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vendredi, 31 octobre 2008

LES MÈRES ANODINES

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J'ai dévoré aujourd'hui des poèmes iconoclastes, défoulatoires dits domestiques de la même qui est venue déranger, titiller L'histoire de France. La langue s'y dénoue, jubile. Les incisives incisent et les crocs croquent.
En voici un, choisi peut-être au hasard.

Le regard de chèvre
des mères autour du bac à sable.
Ces mères automates,
près des toboggans,
qui balancent ou qui poussent
et qui recueillent leur coeur et leur ennui
au bas des glissades.
Tellement aimantes et dévouées...
Rêvent-elles à la grande dévastation des squares?
Au joueur de flûte qui emmènera les enfants?
Ensuite, pauvres folles, décérébrées,
elles sillonneront la ville à leur recherche.
Elles les appelleront, comme si personne
n'avait jamais crié auparavant
le nom d'un fils ou d'une fille.
In La ménagère cannibale, Béatrice Fontanel, Seuil

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jeudi, 18 septembre 2008

TOUT UN MONDE

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Des bourses crevées et des milliards réinjectés, une Edvige franco-hétéro, un ministre de l'éducation nationale et des maternelles, succursales de Pampers, c'est vrai qu'il faut de tout pour faire un monde mais gloire soit rendue à Queneau qui avait revu et corrigé cette phrase fossilisée ."C'est dégueulasse, mais il faut de tout pour faire un monde."

Ce matin, ils étaient une bonne trentaine à venir pointer à mes cours pour préparer le concours de professeurs des écoles. Alors j'ai présenté les nouveaux programmes, décharnés -leur chair chaude est ailleurs-, j'ai parlé de l'autodafé des documents d'accompagnement. Et puis j'ai sorti de mon sac l'imagier Tout un monde parce que souvent les mots, trop caressés dans le sens du poil, ne savent plus dire. Je leur ai proposé cette carte comme une invitation au voyage, une invitation à écrire.

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Arnaud fut le premier à dérouler des pieds agiles pour dire son insouciance. Avec sa façon de mâchonner ses mots, j'aurais bien aimé qu'il le déclame tel un slam son texte.

L'idée d'un voyage m'a traversé
En voiture, à vélo ou à pied
Venant du nord, j'irai vers le sud
Ou bien vers l'est pour changer mes habitudes

Ca y est je pars à l'aventure
Pour la sécurité j'attache ma ceinture
Et peu importe l'endroit où j'irai
J'ai tant de choses à explorer

Je regarde à gauche puis à droite
Sur la route je m'embarque
Pour parcourir le monde de mille façons
Toujours plus loin vers l'horizon.

dimanche, 10 août 2008

LAISSE DE CHAISE

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Les volutes du temps
Quand surgit le mascaret
Le passé délaissent

 

Haïku écrit après un petit tour par ici puis un autre par là.

jeudi, 07 août 2008

SOLITUDES

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Photo de Moucheron
Photoshopée par la tenancière de ces lieux
-j'en appelle à votre indulgence, c'est ma première expérience-

Les travaux de salles d'eau ont fini par sécher, peintures et fuites. J'ai enfin pu passer à l'essentiel: mettre une étagère dans les toilettes, y placer un galet ramassé l'année dernière chez les bigoudens et laisser les uns et les autres y déposer les livres indispensables aux moments de solitude à venir... Cette année, j'entreprends donc d'y relire l'Atlas des géographes d'Orbae. La première fois, je l'avais lu de A à Z, lettre après lettre. Ma mémoire sélective avait alors marqué une préférence pour le I. Cette fois-ci, la lecture sera fragmentaire, donc autre. J'avais oublié qu'Au pays des Amazones s'ouvrait avec Euphonos, le musicien muet, lui aussi, dont le nom dépasse le silence: "à la belle voix"
Sur mon étagère, une main a laissé Sans frontière fixe de Jean-Pierre Siméon (Cheyne). Les miennes l'ont ouvert au hasard -ou peut-être bien à la suite de mon précédent billet- et ont parcouru L'étranger...

Je suis né à Paris
de parents français:
mon état civil est net
comme une chemise du dimanche

Mais je suis étranger
plus étranger que l'étranger
à mon pays quand il est
dur et froid comme la pierre
et fermé comme une porte
au ciel changeant des visages
je suis étranger à la beauté
qui ne s'offre qu'à son miroir
étranger à celui
qui sonne le tocsin
pour un courant d'air
étranger vraiment
plus étranger que l'étranger lui-même
au pays qui met
son blé et sa lumière
à la cave du coeur

 

 

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jeudi, 03 juillet 2008

TIRE L'IRE

 

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En rire
Des sires et des sbires
Des spires et des saphirs
Des kirs et des fakirs

Et Le Roi Lear

En rires
Les hetaïres et les tire-lire
Tyr et l’Epire
Les menhirs et les zéphirs

Et Shakespeare

En rires écrire des ires

 

lundi, 30 juin 2008

EN RIRES

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Les sbires du sire devraient se concerter. Côté éducation nationale, exit la littérature jeunesse des nouveaux programmes. Je ne saurai faire route sans notre bonne vieille littérature classique mais je ne laisserai pas manquer à l'appel, la rentrée prochaine, Place, Pommier, Mourlevat, Hassan et tous les autres. Côté culture, le prochain Lire en fête est justement consacré à la littérature jeunesse! Il y a dans tout cela une logique qui m'échappe.

Quant au Printemps des poètes, la prochaine version sera sur le thème de En rires... C'est peut-être bien ce qui nous reste à faire.

 

 

dimanche, 20 avril 2008

PARTIR

 

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(Photo d'Anita)

Il est des départs qui nous rendent orphelins de toute une partie de l'Histoire de ce monde. Hier ce fut Senghor, aujourd'hui c'est Césaire.
Soleil cou coupé...

Partir.
Comme il y a des hommes-hyènes et des hommes-
panthères, je serais un homme-juif
un homme-cafre
un homme-hindou-de-Calcutta
un homme-de-Harlem-qui-ne-vote-pas

l'homme-famine, l'homme-insulte, l'homme-torture
on pouvait à n'importe quel moment le saisir le rouer
de coups, le tuer - parfaitement le tuer - sans avoir
de compte à rendre à personne sans avoir d'excuses à présenter à personne
un homme-juif
un homme-pogrom
un chiot
un mendigot

mais est-ce qu'on tue le Remords, beau comme la
face de stupeur d'une dame anglaise qui trouverait
dans sa soupière un crâne de Hottentot?


Je retrouverais le secret des grandes communications et des grandes combustions. Je dirais orage. Je
dirais fleuve. Je dirais tornade. Je dirais feuille. Je dirais arbre. Je serais mouillé de toutes les pluies,
humecté de toutes les rosées. Je roulerais comme du sang frénétique sur le courant lent de l'oeil des mots
en chevaux fous en enfants frais en caillots en couvre-feu en vestiges de temple en pierres précieuses assez loin pour décourager les mineurs. Qui ne me comprendrait pas ne comprendrait pas davantage le rugissement du tigre.
Et vous fantômes montez bleus de chimie d'une forêt de bêtes traquées de machines tordues d'un jujubier de chairs pourries d'un panier d'huîtres d'yeux d'un lacis de lanières découpées dans le beau sisal d'une peau d'homme j'aurais des mots assez vastes pour vous contenir
et toi terre tendue terre saoule
terre grand sexe levé vers le soleil
terre grand délire de la mentule de Dieu
terre sauvage montée des resserres de la mer avec
dans la bouche une touffe de cécropies
terre dont je ne puis comparer la face houleuse qu'à
la forêt vierge et folle que je souhaiterais pouvoir en
guise de visage montrer aux yeux indéchiffreurs des
hommes


Il me suffirait d'une gorgée de ton lait jiculi pour qu'en toi je découvre toujours à même distance de mirage - mille fois plus natale et dorée d'un soleil que n'entame nul prisme - la terre où tout est libre et fraternel, ma terre.

Partir. Mon coeur bruissait de générosités emphatiques. Partir... j'arriverais lisse et jeune dans ce pays mien et je dirais à ce pays dont le limon entre dans la composition de ma chair : « J'ai longtemps erré et je reviens vers la hideur désertée de vos plaies ».

Je viendrais à ce pays mien et je lui dirais : Embrassez-moi sans crainte... Et si je ne sais que parler, c'est pour vous que je parlerai».
Et je lui dirais encore :
« Ma bouche sera la bouche des malheurs qui n'ont point de bouche, ma voix, la liberté de celles qui s'affaissent au cachot du désespoir. »

Et venant je me dirais à moi-même :
« Et surtout mon corps aussi bien que mon âme, gardez-vous de vous croiser les bras en l'attitude stérile du spectateur, car la vie n'est pas un spectacle, car une mer de douleurs n'est pas un proscenium, car un homme qui crie n'est pas un ours qui danse... »

In Cahier d'un retour au pays natal, Aimé Césaire

mardi, 15 avril 2008

(CENT NOMS)

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Photo de Matthieu

(L'internaute perspicace aura remarqué l'ombre que seul un soleil ensoleillé pour de bon peut projeter!)

Le Rhône ne ronronne pas. Bien trop occupé à charrier troncs et branches qu'il est. Comment pourrait-il aussi aspirer à être un fleuve paisible lorsque ses rives se gaussent de noms de lieux rivalisant avec Les Îles Indigo. Le long de la balustrade -serait-ce un établi?- ils sont tous vissés mais pas indévissables.  De quel atlas ont-ils tous dérivé? D'Homère à Artaud, quels imaginaires ont-ils balayé?

Loin

Samaitapa Soie d’eau Utopia Calypso Ouessant
Migravent Nuages d’eau
Des airs Désert Pays de Gaia
Abecca
Chapeaux vides Girafawaland
Thaïs Ptyx Légumophone
Sur quel air les fenouils et navets fredonnent-ils?
Pays des vieux papiers
Les troncs et les branchent venaient-ils de là?

Rien Nutopia
Et sur le même principe, nubuesque nuluberlu

Jardin du géant égoïste
Youchou UFFA Hooloomooloo
UFFA se prononce Oufa
Xiros Paflagonie
Petaouchnok Vemish
Oracle de la bouteille
Oog
Ombilic des limbes

Sans nom

Anonyme aussi celui qui a vissé incognito sa plaquette We are all haunted houses. Quels sont donc les esprits qui hantent nos esprits?

dimanche, 17 février 2008

ATHANOR

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Tant de tresses au vent
Eparpillent la graine avide
D’une tendresse vaine

mercredi, 13 février 2008

VOULOIR VIVRE

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S'il arrive au peuple, un jour, de vouloir vivre,
Il faudra bien que le destin réponde,
Il faudra bien que s'ouvre la nuit,
Il faudra bien que cèdent les chaînes.
Celui que le désir de vivre n'a pas étreint à bras le corps,
S'évapore et disparaît au grand ciel de la vie.
Ainsi m'ont dit les êtres, tous les êtres.
Ainsi m'a parlé leur esprit caché.

Au sommet d'une montagne, au plus secret des arbres,
Dans la mer déchaînée, écoute murmurer le vent :
Que je me tourne vers un lieu du monde,
Et je m'habille d'espoir, et me dépouille de prudence.
Je ne crains la rigueur des sentiers,
Ni le feu le plus altier.
Refuser la montagne haute,
N'est-ce point vivre, à jamais, au fossé ?

 

Aboulkâssem al-Châbbî
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Photos de Béné

mardi, 22 janvier 2008

FACES

La lune est pleine

De creux de vides

De l'autre côté

En douce

Elle bombe le torse.

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lundi, 21 janvier 2008

THANK YOU SATAN, LÉO FERRÉ

Pour la flamme que tu allumes
Au creux d'un lit pauvre ou rupin
Pour le plaisir qui s'y consume
Dans la toile ou dans le satin
Pour les enfants que tu ranimes
Au fond des dortoirs chérubins
Pour leurs pétales anonymes
Comme la rose du matin

Thank you Satan

Pour le voleur que tu recouvres
De ton chandail tendre et rouquin
Pour les portes que tu lui ouvres
Sur la tanière des rupins
Pour le condamné que tu veilles
A l'Abbaye du monte en l'air
Pour le rhum que tu lui conseilles
Et le mégot que tu lui sers

Thank you Satan

Pour les étoiles que tu sèmes
Dans le remords des assassins
Et pour ce coeur qui bat quand même
Dans la poitrine des putains
Pour les idées que tu maquilles
Dans la tête des citoyens
Pour la prise de la Bastille
Même si ça ne sert à rien

Thank you Satan

Pour le prêtre qui s'exaspère
A retrouver le doux agneau
Pour le pinard élémentaire
Qu'il prend pour du Château Margaux
Pour l'anarchiste à qui tu donnes
Les deux couleurs de ton pays
Le rouge pour naître à Barcelone
Le noir pour mourir à Paris

Thank you Satan

Pour la sépulture anonyme
Que tu fis à Monsieur Mozart
Sans croix ni rien sauf pour la frime
Un chien, croque-mort du hasard
Pour les poètes que tu glisses
Au chevet des adolescents
Quand poussent dans l'ombre complice
Des fleurs du mal de dix-sept ans

Thank you Satan

Pour le péché que tu fais naître
Au sein des plus raides vertus
Et pour l'ennui qui va paraître
Au coin des lits où tu n'es plus
Pour les ballots que tu fais paître
Dans le pré comme des moutons
Pour ton honneur à ne paraître
Jamais à la télévision

Thank you Satan

Pour tout cela et plus encore
Pour la solitude des rois
Le rire des têtes de morts
Le moyen de tourner la loi
Et qu'on ne me fasse point taire
Et que je chante pour ton bien
Dans ce monde où les muselières
Ne sont plus faites pour les chiens...

Thank you Satan!


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mardi, 15 janvier 2008

APPRIVOISER LA POÉSIE

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Photo d'Ours Gris, Lune de solstice

 

Lorsque la patronne de l’Oiseau Lire m’a proposé d’écrire un article intitulé « enseigner la poésie » pour Citrouille, le journal des librairies jeunesse, j’ai souri. Comment parlerai-je de quelque chose que je ne pratique pas ?  Je ne sais pas enseigner les voies et les boulevards pour entrer avec certitude dans l’improbable sens unique d’un poème. Et pourtant j’ai accepté de dire ce que je vivais au jour le jour avec mes étudiants, futurs professeurs des écoles. C’est sans doute que je pressentais que je pourrais gratter le mot enseigner, y découvrir un premier sens oublié.
Enseigner, il y a quelques douze siècles, signifiait « faire connaître par un signe ». Alors, oui, dans ce cas-là, j’enseigne la poésie.

Les mots, les mots
Ne se laissent pas faire
Comme des catafalques

Et toute langue
Est étrangère.
Guillevic, Art poétique, in Terraqué


La langue lorsqu’elle se fait poème déroute, apeure. Elle n’est plus logique et fonctionnelle. Elle s’ouvre aux failles et tremblements. Aussi, j’aime ouvrir chacun de mes cours par la lecture d’un poème et laisser ces secousses sismiques rendre incertaine notre langue maternelle. Certes, au début de l’année, surgit l’invariable question :
-    Qu’est-ce que cela veut dire ?
Dans Algues, Sable, coquillages et crevettes (Cheyne), Jean-Pierre Siméon s’interroge lui aussi :
« Qu’en est-il donc du sens du poème ?
Il n’existe décidément que dans l’échauffement de trois volontés : celle du poète, celle du poème, celle du lecteur. Celle du lecteur étant, in fine, souveraine et décisive puisqu’elle est tout bonnement la dernière à s’exercer dans la chaîne de la création.
Terrible responsabilité du coup, n’est-ce pas ?
Et voilà de nouveau un impédiment à la lecture du poème. Le lecteur ayant admis qu’il était maître du jeu –du sens- a peur. Peur de se tromper, d’être à côté, d’être contre. Peur de l’insuffisance, du faux-sens, du contresens. Il peut y avoir insuffisance de lecture, soit, de faux-sens et de contresens, jamais. »
-    Alors, qu’est-ce que cela veut dire ?
Cela ne veut rien dire. Cela dit. Accepter que le sens ne soit plus premier et unique, accepter de se laisser porter par des rencontres sonores, des images qui ne sont plus le fidèle reflet du réel raisonnable. Chercher dans l’obscur la présence de la clarté.

Et au milieu de cette quête, n’être qu’un simple sémaphore. Je provoque des faces contre faces et attends.


Prenez un toit de vieilles tuiles
Un peu avant midi.



Placez tout à côté
Un tilleul déjà grand
Remué par le vent.

Mettez au-dessus d'eux

Un ciel bleu, lavé

Par des nuages blancs.



Laissez-les faire.

Regardez-les.
Guillevic, Avec


Le vent n’a pas le temps d’arrêter de souffler que déjà un étudiant arrive, l’œil lumineux, un recueil tout contre lui. Sait-il seulement celui-là, qu’en lisant le poème, il dit aux autres que le langage poétique n’est pas réservé à un cénacle littéraire ? Il dit qu’il a enfin accepté de conquérir les mots et d’être conquis par eux. De lectures en ateliers d’écriture, d’autres l’ont suivi depuis. Il en est toujours pour les regarder, étonnés. Pour eux, des pas sont encore à franchir, ils les franchiront. Je n’ai pas peur, il y a tant de poèmes encore à se lire...






samedi, 05 janvier 2008

JE VEUX TU VEUX

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Dimanche de janvier à la guibre réinventée

On vous les souhaite depuis six jours, la santé, le succès et surtout, surtout le bonheur. Votre horoscope vous les a sans nul doute confirmés: tout cela se réalisera en cette nouvelle année.

Et je songe aux Romains qui, bien que fins lecteurs d'astres, comètes chevelues et entrailles de volatiles avaient placé à l'entrée de l'année Janus, bicéphale notoire, une face tournée vers le passé, l'autre vers l'inconnu. 

Et je veux juste, sans oublier hier, vous tendre ces vers du Grand Jacques...

 

Je vous souhaite des rêves à n'en plus finir
Et l'envie furieuse d'en réaliser quelques-uns.
Je vous souhaite d'aimer ce qu'il faut aimer
et d'oublier ce qu'il faut oublier.
Je vous souhaite des passions.
Je vous souhaite des silences.
Je vous souhaite des chants d'oiseaux au réveil
et des rires d'enfants.
Je vous souhaite de résister à l'enlisement, à l'indifférence,
aux vertus négatives qui nous observent.
Je vous souhaite alors d'être vous !
 
Jacques Brel
 
 

 

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dimanche, 23 décembre 2007

SOUFFLES

Dimanche de cendres ambrées et d’ambroisie
Déjà deux jours que la lumière et la nuit se sont rencontrées en une lutte épique et inévitable
Déjà deux jours que la lumière a repris le dessus inexorablement
Déjà deux jours que le solstice d’hiver a expiré son dernier souffle…

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Ecoute plus souvent
Les Choses que les Etres
La Voix du Feu s’entend,
Entends la Voix de l’Eau.
Ecoute dans le Vent
Le Buisson en sanglots :
C’est le Souffle des ancêtres.

Ceux qui sont morts ne sont jamais partis :
Ils sont dans l’Ombre qui s’éclaire
Et dans l’ombre qui s’épaissit.
Les Morts ne sont pas sous la Terre :
Ils sont dans l’Arbre qui frémit,
Ils sont dans le Bois qui gémit,
Ils sont dans l’Eau qui coule,
Ils sont dans l’Eau qui dort,
Ils sont dans la Case, ils sont dans la Foule :
Les Morts ne sont pas morts.

Ecoute plus souvent
Les Choses que les Etres
La Voix du Feu s’entend,
Entends la Voix de l’Eau.
Ecoute dans le Vent
Le Buisson en sanglots :
C’est le Souffle des Ancêtres morts,
Qui ne sont pas partis
Qui ne sont pas sous la Terre
Qui ne sont pas morts.

Ceux qui sont morts ne sont jamais partis :
Ils sont dans le Sein de la Femme,
Ils sont dans l’Enfant qui vagit
Et dans le Tison qui s’enflamme.
Les Morts ne sont pas sous la Terre :
Ils sont dans le Feu qui s’éteint,
Ils sont dans les Herbes qui pleurent,
Ils sont dans le Rocher qui geint,
Ils sont dans la Forêt, ils sont dans la Demeure,
Les Morts ne sont pas morts.


Ecoute plus souvent
Les Choses que les Etres
La Voix du Feu s’entend,
Entends la Voix de l’Eau.
Ecoute dans le Vent
Le Buisson en sanglots,
C’est le Souffle des Ancêtres.

Il redit chaque jour le Pacte,
Le grand Pacte qui lie,
Qui lie à la Loi notre Sort,
Aux Actes des Souffles plus forts
Le Sort de nos Morts qui ne sont pas morts,
Le lourd Pacte qui nous lie à la Vie.
La lourde Loi qui nous lie aux Actes
Des Souffles qui se meurent
Dans le lit et sur les rives du Fleuve,
Des Souffles qui se meuvent
Dans le Rocher qui geint et dans l’Herbe qui pleure.
Des Souffles qui demeurent
Dans l’Ombre qui s’éclaire et s’épaissit,
Dans l’Arbre qui frémit, dans le Bois qui gémit
Et dans l’Eau qui coule et dans l’Eau qui dort,
Des Souffles plus forts qui ont pris
Le Souffle des Morts qui ne sont pas morts,
Des Morts qui ne sont pas partis,
Des Morts qui ne sont plus sous la Terre.

Ecoute plus souvent
Les Choses que les Etres
La Voix du Feu s’entend,
Entends la Voix de l’Eau.
Ecoute dans le Vent
Le Buisson en sanglots,
C’est le Souffle des Ancêtres.
Birago Diop
Déjà deux jours qu'un oncle cher à mon coeur a tiré sa dernière révérence...

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dimanche, 25 novembre 2007

LANGAGE

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Je dis : nuit, et le fleuve des étoiles coule sans bruit, se tord comme le bras du laboureur autour d’une belle taille vivante.

Je dis : neige, et les tisons noircissent le bois des skis.

Je dis : mer, et l’ouragan fume au-dessus des vagues, troue les falaises où le soleil accroche des colliers de varechs.

Je dis : ciel, quand l’ombre de l’aigle suspendue dans le vide ouvre les ailes pour mourir.

Je dis : vent, et la poussière s’amoncelle sur les ailes, ensevelit les bouquets de perles, ferme les paupières encore mouillées d’images de feu.

Je dis : sang, et mon cœur s’emplit de violence et de glaçons flous.

Je dis : encre, et les larmes se mettent à bruire toutes ensemble.

Je dis : feu sur les orties, et il pousse des roses sur l’encolure des chalets.

Je dis : pluie, pour noyer les bûchers qui s’allument chaque jour.

Je dis : terre, comme le naufragé dit terre quand son radeau oscille au sommet de la plus haute vague et les oiseaux effrayés par mes cris abandonnent les îles qui regardent de leurs prunelles mortes les merveilles des nuages.

Albert Ayguesparse
A Hannah qui m'a fait découvrir ce poème au détour d'un dimanche soir. La vie, tu sais, faut que ça danse...
P.S: Et si je dis Galimatias, que  dites-vous?


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dimanche, 11 novembre 2007

ELLE ET MOI

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Après avoir contemplé la lune

mon ombre

me raccompagne

Yamaguchi Sodô pour le haïku et Anita pour la photo.

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samedi, 03 novembre 2007

RUE PAVÉE

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La rue pavée

Ne l'est plus.

Jacques Roubaud, in La forme d'une ville change plus vite, hélas, que le coeur des humains

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mercredi, 31 octobre 2007

CANAL SAINT-MARTIN

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D'un côté du canal c'est le quai de Valmy
Et de l'autre côté c'est le quai de Jemmapes
Tu t’assieds sur un banc afin de faire étape
En face de l’écluse entr’ouverte à demi

L’eau tombe du plan d’eau en cascade et  son bruit
Rend l’alarme sans fin des moteurs illusoires
Les mains sur les genoux et les yeux sur l’eau noire
Tu restes sans bouger pendant que du temps fuit

Puis tu traverseras la passerelle dont
L’image dans les eaux se referme en ovale
Pâles platanes flous de feuilles tombées pâles

S’enfonçant dans le ciel pâle et blanc jusqu’au fond.
La péniche Robert émerge du tunnel
Sous le pont. L’eau bouillonne et grimpe jusqu’aux portes.

Jacques Roubaud, in La forme d'une ville change plus vite, hélas, que le coeur des humains

 


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lundi, 29 octobre 2007

LE LOMBRIC

Conseils à un jeune poète de douze ans

Dans la nuit parfumée aux herbes de Provence,
le lombric se réveille et bâille sous le sol,
étirant ses anneaux au sein des mottes molles
il les mâche, digère et fore avec conscience.

Il travaille, il laboure en vrai lombric de France
comme, avant lui, ses père et grand-père ; son rôle,
il le connaît. Il meurt. La terre prend l’obole
de son corps. Aéŕee, elle reprend confiance.

Le poète, vois-tu, est comme un vers de terre
il laboure les mots, qui sont comme un grand champ
où̀ les hommes récoltent les denrées langagières ;

mais la terre s’épuise à l'effort incessant !
sans le poète lombric et l’air qu’il lui apporte
le monde étoufferait sous les paroles mortes.

Jacques Roubaud, Animaux de tout le monde

samedi, 27 octobre 2007

PATAQUÈS

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Je ne sais pas-t-à qu'est-ce mais je me lève ce matin avec l'envie de me bal(l)ader. Cela aurait-il un lien avec la rencontre de Jacques Roubaud ce mercredi? Le lombric -d'albatros qu'il fut un jour le poète maintenant hante la terre- sur l'estrade, faute de pieds, avance avec ses mots:

- Composer de la poésie en moi-même et en marchant, ce sont les deux seules langues que je connaisse.

Et cette autre phrase donnée pour rire, bien que...

- Il faut toujours  arriver à temps dans une gare pour rater le train précédent.

La dernière nuit s'est dissipée dans son recueil parisien La forme d'une ville change plus vite, hélas, que le coeur des humains. La bal(l)ade sera donc parisienne.

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mercredi, 17 octobre 2007

CECI EST UN COQUELICOT

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L’après-midi
C’est l’après-midi.
Je n’ai pas
rien à faire.
Je n’ai pas rien à dire.
Je suis couché là
dans les bras moelleux de l’air
et par un coquelicot,
je retiens la Terre.

Alain Serres, in Encore un coquelicot

mardi, 16 octobre 2007

RIEN N'EST PLUS LOIN (8)

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RIEN N'EST PLUS LOIN

Que le temps de l'INNOCENCE
Que le bout de ses PIEDS (pour une femme enceinte)
Que le BOUT du monde
Que les jours sillonnés par le REGRET égrainé

En fait,
Rien n'est plus loin que l'innocence des pieds au bout du regret
 
Dans l'ordre d'apparition à l'écran: Moucheron, Sophiegda, Wombat, L'Indigotière 
Photo d'Anita
 

                                        

lundi, 15 octobre 2007

RIEN N'EST PLUS PROCHE (7)

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RIEN N’EST PLUS PROCHE

Que mon REFLET dans le miroir
Que le plaisir de la VIE
Que la dernière ligne de mon ROMAN
Que la main que tend un SANS-PAPIER de celle d'un politicien occidental dans son hôtel luxueux

En fait,
Rien n’est plus proche que le reflet de la vie dans le roman d’un sans-papier

Par ordre d’apparition à l’écran Pomme, Kipudonktan, Le Crabe,Chris
Photo d'Anita

dimanche, 14 octobre 2007

MARE À THON

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Dimanche d'octobre ocre, 6h d'un matin théurgique...

Ce billet mérite bien sa catégorie pensées itinérantes. Car rien ne sera plus loin que l'Indigotière de son clavier aujourd'hui. Je vais de ce pas balader mes pensées sur le bord de la route. J'ai décidé d'aller voir si le contour de mes Îles approchait par hasard les 42,2 KM  de circonférence d'une mare à thon... Pour l'occasion j'ai même revêtu un tee-shirt Indigo.

13h30 précisément d'un après-midi  dithyrambique: le tour de mes îles est donc de 42,2 km et je suis mare à thonienne!!!!!!!!!!!!

Illustration: François Place, Îles Indigo in Atlas des géographes d'Orbae

vendredi, 12 octobre 2007

RIEN N'EST PLUS LOIN (6)

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RIEN N'EST PLUS LOIN
Que le noir d’une  nuit sans LUNE
Que la CLOCHE sonnant la fin de l’école
Que ma ROULOTTE au bout du chemin
Que mon gros ORTEIL du sommet de ma tête

EN FAIT

Rien n’est plus loin que la lune sous la cloche
De la roulotte sans orteil.

Quinte de mots et Douanalala

jeudi, 11 octobre 2007

RIEN N'EST PLUS PROCHE (5)

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RIEN N’EST PLUS PROCHE
Que le MYSTÈRE du sourire d'un inconnu
Que le SILENCE de l'ami offert à ton épaule
Que la CARESSE légère qui frôle l'arrondi des joues
Que la chaleur du poêle où ronronne le CHAT

En fait
Rien n'est plus proche que le mystère du silence que caresse le chat
Photo d'Anita 

mercredi, 10 octobre 2007

RIEN N'EST PLUS LOIN(4)

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RIEN N’EST PLUS LOIN

Que le DÉBUT de ma vie
Que mes doigts de PIEDS quand ils me grattent
Que le vent sur mon visage lorsque j'avale des kilomètres au GUIDON de mon destrier de fer
Que les toilettes en pleine NUIT d’hiver

EN FAIT

Rien n'est plus loin que le début de mes pieds sur le guidon de la nuit

Par ordre d’apparition Pomme, Kipudonktan, Chris, Le Crabe
Photo d'Anita


mardi, 09 octobre 2007

RIEN N'EST PLUS PROCHE (3)

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RIEN N'EST PLUS PROCHE

Que le sourire édenté d’un enfant
Que les beaux yeux de ma maman
Que les éclairs dans le ciel orageux
Que les étoiles dans un cœur tout bleu.

En fait
Rien n’est plus proche que le sourire de ma maman
Dans le ciel orageux de son cœur tout bleu.

Quinte de mots et Douanalala
Photo d'Anita 

lundi, 08 octobre 2007

RIEN N'EST PLUS LOIN (2)

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RIEN N’EST PLUS LOIN

Que le REGARD d'un ami qui pense à on ne sait quoi d'autre
Que l'HORIZON qui fuit quand on le cherche
Que le TRÉSOR caché au creux de l'arc-en-ciel
Que la mémoire enfouie dans des replis d'ENFANCE

En fait,
Rien n'est plus loin que ton regard à l'horizon de ton trésor d'enfance
Photo d'Anita