas arrivée à Florac. Parce que ton camion a déjà beaucoup vadrouillé. Parce que tu prendras le temps pour passer d'ici à là-bas. Après-demain, peut-être. Peu importe, pourvu que jour après nuit, un vent époustsouffflant te porte.
Que la route te soit douce et légère...
12:47 Publié dans BAL(L)ADE, LE SEL DE LA VIE | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : epoustsoufflant, combat ordinaire, mauvais genre, larcenet | Facebook |