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dimanche, 21 août 2016

Rendez-vous avec un arbre

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Août 2016

"Incantation de l'espace, décantation du texte" Nicolas Bouvier, Réflexion sur l'espace et l'écriture

Sur la route de Volterra, cet espace étonnamment vide. Après les rues gonflées de linges, les fenêtres dédoublées de reflets, les toits amarrés les uns aux autres, les champs striés d'oliviers, la plage sous les serviettes. Et avant les murs de Sienne couverts de fresques. Suffisamment déroutant pour sortir de la route et s'asseoir dans un champ à même le chaume.
Espace vide. Jusque dans les sillons arides. La saison des moissons est passée. Seul se dresse un arbre. J'ai l'impression de le connaître. De l'avoir déjà côtoyé ailleurs. Je recherche dans les zones encombrées de ma mémoire. Au dedans. Je ressors l'affiche de Le goût de la cerise d'Abbas Kiarostami et la photo d'un arbre prise par Nicolas Bouvier à Dunhuang. Au dehors. La lumière décline. Le jour exténué. La peau séchée de vent et de sel. Les rires de deux enfants japonais. Et mon regard qui ne peut se détacher.

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Août 2016

samedi, 20 août 2016

La città ideale

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Volterra, août 2016

La première chose que nous cherchons en arrivant à Volterra est le théâtre antique. Indiqué dès le parking, nous le trouvons sans peine. Au premier regard, il est évident que ce n'est pas un simple lieu archéologique. Quelque chose s'est passé là, la veille ou l'avant-veille. L'orchestra est remplie de chaises bleues et des tissus claquent au vent. L'air bruisse encore des applaudissements.
Ce n'est qu'arrivées sur la place principale que nous comprenons ce que nous avons manqué. Chaque année, se tient à Volterra, pendant une semaine, un festival de théâtre, le I teatri dell'impossibile. Il vient de s'achever la veille. Il ne nous reste plus pour nous consoler qu'à parcourir une exposition des affiches du festival depuis sa création. En remontant année après année, il est évident que ce n'est pas un simple festival de théâtre. Quelque chose se passe là qui rend au théâtre sa fonction antique : un lieu politique où interroger notre monde et notre manière d'appartenir au monde.
Je suis allée chercher sur la toile quelque site officiel et ai trouvé sur la page d'accueil ce texte :

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Volterra, août 2016

" Nous sommes figés et nous avons la sensation physique de tomber à la renverse. Nous ne croyons plus pouvoir faire quelque chose, nous ne croyons plus qu'il puisse y avoir une solution. (…) Avec le recul de quelques siècles, ce qui un temps était hérésie, est aujourd'hui devenu une évidence à nos yeux. Je sais que je suis un hérétique aux yeux de nombreuses personnes, mon hérésie est de croire aux potentialités transformatrices de l'homme, même à celles des hommes perdus. Un jour, même très loin, l'homme se libèrera des peurs et des liens qui le lient, qui l'emprisonnent. Je travaille en alimentant cette idée qui vient de si loin et va au delà de notre actuelle existence.
Armando Punzo
(...)

Sur nos scènes s'agitent beaucoup de nostalgie, de bonheur et de futur, mais ce dernier reste souvent piégé dans la langue du scepticisme. Le festival de cette année veut donc être, encore une fois, une œuvre dans son ensemble, au travers d'une symphonie de spectateurs, scènes, atmosphère, rencontres qui libèrent le sens de la possibilité de l'impossible, qui expérimentent une langue au travers de laquelle nous pouvons penser l'impensable. Mais comme l'Utopie est une notion dangereuse, parce que nous sommes victimes d’une déformation propre au XXème siècle, elle nous fait penser à ce qui ne pourra jamais exister, et non pas à ce qui existe encore, nous parlerons alors de Cité Idéale. Une figure lumineuse, une invitation à l'idéalisation, à concevoir des rêves plus ambitieux, des idées pour un modèle de civilisation qui vont au delà du temps et de l'espace.

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Volterra, août 2016

(…)
J'aimerais continuer le discours commencé avec Mercuzio non vuole morire et commencer ici, à Volterra, cette action déterminante. Avec la complicité de nombreux citoyens de tous âges concernés personnellement par ce chantier créatif, nous voulons nous demander pour quelle ville, quel homme, quel désir et quelle histoire il vaudrait la peine de se battre avec nous-mêmes et sur les scènes. Le cœur palpitant de la Cité Idéale est le théâtre, entendu comme lieu idéal de toute ville et de tous temps, le lieu de l'âme dans sa configuration concrète et visible; comme le dit Armando Punzo "le théâtre comme architecture concrète d'un espace impalpable, espace dans l'homme qui va contre toute logique du quotidien et qu’il faut cultiver et faire évoluer."*

Comment en le lisant, ne pas penser aux mois qui viennent et qui seront sous la bannière de promesses électorales?  Réussirons-nous à nous battre avec nous-mêmes pour inventer une nouvelle manière d'habiter le monde et transformer nos cités suspendues comme une épée de Damoclès en cités idéales où naîtront des idéaux et des rêves ambitieux?

* La pauvreté de mon italien ne m'aurait jamais permis de traduire ce texte. Merci à S. pour la diligence avec laquelle elle s'est attelée à la tâche et à P. pour sa relecture attentive.

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Volterra, août 2016

vendredi, 19 août 2016

La città del teatro

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Volterra, août 2016

Selon S., un voyage en Toscane doit passer par la case Volterra pour deux raisons. C'est une cité médiévale nettement plus belle que San Gimignano et y a été tourné un épisode de Twilight !
Volterra est certes une belle cité médiévale mais de là à détrôner San Gimignano dans mon coeur... Néanmoins, il faut passer à Volterra ne serait-ce que pour son théâtre antique qui accroche les rayons en fin de journée. Le théâtre est tellement présent dans cette cité - j'y reviendrai dans mon prochain billet - que lorsque l'on voit des vêtements de bure sécher aux fenêtres, on se demande si ce sont les dessous d'un ecclésiastique du coin ou le costume d'un acteur.

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© Pili Vazquez
Volterra, août 2016

Bonus tout spécialement pour S.
Ci-dessous la seule trace de Twilight à Volterra!

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© Pili Vazquez
Volterra, août 2016

jeudi, 18 août 2016

S'évader

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© Pili Vazquez, Le poids des rêves
Vada, juillet 2016

Ce jour-là nous aspirons, après plusieurs jours passés à sillonner l’intérieur des terres toscanes à rejoindre la côte. D’El Nido perché au sommet de San Gimignano, seule une route montagneuse, lente et à lacets, permet de gagner les plages blanches conseillées par S. Nous n’allons pas jusque-là, les routes qui longent la côte sont plus lentes encore que celles qui traversent les collines. Nous finissons par abandonner la voiture auprès d’un camping, traversons une pinède et débouchons sur la plage de Vada. C’est plus une bande de sable entre dune et mer qu’une plage. A droite, l’espace privé, propre sur lui, avec son bar, ses transats, son terrain de volley, le tout limité par une corde. A gauche, l’espace des quidams. Nous y posons tant bien que mal nos serviettes. A droite, à gauche, l'humanité à l’horizontal sous un soleil de plomb. J’aspire déjà à me baigner vite et échanger l’endroit contre un sentier qui se baladerait entre vignes et oliviers.
Pourtant nous sommes restées longtemps à regarder ces hommes vêtus de la tête aux pieds qui arpentaient inlassablement la plage dans un sens, arrêt à la corde, puis dans l’autre.
Le vendeur de serviettes et maillots de bain, pourquoi avait-il ainsi surchargé son improbable charrette ? Espérait-il vraiment vendre tout son stock dans la journée ?

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© Pili Vazquez, Prendre le large
Vada, juillet 2016

L’homme aux paréos allait et venait, sans un regard pour la mer qui léchait ses semelles. En fin de journée, prenait-il le temps de s’allonger sur l’un d’entre eux pour délasser ses jambes des kilomètres parcourus ?

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Vada, juillet 2016

L’homme aux cerfs-volants, quels rêves rembobinait-il en enroulant le dévidoir ?

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© Pili Vazquez, Désillusion des illusions
Vada, juillet 2016

Et juste avant la corde, la douceur de ce visage de femme, assise à côté de son portant à vêtements surchargé de frou-frous et dentelles bon marché. Douce et désabusée.
D’où venaient-ils, tous les quatre ? Quel destin les avait fait s’échouer sur cette plage ?
En les regardant aller et venir inlassablement, j’ai repensé à cet homme croisé en hiver sur un autre coin de la méditerranée et qui élevait un cairn attrape-rêves.

mercredi, 17 août 2016

A fresco

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Lucca, août 2016

Dernier quart du jour
le klaxon des piaggio
les femmes sur les bancs
le linge oublié sur les fils
 des reflets encore à la fenêtre
 les arbres sur l'ocre des murs

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San Gimignano, Juillet 2016

 

mardi, 16 août 2016

Instant de grâce

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© Pili Vazquez, Attimo di grazia
Firenze, Juillet 2016

Au moment où tu prends cette photo, tu sais que tu as attrapé un nouvel instant fragile. Je me dis même qu'il fait diptyque avec Chemins parallèles. A nouveau ces verticalités au fil de plomb, à nouveau cet espace vide ou presque. C'était jour de grande chaleur à Florence.  Les rues dégorgeaient de touristes. Nous rêvions de fraîcheur, de silence, de fontaines et de cascades. L'eau était tellement au centre de nos préoccupations que je t'ai parlé de condensation d'humanité insupportable. En fin de journée, nos ombres étirées à l'extrême sur les graviers du Giardano di Boboli étaient rincées.
Mais de tout cela, ta photo ne dit rien. Elle n'est traversée que par le regard de deux femmes. Qu'y avait-il donc hors-champ de si inattendu pour attirer leur attention au même moment ? Nous ne le saurons sans doute jamais. Reste la légèreté d'un instant suspendu.

lundi, 15 août 2016

C'est sa fête !

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Cripta del Duomo, Sienne

Cela fait un peu plus de neuf ans que j'ai posé le pied sur ces îles et pas une seule fois je n'ai consacré un billet à l'assomption. Faut dire que je n'ai jamais compris comment ce mot pouvait désigner une quelconque élévation dans le ciel. Essayez de le dire à haute voix. Vous en aurez tellement plein la bouche de toutes ces consonnes aussi indigestes qu'une brochette de Chamallow passée au barbecue après les andouillettes que vous vous sentirez soudain d'humeur très terre à terre.
Mais cette année, c'est décidé, après avoir vilipendé tant et tant de fois Noël, je vais lui faire sa fête, à la vierge ! Et j'ai de quoi faire. Après dix jours passés en Toscane, à raison d'un ou deux musées par jour, ma photothèque est pleine de tableaux, fresques et mosaïques virginales, d'autant plus que P. n'y est pas allée de main morte. Avant de lancer le diaporama, je présente mes plus plates excuses aux passants sur ces îles. Nous n'avons pas eu la rigueur de photographier à chaque fois le cartel. Je ne suis donc pas en mesure de vous donner le nom des peintres, le titre des œuvres et toutes autres informations pertinentes qui figurent sur ces notices, habituellement. Seul reste le nom du lieu où ces œuvres sont exposées. Retour donc sur une vie en cinq épisodes avec sous-titres iconoclastes...

Episode 1 : L'annonciation

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Galleria degli Uffizi, Firenze
© Pili Vazquez

Commençons par une représentation somme toute très classique. Quand Gaby vient annoncer à Marie que l’Éternel l'a choisie pour son rejeton, qu'elle doit renoncer aux siestes amoureuses et qu'il faut qu'elle explique tout ça à son gars Jo, évidemment que la demoiselle a été épatée : ça me plaît bien, ce plan-là! répond-elle en levant sa main droite, délicatement. Comment pourrait-il en être autrement ?

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Galleria degli Uffizi, Firenze
© Pili Vazquez

Ah moins qu'elle n'ait reçu l'ange par ces mots : Oh, Gaby,  sérieusement, quoi, tu t'es vu dans ta tenue du dimanche? Fallait pas te mettre en frais comme ça pour moi ! Va donc rendre à ton patron son salut et dis-lui de faire sans moi ! S'il est si doué qu'on le rapporte, il doit même pouvoir se débrouiller tout seul. Sur ce, elle a repris son bouquin et s'est replongée dans la lecture. Ce jour-là, elle lisait le mythe de la naissance de Bacchus qui comme tout le monde le sait est né de la cuisse de Jupiter.

Episode 2 : L'heure de l'allaitement

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El Duomo, Siena
© Pili Vazquez

Sauf que le Patron a fait avec elle et que le rejeton était glouton.

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Chiesa San Michele, Lucca
©
Pili Vazquez

Episode 3 : Photomatons de la mère et du fils

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Torre del Mangia, Siena
© Pili Vazquez

Ça n'a pas dû être la joie tous les jours. Nuits blanches et cernes sous les yeux. Et cette manie que son fils a de toujours vouloir s'asseoir sur son genou gauche !

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Palazzo del Podesta, San Gimignano
© Pili Vazquez

Episode 4 : Scène de famille

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Crypta del Duomo, Siena
© Pili Vazquez

Sans parler des jours où ils se demandaient avec le gars Jo "A qui la faute ?". Ils se renvoyaient tous les trois la balle.

Episode 5 : Mater dolorosa

Au final, quand le petit trentenaire a enfin quitté le giron familial, ils ont cru qu'ils allaient enfin pouvoir couler des jours tranquilles. Ça n'a duré que trois ans. Y a sérieusement de quoi faire la gueule devant une vie pareille.

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Galleria degli Uffizi, Firenze
© Pili Vazquez

Tous mes remerciements vont à P. Sans ses photos, cette année encore, je n'aurais pu fêter l'assomption. Durant les jours toscans, j'ai réussi l'exploit de ne prendre aucune photo de la vierge. En effet, pendant que P.  prenait une fresque dans son ensemble ...

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Cripta del Duomo, Siena
© Pili Vazquez

... moi, je cédais à ma manie du fragment, ce qui me permettait de me poser des questions existentielles. Ah oui, au fait, qui donc s'est chargé d'enlever les clous ? Sans ce geste passer sous silence depuis deux mille ans, la descente de croix n'aurait pu avoir lieu. Mais je m'éloigne de mon sujet à moins que  je ne retombe sur mes pieds.

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Cripta del Duomo, Siena

dimanche, 14 août 2016

Pieds d'oeuvres

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La Primavera (fragment), Botticelli Filipepi
© Pili Vazquez

Faites l'expérience devant des tableaux de Botticelli. Invitez la personne à vos côtés qui a, sans doute, fixé son regard sur les mains et les visages, à admirer les pieds. Ne débutez pas par un fragment trop impressionnant. Prenez, par exemple, ceux des Grâces dans La Primavera, vus de talons et chatouillés par des pétales oblongs.

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La Primavera (fragment), Botticelli Filipepi
© Pili Vazquez

Poursuivez par ceux de Flora. Vu de profil, le 2ème orteil est nettement plus long que le gros orteil, particularité indiscutable du pied grec ; ce qui au final est logique pour un tableau traitant un sujet mythologique. La personne qui se prête à l'expérience devrait commencer à remuer discrètement ses pieds dans ses sandales tout en leur jetant un coup d’œil inquiet.

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La naissance de Venus  (fragment), Botticelli Filipepi

Profitez de ce moment pour l'inviter à se retourner vers La naissance de Venus et à contempler ceux de Zéphyr. Aériens, écarquillés, le petit orteil étonnamment dissimulé. Déjà, le petit orteil dans la sandale à vos côtés essaie de renouveler l'exploit. En vain.

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La naissance de Vénus (fragment), Botticelli Filipepi

Dernière étape et ce n'est pas la moindre dans ce parcours de va-nu-pieds, Venus à peine sortie du coquillage. On retrouve le pied grec mais celui-là fait bombance et le tour des ongles est franchement noir. C'est le moment que vous devez choisir pour poser votre question : tu les trouves comment les pieds peints par Botticelli ? Inévitablement, vous entendrez "laids" si la personne manque de délicatesse ou "étonnants en comparaison de l'émotion que dégagent les mains et les regards" si elle veut vous épargner. Peut-être même serez-vous d'accord avec elle ! En ce qui me concerne, mon amour des pieds de Botticelli est tel que rien ne peut l'écailler. Je les trouve beaux, superbes, somptueux, sardanapalesques ! Je n'ai pas convaincu grand monde avec cette expérience qui n'est cependant pas totalement dépourvue d'utilité publique : en général, la personne repart réconcilée avec ses propres pieds, les regarde enfin attendrie alors que quelques minutes auparavant elle les trouvait trop ceci ou pas assez cela !

samedi, 13 août 2016

Printemps au coeur de l'été

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La Primavera (fragment), Botticelli Filipepi
Galleria degli Uffizi, Firenze

Pour être déjà allée à la Galleria degli Uffizi, je sais qu'il faut que j'économise mon émerveillement, ne pas tout dépenser dès les premières salles. Garder en moi un espace vide et ce jusqu'au bout de la galerie du 2ème étage. Ne pas céder à la tentation d'y inscrire ce qui précède même lorsque mon regard me supplie de lui accorder un peu plus de mémoire vive. Il y a tant dont il voudrait garder l'empreinte. Si l'exercice devient trop compliqué, je passe plus vite dans les pénultièmes salles pour m'arrêter enfin au seuil de celle qui accueille les oeuvres de Botticelli. Je fais abstraction de tous ceux qui sont arrivés avant moi et qui selfisent à coup de perche. J'ouvre enfin grand les portes de l'espace laissé vide. Il ne me reste plus qu'à me diriger vers La naissance de Venus, le regarder longuement pour laisser le temps au tremblement intérieur que font toujours naître en moi les œuvres de Botticelli, ici ou au Louvre, de se réveiller.  Alors seulement, je me retourne vers La Primavera, je m'en approche lentement. Il n'est pas simple de maîtriser mon regard impatient, je lui dis tu te souvenais toi que printemps en italien est un mot féminin, je l'invite à redécouvrir Mercure et Zéphyr aux deux extrémités, Vénus et Cupidon au centre et soudain je le laisse aller. Vers ces mains entrelacées, vers ces regards qui tentent de prendre la mesure de ce que l'autre est devenue après quelques jours d'absence. Tout mon espace vide s'en emplit et mon tremblement intérieur en devient saisissement bouleversé...

vendredi, 12 août 2016

Torresque (2)

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San Gimignano, Juillet 2016

Pour ceux qui ne savent pas ce qu'ils font à 54 mètres au-dessus de San Gimignano, il est préférable d'aller lire l'épisode qui a précédé. Pour les autres, vous voici donc au sommet de la Torre Grossa. En contre-bas, les toiles blanches du marché font à nouveau une réapparition. Seule surface plane avec le terrain de foot. Tout le reste de l'espace, c'est toits et collines.

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Vous admirerez ci-dessous l'oeuvre d'un des 71 perdants au jeu du "qui est le plus puissant dans ce village ?"...

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Là haut, on ne se lasse pas d'admirer chacun des 360 degrés du panorama. Cela fait, on n'a pas envie de redescendre tout de suite. On a même envie de s'asseoir à même le sol, de photographier ses pieds et de regarder les uns et les autres arriver au sommet en évitant la poutre annoncée par une pancarte "Attenzione alla testa". Comme nous, ils poussent un "waouh", chacun dans leur langue, puis passent sous la cloche.

Exercices de style ...

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Désinvolte.

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Imparfait.

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Rétrograde.

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Translation.

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Ensembliste.

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Inattendu.

jeudi, 11 août 2016

Torresque (1)*

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San Gimignano, Juillet 2016

Pour prendre la mesure de la démesure torresque de San Gimignano delle Belli Torre, il faut s'éloigner du village. Partir marcher une colline plus loin, avec la dernière lumière, un soir ; s'asseoir au-dessus des vignes et devant des cyprès, décapsuler une birra Moretti bianca et regarder. L'architecte qui a pensé New-York est-il venu s'asseoir au même endroit ?
Entre le XIème et XIIIème siècle, les notables, après la lecture du chapitre de la Genèse consacré à la tour de Babel, se sont dit que ce serait une bonne idée de réitérer le geste. Non pas pour aller gratter les pieds de l’Éternel - à ce jeu-là on finit inévitablement le cul par terre - mais pour montrer leur puissance. Ce serait à celui qui aurait la plus haute ! Il devait y avoir dans le village 72 notables puisque 72 tours furent édifiées. Aujourd'hui, il n'en reste plus que 14. Vous me direz mais qui donc a gagné ? L'Histoire n'a pas gardé son nom - c'était bien la peine - mais a gardé la tour et ses 54 mètres. Immanquablement, elle a été baptisée la Torre Grossa.
Demain, je vous conduis à son sommet ...

*Torresque : néologisme que le passant sur ces îles ne manquera pas de rapprocher de dantesque. Néanmoins, ce sont deux exacts antonymes ; si dantesque signifie "grandiose, en référence à la description de l’enfer dans la Divine Comédie", torresque, lui, désigne toute entreprise grandiose, certes, mais tirant vers le ciel dans l'Humaine Comédie.
A noter que Dante Alighieri a séjourné à San Gimignano le 8 mai 1300. Comme quoi, il n'y a pas de hasard.

mercredi, 10 août 2016

"Ne rien faire mais à fond : simplement vivre"*

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© Pili Vazquez, lo spettacolo della serata
San Gimignano, Juillet 2016

A l'approche de la fin d'après-midi, quand la canicule prévoit enfin de faire relâche, c'est le même rituel chaque jour recommencé sur la Piazza del Duomo. Sur les marches, les touristes s'attardent encore un peu à l'ombre. Finissent leurs glaces, reprennent une nouvelle gorgée d'eau tiède, ne monosyllabent plus que par intermittence. Regrettent d'avoir dépensé leur énergie si vite en arrivant le matin dans le village. Il faudra bien qu'ils se décident pourtant à retraverser la chaleur, à aller chercher leur voiture en contre-bas, à reprendre la route, rincés.
Sous la halle, juste à gauche, le spectacle est tout autre. Le lieu n'est pas interdit aux touristes mais il pèse là quelque accord tacite. Viennent s'y installer uniquement les habitués du lieu. Les femmes s'alignent tout au fond sur le banc de pierre trop haut, les pieds dans le vide. A les entendre reprendre leur conversation mise en suspens depuis hier, on pourrait penser qu'elles ne se sont pas vues depuis des semaines. J'imagine qu'elles prennent des nouvelles des enfants et petits-enfants des unes et des autres, parlent de celles qui sont absentes au rendez-vous. En vingt-quatre heures, il a dû se passer des micros événements d'une importance telle que chacun nécessite un récit circonstancié, amplifié, dramatisé. Quand le ton monte et le flot de paroles s'accélère, je regrette la pauvreté de mon Italien. Qu'est-ce qui fait soudain désaccord entre elles ? Une recette de focaccia morbida ? La dernière homélie du prêtre ? Leur mari ?
Tiens, justement, les maris ! Ils se tiennent loin de cette agitation. Chacun a pris sa chaise et l'a posée à la limite de l'ombre. Quatre chaises identiques, côte à côte. Assis là, ils laissent peut-être leur esprit vagabonder. Vers les touristes qui vont bientôt libérer la place. Vers hier, vers demain. Ou peut-être pas. Peut-être sont-ils là pour ne rien faire d'autre. Pour n'ajouter au bruit du monde qu'un peu de silence.

*Je rends à André Comte-Sponville ce qui appartient à André Comte-Sponville

mardi, 09 août 2016

Pêche à la ligne

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San Gimignano, Juillet 2016

Quand je laisse les jours toscans remonter un à un à la surface de ma mémoire pour tenter ensuite de les redescendre au fil de l'écriture, c'est la douceur des courbes qui apparait. Courbe des collines et des ogives, courbe du linge qui sèche aux fenêtres et qu'arrondit le souffle du vent, courbes des verres en cul de bouteille, courbe des arbres qui déposent leur ombre sur l'ocre des façades à la fin du jour, courbe de la Piazza dell' Anfiteatro, courbe de la Via Capassi, juste avant d'arriver à El Nido.
Alors va savoir pourquoi ce matin ce ne sont que des lignes, noires ou vertes, que j'ai pêchées dans la photothèque !
Par esprit de contradiction ? Peut-être.

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© Pili Vazquez
San Gimignano, Juillet 2016

Parce qu'elles créent de nouveaux Chemins parallèles ? Pourquoi pas.

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© Pili Vazquez
San Gimignano, Juillet 2016

Ou serait-ce parce qu'aucun point ne les limite ?

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San Gimignano, Juillet 2016

lundi, 08 août 2016

Femmes au soleil

toscane,san gimignano

© Pili Vazquez, Chemins parallèles,
San Gimignano, Juillet 2016

Au moment où tu prends cette photo, tu sais que tu as attrapé un instant. Les contrastes sont parfaits. Entre lumière et obscurité, entre verticalités au fil de plomb et horizontalité des marches. Tout au fond, des toiles blanches. C'était jour de marché sur la Piazza della Cisterna. Il y avait foule d'étals et de touristes. Fourmilière aux heures de pointe. Mais de cela, ta photo ne dit rien. L'espace est vide. Ou presque.
En prenant cette photo, tu figes une femme qui elle-même prend en photo un bâtiment. Et qui sait, peut-être qu'elle aussi vient de figer une femme qui prend en photo un bâtiment devant lequel se tient une femme qui... A vous toutes, de l'une à l'autre, vous tracez dans San Gimignano un itinéraire. J'aime à penser que, vu d'un deltaplane, cet itinéraire dessine, de quart de cercle en demi-cercle, un labyrinthe où se retrouver. Il suffirait pour cela de suivre le cable noir qui traverse tes verticalités au fil de plomb en une courbe désinvolte.

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© Pili Vazquez, labirinto
Lucca, août 2016

 

dimanche, 07 août 2016

Le goût d'hier et des jours d'avant

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San Gimignano, juillet 2016

Là-bas le ciel n'a pas la larme facile
se moque des sonneurs de tocsin
préfère de loin rire
à vents déployés
parfois même
au milieu de l'été
au-dessus des cyprès toscans
il invite au voyage
quelques grains de blés
et les sème dans la gouttière
- à quoi pourrait-elle servir d'autre -
pour qu'y grandisse
le goût d'hier et des jours d'avant

vendredi, 22 juillet 2016

...

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Peu à peu
Peau à peau
Paume à paume
Poème à poème

samedi, 09 juillet 2016

De moi à toi (2)

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Dis-moi
le soleil que j'ai réveillé
au tout petit matin
est-il le même
que celui que
nous avons regardé
s'endormir hier soir ?

 

vendredi, 08 juillet 2016

De moi à toi

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© Pili Vazquez

Comment font-elles
les graminées
pour enguirlander
leurs larmes
avec une telle élégance ?

samedi, 02 juillet 2016

De moi en moi

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Les capucines, Gustave Caillebotte (fragment)

J'aime à penser que
cartographie intérieure
celles que j'ai été existent
en des latitudes parallèles

je veux glisser dans une bouteille
de Love and Flowers ou de St Saturnin
un murmure pour celle qui se tient
dix verticales à l'ouest
presque quarantaine

pour qu'elle puisse entendre
certes capilotade au cap Horn
de midis en scaphandre
en minuits en bathyscaphe

mais ne capitule pas
ne capsule pas ta douleur
cueille le jour au creux
des heures sans fond

je te promets
presque cinquantaine
des épatements de matins
sans l'alarme en nuits debout
semelle au vent sur des panoramas
d'où ton regard s'envolera loin devant

J'aime à penser que
celles que je serai existent
et qu'il en est une sur quelque latitude à l'est
qui confie au souffle de la balaguère
son chuchotement enroulé

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Les marguerites, Gustave Caillebotte (fragment)

jeudi, 23 juin 2016

Un temps

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Au tout petit matin, une fois la frontière de la nuit passée, ça n'a duré qu'un temps - le temps d'une noire, tempo largo - cet éclat de lumière. J'étais seule dans la rue, juste après le silence du monde, quand le premier oiseau - ce matin, c'est la fauvette babillarde qui était de sentinelle - donne le la à tous les autres pour saluer l'apparition d'un nouveau jour. Je suis restée là, silencieuse, au bord du GR, le temps d'une noire, tempo largo.
Quand les nuages ont tout recouvert, je me suis demandé à combien de portées se trouvait le passage de la frontière de ce jour. On devrait pouvoir changer le tempo des heures, en raccourcir certaines, en rallonger d'autres, arrêter le temps parfois. Quand le tout petit soir sera venu, je prendrai le temps de me mettre bleue, de me griser, d'être noire peut-être.

08:06 Publié dans BAL(L)ADE | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : une noire |  Facebook |

lundi, 20 juin 2016

Du gris

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Orientation, Paris, juin 2016


Regarder vers le bas
à voir le vestige
chant de mines, soupirs
à croche-pied

Regarder vers le haut
vouloir tous les vertiges
se griser de tendresse
sous les ombres portées

09:40 Publié dans BAL(L)ADE | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : gris |  Facebook |

lundi, 30 mai 2016

Fils de joie

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Jardin des retrouvailles, Lille, Mai 2016

Journée effilochée j'ai dépensé
sans compter des pensées,
se dévident librement de ma bobine
navette continue aller et détour
rythme effréné
galop d'écheveau
fils enlacés sur les fuseaux horaires
des pans sélénites et sens dessus-dessous

dimanche, 29 mai 2016

Comment ça va, Démocratie ?

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En cadre, Lille, mai 2016

Mon morveux s'est frotté hier au concours Sciences PO. Trois épreuves, sous une chaleur moite, dans des amphis bondés. Le matin, la Question Contemporaine ouvrait les festivités : "La démocratie est-elle la force du peuple ?" Vous avez trois heures pour traiter ce sujet. Vous placerez le mot "démocratie" devant son miroir étymologique et lui demanderez comment ça va.
Pendant que mon fils philosophait, moi j'ai déambulé dans les rues, les parcs et les jardins de Lille toute la journée. Cela dit en passant, cette ville aux mille reflets est définitivement extraordinaire. Je n'y ai pas vu une seule fois la pancarte "Pelouse interdite". Les Lillois investissent tous les espaces verts comme s'ils se trouvaient en leur propre jardin.
En fin de journée, rincée d'avoir tant marché, je trouve quand même la force de faire un crochet par le Musée des Beaux Arts.

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En reflet, Lille, mai 2016

Le parvis est noir de gens debout, tous là pour une manifestation sportive. A l'intérieur du Musée, peu de monde, la fraicheur et le calme. Les salles ont été conçues comme les jardins publics. Au centre de chacune, de grands poufs sur lesquels on peut s'asseoir pour prendre vraiment le temps de dialoguer avec une oeuvre. J'en ai même vu certains s'y abandonner pour une sieste.
A l'étage m'attend une surprise de taille : le fameux diptyque de Goya, Les jeunes et Les vieilles. Par quels détours ces deux tableaux avaient-ils pu se retrouver dans le Grand Nord ? Par textos interposés, P., grande spécialiste ès choses espagnoles, met fin à mes interrogations en me rappelant la présence espagnole dans les Flandres qui aurait même laissé des traces dans le patois des gens du nord.
Allez savoir pourquoi mais tout en regardant Les vieilles, j'ai repensé à la question contemporaine sur laquelle avait planché mon morveux. Et à l'arrière plan, Cronos prêt à passer un bon coup de balai... Démocratie chargée de vingt-six siècles, comment ça va ?

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Le temps, dit les vieilles, Goya

jeudi, 12 mai 2016

En vol

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Avoir été au pied du mur
se retrouver au pied de l'arbre
s'adosser à son tronc,
colonne contre écorce
écorce contre colonne
le laisser dessiner
sur mes paumes ouvertes
tout contre ma ligne de vie

l'ombre portée de ses branches
tatouage mouvant
comme une caresse
se savoir sève
se vouloir envol

samedi, 23 avril 2016

Juste avant que tu ouvres les yeux, Cie Ktha

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Après Eu et Louviers, direction Duclair pour le Festival Terres de Paroles. On y arrive avec le bac. L'agitation du quotidien est restée sur l'autre rive.
La soirée s'ouvre avec Juste avant que tu ouvres les yeux de la compagnie Ktha. A Louviers, je suis déjà montée dans le camion gradin et je n'ai pas résisté au désir de récidiver.

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Juste avant que tu ouvres les yeux, c'est un long travelling-arrière dans les rues à 3,5 km/h. Ce sont trois acteurs qui nous suivent, les yeux dans les yeux, avec une étonnante interrogation : "qu'est-ce qu'il se passe dans ma tête pendant les neuf minutes qui séparent la première et la seconde sonnerie du réveil ?"
C'est étonnant d'avoir vécu autant d'années sans jamais m'être posé cette question, sans jamais m'être arrêtée sur ce moment particulier où, alors que je suis tirée du sommeil malgré moi, les premières pensées affluent.
Juste avant que tu ouvres les yeux, c'est une invitation à ne pas commencer la journée comme la précédente et comme la suivante, c'est une invitation à ne pas s'asseoir toujours au même endroit dans sa baignoire, à ne pas se savonner en commençant inévitablement par la même partie du corps.
Juste avant que tu ouvres les yeux, c'est une invitation à être debout, nuit et jour.
(En italique, quelques phrases notées au fil de la déambulation dans un carnet...)

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Alarme, peut-être qu'il n'y a aucun lien avec pleurer
Tu as peur de la pression qui monte sans jamais sortir
Prends dans les neuf minutes le courage de faire, pas seulement de dire, de faire
Se souvenir que tu as le choix
pas la douleur dans la poitrine qui te dit quoi faire

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Tu prends le temps de sentir la douceur, juste d'être
Tu te dresses avec le sourire qui reste
Quand tu ouvres les yeux, tu as le ciel au-dessus de toi, en vrai

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Sur la route du retour, je me suis arrêtée longuement pour regarder la lune au-dessus des arbres en fleurs. Silence et incroyable douceur dans l'air.
Juste avant que je ne ferme les yeux, j'ai pensé au lendemain, à cet entre deux alarmes. Prendre le temps de sentir la douceur. Prendre juste le temps d'être.

samedi, 16 avril 2016

Au point du jour

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Interzone au Point Limite

Le point limite une ligne droite
c'est net tranchant chirurgical
mathématique
mais la courbe de nos désirs
qui s'incurve et se curve
en des tours et détours
un théorème réussira-t-il
à l'endiguer en inventant
quelque point barrage ?

vendredi, 08 avril 2016

Carrerment

barcelone

Barcelone, jour 5
Assises à même le sol, sur l'esplanade de l'aéroport, nous nous étonnons que le regard porte à nouveau si loin après cinq jours passés à déambuler dans les ruelles étroites de Barcelone. Nous ne nous sommes élevées qu'à deux reprises au-dessus de la ville. Un fois pour rejoindre le parc Gaudi et une autre fois sur le Mont Juïc où nous avions longuement cherché le Musée Miro pour finalement trouver porte close puisque tous les musées sont fermés le lundi. Là, la nuque avait pu retrouver une position plus familière, c'en était presque déroutant. 

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Carrer del Bisbe

Le reste du temps, nous avions le nez en l'air, le regard vagabondant librement de façade en façade, sous un rectangle de ciel.  A de multiples reprises, j'ai essayé de prendre ces rues en photo, puis les ai effacées. Jamais satisfaite. Fac-simile décevant. J'en ai cependant sauvegardé deux.

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Celle-ci parce qu'une fois passée en noir et blanc, elle s'approche des rues que j'ai imaginées en lisant L'ombre du vent de Carlos Ruiz Zafon. Celle-là parce que rien ne venait troubler l'instant, pas même l'ombre d'un vent. Linges et temps suspendus.

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jeudi, 07 avril 2016

Gaudiesque

 Barcelone, Jour 4
Du parc Gaudi à la Sagrada Familia, sur un air de Zone d'Apollinaire...

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A la fin tu es las de ce monde ancien,
Gaudi, ô Gaudi, le troupeau des toits bêle ce matin,
Tu en as assez de vivre dans l'antiquité grecque et romaine,

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Ici même les automobiles ont l'air d'être anciennes
La religion seule est restée toute neuve la religion
Est devenue hyperboloïde, hélicoïde et conoïde 

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C'est la nativité à l'Est
C'est Dieu qui meurt le vendredi à l'Ouest
C'est le Christ qui descend du ciel mieux que les parachutistes
Il détient le record du monde pour le saut de l'ange.

mercredi, 06 avril 2016

Bar à bar

 

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Barcelone, jour 3
Le baromètre est descendu. Jour de pluie. Il en faut plus pour empêcher deux Normandes de déambuler. A la première averse, nous sommes Plaça Sant Pere. Entre des immeubles récents, un jardin potager qui a tout du collectif a investi le lieu. 

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Au bout de ce jardin, un passage entre deux immeubles devenu bistrot, un lieu idéal pour attendre que le ciel devienne plus clément. Au Mescladis, l'hétéroclisme est de mise. Des caisses superposées font office d'étagères et chaque case contient tout un monde. 

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On y resterait bien plus longtemps, pour bouquiner, pour écrire mais il nous faut rejoindre la Casa Batllo et la Pedrera, hétéroclisme d'un autre genre, le long d'une avenue bruyante et investie par des hordes de touristes.
Plus tard dans la journée, alors que le plan de la ville, maintes fois plié et déplié, se transformait en une boule de papier mâché, nous sommes entrées au Salterio, carrer Sant Domenec del Call ; une voûte basse, des odeurs d'épices et de café, on y chuchote pour ne pas troubler le lieu. On y dépose sa fatigue.

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On pensait en avoir fini, avec les bars, pour cette journée. On pensait qu'après le Musée Picasso, on rentrerait se poser un peu. D'autant plus qu'on a pris notre temps dans le dit musée qui propose un parcours de La première communion jusqu'aux Ménines. Etonnant de voir comment en soixante ans, le peintre est passé de l'un à l'autre. Une fois devant Les Ménines, ma morveuse hyper-connectée a cherché sur son I-machin avec option zoom le tableau de Velasquez. De l'écran à la toile, les aller-retours se sont multipliés. On débarquait là pour rembarquer aussitôt et vice-versa.
Vous me direz, dans tout ça il n'y a pas l'ombre d'un bar. Que nenni, entre  La première communion et Les Ménines, sont exposés les travaux préparatoires de Picasso pour le menu d'Els 4 Gats

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 On ne pouvait pas ne pas y aller ...

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mardi, 05 avril 2016

Démesure des mesures

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Barcelone, jour 2
Ici, ne demandez pas combien de temps il vous faudra pour vous rendre d'un point à un autre car il est impossible d'aller directement d'un point à un autre !
Ainsi, ce matin, nous avions décidé de nous rendre au Mont Juic pour embrasser la ville d'un regard. Sur la carte, il suffisait de prendre vers l'est et de garder approximativement une ligne droite. Une fois dans la ville, nous avons vite abandonné la ligne droite pour lui préférer l'entrelacement de ruelles étroites. Là, les façades d'immeubles se font face dans une telle intimité que leurs toits se touchent presque. Elles ne préservent que l'interstice nécéssaire pour que le linge sèche aux fenêtres.
Le détour appelant le détour, nos pas nous ont conduites par hasard vers le quartier juif El Call puis vers la GRANDE synagogue, carrer Marlet. Nous l'imaginions imposante ou du moins repérable de loin. L'entrée est étroite, il faut se baisser pour emprunter l'escalier qui mène quelques mètres en-dessous du niveau de la rue et se retrouver dans une synagogue grande comme un mouchoir de poche.

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De retour dans la rue, le Mont Juic est à portée de regard. Nous traversons sans anicroche la Rambla qui semble une béance commerciale puis le marché de la Boqueria, allée après allée !

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De retour dans la carrer de l'Hospital, le Mont Juic s'est sensiblement rapproché. Sauf que nous ne pouvions ignorer attenante au marché une petite cour abritant La Reial Acadamia de Farmacia, nouvel havre de paix après le MEAM. On s'est posées là, sous les orangers, avec l'envie de s'imprégner lentement du lieu.

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Je crois bien qu'après, nous sommes enfin montées au Mont Juic. De là-haut, avec ses tours et ses grues, La Sagrada Familia est impressionnante.

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C'est en dominant ainsi la ville, que nous nous sommes demandé vers où nos pas allaient nous conduire, de retour dans la ville. En écho au matin, nous avons choisi le PETIT Palau, pour voir si Barcelone se joue systématiquement des adjectifs...

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Pas assez de recul dans la rue pour le prendre dans son ensemble ! Contentons-nous de ce fragment.